Les footballeuses saoudiennes enthousiasmées par la prochaine ligue

Hala Mansouri. (Photo Fournie)
Hala Mansouri. (Photo Fournie)
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Publié le Mercredi 14 octobre 2020

Les footballeuses saoudiennes enthousiasmées par la prochaine ligue

  • «Depuis l’enfance, je savais que je voulais être footballeuse»
  • «Sur le plan social, le travail d'équipe m’a énormément enrichie»

DJEDDAH: Alors que les femmes dans le Royaume poursuivent leurs rêves sportifs, notamment dans le football, sport n° 1 du pays, la perspective de la Saudi Women’s Football League (WFL – Ligue saoudienne féminine du football) se fait de plus en plus pressante. 

La Fédération saoudienne des sports a d’abord annoncé le lancement de la WFL pour février, l’apparition de la pandémie du coronavirus (Covid-19) a retardé son démarrage.

L'attente a été longue, mais les footballeuses saoudiennes se sont entraînées tout au long de la période de confinement.

La sélectionneuse Bireen Sadagah a déclaré à Arab News: «Les Jeddah Eagles (l'une des équipes sélectionnées pour jouer dans la WFL) se sont entraînées de façon très sérieuse en vue de la ligue, sur et en dehors du terrain, afin d’améliorer leur forme physique et mentale.»

Elle a ajouté: «Le confinement ne nous a pas empêchées de vouloir nous perfectionner. Nous avons continué la formation chez nous du mieux que nous pouvions, avec l'espace et l'équipement disponibles, y compris des entraînements et des exercices de football. Ensuite, dès que cela a été possible, nous avons repris un entraînement régulier, à raison de trois fois par semaine, ainsi qu’un travail individuel de récupération et de remise en forme.»

Hala Mansouri, étudiante saoudienne en publicité, âgée de 22 ans, joue au football depuis l’âge de 6 ans, alors qu'elle vivait au West Virginia, aux États-Unis, où elle a rejoint la World Alliance de la YMCA, tombant amoureuse de ce jeu.

De retour au Royaume des années plus tard, elle joue par intermittence, mais en ayant conscience de ses aptitudes, et rejoint les Jeddah Eagles en tant que gardienne de but dès la levée du confinement.

«J'avais l'habitude de jouer au football et au basket-ball lorsque je vivais aux États-Unis, selon les saisons, mais je préfère jouer au football depuis que je suis rentrée à Djeddah», confie-t-elle à Arab News.

Expliquant ce qui fait la particularité d’un gardien de but, elle explique que ce n’est pas aussi difficile que de jouer à d'autres postes, mais que la différence tient au fait que les gardiens de but ont une vision globale du jeu, doivent garder un œil attentif sur le ballon et se concentrer, tout en gardant leur sang-froid.

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«Nous pouvons parler à nos coéquipières pour les guider, mais la différence est dans notre entraînement spécifique, car les gardiens de but doivent moins courir que les autres joueurs. J'utilise tout mon corps pour bloquer le ballon, alors que les attaquantes doivent surtout s’inquiéter de marquer des buts. En tant que gardienne, ma seule inquiétude est que le ballon passe la ligne de but », ajoute Mansouri.

Bien que les gardiennes de but soient parfois moins appréciées, souligne-t-elle, l'entraînement est toujours rigoureux, long et indispensable. «Les gardiennes sont la dernière ligne de défense dans le football.»

La jeune athlète explique que le football lui procure un sentiment de liberté, loin des distractions quotidiennes. «Dans un match, je ne pense à rien; tout est mis en sourdine, comme une parenthèse pendant un moment. C’est une sensation très agréable.» 

«Je suis vraiment très fière que les femmes aient trouvé énormément de soutien en ce qui concerne la poursuite de leurs rêves dans le sport, et nos familles peuvent être fières de nous pour l’avoir fait», indique-telle. «C’est une belle sensation, même si nous avons commencé plus tardivement que d’autres pays, au moins, nous en sommes arrivées là où nous en sommes désormais, et je ne pourrais pas en être plus fière.»

Jusqu'ici, seules les Saoudiennes seront autorisées à jouer, mais cela n'a pas freiné l'enthousiasme des autres footballeuses du Royaume.

La joueuse yéméno-saoudienne de 24 ans, Shahad Saif, qui joue pour le Miraas FC de Jeddah en tant qu'arrière gauche, explique qu’elle joue au football avec sa famille à Djeddah depuis l'âge de 10 ans.

