La Russie a lancé l'offensive dans l'est de l'Ukraine, annonce le président Zelensky

Vue d'un immeuble d'habitations endommagé par des bombardements à Kramatorsk, en Ukraine, le 15 avril 2022 (Photo, AP/Andriy Andriyenko).
Vue d'un immeuble d'habitations endommagé par des bombardements à Kramatorsk, en Ukraine, le 15 avril 2022 (Photo, AP/Andriy Andriyenko).
De la fumée s'élève au-dessus de l'aciérie d'Azovstal, à Marioupol, en Ukraine, dans cette capture d'écran obtenue à partir d'une récente vidéo de drone publiée sur les réseaux sociaux (Photo, Reuters).
De la fumée s'élève au-dessus de l'aciérie d'Azovstal, à Marioupol, en Ukraine, dans cette capture d'écran obtenue à partir d'une récente vidéo de drone publiée sur les réseaux sociaux (Photo, Reuters).
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy rencontre une délégation de l'Union européenne dirigée par Matti Maasikas à Kiev, en Ukraine, le 18 avril 2022 (Photo, AP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy rencontre une délégation de l'Union européenne dirigée par Matti Maasikas à Kiev, en Ukraine, le 18 avril 2022 (Photo, AP).
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Publié le Mardi 19 avril 2022

La Russie a lancé l'offensive dans l'est de l'Ukraine, annonce le président Zelensky

  • La campagne militaire russe s'est réorientée sur la région orientale de Donbass
  • «Peu importe combien de soldats russes sont amenés jusqu'ici, nous combattrons»

NOVODRUZHESK: La Russie a lancé une offensive majeure dans l'est de l'Ukraine lundi, a indiqué le président Volodymir Zelensky, Moscou ouvrant une nouvelle phase de son invasion après avoir échoué à prendre la capitale Kiev.

Ces dernières semaines, la campagne militaire russe s'est réorientée sur la région orientale de Donbass, partiellement contrôlée par des forces séparatistes prorusses depuis 2014.

"Nous pouvons maintenant affirmer que les troupes russes ont commencé la bataille pour le Donbass, à laquelle elles se préparent depuis longtemps. Une très grande partie de l'ensemble de l'armée russe est désormais consacrée à cette offensive", a déclaré le président Volodymyr Zelensky dans un discours retransmis sur Telegram.

Ukraine: aucun couloir d'évacuation de civils mardi, pour le troisième jour consécutif

Aucun couloir d'évacuation des civils n'a pu être organisé ce mardi en Ukraine, faute d'accord avec la partie russe, et ce pour le troisième jour consécutif, a annoncé la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk.
"Aujourd'hui, le 19 avril, il n'y a malheureusement aucun couloir humanitaire. Des bombardements intenses se poursuivent dans le Donbass", dans l'est du pays, où les forces russes ont lancé selon Kiev une offensive majeure lundi, a déclaré Mme Verechtchouk sur Telegram.
En ce qui concerne Marioupol, ville stratégique au bord de la mer d'Azov (sud-est) assiégée depuis début mars, "les Russes refusent d'ouvrir un couloir pour la sortie des civils en direction de Berdiansk", a-t-elle ajouté.
"Nous continuons des pourparlers difficiles pour des couloirs humanitaires dans les régions de Kherson (sud) et Kharkiv (est)", a souligné la responsable.

"Peu importe combien de soldats russes sont amenés jusqu'ici, nous combattrons. Nous nous défendrons", a-t-il clamé, après avoir averti la veille qu'"ils veulent littéralement achever et détruire le Donbass".

Pour Andriï Yermak, le chef de cabinet du président Zelensky, "la deuxième phase de la guerre a commencé". "Faites confiance aux forces armées de l'Ukraine", a-t-il lancé sur Telegram.

«C'est l'enfer»

"C'est l'enfer. L'offensive a commencé, celle dont on parle depuis des semaines", a de son côté annoncé sur Facebook le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï.

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La Russie est déterminée à s'emparer de Marioupol (Photo, AFP). 

"Il y a des combats à Roubijné et Popasna, des combats incessants dans d'autres villes pacifiques", a-t-il dit, reconnaissant que Kreminna était "malheureusement sous le contrôle des orques", le surnom péjoratif donné aux militaires russes.   

Cette ville, qui comptait environ 18.000 habitants avant la guerre, se trouve à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Kramatorsk, la capitale ukrainienne du bassin houiller du Donbass.

Au moins quatre civils ont été tués dans les bombardements russes pendant qu'ils tentaient de fuir Kreminna, a poursuivi M. Gaïdaï.

