Présidentielle: quand le corps préfectoral devient un enjeu électoral

Qualifiée comme Emmanuel Macron pour le second tour, la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen s'est engagée à rétablir le corps préfectoral (Photo, AFP).
Qualifiée comme Emmanuel Macron pour le second tour, la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen s'est engagée à rétablir le corps préfectoral (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 14 avril 2022

Présidentielle: quand le corps préfectoral devient un enjeu électoral

  • Qualifiée comme Emmanuel Macron pour le second tour, la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen s'est engagée à rétablir le corps préfectoral
  • En mai 2021, Marine Le Pen avait déjà adressé un courrier aux préfets, dans lequel elle affichait sa volonté de défendre le corps préfectoral

PARIS: D'un côté l'extinction programmée du corps préfectoral, de l'autre une promesse de le ressusciter: pour les préfets, encore bousculés par la réforme de la haute fonction publique, le deuxième tour de la présidentielle revêt un enjeu particulier.

Devoir de réserve oblige, ils ne le diront pas tout haut, surtout en période électorale. Les préfets suivent néanmoins "avec attention" la disparition progressive des grands corps (inspections générales, diplomates, préfets) initiée par Emmanuel Macron, confie une source proche de la préfectorale.

Hautement symbolique, la réforme a déjà commencé à être mise en œuvre, mais sa poursuite semble conditionnée au résultat de la présidentielle.

Qualifiée comme Emmanuel Macron pour le second tour, la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen s'est engagée à rétablir le corps préfectoral, voué à l'extinction le 1er janvier 2023.

"On a un quand même un corps qui a été la colonne vertébrale de l’Etat depuis maintenant plus de deux siècles. Ce serait dommage de briser cette colonne vertébrale", fait valoir un membre de son équipe de campagne.

Neuf ans

En mai 2021, Marine Le Pen avait déjà adressé un courrier aux préfets, dans lequel elle affichait sa volonté de défendre le corps préfectoral.

En face, le camp Macron vient tout récemment d'écrire un nouveau chapitre de la réforme de la haute fonction publique. Un décret publié le 6 avril au Journal officiel (JO) précise les conditions d'emploi des préfets à partir du 1er janvier 2023.

Le texte fixe notamment à neuf ans la durée maximale d'exercice continu des fonctions de préfet, "ce qui inquiète beaucoup de membres du métier", assure l'ancienne représentante de l'Etat Bernadette Malgorn.

Ce plafond de neuf ans d'exercice "peut être un handicap, quand on arrive à un certain niveau d’expérience", avertit cette ancienne préfète de région, aujourd'hui élue municipale à Brest. 

"Quand on est préfet de département, on se verrait assez logiquement devenir préfet de région, puis préfet d'une région plus importante", une progression de carrière "difficile" à imaginer dans un laps de temps de neuf ans, explique-t-elle.

L'intégration des préfets dans le nouveau corps unique des administrateurs de l'Etat, qui fusionne nombre de grands corps préexistants, interpelle également.

Le corps préfectoral "était un cadre dans lequel se passaient une tradition, du vécu, des approches, une expérience. C’est ce qu’on risque de perdre" avec l'"espèce de vaste chaudron" incarné par le nouveau corps unique, anticipe la source proche de la préfectorale.

«Exécutants supérieurs»

"Ce qui est paradoxal, c’est qu’on réforme le corps préfectoral alors que c’est sans doute l’un des corps qui s’est le plus réformé depuis quinze ans, (...) notamment dans la diversification de ses recrutements, dans la féminisation", relève Gildas Tanguy, maître de conférences à Sciences Po Toulouse.

Les préfets "ont eu l’impression qu’on les attaquait alors qu’ils avaient fait les efforts nécessaires ces dernières années pour montrer qu’ils étaient une haute fonction publique ouverte, mobile, inventive, comme le souhaitait le président de la République", pointe encore ce spécialiste de la haute fonction publique.

De quoi influencer leur vote le 24 avril? "Le positionnement personnel des membres du corps préfectoral est sûrement beaucoup plus fondé sur des valeurs d’intérêt général que sur des réflexes corporatistes", assure Bernadette Malgorn.

Mais alors que les préfets ont été très sollicités lors du quinquennat qui s'achève, avec notamment la crise des +gilets jaunes+ ou la pandémie de Covid-19, l'ancienne préfète regrette une tendance à "traiter les hauts fonctionnaires comme des exécutants supérieurs plutôt que des cadres dirigeants".

Un inconfort qui semble être remonté jusqu'à l'Elysée, puisqu'en plus d'avoir étroitement associé les préfets à la rédaction du décret récemment publié au JO, Emmanuel Macron a promis dans une lettre aux maires de rouvrir des sous-préfectures.

C'est "quelque chose d’assez extraordinaire, (...) sachant que le serpent de mer depuis le début des années 2000" consistait à juger excessif le nombre de sous-préfectures, commente Gildas Tanguy.

"C’est peut-être aussi une façon d’amadouer le corps préfectoral, un peu échaudé".


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».