Présidentielle : Jack Lang souhaite qu’«aucune voix n’aille pour Mme Le Pen»

Le président de l'Institut du Monde Arabe, ancien ministre de l'Éducation et de la Culture, Jack Lang, a appelé mercredi dans une vidéo publiée sur son compte Facebook et celui de l’Institut du Monde arabe, les amis de l’Institut et le peuple français à faire barrage à Marine Le Pen (Photo, Capture d'écran).
Le président de l'Institut du Monde Arabe, ancien ministre de l'Éducation et de la Culture, Jack Lang, a appelé mercredi dans une vidéo publiée sur son compte Facebook et celui de l’Institut du Monde arabe, les amis de l’Institut et le peuple français à faire barrage à Marine Le Pen (Photo, Capture d'écran).
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Publié le Samedi 16 avril 2022

Présidentielle : Jack Lang souhaite qu’«aucune voix n’aille pour Mme Le Pen»

  • Dans sa vidéo, M. Lang invite les électeurs à voter pour le président sortant
  • Parmi les signataires de l’appel de Jack Lang, on trouve notamment Stéphane Braunschweig (directeur du théâtre de l'Odéon à Paris) ou Macha Makeieff (directrice du Théâtre national de La Criée à Marseille)

BEYROUTH : Dérogeant à son « obligation de réserve », le président de l'Institut du Monde Arabe, ancien ministre de l'Éducation et de la Culture, Jack Lang, a appelé mercredi dans une vidéo publiée sur son compte Facebook et celui de l’Institut du Monde arabe, les amis de l’Institut et le peuple français à faire barrage à Marine Le Pen face au président sortant.

«Habituellement je dois m’imposer une obligation de réserve et ne pas m'immiscer dans la politique du pays, et c’est normal. J’anime une institution culturelle à caractère international. En fait, aujourd’hui, ce sont les institutions culturelles qui sont en grave danger, y compris l’Institut du Monde Arabe», avertit M. Lang.

«J’ai constaté que Mme Marine Le Pen apporte son soutien à des régimes comme le régime hongrois, ce régime qui a bafoué depuis plusieurs années la liberté d’expression dans ce pays», affirme Lang qui dit «espérer» ne jamais voir Mme Le Pen au palais de L'Élysée.

«Je vois Mme Le Pen là où ses amis exercent un pouvoir local, interdisent, censurent, veulent imposer leurs pouvoirs et leur pensée unique,» déplore Jack Lang. «Si jamais Mme Le Pen devient présidente de la République, on aurait abandonné nos libertés de pensées, nos libertés culturelles, » lance-t-il.

«Préserver notre démocratie»

«J’ai signé aujourd’hui un appel à faire barrage à Mme Le Pen. Il faut préserver notre démocratie quelles que soient nos opinions de la politique du président sortant. Il préservera la démocratie et la liberté : une chose qui nous est chère» , ajoute-t-il.

Parmi les signataires de l’appel de Jack Lang, on trouve notamment Stéphane Braunschweig (directeur du théâtre de l'Odéon à Paris) ou Macha Makeieff (directrice du Théâtre national de La Criée à Marseille). La liste des signataires compte aussi les noms de Laurence Herszberg (directrice générale du festival Series Mania), Stanislas Nordey (directeur du Théâtre national de Strasbourg), Olivier Py (directeur du Festival d'Avignon) ou encore Eric Ruf (administrateur de la Comédie française).

«On est certain que si Mme Le Pen accède à l’Elysée, ce serait la mise en coupe réglée de nos traditions de liberté qui font la force et la singularité d’un pays comme la France»,  affirme M. Lang.

«Grave péril» pour les communautés culturelles

Au sujet de la culture du monde arabe ainsi que des cultures et croyances étrangères «que la France respecte à tout prix», M. Lang sonne l’alarme: «J’ajoute que, s’agissant de la culture arabe, donc de l’institut que je préside, et là citons non seulement la culture arabe, mais aussi les cultures juive et chrétienne et les cultures des communautés culturelles, seraient elles aussi en grave péril.»

«D’ailleurs, (Mme Le Pen) a tenu des propos à plusieurs reprises qui témoignent de sa haine à l’égard du monde arabe et de la culture arabe. Elle s’oppose à l’enseignement de la langue arabe, tout comme celui qui la soutient aussi, M. Eric Zemmour. Elle s’opposerait par conséquent à ce que l’IMA puisse poursuivre sa grande mission de mise en valeur des richesses de la culture arabe d’hier et d’aujourd’hui», selon M. Lang.

«En même temps, elle continue, même si c’est moins apparent, à s’opposer à tout ce qui ne relève pas de sa seule idéologie, tels les musulmans, les juifs, les autres minorités ou cultures. Donc je dis, il faut que tous ce qui sont attachés à cette liberté-là, se battent», déclare le président de l’IMa.

Dans sa vidéo, M. Lang invite les électeurs à voter pour le président sortant, et émet le vœu, « à titre personnel, qu’aucune voix n’aille pour Mme Le Pen, qui incarne de manière parfaite le rejet de la culture, le rejet de la liberté, le rejet de la diversité, le rejet du bonheur de vivre ensemble dans ce pays qui s’appelle la France ». « C’est un creuset, c’est un lieu merveilleux, où toutes les cultures s’entremêlent, les religions, les croyances… Il faut aussi préserver ce trésor qui est la France, telle qu’elle l’est aujourd’hui.  Et Mme Le Pen est un parfait rejet de la culture arabe ! » ajoute-t-il.

«Pardon d’être intervenu dans ce débat, mais je sais que beaucoup d’entre vous font confiance à l’Institut du Monde Arabe. Vous êtes présents dans toutes nos grandes expositions, sur le pèlerinage de la Mecque, sur l’histoire des Juifs en Orient, sur les Chrétiens de l’Orient et sur beaucoup d’autres évènements » insiste-t-il.

Réfléchissez, pesez et songez à l’essentiel aujourd’hui. L’essentiel c’est liberté ou non. Choisissez la liberté!» martèle-t-il en conclusion.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.