En Egypte, un cheikh mélange pop et louanges au prophète

Le chanteur religieux égyptien Mahmoud al-Tohamy s'adresse à ses étudiants lors d'un cours de chant islamique, au Palais du Prince Taz. (KhaledDESOUKI/AFP)
Le chanteur religieux égyptien Mahmoud al-Tohamy s'adresse à ses étudiants lors d'un cours de chant islamique, au Palais du Prince Taz. (KhaledDESOUKI/AFP)
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Publié le Jeudi 15 octobre 2020

En Egypte, un cheikh mélange pop et louanges au prophète

  • Dans son école novatrice du Caire où ses élèves viennent apprendre la psalmodie islamique, cheikh Mahmoud al-Touhami veut faire découvrire le soufisme, dont il se dit «amoureux»
  • «J'ai mêlé l'art du chant religieux traditionnel à des touches d'autres musiques occidentales et orientales»

Assis sur un banc rustique, cheikh Mahmoud al-Touhami entonne des chants sacrés en mêlant musique orientale et occidentale dans son école novatrice du Caire où ses élèves viennent apprendre l'art de l'«inchad», la psalmodie islamique.

Ce «mounchid» (chanteur religieux) fait répéter des hommes et femmes réunis dans la vaste cour du palais mamelouk de Taz, dont les murs, les piliers et les portes épurées témoignent d'une riche histoire islamique.

Mahmoud al-Touhami a grandi en Haute-Egypte (sud) avec son père, cheikh et «maddah» (chanteur populaire) Yassine al-Touhami, l'un des artistes religieux les plus appréciés du pays.

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Le chanteur religieux égyptien Mahmoud al-Tohamy a créé une école de chant islamique en 2014 pour moderniser l'art traditionnel en essayant d'incorporer des formes d'art moderne, comme une façon de préserver l'héritage du chant religieux. (KhaledDESOUKI/AFP)

Mais voulant transmettre plus largement le savoir et la passion de la psalmodie reçus en héritage, il est monté dans la capitale où il a fondé l'école d'inchad en 2014. 

Il y propose des cours de solfège, de «maqamat» (tonalités orientales), de louanges, de langue et de diction à des étudiants et étudiantes de «tous âges et toutes religions», explique cheikh Touhami, 41 ans.

Bien qu'attaché à la tradition de ses aïeux, il n'hésite pas à innover avec ses élèves et dans ses projets artistiques personnels.

Rock, pop, house

 

La langue classique, considérée comme noble, est utilisée dans le discours religieux. En l'associant au «rock, à la pop et à la house», l'artiste espère «la faire parvenir à tous», notamment «à la jeunesse locale».

Vêtu d'un t-shirt et jean noirs et portant une casquette et des lunettes de soleil, cheikh Touhami flirte du bout des doigts avec les cordes de son oud.

«Je ne pourrais pas me rendre en Haute-Egypte dans cette tenue, il faut le turban et la galabiya», explique le maître des lieux, en référence aux vêtements traditionnels des hommes de cette région.

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Le chanteur religieux égyptien Mahmoud al-Tohamy s'adresse à ses étudiants lors d'un cours de chant islamique. (KhaledDESOUKI/AFP)

A l'inverse, dans son école du Caire, le port des vêtements traditionnels pourrait «faire peur aux jeunes mounchids», dit le religieux dont la dernière création allie des paroles en arabe littéral à de la musique moderne.

S'il se dit «amoureux du soufisme», dont sont souvent proches les mounchids, il ne saurait se revendiquer de ce courant de spiritualité mystique, car cela représente, pour lui, une «responsabilité».

Selon lui, le soufisme permet de «rectifier les croyances (...) à l'ère de l'extrémisme, de la violence et du terrorisme».

Pour allier le traditionnel au moderne, l'artiste a notamment introduit, dans ses cours de récitation, des mélodies peu orthodoxes comme le générique de la série à succès «Game of Thrones».

«J'ai mêlé l'art du chant religieux traditionnel à des touches d'autres musiques occidentales et orientales», s'enorgueillit le maître.

«Art humaniste»

 

Ce rapprochement s'est concrétisé pour la première fois en 2017 lors de sa participation à «Origin», un album de musique du monde primé aux Global Music Awards, où figurent trois morceaux d'«anachids» (chants sacrés) contemporains.

Cheikh Touhami souhaite que l'inchad «redevienne un art humaniste» et dépasse le cadre religieux.

Dans le même esprit, il collabore avec l'artiste égyptien et détenteur d'un Grammy Award, Fathi Salama, sur un projet musical nommé «Le soufisme face à la modernité».

Dès la fin de leur formation, les disciples de cheikh Touhami peuvent rejoindre un groupe d'inchad, composé d'anciens élèves. Tous ne se consacrent pas à la carrière de mounchid. Quatre d'entre eux préfèrent le concours à succès «The Voice Kids».

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Le chanteur religieux égyptien Mahmoud al-Tohamy rit avec ses élèves lors d'un cours de chant islamique, au Palais du Prince Taz.
(KhaledDESOUKI/AFP)

 

«De là nous est venue l'idée de créer le premier et le plus grand orchestre de chant religieux d'Egypte», composé de 40 mounchids et 25 musiciens, sous l'égide du ministère de la Jeunesse, explique-t-il.

Malgré un intérêt croissant en Egypte pour son art, cheikh Touhami relève un contraste flagrant avec son auditoire international.

«Le public occidental reçoit mieux l'inchad que le public local (...). Ils ne comprennent peut-être pas les paroles mais ils ressentent certainement l'émotion», conclut-il. 


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com