Le retour minimaliste du Festival de la médina de Tunis

Événement unique en son genre à l’échelle du Maghreb, voire de l’ensemble du monde arabe, cette manifestation occupe depuis bientôt quarante ans les soirées de ramadan des Tunisois (Photo, AFP).
Événement unique en son genre à l’échelle du Maghreb, voire de l’ensemble du monde arabe, cette manifestation occupe depuis bientôt quarante ans les soirées de ramadan des Tunisois (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 02 mai 2022

Le retour minimaliste du Festival de la médina de Tunis

  • «Nous avons reconduit le programme de 2020 et renouvelé les contrats des artistes que nous avions sélectionnés alors»
  • «Nous avons voulu programmer de grands artistes, mais le budget ne le permet pas»

TUNIS: Seul événement artistique lié au ramadan de cette envergure dans le monde arabe, ce festival, créé en 1983, fait son retour après une éclipse en 2020 et 2021, en raison de la pandémie de Covid-19. Mais sa 38e édition est l’une des plus courtes de son Histoire.

«Après deux années d’absence, nous voilà de retour». Le 30 mars 2022, en fin de matinée, Zoubeir Lasram, le directeur du festival, a vécu un moment intense en se livrant à un exercice dont il était privé depuis deux ans: présenter le programme de la session annuelle du Festival de la médina de Tunis.

Événement unique en son genre à l’échelle du Maghreb, voire de l’ensemble du monde arabe, cette manifestation occupe depuis bientôt quarante ans les soirées de ramadan des Tunisois. Ces derniers en ont été privés en 2020 et 2021 à cause de la pandémie de Covid-19. Mais à la faveur de la levée de la majeure partie des restrictions sanitaires, ils vont pouvoir renouer avec les soirées, musicales principalement, concoctées par l’association du Festival de la médina.

Pour élaborer le programme de cette édition (du 7 au 25 avril), l’équipe dirigeante de cette association n’est pas allée chercher très loin. «Nous avons reconduit le programme de 2020 et renouvelé les contrats des artistes que nous avions sélectionnés alors», indique Zoubeir Lasram.

En réalité, le Festival de la médina n’est plus ce qu’il était. Tout d’abord, cette édition est l’une des plus courtes de son histoire – quinze jours seulement, contre trois et parfois quatre semaines dans le passé. Ensuite, cette année, comme en 2019, les spectacles programmés sont exclusivement tunisiens.

Quand on lui fait remarquer que le festival, qui jusqu’en 2011 a été à la fois un lieu de célébration du patrimoine musical tunisien, une rampe de lancement pour les jeunes artistes – le chanteur Lotfi Bouchnak, qui participera à cette édition, est l’un de ceux qui doivent tout à ce festival –, et une fenêtre sur le monde (il a vu défiler de grands noms comme Cesaria Evora, Georges Moustaki, Jane Birkin, le Cirque Plume…) est peut-être en train de perdre ses fondamentaux, le directeur du festival explique que la «tunisification» totale de la 38e édition est inévitable. «Nous avons voulu programmer d’autres grands artistes, mais le budget ne le permet pas», regrette Zoubeir Lasram.

À titre d’exemple, la chanteuse Amina Fakhet, qui d’après le directeur, travaille désormais depuis la France, a demandé 40 000 dinars (1 dinar tunisien = 0,30 euro) pour faire le déplacement en Tunisie. Hors de prix…

Ainsi, jusqu’en 2011, près de la moitié des spectacles programmés étaient étrangers. Toujours en 2011, lors de la 1re édition du festival après la chute du régime Ben Ali, le 14 janvier 2011, de même que durant la précédente, la dernière de l’ancienne ère, les Tunisois avaient pu goûter la musique de groupes venant des quatre coins du monde (Algérie, Syrie, Jordanie, Égypte, Palestine, France, Iran, Turquie, Inde, Japon, États-Unis…).

En 2018, seuls quatre des vingt-cinq spectacles programmés étaient étrangers. En 2019, les dix-sept spectacles proposés lors de la dernière édition avant la pandémie de Covid-19 étaient tous tunisiens.

«Plusieurs facteurs nous ont imposé le choix d’un programme 100% tunisien, de la dépréciation du dinar tunisien au prix des billets d’avion qui ont flambé, en passant par les dépenses liées au séjour des artistes étrangers en Tunisie (hôtel, location de voitures…). Sans oublier qu’un spectacle étranger coûte l’équivalent de trois ou quatre spectacles tunisiens», souligne-t-il.

Enfin, le budget du festival n’est plus ce qu’il était. «Depuis cinq ans, il n’a jamais atteint les 100 000 dinars», regrette le directeur.

D’ailleurs, la direction du festival a organisé cette édition sans mécènes et sans avoir une idée précise des subventions que lui accordent traditionnellement la mairie de Tunis et le ministère des Affaires culturelles.

La médina de Tunis doit beaucoup au festival qui porte son nom. Abandonnée dans les années 1960 par une partie de sa population qui a choisi de migrer vers les nouveaux quartiers de la capitale, la médina est petit à petit tombée en décrépitude. «Nous avons alors compris que nous avions un bijou à préserver. C’est pour cela que nous avons créé le festival», rappelle Mokhtar Rassaa, son fondateur.