Le conseiller de la présidence ukrainienne Oleksiy Arestovytch a toutefois assuré que "les occupants russes n'avaient pas encore conquis Kreminna" et que d'"intenses combats de rue" s'y déroulaient.

Serguiï Gaïdaï avait peu avant exhorté la population à évacuer la région de Lougansk.

Quatre autres personnes ont péri le même jour dans des frappes sur la région voisine de Donetsk, selon son gouverneur Pavlo Kyrylenko.

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Un cratère et une maison détruite sont photographiés dans le village de Yatskivka, dans l'est de l'Ukraine, le 16 avril 2022 (Photo, AFP).

La vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk a demandé lundi à Moscou d'ouvrir des couloirs humanitaires à Berdyansk et Marioupol, en particulier au complexe métallurgique d'Azovstal, où se trouvent des combattants mais où sont retranchés également "beaucoup de civils" ukrainiens.

"Votre refus d'ouvrir ces couloirs humanitaires servira, à l'avenir, d'éléments pour des poursuites en justice contre tous ceux impliqués dans des crimes de guerre", a-t-elle dit sur Telegram.

Le Conseil municipal de Marioupol a affirmé mardi matin qu'Azovstal avait fait l'objet de bombardements et assuré sur Telegram qu'"au moins 1.000 civils, la plupart des femmes, des enfants et des personnes âgées, se trouvent dans les abris souterrains" du complexe métallurgique.

La Russie est déterminée à s'emparer de Marioupol, dont les derniers défenseurs ont ignoré dimanche un ultimatum de l'armée russe qui les enjoignait de déposer les armes. 

"Nos militaires y sont toujours. Ils combattront jusqu'au bout", a lancé le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal.

La conquête de cette cité portuaire constituerait une victoire importante pour les Russes car elle leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d'Azov en reliant le Donbass, en partie contrôlé par leurs partisans, à la Crimée que Moscou a annexée en 2014.

Combats dans le sud 

Un haut responsable américain du département de la Défense a indiqué lundi que Washington a constaté que la Russie a augmenté de "onze bataillons" en une semaine sa présence militaire dans l'est et le sud de l'Ukraine, portant à 76 le total de bataillons dans le pays. 

L'armée ukrainienne a mis en garde lundi soir contre une menace élevée de bombardements dans la région de Mykolayiv (sud).

"L'ennemi" a tenté sans succès de déloger les forces ukrainiennes autour d'Oleksandrivka, à 40 km à l'ouest de Kherson (sud), selon la même source. Cinq véhicules de l'armée russe, dont des blindés, ont été détruits et 28 soldats ont été tués dans ces combats, a-t-on ajouté.

Dans le nord-est, trois civils ont été tués lundi dans de nouveaux bombardements contre Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine.

Dimanche déjà, au moins cinq personnes y avaient péri dans une série de frappes russes.

Dans l'ouest, des bombardements russes ont fait lundi sept morts et "onze blessées, dont un enfant", d'après les autorités locales. 

Non loin de la ville de Lviv, la Russie assure avoir détruit un important dépôt d'"armements étrangers, livrés à l'Ukraine pendant les six derniers jours par les Etats-Unis et des pays européens, qui y étaient stockés".

Le gouverneur de la région, Maksym Kozitsky, a évoqué quatre tirs de missiles de croisière, à partir de la mer Caspienne: trois sur des installations militaires et un sur un garage, qui ont causé des incendies.

A environ quatre kilomètres du centre de Lviv, des journalistes de l'AFP ont vu le garage en feu, avec des carcasses de voitures dans un cratère près d'une voie ferrée.

Située loin du front, près de la frontière polonaise, cette ville s'est convertie en cité-refuge pour les personnes déplacées et avait été peu visée jusqu'alors par les frappes russes.

Au total, l'armée russe assure avoir mis hors d'état dans la seule journée de lundi 16 sites militaires ukrainiens, abritant en particulier des munitions et des missiles tactiques Totchka-U. Ces armements constituent un enjeu majeur, tant pour Moscou que pour Kiev.

