Corse: nouvelle manifestation pour Yvan Colonna, nouvelles violences

Au plus fort de la journée, cette manifestation a rassemblé 4 000 personnes selon la préfecture, 14 000 selon les organisateurs (Photo, AFP).
Au plus fort de la journée, cette manifestation a rassemblé 4 000 personnes selon la préfecture, 14 000 selon les organisateurs (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 04 avril 2022

Corse: nouvelle manifestation pour Yvan Colonna, nouvelles violences

  • Répondant aux jets de cocktails Molotov et de bombes agricoles, les policiers répliquaient avec des lances à eau, des grenades lacrymogènes et des grenades assourdissantes
  • Selon la préfecture, ces affrontements ont fait 15 blessés, 14 manifestants et un policier, dont trois blessés graves

AJACCIO : Comme les précédentes, la nouvelle manifestation pour Yvan Colonna, militant indépendantiste corse mortellement agressé en prison, a dégénéré en violents affrontements dimanche à Ajaccio, au risque de retarder l'ouverture des discussions annoncées avec le gouvernement autour d'une possible autonomie pour l'île.

Entamés vers 16h00, aussitôt après l'arrivée du cortège à la préfecture, ces heurts entre 150 à 200 jeunes gens, souvent cagoulés et équipés de masques à gaz, et les policiers, se poursuivaient encore vers 23h00.

Répondant aux jets de cocktails Molotov et de bombes agricoles, les policiers répliquaient avec des lances à eau, des grenades lacrymogènes et des grenades assourdissantes. En fin de soirée, les manifestants utilisaient notamment des panneaux électoraux comme projectiles.

Selon la préfecture, ces affrontements ont fait 15 blessés, 14 manifestants et un policier, dont trois blessés graves. Parmi eux, une femme de 54 ans touchée à une jambe.

En fin d'après-midi, alors que les affrontements les plus virulents se déroulaient vers la mairie, les pompiers ont été longtemps mobilisés autour d'un geyser de flammes jaillissant d'une canalisation de gaz. Face au risque d'explosion, une trentaine d'habitants ont dû être évacués, a précisé la préfecture.

Des heurts ont également été constatés en fin d'après-midi aux abords de la caserne de CRS de Furiani, près de Bastia, déjà cible des manifestants il y a une semaine, ainsi que devant la préfecture de Bastia en soirée.

Au plus fort de la journée, cette manifestation a rassemblé 4 000 personnes selon la préfecture, 14 000 selon les organisateurs.

Aux grilles de la préfecture, un drap blanc portant le visage d'Yvan Colonna au pochoir avait  été accroché par des manifestants, accompagné de deux phrases: "On va se réveiller" et "moi j'ai confiance". Selon une vidéo diffusée par BFMTV la semaine dernière, ces mots avaient été prononcés en janvier par le militant nationaliste, dans une discussion avec un codétenu basque à qui il exprimait sa conviction que la Corse serait un jour indépendante.

«La France dehors»

Détenu à la maison centrale d'Arles (Bouches-du-Rhône), où il a été agressé le 2 mars, Yvan Colonna a été condamné par trois fois à la prison à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac, abattu de plusieurs balles dans la tête et le cou, en 1998, à Ajaccio. 

La manifestation s'était élancée vers 15h00, sur le front de mer, derrière deux larges banderoles portant le désormais traditionnel slogan "Etat français assassin". Le cortège était mené par Stéphane Colonna, le frère d'Yvan, et le fils ainé de celui-ci, entourés de très jeunes manifestants, des enfants pour certains, qui reprenaient en chœur ce même cri d'"Etat français assassin".

Derrière lui, dans la foule, plusieurs personnalités locales: Gilles Simeoni, le président autonomiste du conseil exécutif de Corse, Charles Pieri, ex-leader présumé du Front de libération nationale de la Corse (FLNC), mouvement qui a récemment menacé de reprendre la lutte armée, ou encore Paul-Félix Benedetti, le leader du parti indépendantiste Core in Fronte.

"Je suis venu pour honorer la mémoire d'Yvan Colonna, montrer qu'on est toujours là", a expliqué Camellu Tomasi, 23 ans, secrétaire de Ghjuventu Paolina, un des syndicats étudiants membres du large collectif nationaliste à l'origine de la manifestation.

Ce collectif était également à l'origine des deux autres grandes manifestations pour Colonna, décédé le 21 mars, les 6 et 13 mars à Corte et Bastia. Elles aussi s'étaient terminées dans la violence et le chaos. 

Face aux risques de débordements, le dispositif policier était plus important dimanche, mieux organisé et plus offensif. Des contrôles préventifs avant la manifestation ont notamment permis la saisie de plusieurs dizaines de projectiles, dont des boules de pétanque, des hachettes et des barres de fer.

Lors de sa visite en Corse, du 16 au 18 mars, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, s'était engagé à ouvrir "dès la première semaine du mois d'avril" des négociations sur "l'ensemble des problématiques corses", dont "l'évolution institutionnelle vers un statut d'autonomie restant à préciser".

Il avait également promis le "prompt rapprochement en Corse, dans les prochaines semaines" de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, les derniers membres du 'commando Erignac' encore incarcérés. Les deux hommes, incarcérés à Poissy (Yvelines), ont signé vendredi leur ordre de transfèrement à la prison de Borgo. 

Reste à savoir si ces nouvelles violences ne vont pas perturber ce scénario. Dans un document qu'ils avaient co-signé le 18 mars, MM. Darmanin et Simeoni avaient en effet convenu "que la mise en œuvre de ce processus historique ne" pouvait "s’envisager que dans un cadre général apaisé et calme".

Du côté des manifestants, la colère était en tous cas perceptible dimanche soir, avec notamment une cible, Laurent Marcangeli, maire de la ville et leader de l'opposition de droite à l'assemblée de Corse, visé par plusieurs tags injurieux le traitant de "salope collabo".

"Aujourd'hui plus que jamais, la France dehors !", a insisté Stéphane Colonna sur Twitter.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.