Réédition du duel Macron - Le Pen pour un second tour ouvert

Marine Le Pen posant lors d'une séance photo à Paris le 20 octobre 2021. Emmanuel Macron posant pour une séance photo le 7 mars 2017 à son QG de campagne à Paris (Photo, AFP).
Marine Le Pen posant lors d'une séance photo à Paris le 20 octobre 2021. Emmanuel Macron posant pour une séance photo le 7 mars 2017 à son QG de campagne à Paris (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 11 avril 2022

Réédition du duel Macron - Le Pen pour un second tour ouvert

  • Le second tour s'annonce serré, selon les enquêtes parues dimanche soir, qui voient M. Macron reconduit mais d'une courte tête (51%-49% selon l'Ifop)
  • Après des mois d'une campagne atypique et peu mobilisatrice, l'abstention a été plus élevée qu'il y a cinq ans, entre 26 et 28% contre 22,23% en 2017

PARIS: Comme en 2017, Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'affronteront le 24 avril au second tour de l'élection présidentielle, avec l'avantage au président sortant, sans certitude toutefois sur leurs réserves de voix après l'écroulement de LR et du PS à l'issue du premier tour dimanche.

Alors que les sondages donnaient Emmanuel Macron talonné par Marine Le Pen, le président sortant réaliserait un meilleur score que prévu, entre 28% et 29% des suffrages selon les estimations, devant la candidate du RN, créditée de 23 à 24%.

macron lepen

Mais le second tour s'annonce serré, selon les enquêtes parues dimanche soir, qui voient M. Macron reconduit mais d'une courte tête (51%-49% selon l'Ifop; 54%-46% selon Ipsos et Opinionway), loin de son score de 2017 (66,1% - 33,9%).

Après des mois d'une campagne atypique et peu mobilisatrice, l'abstention a été plus élevée qu'il y a cinq ans, entre 26 et 28% contre 22,23% en 2017, selon les instituts de sondage.

Sondages: Macron l'emporterait au second tour face à Le Pen

Le président sortant Emmanuel Macron l'emporterait au second tour face à Marine Le Pen, avec un score compris entre 54% et 51% contre 46%-49% pour la candidate RN, selon les premiers sondages réalisés dimanche après le premier tour.

Le score serait ainsi nettement plus serré qu'il y a cinq ans quand Emmanuel Macron s'était imposé par 66,1% des voix contre 33,9% pour Mme Le Pen. Tous deux se sont qualifiés dimanche pour le second tour, avec environ 28% des voix pour le président sortant et environ 23% pour Marine Le Pen, d'après les estimations.

Le score le plus serré pour le second tour est de 51%-49%, selon le sondage de l'institut Ifop-fiducial pour TF1/LCI/ParisMatch/SudRadio.

Avec la troisième place de l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon (20/21%), ce scrutin confirme la relégation des deux partis ayant gouverné la France de la Ve République jusqu'en 2017, qui réalisent le pire score de leur histoire: Valérie Pécresse (LR) autour de 5% des suffrages, seuil de remboursement des frais de campagne, et Anne Hidalgo (PS) avec moins de 2%.

"Les partis traditionnels sont pulvérisés", résume le politologue Jérôme Jaffré.

"Le réflexe du vote utile a joué à plein, c'est une déception personnelle et collective", a commenté la candidate de droite.

Si le scénario d'un duel Macron/Le Pen était attendu, la campagne d'entre deux tours ouvre un éventail de questions sur les reports de voix dont bénéficieront l'un et l'autre le 24 avril. Les deux candidats ont lancé dès dimanche soir des appels au rassemblement sous leurs bannières respectives.

macron

"Je souhaite tendre la main à tous ceux qui veulent travailler pour la France", a déclaré Emmanuel Macron, en appelant à fonder, au delà des "différences", "un grand mouvement politique d'unité et d'action". Le chef de l'Etat partira sur le terrain dès lundi matin avec un déplacement dans le Nord.

Marine Le Pen, qui se veut la "présidente de tous les Français", a appelé "tous ceux qui n'ont pas voté" pour Emmanuel Macron à la "rejoindre" pour la "grande alternance dont (la) France a besoin".