«Plus que jamais nécessaire» d'arrêter les importations européennes de pétrole russe, selon Le Maire

Quelques heures après l'annonce par l'Ukraine du lancement d'une nouvelle offensive russe dans le Donbass, il est "plus que jamais nécessaire" de cesser les importations européennes de pétrole russe, a répété mardi sur Europe 1 Bruno Le Maire.
"Nous avons toujours dit que nous voulions un embargo sur le charbon, c’est fait, et un embargo sur le pétrole russe", a fait valoir le ministre de l'Economie et des Finances.
"Quand vous voyez ce qui se passe dans le Donbass" - une région de l'est de l'Ukraine visée depuis lundi par un nouvel assaut russe selon le président ukrainien Volodymy Zelensky - "plus que jamais, il est nécessaire d’arrêter les importations de pétrole depuis la Russie", a souligné M. Le Maire.
"Je suis convaincu que la réalité de la situation en Ukraine fera bouger les lignes. Si on est attachés comme nous à la liberté et à la protection du peuple ukrainien, il faut aller au bout de son raisonnement et ne pas financer la guerre" en achetant du pétrole à la Russie.
En 2021, Moscou a fourni 30% du brut et 15% des produits pétroliers achetés par l'UE.
Un approvisionnement dont certains pays européens sont particulièrement dépendants. Bruno Le Maire "espère" les convaincre, "dans les semaines qui viennent, qu’il faut arrêter d’importer du pétrole de Russie", a-t-il souligné mardi.
"Quelle est la première source de devises depuis plusieurs années pour le pouvoir de Vladimir Poutine? Ça n’est pas le gaz, c’est le pétrole", a assuré le ministre.
"Arrêter l’importation de pétrole de Russie, c’est faire mal au financement de la guerre en Ukraine", a-t-il poursuivi.
Un éventuel arrêt des importations d'or noir en provenance de Russie pourrait prendre "des mois", ont cependant averti vendredi plusieurs sources européennes.
"L'adoption de mesures sur le pétrole impose de déboucler les contrats existants, de trouver des alternatives et d'éviter leur contournement. Cela ne va pas se faire du jour au lendemain. Il faudra au moins plusieurs mois", a expliqué un responsable européen impliqué dans les discussions.
L'UE a décidé le 8 avril de cesser ses achats de charbon à la Russie, un embargo qui entrera en vigueur début août, 120 jours après la publication du nouveau paquet de sanctions au journal officiel de l'UE.

Soutien de l'Ukraine, les Etats-Unis ont annoncé à ce sujet lundi que les premières cargaisons de leur nouvelle tranche d'aide militaire (800 millions de dollars) venaient d'arriver la veille aux frontières de ce pays pour être remises à l'armée ukrainienne. 

L'Union européenne a quant à elle "condamné la poursuite des bombardements aveugles et illégaux de civils et d'infrastructures civiles" par Moscou. "Il ne peut y avoir d'impunité pour les crimes de guerre", a affirmé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.

Une brigade accusée d'exactions distinguée 

Dans ce contexte, Vladimir Poutine a décerné lundi un titre honorifique, notamment pour son "héroïsme", sa "ténacité" et son "grand professionnalisme", à la 64e brigade de fusiliers motorisés.

Or, l'Ukraine a affirmé que les forces russes et notamment cette unité avaient commis un massacre de civils à Boutcha, dans la périphérie de Kiev.

La découverte dans des rues de cette localité de cadavres de civils, peu après le retrait des soldats russes, avait suscité début avril une vague d'indignation internationale. Des enquêteurs ukrainiens s'y activent toujours pour réunir des éléments constitutifs de "crimes de guerre".         

La Russie avait pour sa part assuré que les autorités ukrainiennes et les médias occidentaux avaient mis en scène le massacre.

En Russie toujours, la télévision publique (VGTRK) a diffusé lundi une vidéo montrant deux Britanniques, Shaun Pinner et Aiden Aslin, faits prisonniers dans les combats en Ukraine.

Les traits tirés, ils s'adressent au Premier ministre Boris Johnson dont ils attendent qu'il négocie leur libération contre celle de Viktor Medvedtchouk, un riche homme d'affaires ukrainien proche de Vladimir Poutine récemment arrêté en Ukraine.

Kiev a pour sa part diffusé une vidéo de M. Medvedtchouk dans laquelle il dit vouloir être échangé "contre les défenseurs de Marioupol et ses habitants".

Selon sa famille, Shaun Pinner n'est "ni un volontaire ni un mercenaire, mais sert officiellement dans l'armée ukrainienne". Après avoir naguère été dans l'armée britannique, il s'était installé en Ukraine où il avait épousé une Ukrainienne.

Sur le front diplomatique, le président Zelensky a dit lundi espérer obtenir pour son pays "dans les semaines à venir" le statut de candidat à l'adhésion à l'UE.

L'obtention de ce statut "prend des années" mais Bruxelles "nous a vraiment donné l'opportunité d'engager cette procédure d'ici à quelques semaines ou mois", a-t-il souligné. 

