Réaménager Djeddah pour un urbanisme harmonieux et une meilleure qualité de vie

Dans le cadre du grand projet de réaménagement de la ville, des travaux de démolition sont en cours dans les vingt-six quartiers non aménagés de Djeddah. (Fourni)
Dans le cadre du grand projet de réaménagement de la ville, des travaux de démolition sont en cours dans les vingt-six quartiers non aménagés de Djeddah. (Fourni)
Les effets socialement corrosifs de la criminalité dans les bidonvilles n'ont laissé aux autorités d'autre choix que de les réaménager à partir de zéro. (Fourni)
Les effets socialement corrosifs de la criminalité dans les bidonvilles n'ont laissé aux autorités d'autre choix que de les réaménager à partir de zéro. (Fourni)
Les effets socialement corrosifs de la criminalité dans les bidonvilles n'ont laissé aux autorités d'autre choix que de les réaménager à partir de zéro. (Fourni)
Les effets socialement corrosifs de la criminalité dans les bidonvilles n'ont laissé aux autorités d'autre choix que de les réaménager à partir de zéro. (Fourni)
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Publié le Jeudi 14 avril 2022

Réaménager Djeddah pour un urbanisme harmonieux et une meilleure qualité de vie

  • La population de Djeddah a connu une croissance rapide pendant le boom pétrolier de l'Arabie saoudite, entraînant la propagation des quartiers informels
  • Les autorités municipales ont examiné soixante-quatre quartiers de la ville en vue de leur restauration, modification ou démolition

DJEDDAH: Les quartiers défavorisés de la ville côtière saoudienne de Djeddah font l'objet d'un réaménagement majeur après des décennies d'urbanisation incessante qui ont entraîné un grand nombre de problèmes sociaux, économiques et environnementaux.
Les autorités municipales évacuent des bandes de squatters et nettoient des quartiers où, selon les urbanistes, des infrastructures qui sont inférieures aux normes, la criminalité et les maladies gâchent la vie de près d'un demi-million de personnes.
Les villes saoudiennes ont toujours bénéficié de l'attention et des investissements généreux du gouvernement central, ce qui s'est traduit par la mise en place d'une infrastructure bien entretenue et d’un environnement impressionnant.
Mais les investissements ont dû suivre le rythme de la croissance rapide de la population urbaine. Selon le ministère des Affaires municipales et rurales du Royaume, environ 82,1% de la population totale du Royaume vit désormais dans des zones urbaines.
Cette tendance s'inscrit au sein d’un phénomène mondial alimenté par une multitude de facteurs économiques et environnementaux. Selon ONU-Habitat (Programme des nations unies pour les établissements humains, NDLR), environ 60% de la population mondiale vivra dans des villes d'ici à 2030.
Les tendances actuelles indiquent que 3 milliards de personnes supplémentaires vivront dans les villes d'ici à 2050, ce qui portera à deux tiers la part de la population urbaine dans le monde. Environ 90% de cette croissance devrait se produire dans les pays à revenu faible ou moyen.
Dans des villes comme Djeddah, cela s'est traduit par la croissance rapide de quartiers urbains densément peuplés et mal planifiés, qui ont submergé les infrastructures locales. Selon les mots de Saleh al-Turki, maire de Djeddah depuis 2018, «des erreurs ont été commises, ignorées, et la corruption a régné».
Selon un article publié en octobre 2017 par le Dr Hicham Mortada, professeur d'architecture au College of Environmental Design de l'université du roi Abdelaziz, à Djeddah, la croissance démographique rapide de la ville a commencé dans les années 1970 pendant le boom pétrolier du Royaume.