Mélenchon contre Le Pen

L'issue du second tour réside en partie dans le comportement des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Respecteront-ils la consigne que le candidat insoumis a répétée à trois reprises: "Il ne faut pas donner une voix à madame Le Pen!"? Il n'a cependant pas appelé explicitement à choisir M. Macron.

Et les sympathisants de droite suivront-ils la décision de Mme Pécresse de voter "en conscience pour Emmanuel Macron pour empêcher l'extrême droite d'arriver au pouvoir"? 

"Personnellement, je ne voterai pas Emmanuel Macron au second tour", a prévenu le finaliste de la primaire LR Eric Ciotti.

Dans le même temps, le ressort émoussé du front républicain pour faire barrage au RN fonctionnera-t-il chez les supporters de l'écologiste Yannick Jadot (moins de 5%), du communiste Fabien Roussel (2/3%) ou encore d'Anne Hidalgo, qui ont rapidement appelé à "battre l'extrême droite" en votant Macron ? 

Dans un tel contexte, le président sortant "va avoir un problème de dynamique": "Il a déjà pris l'essentiel des électeurs de la droite modérée" et "va devoir aller à la pêche à ceux de gauche, mais ils sont chez Jean-Luc Mélenchon", ce qui complique sa tâche, souligne le politologue Pascal Perrineau.

Zemmour derrière Le Pen

Mme Le Pen devrait, elle, compter sur les voix du polémiste d'extrême droite Eric Zemmour qui, après avoir obtenu autour de 7% des suffrages, a appelé "à voter Marine Le Pen" malgré "des désaccords" avec elle.

le pen

Il y a cinq ans, un quart de l'électorat n'avait pas voulu départager M. Macron et Mme Le Pen, et quatre millions de Français, soit près d'un inscrit sur 10, avaient préféré voter blanc ou nul.

En ce dimanche ensoleillé partout dans le pays, quelque 48,7 millions d'électeurs étaient appelés à départager les 12 candidats à l'Elysée après une campagne percutée par la crise du Covid-19 puis la guerre en Ukraine.

Pour ces raisons, le président-candidat est entré tard dans la campagne en faisant peu de déplacements, ce qui a semé le doute dans son camp. 

Il améliore cependant son score précédent (24,01% en 2017), une performance que seul François Mitterrand avait réussi à accomplir sur le chemin de la réélection en 1988.

Aiguillonné par Mme Le Pen sur la thématique du pouvoir d'achat, le chef de l'Etat a haussé nettement le ton ces derniers jours face à la candidate RN, affirmant qu'elle "ment aux gens", et épinglant sa "complaisance" vis-à-vis de la Russie. 

Un appel très large de la classe politique à voter pour Emmanuel Macron

- La candidate du PS Anne Hidalgo a appelé dimanche depuis son QG de campagne les Français à voter le 24 avril "contre l'extrême droite de Marine Le Pen en (se) servant du bulletin de vote Emmanuel Macron".

- Le candidat du PCF Fabien Roussel a appelé à "battre l'extrême droite, à la mettre en échec, en se servant du seul bulletin à notre disposition", demandant cependant au candidat Emmanuel Macron de "dire qu'il a entendu le message" envoyé par les Français.

- La candidate LR Valérie Pécresse a annoncé qu'elle voterait "en conscience Emmanuel Macron pour empêcher l'arrivée au pouvoir de Marine Le Pen et le chaos qui en résulterait". Estimant ne pas être "propriétaire des suffrages qui se sont portés sur son nom", elle a invité ses électeurs à peser les "conséquences potentiellement désastreuses" d'un choix différent du sien.

- Le candidat EELV Yannick Jadot a appelé à "faire barrage à l'extrême droite en déposant dans l'urne un bulletin Emmanuel Macron". "Notre vote ne vaut pas caution" pour le président sortant, qui doit maintenant "créer les conditions du rassemblement pour faire échec à l'extrême droite", a-t-il ajouté.

- Le député LR Guillaume Larrivé a annoncé sur Twitter qu'il voterait pour Emmanuel Macron, qui "a l'expérience de l'État et des crises". "Construisons, avec lui, une nouvelle majorité pour faire réussir la France", a-t-il ajouté.