«Je joue au football avec ma famille et mes frères depuis que je suis enfant. Je n’avais pas l’occasion de jouer avec un groupe exclusivement féminin. Ainsi, en grandissant, j’avais pris l'habitude de louer un terrain et de jouer au football avec différentes filles qui aiment le sport et jouent sans entraînement et sans exigences spécifiques», confie-t-elle à Arab News.

Le football a toujours représenté une partie importante de sa vie et a eu de l’influence sur toutes ses habitudes et décisions. «Trouver un groupe pour jouer était très important, alors que la seule chose que nous pouvions faire à l'époque était d'aller au gymnase.»

Le club de Miraas a été créé à Djeddah il y a un an, et l'arrière gauche en fut l'une des fondatrices. «Nous avons fourni tout ce dont les filles ont besoin pour jouer au football.»

Partageant le même sentiment, Amal Gimie, âgée de 26 ans, milieu de terrain érythréenne des Kings United de Djeddah, joue depuis l’âge de 8 ans. Même si elle ne participe pas non plus, cela ne l'empêche pas de suivre sa passion et d'améliorer ses compétences.

«Il y avait un match tous les week-ends, les garçons nous faisaient jouer au début en tant que gardiennes de but, et, en 2002, quand j'ai vu la Coupe du monde féminine pour la première fois, ma passion pour ce sport est née», a précisé à Arab News Gimie, également diplômée en informatique de gestion. Elle a rejoint sa première équipe féminine de football «Challenge» à Riyad en 2014.

«C'était la première fois que je rejoignais une structure officielle. J'étais heureuse de jouer, mais, en même temps, j'avais l'impression que c'était un objectif inaccessible, j'avais l'impression de vieillir sans rien accomplir», ajoute-t-elle.

Le milieu de terrain explique que les règles du football ont influencé son caractère.

«Je suis quelqu'un qui a besoin de passion pour vivre. Je ne peux pas vivre sans avoir un objectif. Depuis l’enfance, je savais que je voulais être footballeuse », confie-t-elle. «Il y a toujours eu chez moi une volonté de poursuivre et de réaliser quelque chose. Le football a changé ma personnalité et renforcé ma détermination ainsi que mon goût d’apprendre. C’était un rêve que je n’étais pas sûre de réaliser un jour, mais j’étais déterminée à continuer. Sur le plan social, le travail d'équipe m’a beaucoup appris, ainsi que sur la façon d’entretenir des relations avec les gens. La sélectionneuse des Kings United, Elham Al-Amri, confie à Arab News que les femmes, athlètes et formatrices, et toute personne intéressée par le football, ont enfin l'opportunité de montrer leur amour pour ce jeu.

«Ce qui est encore plus passionnant, c’est la participation des joueuses de Kings United pour représenter la Ligue saoudienne», précise-t-elle. «Nous, à la Kings United, avons offert à nos joueuses l’ensemble des techniques et enseignements nécessaires pour augmenter leurs chances de participer à la Ligue.»

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Casse du musée du Louvre: des suspects interpellés mercredi en cours de défèrement

Des policiers français patrouillent devant le musée du Louvre après son cambriolage, avec la pyramide du Louvre conçue par Ieoh Ming Pei en arrière-plan, à Paris le 19 octobre 2025. (AFP)
Des policiers français patrouillent devant le musée du Louvre après son cambriolage, avec la pyramide du Louvre conçue par Ieoh Ming Pei en arrière-plan, à Paris le 19 octobre 2025. (AFP)
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  • Sept suspects au total ont été interpellés dans l’enquête sur le spectaculaire casse du Louvre, dont le butin — estimé à 88 millions d’euros en bijoux de la Couronne — reste introuvable
  • L’enquête, fondée sur des traces ADN, la vidéosurveillance et la téléphonie, met aussi en lumière une « faille sécuritaire majeure » au Louvre, selon la ministre de la Culture Rachida Dati

PARIS: Des défèrements de suspects ayant été interpellés mercredi dans le cadre de l'enquête sur le casse du Louvre, dont le butin a été estimé à 88 millions d'euros, étaient en cours samedi devant des magistrats du tribunal judiciaire de Paris.

"Il y a des défèrements sur commission rogatoire", a indiqué le parquet de Paris sollicité par l'AFP, sans préciser le nombre de suspects déférés.

Cinq nouvelles interpellations liées à ce cambriolage spectaculaire avaient été annoncées jeudi matin par la procureure de Paris Laure Beccuau qui avait précisé que les bijoux volés restaient introuvables.

