Le président du CFCM: La nouvelle loi «vise une minorité qui instrumentalise la religion»

Le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, répond à Arab News en français au sujet des propositions faites au chef de l’État, notamment en matière d’organisation de l’islam en France, de la lutte contre l’islam radical et l’enseignement de la langue arabe dans les écoles françaises (AFP).
Le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, répond à Arab News en français au sujet des propositions faites au chef de l’État, notamment en matière d’organisation de l’islam en France, de la lutte contre l’islam radical et l’enseignement de la langue arabe dans les écoles françaises (AFP).
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Publié le Jeudi 03 décembre 2020

Le président du CFCM: La nouvelle loi «vise une minorité qui instrumentalise la religion»

  • «Ce projet de loi, qui n’est pas encore dévoilé dans son intégralité, vise à combattre les extrémistes qui instrumentalisent la religion musulmane»
  • «L’islam est une religion pratiquée quotidiennement et les penseurs contemporains du monde musulman font preuve d’un foisonnement intellectuel remarquable»

PARIS: Dans le cadre de la mise en place du projet de loi contre les séparatismes, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a été consulté par le président de la République, Emmanuel Macron. Le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, répond à Arab News en français au sujet des propositions faites au chef de l’État, notamment en matière d’organisation de l’islam en France, de la lutte contre l’islam radical et l’enseignement de la langue arabe dans les écoles françaises. 

Le Conseil français du culte musulman, ou CFCM, a-t-il contribué aux travaux sur la loi contre l’islam radical?

Le Conseil français du culte musulman a été consulté par les pouvoirs publics, au même titre que les autres cultes. Cependant, la rédaction du projet de loi est du ressort exclusif du gouvernement.

Lors des consultations, le CFCM en a profité pour proposer des solutions concrètes. Pour le financement des associations musulmanes, le Conseil français du culte musulman a proposé de modifier la loi de 1905 afin de permettre aux associations gestionnaires du culte de bénéficier de dispositifs similaires aux Waqf, et notamment de pouvoir investir dans des immeubles de rapport. Concernant la formation des imams, nous avons également demandé la création de cursus universitaires qui permettraient aux étudiants de bénéficier de prestations identiques à celles des étudiants des autres cursus.

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Rencontre du CFCM avec le Ministre de l’intérieur M. Gérald Darmanin (Photo, Fournie)

Que pensez-vous de ce texte?

À ce jour, le texte n’est pas encore publié dans son intégralité. Le gouvernement français se donne le temps de l’écrire. Lorsque le travail sera achevé, le texte sera alors examiné par le Conseil d’État, et il sera proposé au vote au Parlement. La dernière étape sera consacrée à l’expertise par les membres du Conseil constitutionnel.

Dans son discours, le président Emmanuel Macron a parlé d’un «gros travail fait avec l’Arabie saoudite» sur la question du Hajj. De quoi s’agit-il exactement?

Le Conseil français du culte musulman n’a pas été associé aux discussions entre l’État français et l’État saoudien.

Alors que dans le monde arabo-musulman, le terme «islamisme» est synonyme de religion, au même titre que judaïsme et catholicisme, dans le monde occidental ce terme est synonyme d’extrémisme.

Ce projet de loi contre les séparatismes convient-il, selon vous, à la majorité des musulmans de France?

Ce projet de loi, qui n’est pas encore dévoilé dans son intégralité, vise à combattre les extrémistes qui instrumentalisent la religion musulmane. Ces extrémistes représentent une minorité marginale des musulmans de France. Par conséquent, par son objectif, il rassure les musulmans de France.

Toutefois, une évaluation précise de ce projet ne peut se faire qu’après la publication du texte dans son intégralité.

Quelle place jouera le Conseil français du culte musulman dans la concrétisation du texte de loi prévu pour le début du mois de décembre?

Le Conseil du culte musulman compte encourager les associations musulmanes régies par la loi 1901 à opter pour la loi 1905. Cette dernière est, certes, exigeante, notamment en matière de gestion et de transparence, mais elle présente également de nombreux avantages, y compris fiscaux.

De plus, la rigueur en matière de gestion est la condition absolument nécessaire pour que les musulmans de France retrouvent confiance dans leurs associations.

moussaoui
Moussaoui avec le pape François en 2015. (AFP).

Comme l’a évoqué le président Emmanuel Macron, considérez-vous que l’islam soit en crise?

L’islam n’est pas en crise. L’islam est une religion pratiquée quotidiennement et les penseurs contemporains du monde musulman font preuve d’un foisonnement intellectuel remarquable.

Je précise d’ailleurs que le président Emmanuel Macron, dans son discours, a été précis: il évoquait la situation géopolitique du monde musulman et non celle de la religion musulmane.

Le monde musulman a fait l’analyse de son discours à travers la présentation partielle et parcellaire des médias, alors que le président Macron a évoqué de nouvelles pistes (...)

À votre avis, pourquoi ce discours a-t-il mis en émoi le monde musulman?

