Présidentielle: Macron joue la carte écolo pour rassembler

Emmanuel Macron lors d'un meeting à Marseille, le 16 avril 2022, avant le deuxième tour (Photo, AFP).
Emmanuel Macron lors d'un meeting à Marseille, le 16 avril 2022, avant le deuxième tour (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 17 avril 2022

Présidentielle: Macron joue la carte écolo pour rassembler

  • Emmanuel Macron a promis de planter 140 millions d'arbres et nommer un Premier ministre directement chargé de la planification écologique
  • Pas question pour Marine Le Pen de laisser le terrain à l'adversaire la candidate RN a ajouté in extremis un déplacement en Eure-et-Loir

PARIS: Sur fond de l'idyllique Vieux-Port, Emmanuel Macron a fait samedi à Marseille un long plaidoyer en faveur de l'écologie tout en appelant, à huit jours du second tour, au rassemblement derrière lui face à Marine Le Pen qui, en Eure-et-Loir, s'est engagée à défendre les "plus vulnérables".

Sous un soleil estival, Emmanuel Macron s'est offert une carte postale de Marseille pour son grand meeting d'entre-deux-tours où il a longuement parlé d'écologie et de réchauffement climatique, disant avoir "entendu" le message des électeurs au premier tour.

"L'inaction, pas chez moi", a-t-il lancé devant plusieurs milliers de personnes debout dans le jardin du Pharo, promettant d'aller "deux fois plus vite" pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Pour ce faire, il a promis de "planter 140 millions d'arbres" et nommer un Premier ministre "directement chargé de la planification écologique", concept cher à Jean-Luc Mélenchon.

Ce Premier ministre vert sera flanqué de deux ministres. Le premier sera chargé de "la planification énergétique" qui "aura pour mission de faire de la France la première grande nation à sortir du pétrole, du gaz et du charbon".

Le deuxième s'occupera de la "planification écologique territoriale" dans le domaine des transports ou encore de la rénovation des logements.

Incompétente et climatosceptique

"La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas", a-t-il insisté lors d'un meeting qui n'aura pas fait le plein.

S'en prenant vertement à sa rivale, Emmanuel Macron a déclaré que "même incompétente, elle est climatosceptique". "Le choix est clair: l'extrême droite est un projet climato-sceptique qui veut détruire les éoliennes", a-t-il encore lancé, en estimant que le 24 avril "sera un référendum pour ou contre l'Union européenne, pour ou contre l'écologie, pour ou contre notre jeunesse, pour ou contre notre République".

Emmanuel Macron s'adressait à sa gauche, notamment aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon (LFI), arrivé en tête au premier tour dimanche dernier (31%) à Marseille, près de 9 points devant le président sortant. L'écologie est aussi l'une des pierres angulaires du vote Mélenchon qui a notamment largement séduit les jeunes.

Mais côté LFI, ce discours a été accueilli froidement. "C’est difficile de penser que quelqu’un qui a été condamné deux fois pour inaction climatique puisse se racheter une crédibilité en dix jours", tance la patronne des députés LFI, Mathilde Panot, dans le JDD. "Ni son programme, ni celui de Marine Le Pen ne répondent à l’urgence écologique alors que le GIEC nous dit que nous n’avons plus que trois ans pour agir à la hauteur du plus grand défi du XXIe siècle", souligne-t-elle.

Les résultats d'une consultation lancée par le leader de la gauche radicale auprès de ses quelques 310.000 soutiens pour le second tour sont attendus samedi soir ou dimanche. Abstention, vote blanc ou vote Emmanuel Macron? Le chef Insoumis a appelé à ne pas "donner une seule voix à Mme Le Pen".

Comme une mère de famille

M. Macron a encore promis "une réinvention", "un renouvellement complet", disant vouloir "redoubler d'énergie pour réussir".

Selon un sondage Ipsos Sopra/Steria publié samedi, le président sortant l'emporterait au second tour face à Mme Le Pen, avec un score de 55,5% contre 44,5% pour la candidate du RN.

Pas question pour Marine Le Pen de laisser le terrain à l'adversaire ou le monopole de la couverture médiatique.

Après une tournée dans le sud qui lui est pour une bonne part acquis, la candidate RN a ajouté in extremis un déplacement en Eure-et-Loir samedi, à Saint-Rémy-sur-Avre.

"On est là dans la péri-urbanité, la ruralité, qui sont des sujets importants de cette présidentielle", a déclaré Mme Le Pen à des journalistes, juste en face du bar-tabac "le Maryland", rappelant au passage qu'elle avait gagné dimanche dans "20.000 communes de France sur 34.000".

