«Boucher» coupable de «génocide»: quand Biden se fait l'accusateur en chef de Poutine

Joe Bidens'exprimant dans la salle à manger d'État de la Maison Blanche à Washington, le 20 janvier 2021; et Vladimir Poutine tenant sa conférence de presse annuelle à Moscou le 19 décembre 2019 (Photo, AFP).
Joe Bidens'exprimant dans la salle à manger d'État de la Maison Blanche à Washington, le 20 janvier 2021; et Vladimir Poutine tenant sa conférence de presse annuelle à Moscou le 19 décembre 2019 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 14 avril 2022

«Boucher» coupable de «génocide»: quand Biden se fait l'accusateur en chef de Poutine

  • Vladimir Poutine, un «criminel de guerre», un «boucher» qui ne devrait pas «rester au pouvoir» selon Joe Biden
  • Comme Joe Biden a d'ores et déjà exclu d'envoyer des soldats en Ukraine, il lui reste les envois, massifs, d'armement à Kiev. Et les mots

WASHINGTON: Vladimir Poutine, un "criminel de guerre", un "boucher" qui ne devrait pas "rester au pouvoir", et désormais coupable de "génocide": Joe Biden attaque avec toujours plus de virulence le président russe, prenant souvent ses alliés, et ses collaborateurs, par surprise.

Quand le président des Etats-Unis s'avance mardi vers les journalistes qui l'attendent pour rentrer à Washington, après une visite dans l'Iowa, Etat rural du Midwest, la question fuse: pense-t-il vraiment que Vladimir Poutine commet en Ukraine un "génocide"?

Un peu avant, presque en passant, au détour d'un discours sur l'inflation et sur les biocarburants, entre un tracteur et un tas de maïs, le commandant en chef des Etats-Unis avait, pour la première fois, utilisé le terme.

"Le budget de votre famille, votre capacité à faire votre plein d'essence, rien de tout cela ne devrait dépendre du fait qu'un dictateur déclare la guerre et commet un génocide à l'autre bout du monde", avait-il déclaré.

Très vite, la Maison Blanche promet aux journalistes présents une clarification. Sous l'aile d'Air Force One, Joe Biden enfonce le clou: "Oui, j'ai appelé ça un génocide."

Il relève certes que "les juristes, au niveau international", trancheront sur la qualification de génocide, mais lance avant d'embarquer: "Pour moi, cela y ressemble bien."

"Une analyse juridique est en cours sur la base de la collecte méticuleuse de preuves", a dit mercredi l'ambassadeur américain auprès de l'OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe), Michael Carpenter.

"Cela va prendre du temps de mener cela à bien, mais entre-temps, le président a pris une position morale très claire", a-t-il également déclaré à des journalistes.

Le refus de Macron de dénoncer un génocide en Ukraine est «très blessant»

"S'ils sont vrais, de tels propos sont très blessants pour nous", a déclaré M. Zelensky lors d'une conférence de presse commune avec les chefs d'Etat polonais, lituanien, estonien et letton, en visite à Kiev.

"Je ferai de mon mieux pour discuter de cette question avec M. Macron aujourd'hui. Si ce n'est pas le cas, alors demain, quand il trouvera le temps", a ajouté M. Zelensky.

Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron avait choisi de ne pas reprendre le terme "génocide" utilisé par son homologue américain Joe Biden pour en accuser le président russe Vladimir Poutine en Ukraine.

Pour l'amour de Dieu

Joe Biden a ainsi qualifié Vladimir Poutine de "criminel de guerre" le 16 mars, puis de "boucher" le 26 mars, à chaque fois à l'occasion d'échanges brefs et spontanés avec la presse.

Bien avant, par exemple, que les Occidentaux ne réagissent avec horreur, début avril, à la découverte de nombreux corps à Boutcha, cette ville proche de Kiev reprise par l'armée ukrainienne.

Le président américain a aussi fait le 26 mars cette sortie fracassante, en conclusion d'un discours par ailleurs très calibré à Varsovie: "Pour l'amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir."

Dans ce dernier cas, le démocrate a visiblement pris de court ses collaborateurs. 

Alors que son convoi fonçait vers l'aéroport de la capitale polonaise, la Maison Blanche a mis au point en toute hâte des éléments de langage distribués aux journalistes, pour assurer que non, Washington n'appelait pas à un changement de régime en Russie.

Un peu plus tard, Joe Biden expliquera: avec ces mots, "j'exprimais mon indignation".

Sur l'utilisation des termes de "criminel de guerre" et de "génocide", même ressort: le président dit qu'il livre son ressenti, qui serait donc, en quelque sorte, déconnecté des caractérisations légales ou des implications diplomatiques.

Rien de très étonnant pour le démocrate de 79 ans. Il assume, sur nombre de sujets, pas seulement internationaux, de "parler avec le cœur".

Sa porte-parole Jen Psaki, bombardée de questions mercredi sur la dernière sortie de Joe Biden, et notamment sur la manière dont il a glissé le mot de "génocide" entre deux considérations sur le coût de la vie pour les ménages américains, a estimé, un rien sur la défensive: "Il est le président des Etats-Unis et le leader du monde libre, il peut exprimer ses opinions quand bon lui semble".

Quitte à déstabiliser ses alliés -- mercredi, le président français Emmanuel Macron, qui avait déjà critiqué à mots couverts l'utilisation du terme de "boucher", a refusé de reprendre à son compte celui de "génocide", faisant valoir qu'un tel vocabulaire compliquait la perspective de négociations, à l'avenir, avec Vladimir Poutine.

"Je veux essayer au maximum de continuer à pouvoir arrêter cette guerre et à rebâtir la paix, donc je ne suis pas sûr que l'escalade des mots serve la cause", a-t-il dit, rejoint en ce sens par le chancelier allemand Olaf Scholz.

Avec ces sorties qui suscitent immanquablement l'indignation de Moscou, et souvent la gratitude de Kiev, le président américain cherche aussi à "répondre" à des "pressions" du Congrès qui le pousse à accroître son soutien à l'Ukraine et durcir le ton avec Vladimir Poutine, estime un diplomate européen.

Comme Joe Biden a d'ores et déjà exclu d'envoyer des soldats en Ukraine, il lui reste les envois, massifs, d'armement à Kiev. Et les mots.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.