Le monde musulman a fait l’analyse de son discours à travers la présentation partielle et parcellaire des médias, alors que le président Macron a évoqué de nouvelles pistes, notamment concernant l’apprentissage de la langue arabe dans le système scolaire, la formation des imams, des initiatives qui seront favorables aux musulmans. Il y a certainement une incompréhension néfaste dans l’utilisation du terme «islamisme».

Alors que dans le monde arabo-musulman, le terme «islamisme» est synonyme de religion, au même titre que judaïsme et catholicisme, dans le monde occidental ce terme est synonyme d’extrémisme.

Par conséquent, lorsque le président Macron déclare qu’il faut combattre l’islamisme, il fait allusion à l’extrémisme, à l’interprétation dévoyée de la religion musulmane, et non à la religion.

Toutefois, il est tout à fait regrettable et même néfaste que le terme «islamisme» ait été choisi dans le monde occidental pour désigner l’extrémisme. Cette utilisation a largement contribué à ancrer l’amalgame entre musulman et extrémiste.

Il aurait été plus judicieux que les «opinion-leaders», comme les influenceurs, les politiques, les intellectuels et les médias utilisent l’expression «extrémisme se réclamant de l’islam» pour désigner cette minorité qui a une vision dévoyée de notre religion.


Macron met en garde contre la mort de l'Europe

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Le président français a évoqué une Europe «dans une situation d'encerclement» face aux grandes puissances régionales
  • Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a appelé l'UE à renforcer encore sa défense au sein de l'Otan

PARIS: "Notre Europe est mortelle, elle peut mourir". Emmanuel Macron a dressé jeudi un portrait alarmiste à un mois et demi d'élections européennes compliquées pour son camp, en exhortant à un sursaut des Vingt-Sept pour bâtir une "Europe puissance" et une défense "crédible".

"Cela dépend uniquement de nos choix mais ces choix sont à faire maintenant" car "à l'horizon de la prochaine décennie, (...) le risque est immense d'être fragilisé, voire relégué", a-t-il asséné devant 500 invités, dont les ambassadeurs des 26 autres Etats membres de l'UE, des étudiants, des chercheurs et le gouvernement au complet.

Le président français a évoqué dans un discours-fleuve une Europe "dans une situation d'encerclement" face aux grandes puissances régionales et a jugé que les valeurs de la "démocratie libérale" étaient "de plus en plus critiquées" et "contestées".

"Le risque, c'est que l'Europe connaisse le décrochage et cela, nous commençons déjà à le voir malgré tous nos efforts", a averti le chef de l'Etat, en plaidant pour une "Europe puissante", qui "se fait respecter", "assure sa sécurité" et reprend "son autonomie stratégique".

Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a annoncé qu'il inviterait les Européens à se doter d'un "concept stratégique" de "défense européenne crédible", en évoquant la possibilité pour elle de se doter d'un bouclier antimissiles.

Il a aussi appelé l'Europe à renforcer son industrie de défense et plaidé pour un "emprunt européen", sujet tabou notamment en Allemagne, pour investir dans l'armement en appliquant le principe de "préférence européenne".

Entrée en campagne

Face aux débats sur l'immigration portés par la droite et l'extrême droite, il a affirmé que l'UE devait "retrouver la maîtrise" de ses "frontières" et "l'assumer", proposant "une structure politique" continentale pour prendre des décisions sur les sujets de migration, de criminalité et de terrorisme.

Sur le plan économique, pour aboutir à une "Europe de prospérité", Emmanuel Macron a défendu un "choc d'investissements commun", en doublant la capacité financière de l'UE pour faire face aux défis de défense, climatique, numérique et industriel.

Devant les pratiques commerciales chinoises et américaines, le président français a également demandé une "révision" de la politique européenne "en défendant nos intérêts".

"Ca ne peut pas marcher si on est les seuls au monde à respecter les règles du commerce telles qu'elles avaient été écrites il y a 15 ans, si les Chinois, les Américains, ne les respectent plus en subventionnant les secteurs critiques", a-t-il déclaré.

Réagissant peu après, le chancelier allemand Olaf Scholz, pas toujours sur la même longueur d'ondes que son homologue, a salué les "bonnes impulsions" du discours pour que "l'Europe reste forte" et promis de continuer à la "faire avancer ensemble".

Le discours d'Emmanuel Macron est largement considéré comme une entrée en campagne du chef de l'Etat français, alors que son camp patine à six semaines des élections européennes du 9 juin, pour lesquelles le Rassemblement national (RN, extrême droite) fait largement course en tête.

Selon un récent sondage Opinionway, la liste de la majorité présidentielle, à 19%, se situait toujours loin derrière celle du RN (29%), mais gardait une nette avance sur celle des socialistes (12%).

"Sur la scène européenne, cela fait sept ans qu'Emmanuel Macron confond ses incantations et ses gesticulations avec des réalisations", a ironisé Marine Le Pen, cheffe de file des députés du RN, sur X, accusant le chef de l'Etat de "brader des pans entiers de souveraineté" nationale.

Le palais présidentiel de l'Elysée a réfuté toute tactique électoraliste et affirmé que M. Macron ambitionnait d'"influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin.