Ceux qui excluent le vote Le Pen

- "Il ne faut pas donner une seule voix à Mme Le Pen", a affirmé à trois reprises depuis son QG le candidat LFI Jean-Luc Mélenchon, sans appeler à voter pour M. Macron.

- "Pas une voix ne doit aller à l'extrême droite", a affirmé depuis son QG le candidat NPA Philippe Poutou, qui n'a pas non plus donné de consigne de vote pour M. Macron.

Portion congrue

Marine Le Pen progresse elle aussi par rapport au premier tour de 2017 (21,3%), après une campagne sans grande prise de risque. La candidate, qui a beaucoup lissé son image sans entamer la radicalité de son projet sur l'immigration et les institutions, a été recentrée par les sorties de M. Zemmour, dont la concurrence l'a au final servie malgré les doutes et défections de l'hiver.

Mais la marche reste haute pour atteindre l'Elysée, alors que sa personnalité suscite toujours l'inquiétude d'une majorité de Français (51%) et que seulement 39% d'entre eux considèrent qu'elle a l'étoffe d'une présidente de la République, loin derrière Emmanuel Macron (65%), selon la Fondation Jean-Jaurès.

Ce nouveau duel Macron - Le Pen installe dans le paysage national un clivage qui s'était atténué lors des élections locales de 2020 et 2021, au cours desquelles LR et PS avaient fait de la résistance, et les Verts une percée.

Réduites désormais à la portion congrue, la droite et la gauche voient leur avenir sérieusement obstrué par cette débâcle historique. Pour ces formations, la survie se jouera désormais aux législatives de juin, avant d'éventuelles initiatives de refondation.

Fabien Roussel, Jean Lassalle (3%), le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (1/2%), le candidat anticapitaliste Philippe Poutou (moins de 1%) ou encore la cheffe de file de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud (moins de 1%), contenus sous la barre des 5%, devront se contenter de modestes remboursements pour leur campagne.


Pointe-à-Pitre: Darmanin ordonne d'instaurer un couvre-feu pour les mineurs

Le ministre français de l'Intérieur et des Affaires étrangères Gérald Darmanin (à gauche) s'entretient avec le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire (à droite) alors qu'ils assistent à la réception d'ouverture du bureau parisien de l'investisseur public singapourien Temasek, le 10 avril 2024 à Paris (Photo, AFP) .
Le ministre français de l'Intérieur et des Affaires étrangères Gérald Darmanin (à gauche) s'entretient avec le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire (à droite) alors qu'ils assistent à la réception d'ouverture du bureau parisien de l'investisseur public singapourien Temasek, le 10 avril 2024 à Paris (Photo, AFP) .
Short Url
  • Cette mesure sera effective les soirs, à partir de 20H00
  • Le 24 mars, dans un contexte de violences urbaines et d’une série d'actes de violence armés, parfois mortels, il avait menacé de démissionner

POINTE-À-PITRE: Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a ordonné mercredi soir l'instauration pendant deux mois d'un couvre-feu pour les moins de 18 ans à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, devenu un "coupe-gorge" selon son maire", afin d'y lutter contre une flambée de la délinquance.

La mesure "va s’appliquer à partir du début de la semaine prochaine" afin de lutter contre "une délinquance qui (...) est de plus en plus jeune, et de plus en plus armée", a déclaré M. Darmanin lors d'une conférence de presse à Pointe-à-Pitre, où il est en déplacement.

Cette mesure sera effective les soirs, à partir de 20H00.

"On ne peut pas laisser circuler des enfants de 12, 13, 14 ans, avec des armes, circuler à 22 heures dans la rue, s’en prendre à des policiers, s’en prendre à des touristes, s’en prendre à des passants", a-t-il ajouté.

Le maire de Pointe-à-Pitre, Harry Durimel (EELV), qui avait qualifié la ville de "coupe-gorge" en "faillite totale" fin mars, s'est félicité de l'annonce du ministre de l'Intérieur. 

"Voilà quelque chose de concret", a-t-il réagi. "Avant c'était 12% de mineurs dans la commission des délits et maintenant c'est 38% des faits délictueux", a détaillé M. Durimel, élu depuis 2020.

"Si les enfants sont chez leurs parents la nuit, ils ne vont pas brûler 70 poubelles comme ils l’ont fait à Pointe-à-Pitre la semaine dernière", a-t-il estimé.