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Si les logements insalubres de certaines communautés de Djeddah ont constitué un point de départ abordable pour de nombreux nouveaux arrivants, ils sont également considérés comme un terrain propice à la criminalité. (Fourni)

L'article, qui a pour titre Conception analytique des bidonvilles de Djeddah, Arabie saoudite, retrace la croissance des bidonvilles de la ville jusqu'à la démolition des anciens murs de la ville, en 1947, qui a conduit à la création d'Al-Suhaifa, d’Al-Hindawiya et d’Al-Sabil.
«Ces quartiers sont ensuite devenus une extension de l'ancien Djeddah et des bidonvilles, car ils ont été construits avec des matériaux et des techniques médiocres et sans planification», indique le rapport.
Parmi les autres raisons invoquées pour expliquer l'extension des bidonvilles de Djeddah, citons l'absence de financement public, l'augmentation significative des prix de l'immobilier face à la baisse des revenus et l'immigration massive qui, en 1978, a fait grimper la population de la ville à un million de personnes, dont 53% d'étrangers.
Quatre décennies plus tard, alors que la population de Djeddah a atteint environ 4 millions d'habitants, les anciens quartiers de taudis qui s'étaient développés autour du sud et du centre de la ville se sont étendus vers le Nord.
Déterminée à s'attaquer au problème, la municipalité a annoncé à la fin de l'année dernière qu'elle prévoyait de démolir soixante-quatre quartiers de la ville, dont plusieurs connaissent des taux de criminalité élevés, des migrants illégaux étant venus s'installer dans des communautés très denses.

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Le quartier Al-Kandarah de Djeddah est l'un des vingt-six quartiers considérés comme non développés. (Fourni)

À ce jour, le comité des quartiers non développés du gouvernorat de Djeddah a entamé des travaux de démolition dans vingt-six régions, sur une superficie de 18,5 millions de mètres carrés.
Huit de ces quartiers sont situés sur les terres du Fonds de dotation du roi Abdelaziz pour Al-Aïn Al-Azizia, un projet caritatif créé en 1948 pour transporter l'eau vers la ville.
Selon les responsables municipaux, les travaux de démolition devraient être achevés à la mi-novembre.
«Les conditions sont défavorables dans ces zones», déclare le maire de Djeddah, M. Al-Turki, à Abdallah al-Mudaifer, l'animateur de l’émission Al-Soora, diffusée sur Rotana Khalijiya, au mois de février dernier. «La sécurité y fait défaut, il n'y a pas de plans, l’infrastructure est presque inexistante; c'est un repaire de criminels. Ce sont des faits», ajoute-t-il.
Les résidents qui détiennent les titres de propriété de leurs biens bénéficient d'un logement gratuit et d'une indemnisation, indique M. Al-Turki. Aujourd’hui, plus de 550 familles ont été réinstallées et 4 781 unités de logement seront attribuées d'ici à la fin de l'année.
L'une des principales motivations de la municipalité pour vider ces quartiers est le mauvais accès routier et le risque d'incendie posé par la densité des bâtiments.
Si les logements insalubres de certaines communautés de Djeddah ont constitué un point de départ abordable pour de nombreux nouveaux arrivants, ils sont également considérés comme un terrain propice à la criminalité. (Fourni)
«Comme les espaces sont exigus, il est difficile pour les véhicules d'y pénétrer, sans parler des camions-citernes de pompiers. Aujourd'hui, la principale préoccupation de la défense civile à Djeddah, ce sont les bidonvilles», souligne M. Al-Turki. «Si un incendie se déclare, il est difficile de se frayer un chemin.»
Une autre motivation résidait dans le désir de réprimer les activités criminelles. «Les bidonvilles étaient un refuge pour la traite des êtres humains, une source de criminalité et un lieu de vols», affirme le général de division Saleh al-Jabri, responsable de la police de la région de La Mecque, dans la même interview télévisée.
«Nous avons saisi de grandes quantités de drogue en très peu de temps. Plus de 218 kilogrammes ont été saisis dans ces quartiers qui sont devenus des points de vente centraux pour les trafiquants de drogue. Dans certaines régions, elle est vendue publiquement dans la rue.»
Selon M. Al-Jabri, les trafiquants de drogue et les syndicats de traites d'êtres humains opèrent depuis longtemps au sein des quartiers délabrés. Les méthamphétamines en cristaux, une drogue hautement addictive connue localement sous le nom d'«Al-Shbo», constituent le produit stupéfiant le plus couramment vendu dans les bidonvilles.
Lors d'une récente saisie, M. Al-Jabri a indiqué que les autorités avaient pu mettre la main sur 60 millions de riyals saoudiens (ou SAR; 15,9 millions de dollars) en espèces et plus de 100 kilogrammes d'or, ce qui représente 50 millions de SAR (13,3 millions de dollars), prêts à être exportés en contrebande hors du Royaume (1 dollar = 0,92 euro).