Une légitimité qui sera mesurée à l'aune des réactions européennes. Et aux retours des Français, qui estiment à 57% que le président n'a pas eu "d'influence réelle" sur l'UE depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi.

Vendredi, le président prendra aussi la température lors d'un échange avec des étudiants à Strasbourg (Est), où il signera un nouveau contrat triennal pour conforter la stature européenne de la capitale alsacienne qui accueille le parlement européen.

 

 


UE: une majorité de Français doute de l'influence réelle de Macron, selon un sondage

Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas «s'impliquer davantage dans la campagne» car «ce n'est pas son rôle en tant que président de la République»
  • Pour autant 61% des Français jugent qu'une «défaite nette» de la liste Renaissance serait un «échec personnel» pour le président

PARIS: Une majorité de Français (57%) doute de l'influence réelle d'Emmanuel Macron sur le fonctionnement et les décisions prises par l'Union européenne depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi pour BFMTV.

Alors qu'Emmanuel Macron va mettre en avant son bilan européen lors d'un discours jeudi matin à la Sorbonne, seuls 42% des Français estiment que le chef de l'État a eu "une influence réelle sur le fonctionnement et les décisions prises par l’Union européenne" depuis 2017.

L'électorat d’Emmanuel Macron porte un regard très positif sur son rôle (70%), alors que la majorité des électeurs de gauche (56%) et d'extrême droite (68%) sont plutôt négatifs.

A un mois et demi des européennes, 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas "s'impliquer davantage dans la campagne" car "ce n'est pas son rôle en tant que président de la République".

Pour autant 61% des Français jugent qu'une "défaite nette" de la liste Renaissance serait un "échec personnel" pour le président.

En cas de large défaite du camp présidentiel, une majorité (61%) souhaite qu'Emmanuel Macron "change significativement d'orientation politique", une opinion partagée par 43% des électeurs du président au premier tour de l'élection présidentielle en 2022.

Pour autant, seule une minorité de Français (46% contre 54%) réclame une dissolution de l’Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives anticipées. Encore moins (39% contre 61%) souhaitent un changement de Premier ministre.

Si 58% des sondés déclarent tenir compte avant tout d'enjeux de politique européenne dans leur décision de vote, 41% concèdent qu'ils feront leur choix avant tout sur des enjeux nationaux, surtout parmi les électeurs RN (61%).

Ce sondage a été réalisé par internet du 23 au 24 avril à partir d'un échantillon de 1.001 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. Selon les résultats, la marge d'erreur est comprise entre +/- 1,4 point et +/-3,1 points.


Evénements climatiques extrêmes: la Croix-Rouge souhaite un sac d'urgence par Français

Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
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  • Le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge
  • «75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule», selon un sondage OpinionWay

PARIS: Un "sac d’urgence" pour chaque Français en cas d’évacuation face aux événements climatiques extrêmes: c’est l’une des préconisations de la Croix-Rouge française dans un rapport sur la résilience de la société française, qui fait état d'un manque de préparation.

Canicule, sécheresse, incendies de forêt, inondations: le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge, en collaboration avec le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), publiée jeudi.

"75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule", selon un sondage OpinionWay pour la Croix-Rouge française.

"La préparation face aux crises est l'affaire de tous. Elle concerne bien entendu les pouvoirs publics, mais aussi les acteurs associatifs et privés, ainsi que les citoyens", déclare à l'AFP Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française.

Pour affronter "l’inévitable", l’association a dix recommandations. Dont la constitution du "Catakit", un sac d'urgence par personne, prêt en cas d'évacuation et comprenant par exemple de la nourriture non périssable, de l'eau, une trousse de secours, des vêtements et une lampe torche, pour attendre l'arrivée de l'aide.

"Seuls 11% des Français disposent d’un sac d’urgence prêt, et moins de la moitié connaît les objets indispensables qu’il faut y glisser", détaille le sondage OpinionWay.

Autre recommandation: la formation aux gestes et aux comportements qui sauvent. "On estime aujourd’hui à seulement 40% le nombre de Français ayant récemment suivi une formation aux gestes qui sauvent, contre 95% Norvège ou 80% en Allemagne", note le rapport.

Or, rappelle la Croix-Rouge, "si les individus sont informés et formés, l’impact des événements climatiques extrêmes sur les populations sera moindre et les dégâts matériels réduits".

L'association suggère que chaque Français ait a minima connaissance des réflexes vitaux: "savoir identifier les alertes sonores, avoir les bons comportements en cas de catastrophes" en plus de la maîtrise des gestes qui sauvent.

"Les événements climatiques extrêmes se manifestent de manière plus fréquente, plus intense, plus longue, et plus étendue géographiquement, rappelle Philippe Da Costa. "Tous les territoires de l'Hexagone et d’Outre-mer sont concernés".

Pour la Croix-Rouge, "il n’y a pas de fatalité". "Se préparer pour savoir comment agir avant les crises et comment réagir pendant les crises" pourra limiter l'impact des évènements climatiques extrêmes sur les populations.