Ukraine: l'étau se resserre sur Marioupol, le Donbass dans le viseur russe

Un membre du service des troupes pro-russes se tient près d'un bâtiment incendié lors du conflit entre l'Ukraine et la Russie dans la ville portuaire de Mariupol, dans le sud du pays (Photo, Reuters).
Un membre du service des troupes pro-russes se tient près d'un bâtiment incendié lors du conflit entre l'Ukraine et la Russie dans la ville portuaire de Mariupol, dans le sud du pays (Photo, Reuters).
Les secouristes enlèvent les débris d'un bâtiment détruit au cours du conflit Ukraine-Russie, dans la ville portuaire méridionale de Marioupol, Ukraine, le 10 avril 2022 (Photo, Reuters).
Les secouristes enlèvent les débris d'un bâtiment détruit au cours du conflit Ukraine-Russie, dans la ville portuaire méridionale de Marioupol, Ukraine, le 10 avril 2022 (Photo, Reuters).
Short Url
Publié le Mardi 12 avril 2022

Ukraine: l'étau se resserre sur Marioupol, le Donbass dans le viseur russe

  • L'étau se resserre sur les dernières troupes ukrainiennes qui défendent Marioupol, assiégée depuis plus de 40 jours par l'armée russe, largement détruite et où la situation humanitaire est dramatique
  • Zelensky a indiqué prendre «très au sérieux» les menaces d'armes chimiques à Marioupol brandies par le camp russe

KRAMATORSK : Les forces russes maintiennent mardi leur pression sur la ville portuaire stratégique de Marioupol, que les soldats ukrainiens tentent désespérément de défendre au milieu des destructions, et dans l'est de l'Ukraine où Kiev s'attend à une offensive majeure. 

L'étau se resserre sur les dernières troupes ukrainiennes qui défendent Marioupol, assiégée depuis plus de 40 jours par l'armée russe, largement détruite et où la situation humanitaire est dramatique. 

Selon le conseiller présidentiel ukrainien Mykhaïlo Podoliak, sur Twitter, "les soldats ukrainiens sont encerclés et bloqués" dans la ville où "des dizaines de milliers" de personnes y ont péri et "90% des maisons" ont été détruites. 

La conquête de Marioupol, dans le sud-est, permettrait aux Russes de consolider leurs gains territoriaux sur la bande côtière le long de la mer d'Azov en reliant les régions du Donbass à la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014. 

Mais les forces ukrainiennes "continuent de défendre Marioupol", avait assuré lundi l'armée de terre ukrainienne sur Telegram, en assurant être toujours en contact avec les unités qui "tiennent héroïquement la ville". 

"Les Russes ont temporairement occupé une partie de la ville. Les soldats ukrainiens continuent de défendre le centre et le sud de la ville, ainsi que les zones industrielles", a précisé le maire-adjoint de la ville Serguiï Orlov. 

L’armée russe a, de son côté, affirmé avoir fait échouer lundi une tentative de percée d'une centaine de militaires ukrainiens avec des blindés qui se trouvent dans une usine du nord de la ville, et qui tentaient de la fuir selon elle. Leur sortie a été repoussée à coups "de frappes aériennes et de tirs d’artillerie", selon Moscou, qui dit avoir notamment détruit trois chars et tué une cinquantaine d’"ennemis", et que 42 se sont rendus. 

Lundi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait de nouveau appelé ses alliés étrangers à lui envoyer davantage d'armes pour résister aux forces russes. 

"Nous ne recevons pas autant que ce dont nous avons besoin pour mettre fin à cette guerre plus rapidement. Pour détruire complètement l'ennemi sur notre territoire... en particulier, pour débloquer" le siège de Marioupol, a-t-il déclaré. 

« Substance toxique » 

M. Zelensky a par ailleurs indiqué prendre "très au sérieux" les menaces d'armes chimiques à Marioupol brandies par le camp russe. 

Il faisait référence à une déclaration lundi d’Edouard Bassourine, porte-parole de la république autoproclamée prorusse de Donetsk (DNR) qui a évoqué la possible utilisation d'armes chimiques par les troupes russes pour chasser les combattants ukrainiens défendant l’usine Azovstal, le grand complexe industriel de la ville, sur la côte. 