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Les anciens bidonvilles de Djeddah se sont étendus vers le Nord, comme à Al-Ammariyah, à mesure que la population augmentait, pour atteindre environ 4 millions d'habitants ces dernières années. (Fourni)

Les bidonvilles endommagent considérablement les écosystèmes naturels et ils contribuent à beaucoup augmenter la transmissibilité vectorielle des maladies, par l'air et par l'eau. Aujourd'hui, la dengue, une maladie à transmission vectorielle très répandue à Djeddah, coûte à la municipalité 150 millions de SAR (40 millions de dollars) par an.
Le problème est devenu saillant avec la pandémie de Covid-19, qui a nécessité la distanciation sociale et l'auto-isolement des personnes infectées – des mesures presque impossibles à mettre en œuvre dans des quartiers surpeuplés.
Malgré ses avantages évidents, la résorption des bidonvilles a des conséquences sociales négatives. Des milliers de personnes, sur plusieurs générations, ont longtemps vécu dans ces quartiers informels, établissant avec leurs voisins des réseaux sociaux étroits qu’il est difficile de remplacer.
En outre, bien que les logements de ces communautés soient inférieurs aux normes, ils sont considérés comme un point de départ abordable pour de nombreux nouveaux arrivants dans le Royaume et ceux qui migrent de la campagne.
«Les humains passent par des phases de développement, tout comme les villes», observe Maha al-Qattan, une sociologue saoudienne, à Arab News.
«La proximité et les liens entre les personnes qui vivent au sein des bidonvilles ne sont pas différents. Les gens changent et ce n'est plus comme avant, quand ils se rendaient visite ou s'appelaient les uns les autres. Aujourd'hui, ces bidonvilles sont une commodité plus qu'un lieu de vie.»
Néanmoins, les effets socialement corrosifs de la criminalité dans les bidonvilles n'ont guère laissé d'autre choix aux autorités que de les réaménager à partir de zéro. «Ils menacent la société à l'intérieur et à l'extérieur des murs», souligne Mme Al-Qattan.

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Avec les travaux d'aménagement qui battent leur plein, les nombreux bidonvilles de Djeddah – comme Al-Jabil – devraient bientôt être transformés en centres économiques et culturels dynamiques. (Fourni)

«Les crimes ne cesseront jamais, mais il est essentiel de les endiguer en extrayant le cancer qui impose une pression sur les communautés et les gouvernements.»
«Ce sont des bombes à retardement. Plus on les garde, plus il sera difficile d'atteindre les normes qui permettent d'améliorer la qualité de vie dans les villes.»
La décision de nettoyer ces zones est motivée par la volonté d'améliorer la qualité de vie globale dans les villes du Royaume en les transformant en pôles économiques et culturels dynamiques susceptibles d’attirer les investisseurs et les touristes. Elle est également motivée par des préoccupations environnementales et la volonté de renforcer la durabilité.
Les premières études sur l'état des bidonvilles et leurs effets sur le développement de la ville ont commencé en 1972, mais les plans pour y remédier ont été constamment reportés au profit d'initiatives moins radicales pour améliorer les infrastructures existantes, explique M. Al-Turki.
Aujourd'hui, grâce à la volonté du gouvernement saoudien d'améliorer la qualité de vie globale dans le Royaume dans le cadre de son programme de réforme économique et sociale Vision 2030, le réaménagement urbain est de nouveau sur les rails et sa portée est beaucoup plus ambitieuse.
«Un Riyad vert, un Djeddah vert, un Moyen-Orient vert. Tout cela ne pourrait pas avoir lieu dans une ville dont les infrastructures sont faibles.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Hamas et Israël s'accusent mutuellement d'entraver les négociations en vue d'une trêve

