Débat d'entre-deux tours: «cette fois, les deux jouent très gros», souligne un spécialiste

En France, en 2017, Marine Le Pen avait réalisé un débat catastrophique car elle avait sorti tous ses arguments en cinq minutes et de façon assez excessive (Photo, AFP).
En France, en 2017, Marine Le Pen avait réalisé un débat catastrophique car elle avait sorti tous ses arguments en cinq minutes et de façon assez excessive (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 17 avril 2022

Débat d'entre-deux tours: «cette fois, les deux jouent très gros», souligne un spécialiste

  • Marine Le Pen doit corriger son débat catastrophique d'il y a cinq ans et Emmanuel Macron envoyer des signaux à l'électorat de gauche
  • Je pense qu'Emmanuel Macron va être technique, jouer la crédibilité et tenter de la faire parler du programme du RN dont on a finalement assez peu parlé jusqu'ici

PARIS: Marine Le Pen et Emmanuel Macron "jouent très gros" mercredi, la première pour corriger son "débat catastrophique" d'il y a cinq ans, le second pour s'adresser à un "électorat de gauche", estime le sociologue et spécialiste de communication politique Philippe Riutort.

Q: Exagère-t-on l'importance du débat d'entre-deux tours ?

R: "Ces débats ne provoquent pas d'importants mouvements de voix. C'est surtout important quand l'écart entre les deux candidats semble très faible.

Cette fois, les deux jouent très gros. Marine Le Pen doit corriger son débat catastrophique d'il y a cinq ans et Emmanuel Macron envoyer des signaux à l'électorat de gauche. Je pense qu'Emmanuel Macron va être technique, jouer la crédibilité et tenter de la faire parler du programme du RN dont on a finalement assez peu parlé jusqu'ici. 

Elle sera probablement plus dans la généralité, en accusant Emmanuel Macron d'être le président des riches et en se présentant comme la candidate du peuple.

Le débat de 1974 entre Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand est considéré comme le plus important parce que l'écart entre les deux était très très faible. Quand l'élection semble jouée d'avance, il ne fait en revanche que confirmer des tendances, comme en 1995 entre Jacques Chirac et Lionel Jospin où on avait assisté à un débat très policé."

Le débat de 2017, un traumatisme à surmonter pour Marine Le Pen

"Terrible". Le débat télévisé que Marine Le Pen a admis avoir "raté" face à Emmanuel Macron en 2017 a déçu ses militants et reste une épreuve que la candidate RN à la présidentielle entend relever mercredi devant le même adversaire.

C'est le "plus gros échec" de ma carrière politique, avoue même la dirigeante d'extrême droite au youtubeur Guillaume Pley dans un entretien diffusé vendredi.

"Ils sont là, dans les campagnes, dans les villes (...) les envahisseurs". Avec force geste, le 3 mai 2017 devant quelque 16,5 millions de téléspectateurs, Marine Le Pen dénonce les critiques de son adversaire à l'encontre de ses électeurs.

Cette séquence est restée dans les mémoires comme une des plus malheureuses pour la candidate, qui, perdue dans ses fiches, s'est aussi emmêlée les pinceaux sur les dossiers SFR et Alstom ou sur l'euro. 

"Cette phrase, ça été terrible", se souvient au meeting d'Avignon jeudi une électrice RN, Agnès Marchietti, commerçante à la retraite.

Drapeau tricolore sur les épaules, Noémie Bouvier, 40 ans, dit avoir été alors "très en colère". "Je me suis dis +mais pourquoi elle se tire une balle dans le pied+, et je me suis même demandée si elle ne l'avait pas fait exprès".

L'eurodéputée RN Virginie Joron, tout en assurant ne pas comprendre la déferlante" de critiques le lendemain, "n'a pas aimé tous ces dossiers" que Marine Le Pen avait emmenée sur le plateau face à un Emmanuel Macron s'exprimant souvent sans notes.

Q: Les chaînes d'info en continu et les réseaux sociaux ont-ils changé la nature de ces débats ?