Le régiment ukrainien Azov a pour sa part affirmé qu'un drone russe y avait largué une "substance toxique" sur des soldats et civils. 

"Aucune arme chimique n’a été utilisée par les forces de DNR à Marioupol", a démenti M. Bassourine auprès de l'agence Interfax. 

"Les informations sur l'attaque chimique ne sont pas actuellement confirmées", a tempéré Petro Andriouchtchenko, un conseiller du maire de Marioupol, sur Telegram. Lundi soir, Washington avait indiqué ne pas pouvoir non plus confirmer ces informations. 

"Nous vérifions ces informations. Selon des informations préliminaires, il y a une suppositions que c'étaient probablement des munitions au phosphore. Mais des conclusions officielles viendront plus tard", a déclaré la vice-ministre ukrainienne de la Défense Ganna Maliar à la télévision. 

Dans l'est, frontalier de la Russie et où Moscou a fait de la conquête totale du Donbass son objectif prioritaire, Kiev a annoncé s'attendre, à brève échéance, à une importante offensive. 

"Selon nos informations, l'ennemi a presque terminé sa préparation pour un assaut sur l'est. L'attaque aura lieu très prochainement", a averti le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Oleksandre Motouzianik. 

A Washington, un haut responsable du Pentagone a confirmé que les forces russes se renforçaient autour du Donbass, et notamment près de la ville d'Izioum. 

L'état-major de l'armée ukrainienne a indiqué sur Facebook s'attendre à ce que les Russes lancent prochainement des offensives sur des villes comme Popasna et Kourakhove pour "prendre le contrôle de l’ensemble de la région de Donetsk", l'une des deux provinces du Donbass, région que se disputent les Ukrainiens et séparatistes prorusses depuis 2014. 

"La bataille pour les régions de Donetsk et Lougansk est un moment crucial de la guerre", a déclaré sur Telegram le chef de cabinet de M. Zelensky, Andriï Yermak.  

Des civils continuaient de fuir les régions de Lougansk et Donetsk, d'où six trains d'évacuation devaient partir mardi selon l'administration régionale de Lougansk. 

En visite mardi à Vostochni, en extrême orient russe, le président russe Vladimir Poutine a salué la lutte "courageuse, professionnelle, efficace" des officiers  russes qui "participent à l’opération militaire spéciale au Donbass". 

Cette offensive était selon lui nécessaire et inévitable pour "assurer la sécurité de la Russie" face à une Ukraine qui "a commencé à être transformée en place-forte antirusse, à cultiver le nationalisme, le néonazisme". 

Des analystes estiment que M. Poutine, embourbé face à la résistance acharnée des Ukrainiens, veut obtenir une victoire dans cette région avant le défilé militaire du 9 mai marquant sur la Place Rouge la victoire soviétique sur les nazis. 

"La bataille pour le Donbass durera plusieurs jours, et pendant ces jours nos villes pourraient être complètement détruites", a prédit pour sa part sur Facebook Serguiï Gaïdaï, le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, en appelant de nouveau les civils à quitter la région. Selon lui, "le scénario de Marioupol peut se répéter dans la région de Lougansk". 

Viols et violences sexuelles 

Des responsables de l'ONU ont réclamé lundi des enquêtes sur les violences faites aux femmes en Ukraine et de protéger des enfants déplacés par millions en raison du conflit, lors d'une réunion du Conseil de sécurité initiée par les Etats-Unis et l'Albanie. 

"Nous entendons de plus en plus parler de viols et de violences sexuelles", a souligné Sima Bahous, directrice de l'agence onusienne ONU Femmes. 

Plus de 4,5 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis l'invasion ordonnée par Vladimir Poutine le 24 février, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR). 

Sur le plan diplomatique, la première visite d'un responsable européen à Moscou depuis l'invasion de l'Ukraine, celle du chancelier autrichien Karl Nehammer lundi, n'a guère fait bouger les lignes. 

A Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont évoqué lundi un sixième paquet de sanctions contre Moscou, qui ne touchera toutefois pas les achats de pétrole et de gaz. 

