Marine Le Pen puise en Normandie dans «la force» de ses partisans

La députée française du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) et candidate à la présidentielle Marine Le Pen (C)  lors d'une visite de campagne à Saint-Pierre-en-Auge, dans le nord-ouest de la France, le 18 avril 2022, avant le second tour de l'élection présidentielle française. (AFP)
La députée française du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) et candidate à la présidentielle Marine Le Pen (C) lors d'une visite de campagne à Saint-Pierre-en-Auge, dans le nord-ouest de la France, le 18 avril 2022, avant le second tour de l'élection présidentielle française. (AFP)
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Publié le Lundi 18 avril 2022

Marine Le Pen puise en Normandie dans «la force» de ses partisans

  • Marine Le Pen s'offre, sous un beau soleil, un dernier bain de foule avant le débat opposant mercredi soir les deux prétendants à l'Elysée
  • Elle est en terrain conquis sur le marché d'une ville de 7 500 habitants qui a voté pour elle à 35% (28,2% pour Macron) au premier tour

SAINT-PIERRE-EN-AUGE, FRANCE:  "C'est vous qui me donnez la puissance et la force". Suivie par une foule compacte, Marine Le Pen a goûté à la ferveur de ses partisans lundi sur le marché de Saint-Pierre-en-Auge, dans le Calvados, où s'étaient frayés quelques soutiens de son adversaire Emmanuel Macron.

"Lâchez rien Marine, on compte sur vous (...) tenez bon s'il vous plaît", lance à la candidate à la présidentielle une grand-mère qui lui tend sa petite fille vêtue d'un blouson parsemé de coeurs.

Marine Le Pen lui prend la main: "non, je ne lâche rien, c'est vous qui me donnez la puissance et la force, (...) c'est pour vous que je me bats".

Dans les sondages, la candidate RN est derrière Emmanuel Macron qui est donné vainqueur dimanche prochain au second tour avec entre 53 et 55,5% des voix.

Marine Le Pen s'offre, sous un beau soleil, un dernier bain de foule avant le débat opposant mercredi soir les deux prétendants à l'Elysée. Elle est en terrain conquis sur le marché d'une ville de 7 500 habitants qui a voté pour elle à 35% (28,2% pour Macron) au premier tour.

"Je viens chercher la force du peuple, oui je vais gagner", assure la candidate d'extrême droite, suivie par des habitants et des militants enthousiastes, qui réclamaient des selfies ou se confiaient sur leur difficulté à boucler les fins de mois.

La grand-mère est en larmes après cette rencontre. "Je veux qu'elle gagne parce qu'il y en a marre", dit-elle.

"Système pourri" 

Quelques partisans d'Emmanuel Macron sont venus eux aussi tracter sur le marché. 

"Macron président", s'essaient-ils à une fenêtre, aussitôt hués par la foule, où on entend aussi "retournez chez les riches".

"Y a qu'elle qui peut sauver la France", lance Carine, femme au foyer venue de Mezidon avec son compagnon Franck, cariste, et leur fils Diego, 12 ans.

Elle s'approche pour un selfie. "Bon courage à vous, on compte sur vous", dit-elle à Marine Le Pen, qu'elle embrasse sur les deux joues.

"Le système il est pourri, il faut tout refaire à zéro", estime Patrick, un ancien routier en invalidité, 60 ans, qui vote RN depuis des années.

"L'immigration on peut en accueillir encore" et des musulmans "j'en connais plein" mais "Macron c'est zéro, le président des riches". Il pense que Marine Le Pen peut être élue "s'ils magouillent pas", parce que "Macron, il a plein de casseroles, Benalla, les Gilets jaunes", dont il a fait partie, et "McKinsey".

 Les "petits" -

Ludovic Le Bas, 52 ans, ancien déménageur, votera pour elle parce qu'il veut du "changement" et que "tout augmente".

Caroline Delalande, employée de maison, vient de Saint-Sylvain avec sa soeur Evelyne, fonctionnaire. Agée de 60 ans, Caroline a demandé à la candidate ce qu'elle comptait faire pour sa retraite, alors que Marine Le Pen veut réserver la retraite à 60 ans à ceux qui ont travaillé tôt. "Elle a de bons projets", estime Caroline.

Evelyne attend "beaucoup" du débat mercredi. "Elle est mieux maintenant qu'il y a 5 ans" quand "elle s’énervait un peu".

Un homme s'approche de la candidate: "on n'a pas de Français qui veulent travailler aux abattoirs, c'est des Brésiliens avec la carte brésilienne (...) ce n'est pas normal". "Bah non, ce n'est pas normal, mais il faut augmenter les salaires aussi", lui répond la candidate anti-immigration.