Entre les manifestations contre l'extrême droite et les multiples tribunes appelant à voter Emmanuel Macron, "cette agitation brutale à laquelle on assiste entre les deux tours" est "là encore assez peu respectueuse de la démocratie", a ajouté Mme Le Pen. D'après elle, le "système", que symbolise à ses yeux Emmanuel Macron et ses soutiens, "s'inquiète car il voit que le peuple a envie de reprendre le pouvoir".

En terrain conquis - cette petite bourgade l'a mise en en tête au premier tour -, elle a promis de diriger la France comme une "mère de famille" et de défendre les "plus vulnérables".

Mais la justice s'est rappelée samedi à son souvenir. Mme Le Pen et ses proches sont accusés par l'office européen de lutte antifraude d'avoir détourné environ 600.000 euros d'argent public européen au cours de leurs mandats d'eurodéputés, selon un nouveau rapport remis en mars à la justice française et révélé par Mediapart.

"Je m'étonne du timing toujours fort à propos de la révélation" et de son "instrumentalisation", a réagi auprès de l'AFP Me Rodolphe Bosselut, l'avocat de la candidate.


Tentative de putsch au Bénin: des forces spéciales françaises sont intervenues en appui 

Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè. (AFP)
Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè. (AFP)
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  • Mardi, la présidence française avait indiqué avoir appuyé "en termes de surveillance, d'observation et de soutien logistique" le pouvoir béninois, à sa demande, sans confirmer ni démentir la présence de ses forces
  • "L'armée béninoise a été vraiment vaillante et a fait face à l'ennemi toute la journée" dimanche, a expliqué à l'AFP le colonel Tevoédjrè, précisant que des "forces spéciales françaises ont été envoyées depuis Abidjan"

COTONOU: Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè.

Mardi, la présidence française avait indiqué avoir appuyé "en termes de surveillance, d'observation et de soutien logistique" le pouvoir béninois, à sa demande, sans confirmer ni démentir la présence de ses forces.

"L'armée béninoise a été vraiment vaillante et a fait face à l'ennemi toute la journée" dimanche, a expliqué à l'AFP le colonel Tevoédjrè, précisant que des "forces spéciales françaises ont été envoyées depuis Abidjan, utilisées pour du ratissage après que l'armée béninoise ait fait le travail".

Le colonel Tevoédjrè - qui a personnellement dirigé sur place la riposte contre un assaut sur la résidence du chef de l'Etat Patrice Talon tôt dimanche matin - estime à une centaine le nombre de mutins, "avec beaucoup de moyens, des engins blindés".

Il note toutefois que les putschistes, qui ont compté sur "l'effet de surprise", n'ont pas reçu de soutien d'autres unités, saluant l'attitude "républicaine" de l'armée béninoise.

La Garde républicaine a "eu le soutien spontané d'autres unités qui ont été utilisées toute la journée pour reprendre possession de zones, de points stratégiques de Cotonou", détaille t-il.

C'est en fin de journée, alors que les mutins étaient retranchés dans un camp situé dans une zone résidentielle de la capitale économique, que des frappes aériennes du Nigeria voisin et des forces spéciales françaises ont aidé le Bénin, afin notamment "d'éviter des dommages collatéraux".

Le colonel n'a pas donné de bilan chiffré du nombre de victimes des évènements de dimanche, mais a précisé que les mutins étaient "repartis avec des corps et des blessés" de leur tentative d'assaut sur la résidence présidentielle, après un "rude combat".

Dimanche matin, huit militaires étaient apparus à la télévision béninoise, annonçant qu'ils avaient destitué Patrice Talon.

Après une journée d'incertitude à Cotonou, le chef de l'Etat avait déclaré que la situation était "totalement sous contrôle". Les autorités béninoises ont ensuite fait état de "plusieurs victimes", notamment dans des affrontements opposant mutins et forces loyales.


Procès libyen: la cour d'appel de Paris libère l'intermédiaire Djouhri sous contrôle judiciaire

 La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
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  • L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France
  • Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie

PARIS: La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.

L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France, de s'absenter de son domicile en région parisienne entre 8H00 et 20H00, d'entrer en contact avec ses coprévenus.

Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie.

Le parquet général s'était opposé à sa libération en pointant notamment sa double nationalité et le risque de départ en Algérie où la coopération judiciaire avec la France est compliquée.

Selon son avocat, Me Pierre-Henri Bovis, il devrait sortir de la prison parisienne de La Santé "dans les prochaines heures".