R: "Oui. Désormais, il y a un débat sur le débat, avant et après. On sait quel journaliste est récusé - ici Anne-Sophie Lapix - on connaît les préparatifs et toutes les coulisses. Pendant le débat, chaque camp sort les +punchlines+ de son champion sur les réseaux, puis assure qu'il a gagné. Mais ces débats sur le débat ne concernent que des gens très intéressés par la politique, qui sont finalement assez peu nombreux.

L'exercice lui-même rappelle que la télévision est le média dominant et majoritaire. Ca reste un moment extrêmement fédérateur (pour les audiences).

C'est important pour ce que cela produit en termes d'image, de respectabilité, dans une élection tout de même très personnalisée.

Un président sortant a souvent tendance à insister sur les questions techniques. Ca avait été le cas en 1974 quand Valéry Giscard d'Estaing parlait d'inflation et de taux de change à François Mitterrand, qui avait la réputation d'être mauvais en économie."

Les duels TV d'entre-deux-tours: grands moments et petites phrases

Du "monopole du coeur" de Valéry Giscard d'Estaing au débat "raté" par Marine Le Pen, en passant par les "Moi, président" de François Hollande, retour sur les débats télévisés d'entre-deux-tours, temps forts depuis 1974 des campagnes présidentielles.

«Le monopole du coeur»

Le premier débat, le 10 mai 1974, est suivi par environ 25 millions de téléspectateurs, d'après des estimations. 

Un échange entre Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand, candidat de la gauche, marque les esprits. A ce dernier qui affirme, à propos de la répartition de la croissance, que "c'est une affaire de cœur et non pas seulement d'intelligence", VGE répond: "Vous n'avez pas le monopole du cœur." Dix-sept jours plus tard, VGE fait son entrée à l'Elysée.

«Pas votre élève»

Le 5 mai 1981, quelque 30 millions de téléspectateurs sont devant l'écran. Face au président Giscard d'Estaing, M. Mitterrand, très à l'aise, prend sa revanche. 

A celui qui le présente comme "l'homme du passé", le socialiste lance: "Vous êtes l'homme du passif." VGE l'accuse d'avoir "géré le ministère de la parole" tandis qu'"il gérait la France". Il lui demande de donner le cours du deutschemark.

"Je n'aime pas vos méthodes. Je ne suis pas votre élève. Ici, vous n'êtes pas président de la République, mais mon contradicteur", lui rétorque M. Mitterrand, qui sera élu le 10 mai.

Q: Les petites phrases fonctionnent-elles toujours autant que par le passé ?

R: "Ca marche encore davantage avec les réseaux sociaux. Les petites phrases, c'est ce qu'il va rester avec le rabâchage des chaînes d'info en continu et des réseaux. Il faut être bon comédien et ne pas montrer qu'elles ont été préparées avec vingt-cinq conseillers en communication. 

On sait depuis les années 60 aux Etats-Unis que chaque candidat s'entraîne face à un sparring-partner, qui joue son adversaire, avant le débat. 

La confrontation de 1960 ente Richard Nixon et John Fitzgerald Kennedy est présentée comme un débat marquant: on dit que Nixon l'avait mal préparé, jusqu'à arriver sur place mal rasé...

En France, en 2017, Marine Le Pen avait réalisé un débat catastrophique car elle avait sorti tous ses arguments en cinq minutes et de façon assez excessive. Ca tombait un peu à plat."

Q: Quels sont les débats les plus réussis de la Ve République ?

R: "Difficile à dire. Pour parler d'un débat récent, on peut citer François Hollande face à Nicolas Sarkozy en 2012. Beaucoup de journalistes pensaient que la bête médiatique Sarkozy allait bouffer Hollande.

Et finalement, ce qu'il reste c'est cette longue tirade "Moi président" de François Hollande sans être interrompu, une anaphore grâce à laquelle le candidat socialiste s'approprie ce qu'est une présidence et impose sa vision à son concurrent, alors que c'est Nicolas Sarkozy qui était le sortant...