Ce journaliste de la télévision publique a vu très grand au début. «Je ne voulais pas que le festival se limite à la musique. Nous voulions aussi organiser des expositions d’artisanat et d’art culinaire, mais personne n’a accepté de contribuer à l’effort financier nécessaire», regrette-t-il.

Le festival a démarré petit. «Notre premier budget était de 3 000 dinars et nous amenions les artistes étrangers de l’aéroport dans des corbillards», s’amuse Mokhtar Rassaa.

Mais la manifestation change d’envergure grâce à la volonté du maire de Tunis de l’époque, Mohamed Ali Bouleymane. «Il m’a dit: “Il faut que le festival grandisse”», témoigne M. Rassaa, qui a terminé sa carrière comme PDG de la télévision publique. Le budget fait un bond à 80 000 dinars, puis ne cessera d’augmenter jusqu’à culminer à 800 000 dinars.

En près de quarante ans, le festival a contribué grandement – avec l’association de sauvegarde de la médina, créée en 1967 – à sauver puis à provoquer un regain d’intérêt pour cette partie de la capitale. Désormais, les maisons qui y étaient bradées dans les années 1970 s’y négocient à plusieurs centaines de milliers de dinars.

Mais cette manifestation a aussi rayonné à l’étranger. «C’est en assistant au Festival de la médina que Faouzi Skali a eu l’idée de créer le Festival de Fès des musiques sacrées du monde», se souvient Mokhtar Rassaa.


En ce Noël, unissons-nous pour souhaiter la paix dans toute la région

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  • Noël au Moyen-Orient incarne un message puissant d’harmonie interconfessionnelle, de résilience et de respect mutuel
  • De Bethléem à Riyad, les célébrations deviennent un acte d’espoir partagé et un appel sincère à la paix régionale

RIYAD : Fidèle à une tradition initiée en décembre 2022, Arab News souhaite un joyeux Noël à ses lecteurs chrétiens et à tous ceux qui célèbrent cette fête. Cette édition spéciale met cette année en lumière Noël à travers le Moyen-Orient, en soulignant l’harmonie interconfessionnelle, la résilience et l’intégration culturelle. Le tout est porté par un message particulier, sincère et plein d’espoir : voir la paix se diffuser dans toute la région en 2026.

En tête de cette couverture figure une tribune exclusive du grand érudit Dr Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation des savants musulmans. Son message rappelle un principe essentiel : « Il n’existe aucun texte de la charia interdisant de féliciter les non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes religieuses, y compris Noël. » Il présente cette bienveillance non comme un affaiblissement de la foi, mais comme l’expression de sa force — une force qui affirme la dignité humaine et favorise l’harmonie sociale si nécessaire aujourd’hui.

Ce même esprit de solidarité face à la souffrance résonne depuis Bethléem, où le pasteur palestinien, le révérend Dr Munther Isaac, explique que le christianisme palestinien est indissociable de l’identité nationale. En réponse à la dévastation de Gaza, sa communauté a érigé une crèche faite de gravats, l’enfant Jésus enveloppé dans un keffieh. « C’était un message de foi », affirme-t-il. « Le Christ est solidaire de ceux qui souffrent… parce qu’il est né dans la souffrance. »

De cette profondeur naissent aussi des récits de renouveau. À Damas, les illuminations festives réapparaissent alors que des Syriens de toutes confessions s’accrochent à une paix fragile. Au Liban, les célébrations percent la morosité politique par des instants de joie. En Jordanie, les espaces publics s’illuminent de sapins et des hymnes de Noël de Fairouz, tandis qu’aux Émirats arabes unis, la diaspora multiculturelle s’anime dans une effervescence festive et unitaire.

La profondeur historique et intellectuelle de l’héritage chrétien de la région est mise en lumière par le Dr Abdellatif El-Menawy, qui rappelle le rôle indispensable de l’Égypte dans la transformation du christianisme, passé d’un message spirituel à une véritable civilisation. Cet héritage ancien trouve aujourd’hui une expression moderne et dynamique.

En Arabie saoudite, la période des fêtes est reconnue à travers une hospitalité innovante, où des chefs réinventent les menus de Noël en y intégrant des saveurs locales et une identité culinaire créative.

Cette édition spéciale offre bien plus qu’une simple atmosphère festive. Elle dépeint un Moyen-Orient où les différentes confessions approfondissent leurs propres racines en respectant celles des autres, où les célébrations sont tissées de résistance historique, et où le message de Noël — espoir, paix et humanité partagée — résonne avec confiance et optimisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
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  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La musique traditionnelle du rababah attire les foules au festival du chameau

(SPA)
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  • Des performances sont proposées à l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur
  • Le rababah, instrument de musique traditionnel à une seule corde, attire un large public au festival

RIYAD : Le rababah, un instrument traditionnel local à une seule corde issu des communautés bédouines, a suscité l’intérêt des visiteurs du Festival du chameau du roi Abdulaziz, qui se tient jusqu’au 2 janvier, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

L’instrument se joue en faisant glisser un archet sur son unique corde, tandis que les doigts de l’autre main contrôlent la hauteur du son.

Il est souvent accompagné de vers poétiques chantés, dans un mélange de musique et de tradition orale.

La principauté de la région des Frontières du Nord présente des performances de rababah dans le cadre de l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur, organisée lors du festival du chameau.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com