"La cour d'appel de Paris, par sa décision, a reconnu cette fois-ci qu'il y avait des garanties de représentation suffisantes, et a enfin admis qu'il n'y avait pas de risque de fuite ou de pression" sur les témoins, s'est-il félicité, soulignant que son client ne s'était "jamais dérobé à ses obligations".

Alexandre Djouhri avait déposé une première demande de mise en liberté qui avait été rejetée début novembre, la cour d'appel estimant qu'il présentait un risque de fuite et des garanties de représentation "particulièrement faibles".

Dans ce dossier, deux autres personnes ont été condamnées en première instance à des peines d'emprisonnement avec mandat de dépôt: l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, condamné à cinq ans de prison, et le banquier Wahib Nacer.

L'ex-chef de l'Etat a été incarcéré vingt jours à la prison de la Santé, avant d'obtenir sa libération auprès de la cour d'appel. M. Nacer, qui avait été condamné à une peine de quatre ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt à exécution provisoire, a également été libéré de prison.

Alexandre Djouhri devrait donc comparaître libre, comme tous ses coprévenus, au procès en appel  prévu du 16 mars au 3 juin. Au total, 10 personnes, dont Nicolas Sarkozy et deux de ses proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, seront rejugées dans ce dossier.


Macron de retour sur le thème de la désinformation, après la polémique sur la labellisation

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron poursuit en Bretagne son tour de France consacré à la régulation des réseaux sociaux et à la lutte contre la désinformation, tout en répondant aux accusations de « dérive autoritaire » liées à son soutien à une labellisation des médias
  • Le président réaffirme qu’il ne s’agit pas d’un label d’État et dénonce les polémiques

PARIS: Emmanuel Macron reprend mercredi en Bretagne son tour de France sur la régulation des réseaux sociaux et la lutte contre la désinformation, l'occasion de répondre en personne aux accusations de dérive "autoritaire" provoquées par son soutien à une labellisation des médias.

Le chef de l'Etat est attendu dans l'après-midi à Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, pour un échange avec des lecteurs d'Ouest-France sur le thème de "la démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux et des algorithmes".

Ses précédents débats organisés par la presse régionale l'ont mené depuis un mois à Toulouse, Arras (Pas-de-Calais) et Mirecourt (Vosges), et il devrait enchaîner avec Marseille la semaine prochaine.

Son idée directrice est de réfléchir à une adaptation de la législation pour réguler les réseaux sociaux, qui échappent largement à la loi de la presse de 1881 qui régit les médias traditionnels. Une réflexion censée déboucher sur des "décisions concrètes" début 2026, même si le président a déjà commencé à égrener des pistes.

Parmi elles, une mesure a déclenché une polémique à retardement.

Emmanuel Macron a en effet apporté un soutien très volontariste à des initiatives existantes de labellisation des médias "par des professionnels", pour distinguer les sites et réseaux qui font de l'information, selon les règles déontologiques, des autres.

"On va tout faire pour que soit mis en place un label", a-t-il lancé le 19 novembre à Arras, tout en assurant que ce n'était par à l'Etat de le faire.

- "Dérive totalitaire" -

Le 30 novembre, le Journal du dimanche s'est saisi de cette proposition pour lui reprocher une "dérive totalitaire", ironisant sur sa volonté présumée de mettre en place un "ministère de la Vérité", comme dans le roman dystopique "1984" de George Orwell.

L'accusation a été aussitôt relayée par les autres médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré puis par plusieurs dirigeants de la droite et de l'extrême droite, qui disent soupçonner le chef de l'Etat de vouloir "contrôler l'information" et museler la liberté d'expression à son profit.

En Conseil des ministres, il y a une semaine, Emmanuel Macron a répondu qu'il n'avait "jamais" envisagé de créer un "label d'Etat" pour les médias, et "encore moins" un "ministère de la Vérité", selon les propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Le compte de l'Elysée s'est même fendu d'un message sur le réseau X pour déplorer que "parler de lutte contre la désinformation suscite la désinformation", visant ceux qui avaient attaqué le président, du patron des Républicains Bruno Retailleau au présentateur vedette de CNews Pascal Praud.

Une réaction officielle qui a déclenché une nouvelle cascade de commentaires enflammés y voyant la démonstration de velléités de contrôle macronistes.

A Saint-Malo, le président de la République doit aussi aborder "les conséquences de la désinformation en matière climatique", à l'occasion des dix ans de l'accord de Paris sur le climat, a fait savoir l'Elysée.