A la fin du marché, Marine Le Pen échange brièvement avec Jérémy, responsable local du comité de soutien à Emmanuel Macron.

"Comment allez-vous financer vos réformes sociales?" lui demande-t-il, sans obtenir de réponse.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
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  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.

 


Pour Sébastien Lecornu, un premier déplacement consacré à la santé

Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
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  • Déplacement symbolique à Mâcon : Pour son premier déplacement, Sébastien Lecornu met l'accent sur l'accès aux soins et le quotidien des Français
  • Conscient de l'absence de majorité, il consulte partis et syndicats, cherchant des terrains d'entente sur le budget, tout en laissant la porte ouverte à une fiscalité plus juste

PARIS: Sébastien Lecornu se rend samedi en province, à Mâcon, pour son premier déplacement en tant que Premier ministre consacré à la santé et à "la vie quotidienne" des Français, délaissant pendant quelques heures les concertations qu'il mène activement à Paris avant de former un gouvernement.

Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) locataire de Matignon va à la rencontre des Français, pour qui il reste encore un inconnu. Il échangera notamment avec des salariés d'un centre de santé de Saône-et-Loire dont le but est d'améliorer l'accès aux soins.

Lui-même élu local de l'Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, ce fils d'une secrétaire médicale et d'un technicien de l'aéronautique avait assuré dès le soir de sa nomination "mesurer les attentes" de ses concitoyens et "les difficultés" qu'ils rencontraient.

Celles-ci sont souvent "insupportables" pour accéder à un médecin ou à un professionnel de santé, parfois "source d'angoisse", souligne son entourage. Le Premier ministre entend dans ce contexte "témoigner de la reconnaissance de la Nation à l’égard des personnels soignants" et "réaffirmer la volonté du gouvernement de faciliter l’accès aux soins".

Il s'agit aussi pour Sébastien Lecornu de convaincre l'opinion, autant que les forces politiques, du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d'entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité.

Sébastien Lecornu est très proche d'Emmanuel Macron, avec qui il a encore longuement déjeuné vendredi à l'Elysée.

- Mouvements sociaux -

Sa nomination coïncide avec plusieurs mouvements sociaux. Le jour de sa prise de fonction, une mobilisation lancée sur les réseaux sociaux pour "bloquer" le pays a réuni 200.000 manifestants, et une autre journée de manifestations à l'appel des syndicats est prévue jeudi.

"Il y a une grande colère" chez les salariés, a rapporté Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat de France, à l'issue d'une entrevue vendredi avec le nouveau Premier ministre, qui lui a dit travailler sur une "contribution des plus hauts revenus" dans le budget 2026.

C'est sur le budget que ses deux prédécesseurs, François Bayrou et Michel Barnier, sont tombés. Et Sébastien Lecornu cherche en priorité une forme d'entente avec les socialistes.

Mais il lui faut dans le même temps réduire les déficits, alors que l'agence de notation Fitch a dégradé vendredi soir la note de la dette française.

Le centre et la droite de la coalition gouvernementale se disent prêts à taxer plus fortement les ultra-riches sans pour autant aller jusqu'à l'instauration de la taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, mesure phare brandie par les socialistes et dont LR ne veut pas.

Une telle mesure marquerait en tout cas une des "ruptures" au fond prônées par Sébastien Lecornu à son arrivée, puisqu'elle briserait le tabou des hausses d'impôts de la macronie.

- Méthode -

Sébastien Lecornu veut aussi des changements de méthode.

Il a d'abord réuni jeudi --pour la première fois depuis longtemps-- les dirigeants des partis du "socle commun", Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains, afin qu'ils s'entendent sur quelques priorités communes.

Un format "présidents de parti" qui "permet de travailler en confiance, de façon plus directe, pour échanger sur les idées politiques, sur les arbitrages", salue un participant.

Avant les oppositions et à quelques jours d'une deuxième journée de manifestations, il a consulté les partenaires sociaux, recevant vendredi la CFDT et Medef, avant la CGT lundi.

En quête d'un compromis pour faire passer le budget, le chef de gouvernement pourrait repartir du plan de son prédécesseur François Bayrou délesté de ses mesures les plus controversées. A l'instar de la suppression de deux jours fériés.

L'hypothèse d'une remise sur les rails du conclave sur les retraites semble aussi abandonnée. Les partenaires sociaux refusent de toute façon de le rouvrir.

Des gestes sont attendus à l'égard des socialistes alors qu'à l'Elysée, on estime que le Rassemblement national, premier groupe à l'Assemblée nationale, se range désormais comme la France insoumise du côté du "dégagisme".

Cultivant une parole sobre voire rare, Sébastien Lecornu ne s'exprimera qu'à l'issue de ces consultations "devant les Français", avant la traditionnelle déclaration de politique générale, devant le Parlement.