Ces nouvelles interpellations se sont ajoutées à celles de deux trentenaires arrêtés il y a une semaine et qui sont soupçonnés d'avoir fait partie du commando de quatre hommes sur place.

Ces deux habitants d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), âgés de 34 et 39 ans, ont été mis en examen et placés en détention provisoire mercredi soir.

En garde à vue, ces deux hommes - un arrêté à l'aéroport de Roissy alors qu'il tentait de rejoindre l'Algérie, l'autre à Aubervilliers - "se sont livrés à des déclarations (...) minimalistes par rapport à ce qui nous paraît être démontré par le dossier", avait indiqué Laure Beccuau.

Parmi les nouveaux interpellés se trouve un autre membre présumé du commando ayant commis le 19 octobre en moins de huit minutes ce casse qui a fait le tour de la planète, avait précisé la procureure. "Des traces ADN" le lient au vol, avait-elle noté.

Les autres personnes interpellées "peuvent éventuellement nous renseigner sur le déroulement de ces faits", avait éclairé la procureure, sans vouloir en dire plus sur leur profil.

Ces nouvelles interpellations "n'ont pas été du tout liées aux déclarations" des deux mis en examen, mais "à d'autres éléments dont nous disposons au dossier", les traces ADN, la vidéosurveillance ou encore l'examen de la téléphonie, avait-elle ajouté.

Les nouvelles interpellations ont eu lieu à Paris et dans son agglomération, notamment en Seine-Saint-Denis, avait-elle indiqué.

- "Faille sécuritaire majeure" -

Mme Beccuau avait souligné sa "détermination", comme celle de la centaine d'enquêteurs mobilisés, à retrouver le butin et l'ensemble des malfaiteurs impliqués.

Concernant les bijoux, la procureure avait expliqué que l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) explorait "un certain nombre de marchés parallèles" car ce n'est vraisemblablement pas sur le marché légal des oeuvres d'art qu'ils surgiront.

Parmi les hypothèses des enquêteurs: celle que ces joyaux puissent "être une marchandise de blanchiment, voire de négociation dans le milieu", a-t-elle pointé.

L'affaire a provoqué des débats-fleuves sur la sécurité du Louvre, musée d'art le plus visité du monde.

La ministre de la Culture Rachida Dati a dévoilé vendredi les premières conclusions de l'enquête de l'Inspection générale des affaires culturelles, avec un bilan très critique: "une sous-estimation chronique, structurelle, du risque intrusion et vol" par le Louvre, "un sous-équipement des dispositifs de sécurité", une gouvernance "pas adaptée" et des protocoles de réaction aux vols et intrusions "totalement obsolètes".

"On ne peut pas continuer comme ça", a martelé Rachida Dati.

Le jour du casse, les quatre malfaiteurs avaient pu garer un camion-élévateur au pied du musée, permettant à deux d'entre eux de se hisser avec une nacelle jusqu'à la galerie d'Apollon où sont conservés les joyaux de la Couronne.

Tout en réaffirmant que les dispositifs de sécurité à l'intérieur du Louvre avaient fonctionné, Mme Dati a annoncé des mesures pour répondre à une "faille sécuritaire majeure" à l'extérieur du musée.

"Nous allons mettre des dispositifs anti-voiture-béliers, anti-intrusion", a-t-elle annoncé, assurant que ces nouvelles installations seraient en place "avant la fin de l'année".


A Paris, le Centre Pompidou s'offre une dernière fête avant cinq ans de fermeture

un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
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  • Le Centre Pompidou organise un dernier week-end festif baptisé « Because Beaubourg » avant cinq ans de travaux, transformant ses huit étages en un immense terrain de jeu mêlant concerts, performances et expériences immersives
  • L’événement, réunissant 80 artistes et plusieurs grandes marques partenaires, célèbre la culture et l’esprit d’ouverture du lieu avant sa fermeture pour rénovation complète

PARIS: Dans un tourbillon de musique, d'images et de patins à roulettes, le Centre Pompidou à Paris s'offre un dernier week-end festif avant cinq ans de travaux, avec "Because Beaubourg", événement qui transforme l'intégralité du bâtiment en un immense terrain de jeu.

"Je suis venu parce que j'ai entendu dire que c'était la fermeture. Et j'avais envie de participer à ça une dernière fois, pour en profiter un petit peu", explique à l'AFP Eliot Ibert, 23 ans, en coloriant une fresque participative.