Des Palestiniens inspectent les dégâts causés dans un camp de déplacés improvisé à la suite d'une incursion signalée la veille par des chars israéliens dans la région de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 juillet 2025. (AFP)
Des Palestiniens inspectent les dégâts causés dans un camp de déplacés improvisé à la suite d'une incursion signalée la veille par des chars israéliens dans la région de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Hamas souhaite qu'Israël se retire sur les positions qu'il occupait avant la reprise des hostilités en mars, lors du précédent cessez-le-feu.
  • L'émissaire américain Witkoff, qui a joué un rôle majeur dans l'élaboration de la dernière proposition de cessez-le-feu, se rendra à Doha cette semaine.

Le CAIRE/DOHA : samedi, le Hamas et Israël se sont mutuellement accusés de bloquer les tentatives visant à conclure un accord de cessez-le-feu à Gaza, près d'une semaine après le début de pourparlers indirects entre les deux parties pour mettre fin à 21 mois de combats acharnés dans le territoire palestinien.

Une source palestinienne proche des discussions au Qatar a déclaré à l'AFP que les propositions d'Israël visant à maintenir ses troupes dans le territoire déchiré par la guerre bloquaient un accord pour une trêve de 60 jours.

Mais du côté israélien, un haut responsable politique, s'exprimant également sous couvert d'anonymat en raison du caractère sensible des négociations, a accusé le groupe militant d'être inflexible et de tenter délibérément de faire échouer les efforts visant à parvenir à un accord.

Sur le terrain, l'agence de défense civile de Gaza a déclaré que plus de 20 personnes avaient été tuées samedi dans tout le territoire, notamment lors d'une frappe aérienne nocturne visant une zone abritant des personnes déplacées. 

« Pendant que nous dormions, il y a eu une explosion là où se trouvaient deux garçons, une fille et leur mère », a déclaré Bassam Hamdan à l'AFP, après l'attaque survenue dans un quartier de la ville de Gaza.

« Nous les avons retrouvés déchiquetés, leurs restes éparpillés », a-t-il ajouté, expliquant que les victimes avaient été retrouvées dans un état extrêmement dégradé.

Dans le sud de la bande de Gaza, des corps recouverts de bâches en plastique blanc ont été transportés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, tandis que les blessés de Rafah ont été évacués vers des centres de soins à bord de charrettes tirées par des ânes, sur des civières ou à dos d'homme.

Le Hamas et Israël ont tous deux déclaré que les dix otages détenus depuis l'attaque des militants du 7 octobre 2023, à l'origine de la guerre, seraient libérés si un accord était conclu.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré qu'il était prêt à entamer des négociations pour mettre fin de manière plus permanente aux hostilités. 

Cependant, une source palestinienne a déclaré que le refus d'Israël d'accepter la demande du Hamas d'un retrait complet de ses troupes de Gaza freinait les progrès des négociations.

Une deuxième source a indiqué que les médiateurs avaient demandé aux deux parties de reporter les discussions jusqu'à l'arrivée de l'émissaire spécial du président américain Donald Trump, Steve Witkoff, à Doha.

« Les négociations à Doha sont confrontées à un revers et à des difficultés complexes en raison de l'insistance d'Israël, depuis vendredi, à présenter une carte de retrait qui est en réalité une carte de redéploiement et de repositionnement de l'armée israélienne plutôt qu'un véritable retrait », a déclaré cette source.