Volodymyr Zelensky ne cesse de demander à tous ses interlocuteurs européens "l'adoption de sanctions puissantes". Il réclame un arrêt des achats de pétrole et de gaz et la fourniture d'armes lourdes pour résister à l'offensive annoncée dans l'est. 


Turquie: une "flotille de la liberté" pour Gaza prête à appareiller

Vue de la proue du navire RoRo Akdeniz avant son départ du port maritime de Tuzla, près d'Istanbul, le 19 avril 2024. Une nouvelle "flottille de la liberté" est prête à partir pour Gaza
Vue de la proue du navire RoRo Akdeniz avant son départ du port maritime de Tuzla, près d'Istanbul, le 19 avril 2024. Une nouvelle "flottille de la liberté" est prête à partir pour Gaza
Short Url
  • Après cette opération, les relations entre Israël et la Turquie ont connu une succession de crises jusqu'au rétablissement complet de leurs liens diplomatiques en août 2022, avec le retour des ambassadeurs et consuls dans les deux pays.
  • "Israël a attaqué notre flotte en 2010, tué dix de nos volontaires sans jamais avoir eu de comptes à rendre", a renchéri l'avocate américaine Huwaida Arraf, keffieh palestinien autour du cou.

TURQUIE : Une "flottille de la liberté" est prête à appareiller pour Gaza depuis le port turc de Tuzla (ouest) afin de forcer le blocus et d'apporter de l'aide à la population de l'enclave palestinienne.

Au moins trois bâtiments transportant 5.000 tonnes de vivres, d'eau potable et d'aide médicale attendent le feu vert des autorités turques pour lever l'ancre depuis ce port sur la mer de Marmara, au sud d'Istanbul, si possible la semaine prochaine, ont indiqué les organisateurs vendredi.

Quelque 280 militants, défendeurs des droits, avocats et médecins sont prêts à prendre place à bord, venus de plus d'une trentaine de pays dont les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, la Norvège, l'Allemagne, l'Espagne ou la Malaisie.

Devant la presse, ils ont réclamé la garantie de leur libre passage et un cessez-le-feu immédiat dans le territoire de Gaza soumis au blocus et aux bombardements israéliens depuis le 7 octobre.

Ann Wright, militante pacifiste et ancienne colonelle de l'armée américaine, qui a précisé avoir "démissionné en 2003 pour protester contre la guerre en Irak", a mis les autorités israéliennes en garde: "Toute tentative d'arraisonner ou d'attaquer nos bateaux sera illégale", a-t-elle prévenu.

Des ouvriers préparent un navire de la coalition de la flottille de la liberté alors qu'il jette l'ancre dans le port maritime de Tuzla, près d'Istanbul, le 19 avril 2024.
Des ouvriers préparent un navire de la coalition de la flottille de la liberté alors qu'il jette l'ancre dans le port maritime de Tuzla, près d'Istanbul, le 19 avril 2024.

"Nous représentons la société civile qui réclame la paix et la justice. Nous demandons au monde de garantir notre sécurité afin de livrer (les biens) de première nécessité à nos frères et sœurs de Gaza", a ajouté Mme Wright.

"Comme vous le savez, cette flottille n'est pas la première", a-t-elle glissé en référence à une précédente expédition restée célèbre, car source de grandes tensions entre Israël et la Turquie.

- Le précédent de 2010 -

En 2010, une "flottille de la liberté" forte de huit cargos et transportant près de 700 passagers, de l'aide humanitaire et des matériaux de construction, avait pris la mer au départ d'Antalya (sud) pour tenter de forcer le blocus de la bande de Gaza et ravitailler la population.

Neuf jours après son départ, le 31 mai, une opération militaire israélienne et l'abordage d'un de ses bâtiments, le Mavi Marmara, avaient fait dix morts et 28 blessés parmi les militants et dix blessés côté israélien.

Après cette opération, les relations entre Israël et la Turquie ont connu une succession de crises jusqu'au rétablissement complet de leurs liens diplomatiques en août 2022, avec le retour des ambassadeurs et consuls dans les deux pays.

"Ce que le peuple palestinien endure actuellement est inimaginable", a insisté Mme Wright. "Le siège de Gaza est illégal, c'est une forme de châtiment collectif qui constitue un crime de guerre".