Fermé au public depuis le 22 septembre, le bâtiment aux emblématiques tuyaux colorés rouvre ses portes ce week-end avec un parcours inédit. De vendredi à dimanche, quelque 80 artistes se produisent à travers concerts, DJ sets, performances, masterclasses, projections et expériences immersives sur les huit étages.

"C'est le plus grand événement que le Centre Pompidou ait fait depuis son ouverture", assure Paul Mourey, codirecteur artistique de l'événement, imaginé avec le label Because Music.

- "Spleen" -

Chaque étage propose une expérience différente. Au niveau -1, des pianistes amateurs se succèdent devant une fresque des étudiants des Beaux-Arts, tandis que le Forum, au rez-de-chaussée, devient le théâtre de performances en journée et un club illuminé la nuit.

Le Village des enfants prend place au 3e étage, tandis que plusieurs artistes et sociétés ont investi le 4e niveau. Shygirl, Shay ou Pedro Winter, fondateur du label Ed Banger, ainsi que les entreprises Spotify, Samsung et Snapchat, qui proposent de tester ses lunettes de réalité augmentée, participent à des installations et expériences interactives.

Autant de partenaires qui contribuent à financer l'événement.

Le premier et le sixième étage accueillent, de jour comme de nuit, des artistes tels que Catherine Ringer, Christine and the Queens, Selah Sue, Keziah Jones ou Sébastien Tellier.

Le musicien français, qui profite de l'événement pour promouvoir son nouvel album prévu en janvier, souligne l'importance de participer à cette célébration : "La culture, aujourd'hui, elle est rare. Quand il y a des petits îlots de culture, c'est important d'y être. Je n'avais pas envie de manquer ça."

Brigitte Baleo, 78 ans, retraitée ayant travaillé dix ans à la bibliothèque du Centre Pompidou, confie que la fermeture lui laisse "un peu de spleen".

"Ça tend l'estomac, il y a trop de souvenirs", ajoute-t-elle, émue. "Mais il faut que la fermeture ait lieu, pour réhabiliter ce monument".

Conçu en 1977 comme un lieu "ouvert à tous" par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers, le bâtiment souffre aujourd'hui de vétusté.

Désamiantage, accessibilité du lieu, sécurité et complet réaménagement intérieur sont au menu de ses importants travaux de rénovation.

- Rollers et vue panoramique -

Cette fermeture, "c'est quelque chose qui me touche", abonde Florence, qui n'a pas souhaité donner son nom.

Férue d'électro, la Bordelaise de 57 ans vient d'assister au deuxième étage à "Space Opera", un film musical du duo français Justice projeté comme une expérience de clubbing, à quelques pas de l'installation inédite Camera/Man de Thomas Bangalter, un des deux membres de Daft Punk.

Pour encore plus de mouvements, elle compte bien expérimenter le Roller Disco qui fait vibrer l'ancienne galerie 1, au dernier étage.

Entre DJ sets, patins à roulettes et vues panoramiques sur Paris, l'ambiance mêle nostalgie et effervescence festive.

Gulliver Hubard, un étudiant britannique de 20 ans, savoure lui sa première visite. "C'est une chance de le voir avant sa fermeture", assure-t-il.

En journée, le programme est entièrement gratuit, et les organisateurs espèrent accueillir entre 10.000 et 15.000 visiteurs par jour.

Le programme nocturne, payant, a lui été pris d'assaut : les 12.000 billets se sont arrachés en à peine une journée.


AlUla ou comment le désert devient atelier d’art

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  • AlUla se transforme en laboratoire artistique où design, architecture et patrimoine dialoguent avec le désert
  • Entre traditions locales et innovation contemporaine, le désert devient un espace d’expérimentation, d’apprentissage et de création, où culture et paysage s’influencent mutuellement

PARIS: De la résidence de design à la construction du futur musée d’art contemporain confié à Lina Ghotmeh, AlUla se façonne dans le respect de sa mémoire et de son paysage.

À Paris, une table ronde organisée par la RCU et AFALULA a révélé les coulisses de cette transformation, celle d’un territoire millénaire devenu laboratoire d’expérimentation et vitrine du dialogue culturel franco-saoudien.

Dans le parc de l’hôtel des maisons (un hôtel particulier parisien construit au XVIII), la conversation s’est ouverte sur une question presque philosophique : comment bâtir dans le désert sans le dominer ? Comment concevoir à AlUla, ce paysage d’infini, une architecture qui parle à l’échelle humaine ?