Elle a ajouté qu'Israël proposait de maintenir des forces militaires dans plus de 40 % du territoire palestinien, forçant ainsi des centaines de milliers de Palestiniens déplacés à se regrouper dans une petite zone près de la ville de Rafah, à la frontière avec l'Égypte. 

« La délégation du Hamas n'acceptera pas les cartes israéliennes, car elles légitiment essentiellement la réoccupation d'environ la moitié de la bande de Gaza et transforment Gaza en zones isolées, sans points de passage ni liberté de circulation », ont-ils déclaré.

En réponse, un haut responsable politique israélien a rétorqué que c'était le Hamas qui avait décliné les offres sur la table, l'accusant de « dresser des obstacles » et de « rejeter tout compromis » dans le dessein de « saboter les pourparlers ».

« Israël a démontré sa volonté de faire preuve de souplesse dans les négociations, tandis que le Hamas reste intransigeant et s'accroche à des positions qui empêchent les médiateurs de faire avancer un accord », a ajouté le responsable dans un communiqué envoyé à l'AFP.

Les attaques du Hamas contre Israël en 2023 ont fait au moins 1 219 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres israéliens.

« La délégation du Hamas n'acceptera pas les cartes israéliennes, car elles légitiment essentiellement la réoccupation d'environ la moitié de la bande de Gaza et transforment Gaza en zones isolées, sans points de passage ni liberté de circulation », ont-ils déclaré.

Un haut responsable politique israélien a ensuite répliqué que c'était le Hamas qui avait rejeté les propositions sur la table, l'accusant de « créer des obstacles » et de « refuser tout compromis » dans le but de « saboter les négociations ».

« Israël a démontré sa volonté de faire preuve de souplesse dans les négociations, tandis que le Hamas reste intransigeant et s'accroche à des positions qui empêchent les médiateurs de faire avancer un accord », a ajouté le responsable dans un communiqué envoyé à l'AFP.

Les attaques du Hamas contre Israël en 2023 ont fait au moins 1 219 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres israéliens. 

Deux cessez-le-feu précédents, une trêve d'une semaine à la fin du mois de novembre 2023 et une autre de deux mois à partir de la mi-janvier de cette année, ont permis la libération de 105 otages en échange de centaines de prisonniers palestiniens.

Selon une deuxième source palestinienne, « certains progrès » auraient été réalisés lors des dernières négociations concernant les plans de libération des prisonniers palestiniens détenus par Israël et l'obtention d'une aide supplémentaire pour Gaza.

Netanyahu, qui subit des pressions nationales et internationales pour mettre fin à la guerre, a déclaré cette semaine que la neutralisation du Hamas en tant que menace pour la sécurité était une condition préalable à toute négociation de cessez-le-feu à long terme.

Cela inclut le désarmement, a-t-il précisé, avertissant que si cela n'était pas fait, Israël serait contraint d'y parvenir par la force.

 


Liban: un mort dans une frappe israélienne, selon le ministère de la Santé

Des volutes de fumée se dégagent d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la zone de Jabal al-Rihan dans la province de Jezzine, au sud du Liban, le 3 juillet 2025. (AFP)
Des volutes de fumée se dégagent d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la zone de Jabal al-Rihan dans la province de Jezzine, au sud du Liban, le 3 juillet 2025. (AFP)
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  •  Un homme a été tué samedi dans une nouvelle frappe israélienne dans le sud du Liban, en dépit d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah
  • Le président libanais, Joseph Aoun, a écarté vendredi toute normalisation des relations avec Israël à l'heure actuelle, mais insisté sur l'importance de pouvoir vivre en paix avec son voisin

BEYROUTH: Un homme a été tué samedi dans une nouvelle frappe israélienne dans le sud du Liban, a annoncé le ministère libanais de la Santé, en dépit d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.

Une "frappe de l'ennemi israélien" sur une maison à Wata al-Khiam a fait un mort, a précisé le ministère dans un communiqué. L'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

L'accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 27 novembre, prévoit que le Hezbollah retire ses forces et démantèle toute infrastructure militaire dans le sud du pays.