"Israël a attaqué notre flotte en 2010, tué dix de nos volontaires sans jamais avoir eu de comptes à rendre", a renchéri l'avocate américaine Huwaida Arraf, keffieh palestinien autour du cou.

"Mais de la même façon que le siège de Gaza est illégal, toute tentative d'Israël de nous attaquer ou tenter d'intercepter nos navires sera contraire au droit", a-t-elle insisté.

La gynécologue obstétricienne malaisienne Fauziah Mohd Hasan a remarqué que, pendant que l'escalade des tensions se poursuit entre l'Iran et Israël, "les tueries continuent à Gaza".

"Nous ne pouvons pas laisser Israël distraire le monde sur ce qui cause de plus en plus de morts, de maladies et de destructions à Gaza", a plaidé le Dr Hasan, en évoquant les "plus de 50.000 femmes enceintes" dans l'enclave bouclée.

"Nous savons que des femmes subissent des césariennes sans anesthésie, qu'elles donnent naissance à des bébés prématurés et trop petits, qu'elles ne peuvent allaiter en raison du stress", avance aussi la Malaisienne.

La Turquie est l'un des principaux pays fournisseurs d'aide humanitaire à la population palestinienne.

Un neuvième "navire de la Bonté" envoyé par le gouvernement turc est arrivé vendredi au port égyptien d'El-Arish, chargé de 3.774 tonnes d'aide humanitaire.

 


Le vote d'hindous pour Modi et la «gloire de la civilisation de l'Inde»

Une femme vêtue d'une burqa arrive pour voter dans un bureau de vote lors de la première phase des élections générales indiennes à Kairana, dans l'État de l'Uttar Pradesh, le 19 avril 2024. (Photo de Sajjad HUSSAIN / AFP)
Une femme vêtue d'une burqa arrive pour voter dans un bureau de vote lors de la première phase des élections générales indiennes à Kairana, dans l'État de l'Uttar Pradesh, le 19 avril 2024. (Photo de Sajjad HUSSAIN / AFP)
Short Url
  • Agé de 73 ans, M. Modi reste très populaire après deux mandats, au cours desquels l'Inde a accru son influence diplomatique et son poids économique
  • Cette ferveur nationaliste hindoue exponentielle inquiète d'importantes minorités, dont quelque 210 millions d'Indiens musulmans

HARIDWAR: Le vieux Ram Bhakt a bravé vendredi la chaleur accablante dans la ville sainte de Haridwar pour donner son vote au Premier ministre Narendra Modi qui, selon lui, est le garant de la "gloire de la civilisation" de l'Inde.

Nichée entre les contreforts de l'Himalaya et les rives du Gange dans l'Etat de l'Uttarakhand (nord), Haridwar est une vieille cité parsemée de temples hindous. Un des sites de prédilection des pèlerins de la foi majoritaire du pays le plus peuplé du monde.

C'est aussi un bastion de M. Modi dont le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) a placé l'hindouisme au coeur de sa politique, dans ce pays qui a inscrit la laïcité dans sa Constitution.

Il a déjà donné au BJP deux victoires écrasantes en 2014 et 2019 en jouant sur la fibre religieuse de l'électorat hindou.

"Je vote pour la gloire de la civilisation de l'Inde", affirme le saddhu Ram Bhakt, homme saint de 96 ans, au front ridé couvert de pigment vermillon et de cendre, appuyé sur sa canne en bois, drapé dans une modeste robe couleur safran.

«Le pays dont nous rêvions»

"Sous Modi, notre pays est devenu ce dont nous, les sages, rêvions depuis toujours", se réjouit-il auprès de l'AFP.

Agé de 73 ans, M. Modi reste très populaire après deux mandats, au cours desquels l'Inde a accru son influence diplomatique et son poids économique.

Les analystes politiques l'ont d'ores et déjà donné vainqueur de ces élections générales qui ont débuté vendredi et se poursuivront en sept étapes jusqu'au 1er juin.

Cette année, il a inauguré dans la ville d'Ayodhya un grand temple dédié à la divinité hindoue Ram, bâti sur le site d'une mosquée vieille de plusieurs siècles détruite par des fanatiques hindous.