Le 24 mars, dans un contexte de violences urbaines et d’une série d'actes de violence armés, parfois mortels, il avait menacé de démissionner.

"J’ai le sentiment que le cri que j’ai poussé il y a quelques semaines a été entendu", a-t-il déclaré à l’AFP, évoquant la possibilité de "faire de Pointe-à-Pitre, un petit territoire de 2,6 km2, un laboratoire de sécurité républicaine".

Le ministre de l'Intérieur a fait l'annonce du couvre-feu après une réunion avec la ministre déléguée chargée des Outre-mer Marie Guévenoux, le préfet et le maire de Pointe-à-Pitre.

«Opérations place nette»

Une série de mesures pour renforcer la lutte contre la délinquance accompagnera le couvre-feu.

M. Darmanin a ainsi annoncé des "opérations place nette de lutte contre la drogue, contre des points de deal et la circulation des armes, qui est sans doute le problème principal que connaît la Guadeloupe aujourd’hui".

Des opérations "place nette" ont débuté lundi en Guadeloupe et d'autres sont prévues "pour le mois à venir", a précisé à l'AFP l'entourage du ministre.

Un "nouveau contrat de sécurité en Guadeloupe" sera aussi mis en place, à l’image de ce qui a été fait en Martinique et "qui marche bien, qui a fait baisser la délinquance", selon Gérald Darmanin.

Le ministre a également évoqué "une coopération internationale" avec les îles voisines de Sainte-Lucie et la Dominique pour "lutter contre l’immigration irrégulière, la circulation des armes, le trafic de drogue".

Il a également annoncé la présence de plus de "caméras de vidéo protection", connectées "aux centres de supervision de la police".

Selon la préfecture de Guadeloupe, l’archipel compte "six fois plus d'homicides, neuf fois plus de tentatives d'homicides - dont la moitié par armes à feu - et 20 fois plus de vols à main armée que la moyenne nationale".

Ces derniers mois, Pointe-à-Pitre - 14.500 habitants en 2020 - a largement nourri la chronique des faits divers. En mars, une commerçante y a été tuée lors d'un braquage. Des touristes en croisière ont été blessés à l'arme blanche par une femme atteinte de troubles psychiatriques.


Privée d'université, la conférence de Mélenchon sur la Palestine relocalisée à la hâte

Interdite par l'université de Lille, la conférence de Jean-Luc Mélenchon sur la Palestine, prévue jeudi soir avec la militante Rima Hassan, aura finalement lieu dans une salle privée de la ville. (AFP)
Interdite par l'université de Lille, la conférence de Jean-Luc Mélenchon sur la Palestine, prévue jeudi soir avec la militante Rima Hassan, aura finalement lieu dans une salle privée de la ville. (AFP)
Short Url
  • «Cette interdiction est scandaleuse», a jugé jeudi le coordinateur de LFI, Manuel Bompard sur TF1, dénonçant une «censure des idées»
  • Jean-Luc Mélenchon a multiplié ces dernières semaines les conférences dans les universités, où il reçoit à chaque fois un accueil enthousiaste des étudiants

LILLE: Interdite par l'université de Lille, la conférence de Jean-Luc Mélenchon sur la Palestine, prévue jeudi soir avec la militante Rima Hassan, aura finalement lieu dans une salle privée de la ville, le leader LFI balayant les accusations d'antisémitisme dont son mouvement fait l'objet.

"Non à la censure ! Actualité en Palestine, conférence maintenue !", pouvait-on lire sur un tract distribué mercredi soir à la sortie du meeting de Jean-Luc Mélenchon et la militante franco-palestinienne controversée Rima Hassan à Roubaix.

La nouvelle salle, habituée à accueillir mariages et soirées étudiantes selon son compte TikTok, pourra héberger plusieurs centaines de personnes, attendues à 18H30, d'après l'estimation de LFI.

Elle se substitue aux locaux de l'université, qui a interdit mercredi la tenue de cette conférence en raison d'une montée des tensions internationales ne permettant pas de garantir "la sérénité des débats", après la récente attaque de l'Iran contre Israël.