Seules l'armée libanaise et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) sont censées y être déployées.

Les forces israéliennes, qui devaient se retirer du Liban en vertu de l'accord, occupent toutefois cinq positions frontalières dans le sud du pays.

Le président libanais, Joseph Aoun, a écarté vendredi toute normalisation des relations avec Israël à l'heure actuelle, mais insisté sur l'importance de pouvoir vivre en paix avec son voisin.


L’émissaire américain Tom Barrack met en garde : « Le Liban doit agir, ou d'autres le feront »

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  • Interrogé sur l'avenir du Hezbollah, les dynamiques sectaires et l'effondrement économique du Liban, il décrit une voie délicate à suivre pour un pays longtemps paralysé par la politique des factions
  • Je pense que ce gouvernement est prêt... Nous disons : "Vous voulez notre aide ? La voici. Nous n'allons pas vous dicter notre conduite. Si vous n'en voulez pas, pas de problème, nous rentrerons chez nous", ajoute-t-il

NEW YORK CITY : « Si le Liban ne se dépêche pas de rentrer dans le rang, tout le monde autour le fera », a averti vendredi l’envoyé spécial américain Tom Barrack, évoquant la transformation possible du Hezbollah en une entité politique pleinement intégrée au Liban.

Son propos souligne l’impatience croissante de Washington face à l’immobilisme politique libanais et la pression pour un réajustement régional complet.

Interrogé par Arab News sur l’avenir du Hezbollah, les dynamiques sectaires et l’effondrement économique du Liban, M. Barrack a décrit un chemin sinueux à emprunter pour un pays longtemps paralysé par la politique des factions.

Le désarmement de la branche militaire du Hezbollah, classée par Washington comme organisation terroriste étrangère, et la possibilité de sa réintégration dans le pays en tant que parti purement politique sont au cœur de la conversation.

« C’est une excellente question », a déclaré M. Barrack lorsqu’Arab News lui a demandé si l’administration américaine envisagerait de retirer le Hezbollah de la liste des organisations terroristes s’il renonçait à ses armes. « Je n’esquive pas la question, mais je ne peux pas y répondre. »

Il a reconnu la complexité de la question et a souligné que si Washington qualifie sans équivoque le Hezbollah de groupe terroriste, son aile politique a remporté des sièges parlementaires et représente une part importante de la population chiite du Liban, aux côtés du Mouvement Amal.

M. Barrack a décrit le Hezbollah comme ayant « deux parties » : une faction militante, soutenue par l’Iran et désignée comme entité terroriste, et une aile politique qui opère au sein du système parlementaire libanais. Il a souligné que tout processus de désarmement du Hezbollah devait être mené par le gouvernement libanais, avec le plein accord du Hezbollah lui-même.

« Ce processus doit commencer par le Conseil des ministres », a-t-il déclaré. « Il doit autoriser le mandat. Et le Hezbollah, le parti politique, doit donner son accord.

Mais ce que le Hezbollah dit, c’est : « D’accord, nous comprenons qu’un seul Liban doit voir le jour ». Pourquoi ? Parce qu’une seule Syrie commence à voir le jour.

Cette volonté d’unité, a ajouté M. Barrack, intervient dans un contexte de changement de la dynamique régionale, en particulier dans le sillage de ce qu’il a décrit comme les politiques « audacieuses » du président américain Donald Trump à l’égard de l’Iran.

« L’avenir de chacun est en train d’être recyclé », a-t-il déclaré, suggérant qu’un recalibrage plus large était en cours au Moyen-Orient, de la reconstruction de la Syrie à de nouveaux dialogues potentiels impliquant Israël.

« Le Hezbollah, à mon avis, le parti politique Hezbollah, regarde et dit logiquement, pour notre peuple, le succès du Liban doit rassembler les sunnites, les chiites, les chrétiens druzes. Le moment est venu. Comment y parvenir ? Israël doit en être un élément constitutif ».