Cet événement, très attendu par ses militants, a bénéficié d'une ample couverture médiatique et de festivités publiques dans toute l'Inde.

"La nation est en train de créer la genèse d'une histoire nouvelle", a-t-il clamé aux milliers de personnes rassemblées pour la cérémonie, parmi lesquelles des célébrités de Bollywood et des stars du cricket.

Shiv Shankar Giri, 28 ans, membre d'un ordre monastique hindou à Haridwar, a dit à l'AFP avoir voté pour "celui qui nous a rendu Ram".

"Nous votons tous pour celui qui a rendu l'hindouisme fort", souligne-t-il. "Nous votons pour Modi".

«La protection de notre foi»

Mais cette ferveur nationaliste hindoue exponentielle inquiète d'importantes minorités, dont quelque 210 millions d'Indiens musulmans.

L’Etat de l’Uttarakhand, considéré comme la pierre angulaire géographique de l’hindouisme, est en proie à de vives tensions sectaires.

Des groupes radicaux, vaguement affiliés au BJP, appellent à l’expulsion des musulmans de cet Etat.

Plusieurs musulmans y ont été tués en février lors d'affrontements avec des riverains hindous, à la suite de la démolition par les autorités municipales d'une mosquée qui, selon elles, avait été construite illégalement.

Pour Mukesh Dubey, prêtre d'un petit temple hindou à Haridwar, le fait que le gouvernement Modi défende sa foi est une "duperie" destinée à détourner de difficultés plus graves et urgentes auxquelles l'Inde est confrontée, avec des millions de jeunes diplômés d'universités au chômage.

Les cadeaux religieux ne servent à rien si "les gens n'ont pas de travail et de nourriture", dit-il à l'AFP.

Le BJP devrait néanmoins remporter la victoire à Haridwar, où son candidat avait remporté aux dernières élections 250.000 voix de plus que son principal adversaire.

Uday Bharti, saddhu de 59 ans, est catégorique, le BJP agit en faveur de ce qui "compte le plus".

"Modi a assuré la protection de notre pays et de notre foi", affirme-t-il à l'AFP devant un bureau de vote. "Nous sommes ici pour garantir que Modi continue de faire du bon travail".


Ukraine : huit morts dans des frappes, Kiev revendique la destruction d'un bombardier russe

Cette photographie distribuée publiée le 19 avril 2024 par le gouverneur du kraï de Stavropol en Russie, Vladimir Vladimirov, montre les restes d'un bombardier stratégique russe à longue portée Tu-22M3 écrasé dans un champ agricole à l'extérieur de Stavropol. (Photo, AFP)
Cette photographie distribuée publiée le 19 avril 2024 par le gouverneur du kraï de Stavropol en Russie, Vladimir Vladimirov, montre les restes d'un bombardier stratégique russe à longue portée Tu-22M3 écrasé dans un champ agricole à l'extérieur de Stavropol. (Photo, AFP)
Short Url
  • Moscou a fait état de la mort d'un membre d'équipage dans le crash d'un avion Tupolev-22M3 à la suite d'une défaillance technique, sans mentionner d'implication ukrainienne
  • La Russie bombarde quotidiennement des localités ukrainiennes et Kiev dit éprouver un manque aigu de munitions pour repousser ces attaques

KIEV: Au moins huit personnes, dont des enfants, ont été tuées dans des frappes nocturnes en Ukraine, sur la région de Dnipropetrovsk (centre-est), ont annoncé vendredi les autorités ukrainiennes qui ont revendiqué avoir pour la première fois abattu un bombardier stratégique russe.

Les ministres des Affaires étrangères des Etats du G7 ont dans le même temps pris "l'engagement" de "renforcer" les moyens de défense antiaérienne de l'Ukraine, à l'issue de leur réunion dans le sud de l'Italie. Ils ont par ailleurs exprimé leur "forte préoccupation" à propos de transferts de matériels chinois profitant selon eux à la production militaire russe.

De son côté, Moscou a fait état de la mort d'un membre d'équipage dans le crash d'un avion Tupolev-22M3 à la suite d'une "défaillance technique", sans mentionner d'implication ukrainienne. Les deux pays semblent évoquer le même appareil.

