Tariq Ramadan accusé de viol: les investigations terminées

Le célèbre islamologue suisse Tariq Ramadan arrive au Palais de Justice de Paris, le 13 février 2020 (Photo, AFP).
Le célèbre islamologue suisse Tariq Ramadan arrive au Palais de Justice de Paris, le 13 février 2020 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 13 avril 2022

Tariq Ramadan accusé de viol: les investigations terminées

  • Depuis l'ouverture de cette enquête en 2017 à Paris, deux versions s'opposent
  • Tariq Ramadan dénonce depuis la première plainte une «campagne de calomnies»

PARIS: Quatre ans d'investigations, un islamologue réputé, et une question centrale, celle de l'emprise exercée sur des plaignantes : deux juges d'instruction parisiennes ont annoncé la fin de leur enquête sur Tariq Ramadan, mis en examen pour des viols sur cinq femmes, ouvrant la voie à un procès.

Ce dossier, dans lequel l'islamologue suisse a été incarcéré dix mois en 2018, a fait l'objet d'une bataille procédurale épique entre avocats de M. Ramadan, qui ont changé à plusieurs reprises, et parties civiles, à coups de plaintes croisées, d'auditions et confrontations multiples mais aussi de -nombreuses- investigations.

Depuis l'ouverture de cette enquête en 2017 à Paris, deux versions s'opposent.

D'un côté, le ministère public et les plaignantes défendent la thèse de séductions virtuelles qui ont débouché sur des rencontres dans des hôtels avec des relations sexuelles assorties de coups et de pénétrations non consenties. 

Les plaignantes, parfois mises en difficulté par la révélation d'échanges jugés "ambivalents" par les enquêteurs avec M. Ramadan après les faits dénoncés, ont pu s'appuyer sur la notion d'"emprise".

Cet argument cardinal dans ce dossier a été développé dans une expertise annulée pour raisons procédurales en juin, et reprise dans une nouvelle expertise versée à nouveau lundi au dossier, concernant quatre des femmes ayant accusé M. Ramadan de viol.

L'"emprise" est "un ensemble de mécanismes et de processus qui permettent à un psychisme d'exercer tout pouvoir sur un autre psychisme, à son seul bénéfice et sans tenir compte du désir propre de l'autre".

Concrètement, les trois psychiatres experts soulignent "l'hameçonnage par M. Ramadan d'une personne, se confiant à lui après des échanges anodins, le repérage de vulnérabilités, le fait qu'au moment de la rencontre il change radicalement d'attitude pour imposer une sexualité violente et brutale."

L'expertise pourrait aider les juges à décider, avant d'ordonner un éventuel procès ou l'abandon des poursuites, si l'islamologue peut être ou non accusé d'avoir imposé des actes de pénétration sexuelle par une forme de "contrainte morale".

L'avis de fin d'information "est une satisfaction, un soulagement. Le but de la défense était de repousser au plus tard l'échéance mais c'est enfin une étape importante", a salué Me Eric Morain, avocat de deux des plaignantes.

«Emprise à toutes les sauces»

De son côté, Tariq Ramadan dénonce depuis la première plainte une "campagne de calomnies". Niant dans un premier temps tout rapport sexuel, il évoque depuis des "relations de domination", rudes mais "consenties". Il a accusé les magistrates instructrices d'être "sous emprise politique".

Pour sa défense, si les plaignantes évoquent des viols, c'est à cause de "déceptions sentimentales ou sexuelles" ou d'un complot politique, dénoncé de longue date par leur client.

"Il suffit de brandir l’emprise à toute les sauces pour créer un coupable (...). Clôturer ainsi le dossier sur des expertises grotesques revient à claquer la porte à toute défense, ce qui est de nature à remettre en cause la crédibilité de toute l’instruction", ont dénoncé mardi Me Philippe Ohayon et Nabila Asmane, deux de ses avocats.

"Les experts persistent à donner des conclusions sans jamais avoir entendu Tariq Ramadan", ont-ils aussi critiqué.

L'avis de fin d'information notifié mardi ouvre un délai permettant aux parties de formuler des demandes d'actes avant les réquisitions du parquet de Paris et la décision finale des juges d'instruction sur un éventuel procès, possiblement aux assises.

L'affaire Ramadan, qui a provoqué la chute de cette figure charismatique et contestée de l'islam européen, avait été déclenchée fin octobre 2017 par les plaintes d'Henda Ayari, une ex-salafiste devenue militante laïque, et "Christelle", qui dénonçaient respectivement un viol en 2012 à Paris et en 2009 à Lyon.

M. Ramadan avait été mis en examen pour "viol" et "viol sur personne vulnérable" en février 2018 et incarcéré dix mois.

En février 2020, cette mise en cause avait été élargie à deux autres femmes qu'il est suspecté d'avoir agressé en 2015 et 2016 à Paris, identifiées par la police sur des photos et des messages retrouvés dans son ordinateur.

En octobre 2020, enfin, l'islamologue avait été mis en examen après les accusations de Mounia Rabbouj, ex-escort girl, qui l'avait accusé de neuf viols sur la période 2013-2014. 


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.