"Je plains le président de l'université, parce que ce qu'il a fait est honteux", a lancé mercredi soir M. Mélenchon à Roubaix, devant quelque 1.200 personnes, selon les organisateurs, fustigeant les "lâches qui ne sont pas capables de défendre la liberté".

"Tout ceux qui ne sont pas absolument d'accord avec le massacre sont immédiatement des antisémites", a-t-il ajouté, LFI ayant fait de la dénonciation des opérations israéliennes à Gaza l'un des principaux axes de sa campagne pour les élections européennes du 9 juin.

«Censure»

Depuis le début de la semaine, plusieurs élus, comme la député macroniste Violette Spillebout, le parlementaire RN Sébastien Chenu et le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, avaient réclamé l'interdiction de la conférence.

"Cette interdiction est scandaleuse", a jugé jeudi le coordinateur de LFI, Manuel Bompard sur TF1, dénonçant une "censure des idées". La cheffe des députées LFI, Mathilde Panot, a elle fustigé sur LCI "une atteinte fondamentale à la démocratie".

De nombreux responsables de gauche, du NPA au PS, ont eux aussi critiqué la décision, y compris ceux qui partagent des désaccords avec les Insoumis sur la question israélo-palestinienne.

Le syndicat étudiant Solidaires a lancé sur X un appel à se réunir à 14H30 devant le siège de l'université, qui a selon lui "cédé face aux menaces de la droite et de l'extrême droite".

Objet des critiques, notamment, le logo de l'association étudiante organisatrice de cette conférence, "Libre Palestine", qui montre un territoire englobant Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza.

Une manière de "nier l'existence de l'Etat d'Israël" pour certains, dont la tête de liste des socialistes aux européennes, Raphaël Glucksmann.

«Débat ridicule»

Dans un communiqué, l'association assure que son logo "ne nie en aucun cas l'existence d'Israël" et ajoute n'avoir "jamais promu la haine ou proféré des propos antisémites".

"Interdire une conférence au nom de ce petit logo, je trouve que c'est vraiment un débat ridicule", a commenté à l'issue du meeting de Roubaix Rima Hassan, septième sur la liste LFI pour les européennes.

Cette dernière a dans le passé dit défendre la solution d'un "État binational" alors que LFI est, elle, en faveur de la solution à deux Etats comme l'immense majorité de la classe politique. "Un cri du coeur", s'est défendue celle qui qualifie Israël d'"entité coloniale fasciste", disant maintenant s'inscrire, en tant que "responsable politique", "dans le cadre de deux États côte à côte".

Nantes, Créteil, Nanterre, Clermont-Ferrand... Jean-Luc Mélenchon a multiplié ces dernières semaines les conférences dans les universités, où il reçoit à chaque fois un accueil enthousiaste des étudiants.

Le 10 avril, l'une de ses conférences à Rennes a cependant été annulée pour des raisons de sécurité. Une autre avait été annulée à Bordeaux en octobre.


Attal appelle la Nation à se mobiliser contre la violence des jeunes

Le Premier ministre français Gabriel Attal prononce un discours sur la place de la ville lors d'une visite marquant son 100e jour à Matignon, à Viry-Chatillon, au sud de Paris, le 18 avril 2024. (Photo, AFP)
Le Premier ministre français Gabriel Attal prononce un discours sur la place de la ville lors d'une visite marquant son 100e jour à Matignon, à Viry-Chatillon, au sud de Paris, le 18 avril 2024. (Photo, AFP)
Short Url
  • Un peu plus de trois mois après sa nomination, l'ancien ministre de l'Éducation s'inscrit dans le droit fil de sa déclaration de politique générale
  • Attal a également annoncé que les élèves perturbateurs devraient être «sanctionnés» dans l'obtention de leurs diplômes scolaires

VIRY-CHANTILLON: "Mobilisation générale" et "sursaut d'autorité", Gabriel Attal a promis une réponse rapide de son gouvernement, avant l'été, à l'"addiction à la violence" d'une partie de la jeunesse, lors d'un déplacement dans la ville de Viry-Châtillon (Essonne) pour son centième jour à Matignon.