C'est l'inverse de 1988, quand le président sortant François Mitterrand avait rappelé à Jacques Chirac son statut de Premier ministre. Il allait de soi qu'il allait gagner cette élection mais il avait aussi gagné en termes d'image en jouant cette carte du président rassembleur."

Le débat d'entre-deux tours, un exercice très cadré avec des journalistes «speakerine»

Animer le débat d'entre-deux tours est certes prestigieux mais cela n'est pas l'exercice rêvé pour les journalistes, réduits au rôle de "speakerines", estiment Nathalie Saint-Cricq et Christophe Jakubyszyn, arbitres du premier duel Macron-Le Pen en 2017.

Dans un entretien croisé à l'AFP, les deux anciens chefs des services politiques, France 2 pour la première, TF1 pour le second, prédisent un match retour serré de cet affrontement, dont ils ne gardent pas le meilleur souvenir journalistique.

Choisis à l'époque au dernier moment par leur chaîne respective --notamment pour une question de parité homme-femme--, tous deux insistent sur le caractère extrêmement "contraint" de l'exercice qui laisse peu de marge aux interviewers. 

"J'ai eu plus l'impression d'être une speakerine qu'un journaliste", avoue Christophe Jakubyszyn, aujourd'hui à BFM Business. "Vous êtes dans un rôle de maîtres des horloges et passeurs de parole", renchérit Nathalie Saint-Cricq, toujours à France 2.

"L'exercice est très préparé en amont avec les équipes des candidats: les thématiques, l'ordre dans lequel elles vont être abordées", explique M. Jakubyszyn.

"Il est même codifié qui prend la parole en premier", indique Mme Saint-Cricq: quand un candidat répond d'abord à une question et son adversaire ensuite, c'est dans le sens inverse la fois d'après.


Grève nationale : les syndicats unis contre le budget du futur gouvernement

Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
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  • Journée de grève nationale ce jeudi à l’appel des 8 principaux syndicats français, unis contre les mesures budgétaires jugées « brutales »
  • Les autorités redoutent des débordements à Paris, avec jusqu’à 100 000 manifestants attendus et la présence annoncée de casseurs. 900 000 personnes pourraient se mobiliser dans toute la France

Les syndicats français ont promis une "journée noire" de manifestations et de grèves jeudi pour peser sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, en pleine crise politique dans la deuxième économie de l'UE.

A Paris, le préfet de police s'est dit "très inquiet" de la présence de nombreux casseurs venant pour "en découdre" dans la manifestation prévue dans la capitale, qui pourrait selon lui rassembler 50.000 à 100.000 personnes.

Les autorités s'attendent à une mobilisation massive, avec plus de 250 cortèges annoncés qui pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes à travers le pays, soit cinq fois plus que lors du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre syndical.

Cette mobilisation lancée par les huit syndicats français, unis pour la première fois depuis le 6 juin 2023, vise les mesures budgétaires "brutales" préconisées cet été par le Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment).

Son gouvernement alliant le centre droit et la droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé par les députés le 8 septembre.

Nommé le lendemain, son successeur Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est lui aussi engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), tout en promettant des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Ce fidèle du président a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.

Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avaient régulièrement réuni un million de manifestants, dont un pic à 1,4 million.

- "Démonstration de force" -

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou est "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a-t-elle estimé.

Même la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, est "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", a fait savoir sa responsable Marylise Léon qui attend "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d’efforts partagés".

Elle a apprécié à cet égard que le successeur de François Bayrou se dise selon elle conscient de la nécessité de "faire quelque chose" au sujet de la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat.

"Le budget va se décider dans la rue", estime Mme Binet, qui évoque une "démonstration de force" et laisse entrevoir une mobilisation dans la durée.

Côté transports, le trafic sera "perturbé" voire "très perturbé" dans la capitale, ainsi que pour les trains interurbains.

Ce sera moins le cas pour les trains régionaux et les TGV. Un service proche de la normale est attendu dans les aéroports, le principal syndicat de contrôleurs aériens ayant reporté sa grève.

A l'école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. L'ampleur du mouvement dans la fonction publique en générale reste encore à préciser.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.