De leur côté, les Etats-Unis entendent, avec leurs alliés, bientôt prendre de nouvelles sanctions économiques contre la Russie, en particulier pour "perturber son complexe militaro-industriel et ses chaînes d'approvisionnement".  


L’Ambassade du Maroc à Tokyo célèbre le 26e anniversaire de l’intronisation du Roi Mohammed VI

L’Ambassade du Maroc à Tokyo a célébré 26 ans de règne de Mohammed VI, mettant en avant les réformes, l’essor économique et l’ouverture du Royaume. (Photo: ANJ)
L’Ambassade du Maroc à Tokyo a célébré 26 ans de règne de Mohammed VI, mettant en avant les réformes, l’essor économique et l’ouverture du Royaume. (Photo: ANJ)
Lors de la célébration du 26e anniversaire de l’intronisation du Roi Mohammed VI à Tokyo, l’Ambassadeur Bouhlal a mis en avant les réformes du Royaume, son rôle croissant en tant que hub régional et ses avancées dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie et du tourisme. (Photo: ANJ)
Lors de la célébration du 26e anniversaire de l’intronisation du Roi Mohammed VI à Tokyo, l’Ambassadeur Bouhlal a mis en avant les réformes du Royaume, son rôle croissant en tant que hub régional et ses avancées dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie et du tourisme. (Photo: ANJ)
Le ministre japonais KIUCHI Minoru a salué la stabilité et l’ouverture du Maroc, soulignant l’intérêt croissant des investisseurs japonais pour un pays devenu un partenaire stratégique en Afrique. (Photo: ANJ)
Le ministre japonais KIUCHI Minoru a salué la stabilité et l’ouverture du Maroc, soulignant l’intérêt croissant des investisseurs japonais pour un pays devenu un partenaire stratégique en Afrique. (Photo: ANJ)
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  • L’Ambassade du Maroc à Tokyo a célébré 26 ans de règne de Mohammed VI, mettant en avant les réformes, l’essor économique et l’ouverture du Royaume
  • Le Japon a salué la stabilité du Maroc et le renforcement des liens économiques bilatéraux

TOKYO : L’Ambassade du Royaume du Maroc à Tokyo a célébré mercredi le 26e anniversaire de l’intronisation du Roi Mohammed VI.

L’événement a rassemblé des parlementaires éminents, des personnalités politiques japonaises, des diplomates, des chefs d’entreprise ainsi que des responsables gouvernementaux, conférant à la célébration une dimension solennelle et prestigieuse.

L’Ambassadeur Rachad Bouhlal a accueilli les invités en soulignant les réformes visionnaires et cohérentes menées par le Roi Mohammed VI tout au long de ses 25 années de règne. Ces réformes ont largement contribué à faire du Maroc « un pays moderne, ouvert et inclusif », tout en favorisant son développement économique et social, le positionnant comme un modèle pour d'autres nations.

L’Ambassadeur a également adressé ses salutations à l’Empereur et l’Impératrice du Japon, à la Famille impériale ainsi qu’au Gouvernement et au peuple japonais.

Il a mis en avant le rôle du Maroc en tant que hub régional d’investissement et d’innovation, notamment dans les secteurs industriel et des infrastructures. Il a notamment cité le port de Tanger-Med, aujourd’hui le plus grand port de la Méditerranée, ainsi que l’expansion de la ligne à grande vitesse Al Boraq, première du genre en Afrique.

L’Ambassadeur Bouhlal a souligné que le Maroc figure parmi les premiers pays africains à adopter les énergies renouvelables, ce qui lui permet d’attirer des industries à forte valeur ajoutée. Il a précisé que le Royaume est désormais le premier constructeur de voitures particulières en Afrique, avec un rôle déterminant joué par les entreprises japonaises reconnues pour leur expertise technologique, renforçant ainsi les liens économiques entre les deux pays.

Par ailleurs, le Maroc et le Japon ont signé un mémorandum d’entente pour la promotion de l’investissement et du commerce. Selon les données du tourisme international des Nations unies, le Maroc a accueilli 17,4 millions de touristes en 2024, soit une hausse de 20 % par rapport à 2023, ce qui en fait la première destination touristique du continent africain.

Le ministre japonais de la Sécurité économique, KIUCHI Minoru, a salué les avancées du Maroc sous le leadership du Roi Mohammed VI. Il a exprimé l’admiration du Japon pour les réformes marocaines en faveur de la modernisation et de la justice sociale. Le ministre a souligné que la stabilité politique et l’ouverture du Royaume en font un partenaire de confiance, attirant un nombre croissant d’investissements japonais.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.jp


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
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  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.