Dans le district ukrainien de Synelnykové, au sud-est de Dnipro, la capitale de la région de Dnipropetrovsk, "plus de dix maisons ont été endommagées" et "six personnes sont mortes", a déclaré le ministre ukrainien de l'Intérieur Igor Klymenko sur Telegram.

Dans la ville de Dnipro, où un immeuble d'habitation de quatre étages et d'autres "infrastructures civiles" ont été touchés, deux personnes ont péri, a-t-il ajouté, prévenant que le bilan risquait de s'alourdir.

Au moins 25 personnes ont été blessées, selon le gouverneur local.

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a précisé que "deux enfants", âgés de quatorze et huit ans, figuraient parmi les morts et qu'un troisième, un garçon de six ans, avait été blessé. Différents responsables avaient auparavant fait des déclarations contradictoires sur le nombre des mineurs tués et leur âge.

"Les enfants ne devraient pas être tués par des frappes aériennes dans l'Europe moderne", a lancé M. Kouleba.

Chemins de fer visés

La compagnie publique ukrainienne des chemins de fer Ukrzaliznytsia a dénoncé vendredi "un bombardement massif" de ses infrastructures à Dnipro et dans sa région, faisant état d'une employée tuée et de sept blessés.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de nouveau appelé ses partenaires à envoyer "des systèmes de défense antiaérienne à l'Ukraine", au lieu de les laisser "stockés dans des entrepôts".

La Russie bombarde quotidiennement des localités ukrainiennes et Kiev dit éprouver un manque aigu de munitions pour repousser ces attaques, tandis que l'aide occidentale se réduit ou arrive en retard.

La Chambre américaine des représentants a annoncé qu'elle voterait samedi sur une enveloppe de 61 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine, bloquée depuis des mois.

Au total, la Russie a tiré 22 missiles et 14 drones explosifs sur le territoire ukrainien dans la nuit de jeudi à vendredi, a souligné dans la matinée l'armée de l'air ukrainienne, affirmant avoir abattu 29 de ces engins.

Volodymyr Zelensky a dit avoir rendu visite à des soldats dans la région de Donetsk, dans l'est, où l'armée russe accentue sa pression.

Le président a expliqué avoir inspecté "la construction de fortifications", une des priorités actuelles de l'Ukraine afin de freiner les troupes de Moscou.

"Abattu" en mission de combat

Le commandant de l'armée de l'air ukrainienne Mykola Olechtchouk a affirmé vendredi que ses forces avaient, "pour la première fois", "détruit un bombardier stratégique de longue portée Tu-22M3, porteur de missiles de croisière X-22".

L'Ukraine avait déjà revendiqué la destruction d'un appareil de ce type en août mais il se trouvait au sol et non dans les airs.

Selon le renseignement militaire ukrainien (GUR), il s'agit cette fois d'un avion qui a participé aux bombardements nocturnes et "a été abattu à la suite d'une opération spéciale".

Le GUR assure que cet aéronef, qui effectuait une "mission de combat", est tombé dans la région de Stavropol, dans le sud-ouest de la Russie.

A Moscou, le ministère russe de la Défense n'a pas confirmé que des tirs ukrainiens avaient visé un avion militaire russe mais une source au sein de l'armée a déclaré à l'agence de presse d'Etat TASS qu'un bombardier supersonique Tupolev-22M3 s'était "écrasé dans la région de Stavropol après une mission de combat, en rentrant sur sa base".

L'appareil n'avait pas d'armements à son bord, a assuré cette source.

Le gouverneur de la région de Stavropol a pour sa part fait savoir qu'un Tupolev-22M3 avait fait une chute dans cette zone après un incident "technique" et qu'au moins un membre de son équipage avait perdu la vie.

"Un avion est tombé dans les champs dans le district de Krasnogvardeïski", a écrit Vladimir Vladimirov sur Telegram.

"Selon les données préliminaires, une défaillance technique est à l'origine de l'accident", a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.

Deux autres membres de l'équipage de l'appareil ont été retrouvés vivants et les secours cherchent toujours le quatrième, a-t-il précisé.

Le district de Krasnogvardeïski se situe à quelque 300 km de la frontière ukrainienne.