M. Barrack a indiqué que les États-Unis avaient facilité les pourparlers en coulisses entre le Liban et Israël, malgré l’interdiction légale de contact direct imposée par le premier.

« Nous avons constitué une équipe de négociation et commencé à jouer le rôle d’intermédiaire », a-t-il déclaré. « Je pense que c’est ce qui se passe actuellement.

Au cœur de tout accord se trouvera la question des armes, non pas des armes légères, que M. Barrack considère comme courantes au Liban, mais des armes lourdes capables de menacer Israël. Ces armes, a-t-il dit, sont « stockées dans des garages et des souterrains sous les maisons ».

Un processus de désarmement, a-t-il suggéré, nécessiterait que les forces armées libanaises, une institution qu’il a décrite comme largement respectée, interviennent, avec le soutien des États-Unis et d’autres instances internationales.

« Il faut renforcer les Forces armées libanaises », a-t-il déclaré, « puis, en douceur, avec le Hezbollah ». Ensuite, en douceur, avec le Hezbollah, ils pourront dire : « Voici comment vous allez rendre les armes. Nous n’allons pas le faire dans le cadre d’une guerre civile ».

Mais la capacité des autorités libanaises à mettre en œuvre un tel plan reste incertaine. Barrack a déploré les institutions défaillantes du pays, sa banque centrale défunte, une loi de résolution bancaire bloquée et l’impasse systémique au parlement.

Lundi, l’envoyé a déclaré qu’il était satisfait de la réponse du gouvernement libanais à une proposition de désarmement du Hezbollah, ajoutant que Washington était prêt à aider la petite nation à sortir de sa longue crise politique et économique.

« Ce que le gouvernement nous a donné est quelque chose de spectaculaire en très peu de temps et d’une manière très compliquée », a déclaré M. Barrack lors d’une conférence de presse au palais présidentiel de Beyrouth.

Plus tard, cependant, lors d’une interview avec la chaîne d’information libanaise LBCI, lorsqu’on lui a demandé si les hommes politiques libanais avec lesquels il avait traité s’engageaient réellement avec lui ou s’ils cherchaient simplement à gagner du temps, M. Barrack a répondu : « La culture politique libanaise consiste à nier, détourner et dévier.

« C’est ainsi que les choses se passent depuis 60 ans et c’est la tâche qui nous attend. Il faut que cela change.

Interrogé sur la question de savoir si les États-Unis étaient réellement satisfaits du plan d’action du gouvernement libanais, il a répondu : « Les deux (affirmations) sont vraies : « Les deux (déclarations) sont vraies », faisant référence à ses commentaires louant le leadership de Beyrouth, tout en critiquant cet héritage de « retards, détours et déviations ».

Il a ajouté : « Ils sont satisfaits du statu quo - jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus. Qu’est-ce qui change ? Ce qui change, c’est qu’ils vont disparaître ».

M. Barrack a toutefois fait preuve d’un optimisme prudent.

« Je pense que ce gouvernement est prêt », a-t-il déclaré. « Il s’attaque aux problèmes. Nous ne sommes pas tendres avec eux. Nous leur disons : « Vous voulez notre aide ? La voici. Nous n’allons pas vous dicter notre conduite. Si vous n’en voulez pas, pas de problème, nous rentrerons chez nous ».

M. Barrack a clairement indiqué que le temps des manœuvres dilatoires était peut-être compté.

« Il s’agit d’un tout petit pays doté d’un système confessionnel qui a peut-être du sens, peut-être pas », a-t-il déclaré. « C’est maintenant qu’il faut agir.

En ce qui concerne la Syrie, M. Barrack a déclaré que la levée des sanctions américaines contre le pays marquait un « nouveau départ » stratégique pour la nation déchirée par la guerre, mais il a souligné que les États-Unis ne cherchaient pas à construire des nations ou à instaurer un fédéralisme dans la région.