"C'est cela que nous sommes venus lancer aujourd'hui, depuis Viry-Châtillon: la mobilisation générale de la Nation pour renouer avec ses adolescents, juguler la violence", a déclaré le Premier ministre devant la mairie de cette ville de banlieue parisienne marquée il y a deux semaines par la mort de Shemseddine, 15 ans, passé à tabac près de son collège.

Dans cette affaire, quatre jeunes hommes, trois mineurs et un majeur, ont été mis en examen pour assassinat. Ils ont tous été placés en détention provisoire.

"Il y a besoin d'un sursaut d'autorité. Nous sommes prêts à le donner", a asséné Gabriel Attal, qui était accompagné des ministres Nicole Belloubet (Éducation) et Éric Dupond-Moretti (Justice), de la ministre déléguée Sarah El Haïry (Enfance, Jeunesse, Familles) et de la secrétaire d’État Sabrina Agresti-Roubache (Ville et Citoyenneté).

"Il y a deux fois plus d'adolescents impliqués pour coups et blessures, quatre fois plus pour trafic de drogue, et sept fois plus dans les vols avec armes que dans la population générale", a-t-il énuméré, en ciblant également "l'entrisme islamiste qui va croissant".

Un peu plus de trois mois après sa nomination, l'ancien ministre de l'Éducation s'inscrit dans le droit fil de sa déclaration de politique générale. Il était alors revenu sur les émeutes urbaines d'une rare violence qui avaient embrasé des villes et des quartiers au début de l'été 2023.

A cette occasion, il avait déclaré la phrase suivante, restée comme un symbole de ses cent premiers jours à Matignon: "tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l'autorité, on t'apprend à la respecter".

Atténuation des excuses de minorité?

Parmi les premières mesures annoncées jeudi pour attaquer "le mal à la racine", le Premier ministre a affirmé: "tous les collégiens seront scolarisés tous les jours de la semaine, entre 8H00 et 18H00" car "la journée, la place est à l'école, à travailler et à apprendre".

Il a insisté sur la responsabilisation des parents, et affirmé qu'une commission rendrait d'ici à la fin du mois des propositions pour réguler la dépendance des jeunes aux écrans, jugés en partie responsables de la "dérive" de certains jeunes.

Gabriel Attal, qui s'est entretenu avant son discours avec les équipes et les bénéficiaires de la MJC de Viry, a également annoncé que les élèves perturbateurs devraient être "sanctionnés" dans l'obtention de leurs diplômes scolaires.

"La condition pour effacer cette mention" serait "la réalisation d'activités d'intérêt général et bien sûr, de se tenir à carreau", a-t-il précisé.

Sur le volet judiciaire, le chef du gouvernement s'est dit prêt à ouvrir le débat sur des "atténuations à l'excuse de minorité" dans les condamnations pénales et sur la possibilité de "mettre en place une comparution immédiate devant le tribunal pour les jeunes à partir de 16 ans, de sorte qu'ils aient à répondre de leurs actes immédiatement comme les majeurs".

Le Premier ministre a également abordé la question du fait religieux à l'école.

"Aujourd'hui, soyons francs, de plus en plus souvent, les troubles ou les violences dont nous entendons parler à l'école ont un sous-texte identitaire ou religieux. Je vous le dis, il n'y aura pas de guerre des religions à l'école, car à l'école, la seule règle qui vaut, c'est la laïcité", a-t-il dit.

Interview télévisée 

Gabriel Attal répondait ainsi à une demande d'Emmanuel Macron de lancer une concertation contre le "surgissement de l'ultraviolence" des jeunes.

Le Premier ministre a annoncé se donner "huit semaines" pour faire aboutir ce "travail collectif", avec "un point d'étape central dans quatre semaines".

"La recherche des résultats, c'est ma boussole, mon obsession", a-t-il certifié jeudi matin lors d'une conférence à Paris, organisée par le groupe associatif SOS.

Jeudi soir, le plus jeune Premier ministre de la Ve République, 35 ans, sera ensuite longuement interviewé sur BFMTV, toujours pour marquer ses 100 jours à la tête du gouvernement.

Ceux-ci ont été marqués par plusieurs épreuves, à commencer par la crise des agriculteurs, qui n'est pas encore totalement résolue, ou celle des finances publiques, qui le place sous la menace d'une motion de censure à l'Assemblée nationale.