La table ronde, intitulée “From the Land Up: Designing AlUla from Desert to Human Scale”, a réuni les acteurs clés du projet et plusieurs anciens résidents du programme AlUla Design Residency, créé il y a deux ans.

Ils ont tous en commun d’avoir approché cette terre d’exception, non comme un territoire vierge, mais comme un organisme vivant, porteur d’histoires et de voix anciennes.

L’événement, organisé par la Commission royale pour AlUla (RCU) et l’agence Française pour le développement d’Alula (AFALULA), a célébré l’ADN rare de cette région, qui est un mélange entre fouilles historiques, architecture, design et diplomatie culturelle notamment avec la villa Hegra. 

AlUla, déjà célèbre pour son patrimoine nabatéen et ses falaises sculptées par le vent, devient aujourd’hui un territoire d’expérimentation artistique mondiale, où le passé inspire le futur, et lui donne forme.

Au centre du projet, la vision de Lina Ghotmeh, architecte franco-libanaise à la tête du futur musée d’art contemporain d’AlUla, « Le musée ne doit pas être une icône posée dans le désert » explique-t-elle, « mais un générateur de liens, un espace de rencontre et d’hospitalité ».

Implanté près d’une ancienne oasis agricole, le musée s’enracinera dans le paysage tout en redonnant vie à des savoir-faire ancestraux, « nous travaillons avec la terre locale, avec des techniques de construction traditionnelles : torchis, terre comprimée, architecture bioclimatique, l’objectif est de renouer avec les ressources naturelles et la mémoire des lieux », souligne l’architecte.

Ghotmeh évoque aussi le dialogue qu’elle a tissé avec la communauté locale, « j’ai passé du temps à rencontrer les habitants, à partager un thé sous un oranger, à écouter les femmes qui ravivent l’artisanat, à visiter les écoles ».

Un jour, une fillette m’a dit, « le musée, c’est le lieu de l’extraordinaire, cette phrase m’accompagne toujours, car au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit, créer un lieu qui relie la connaissance, l’émotion et la beauté ».

Dans son approche sensible, le musée devient un prolongement du paysage, un lieu où les visiteurs respireront la même lumière que les habitants, où la culture se fera conversation et échange.

« Il ne s’agit pas d’importer la culture, mais de la créer à partir du territoire », souligne Arnaud Morand, responsable des arts et industries créatives à AFALULA, c’est cette conviction qui guide toute la programmation culturelle d’AlUla.

L’une des premières grandes expositions préfigurant le musée verra le jour en janvier prochain, consiste en une collaboration entre AlUla et le Centre Pompidou, présentée d’abord dans une architecture temporaire conçue sur place avant de voyager dans le monde.

« C’est une coopération basée sur l’échange de savoirs et la lenteur, dit-il. À AlUla, on apprend à prendre le temps, l'art naît du sol, pas de la vitesse ».

Cette philosophie irrigue aussi les résidences de design et d’artistes qu’AFALULA co-dirige sur place, des programmes où jeunes talents et créateurs confirmés expérimentent à ciel ouvert, dans une relation directe avec le territoire, « Là-bas, chaque projet s’élabore dans l’écoute et l’humilité » affirme Morand.

« Lorsque nous arrivons à AlUla, nous devons laisser nos certitudes à la porte du désert » observe Ali Al Gazzaoui responsable du programme de résidences d’artistes, « il faut apprendre à écouter les habitants, à comprendre leur rapport au paysage, à la lumière, à la convivialité ».

C’est cette humilité partagée qui transforme le désert en école, les fondateurs du Studio Raw Material, Dushyant Bansal et Priyanka Sharma, anciens résidents du programme, racontent leur découverte émerveillée d’un lieu où « le matériau est partout de la roche, au sable, à la chaleur, et la lumière, tout devient matière à création ».

Leur expérience les a conduits à réfléchir à une forme de design « hors des centres urbains » à la faveur d’une pratique ancrée dans la vie quotidienne et les gestes ordinaires, « à AlUla, on apprend à se salir les mains, à construire, à inventer avec ce que la nature nous offre ».

Cette approche artisanale et poétique rejoint la vision d’Ali Alghazzawi, pour lui, « notre mission est de créer un écosystème où les créatifs peuvent dialoguer librement avec le paysage et expérimenter, car la durabilité ne se décrète pas, elle se vit ».

Tout ceci confère à AlUla qui est un site touristique d’exception, une autre dimension qui est celle de pépinière d’idées, de territoire d’apprentissage et de création contemporaine.