Il a décrit le Moyen-Orient comme un « code postal difficile à un moment étonnamment historique » et a déclaré que la levée des sanctions par l’administration Trump le 13 mai visait à offrir au peuple syrien « une nouvelle tranche d’espoir » après plus d’une décennie de guerre civile.

« Le message du président (Trump) est la paix et la prospérité », a déclaré M. Barrack, ajoutant que le changement de politique vise à donner au régime syrien émergent une chance de se reconstruire. « Les sanctions ont donné de l’espoir au peuple. C’est vraiment tout ce qui s’est passé à ce moment-là. »

M. Barrack a précisé que l’engagement initial des États-Unis en Syrie était motivé par des opérations de lutte contre Daesh et ne visait pas un changement de régime ou une intervention humanitaire.

Il a toutefois reconnu que la région entrait dans une nouvelle phase. « Nous ne sommes pas là pour construire une nation. Nous sommes là pour offrir une opportunité, et c’est à eux de la saisir », a-t-il déclaré.

Il a réaffirmé la position de Washington contre un modèle fédéral pour la Syrie, affirmant que le pays doit rester unifié avec une seule armée et un seul gouvernement.

« Il n’y aura pas six pays. Il n’y aura qu’une seule Syrie », a-t-il déclaré, excluant la possibilité de régions autonomes kurdes, alaouites ou druzes.

Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions renouvelées entre les groupes kurdes et le gouvernement central syrien, notamment sur l’avenir des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis.

Le Pentagone a demandé 130 millions de dollars dans son budget 2026 pour continuer à soutenir les FDS.

« Les FDS sont des YPG, et les YPG sont un dérivé du PKK », a fait remarquer M. Barrack, en référence au Parti des travailleurs du Kurdistan, qui est considéré comme une organisation terroriste à la fois par la Turquie et par les États-Unis. « Nous leur devons [aux FDS] d’être raisonnables… mais pas à leur propre gouvernement ».

Il a souligné que les États-Unis ne dictaient pas de conditions, mais qu’ils ne soutiendraient pas une issue séparatiste : « Nous n’allons pas rester là pour toujours à jouer les baby-sitters ».

M. Barrack a confirmé que les États-Unis suivaient de près l’annonce selon laquelle le premier groupe de combattants du PKK avait détruit ses armes dans le nord de l’Irak, un geste qu’il a qualifié de « généreux » et potentiellement important.

« Cela pourrait être le premier pas vers une résolution à long terme de la question kurde en Turquie », a-t-il déclaré, mais il a averti que des questions subsistaient quant aux liens actuels des FDS avec les dirigeants du PKK. « Ils (les FDS) doivent prendre une décision : Sont-elles syriennes ? Sont-ils d’abord des Kurdes ? C’est leur problème.

L’ambassadeur a déclaré que la vision ultime incluait une normalisation progressive entre la Syrie et Israël, s’alignant potentiellement sur l’esprit des accords d’Abraham. « M. Al-Shara a affirmé haut et fort qu’Israël n’était pas un ennemi », a déclaré M. Barrack. « Des discussions sont en cours, à petits pas.

Il a ajouté que les acteurs régionaux, notamment le Liban, la Jordanie, l’Irak et la Turquie, devraient également prendre part à un processus de normalisation plus large.

M. Barrack a souligné que la stratégie américaine actuelle offre une chance limitée mais réelle de stabilité. « Il n’y a pas de plan B », a-t-il déclaré. « Nous disons : voici une voie. Si vous ne l’aimez pas, montrez-nous en une autre ».

L’ambassadeur a déclaré que les États-Unis étaient prêts à apporter leur aide, mais qu’ils n’étaient plus disposés à jouer le rôle de « garant de la sécurité dans le monde ».

« Nous vous aiderons, nous vous accompagnerons. Mais c’est à vous de créer une nouvelle histoire », a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com