Présidentielle française: les visions irréconciliables de Le Pen et Macron sur l'Europe

C'est un des clivages centraux de l'élection présidentielle en France entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron (Photo, AFP).
C'est un des clivages centraux de l'élection présidentielle en France entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 21 avril 2022

Présidentielle française: les visions irréconciliables de Le Pen et Macron sur l'Europe

  • Après sa défaite de 2017, Marine Le Pen a renoncé à la sortie de l'euro ou au Frexit, alors que les Français sont majoritairement pour un maintien
  • La candidate d'extrême droite plaide désormais pour la «création d'une Alliance européenne des nations qui a vocation à se substituer progressivement à l'Union Européenne»

PARIS: L'Europe, stop ou encore ? C'est un des clivages centraux de l'élection présidentielle en France entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron: la candidate d'extrême droite veut "progressivement" remplacer l'Union européenne par une "alliance" des "nations", quand le chef de l'Etat sortant appelle à la "souveraineté" et "l'autonomie" européennes.

Le sujet a occupé une bonne place dans le débat télévisé qui les a opposés mercredi soir. Emmanuel Macron a reproché à Marine Le Pen de "mentir sur la marchandise" en voulant "faire bande à part". "Il faut réformer l'Europe, pas en sortir", a-t-il insisté.

"Je souhaite rester" dans l'Union mais "profondément la modifier", a répondu la candidate du Rassemblement national (RN), en estimant qu'il "n'y a pas de souveraineté européenne, car il n'y a pas de peuple européen" et en pointant du doigt les "accords de libre-échange".

Après sa défaite de 2017, Marine Le Pen a renoncé à la sortie de l'euro ou au Frexit, alors que les Français sont majoritairement pour un maintien. La candidate d'extrême droite plaide désormais pour la "création d'une Alliance européenne des nations qui a vocation à se substituer progressivement à l'Union Européenne".

Via un référendum, elle espère d'abord inscrire dans la Constitution française la primauté du droit national sur le droit européen, avec la "priorité nationale", afin de donner un accès prioritaire aux Français pour le logement social ou leur réserver certaines allocations.

«Pologne puissance 5»

Autant de mesures contraires aux traités européens et qui mèneraient selon plusieurs spécialistes interrogés par l'AFP à un "Frexit masqué" ou "de facto".

"Les autres pays de l'Union ne laisseraient pas un membre fondateur appliquer ce programme. L'Union ne peut pas se permettre d'avoir une Pologne puissance 5 en son sein. Il y aurait probablement de très fortes tensions", pronostique Francesco Saraceno, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

La candidate du RN revendique un changement d'alliance. Elle a récemment tancé le traditionnel partenaire allemand, en pointant du doigt des "divergences stratégiques irréconciliables" sur la coopération militaro-industrielle.

Et elle affiche sa proximité avec les eurosceptiques de Pologne et de Hongrie, à l'image du soutien du Premier ministre ultraconservateur hongrois Viktor Orban dans une vidéo diffusée lors d'un de ses meetings.

Mais selon la politologue Nathalie Brack, "elle a très peu d'alliés au niveau européen. Il y a le cas Orban, mais sa position est floue au Parlement européen, depuis le retrait de son parti du PPE", le groupe parlementaire de droite, quitté sèchement en mars 2021.

Et "cela fait longtemps qu'on entend cette idée de former un front européen de la droite de la droite, mais ca ne se concrétise pas", souligne la professeure de l'Université libre de Bruxelles.

Pierre d'achoppement: le "rapprochement stratégique entre l'Otan et la Russie", que Marine Le Pen réclame une fois que la guerre en Ukraine sera terminée. Difficile à entendre en Pologne, qui nourrit "une inimitié historique et une défiance vis-à-vis de la Russie", rappelle Francesco Saraceno.

«L'intendance suivra»

Dans le chiffrage de son programme, Marine Le Pen affirme aussi vouloir réduire de 5 milliards d'euros la contribution de la France au budget de l'Union, à hauteur de 26,4 milliards d'euros en 2022.

La proposition européenne d'Emmanuel Macron est l'exact opposé. Il loue la "souveraineté nationale et européenne". Son programme réclame "l'autonomie énergétique, technologique et stratégique" de l'Europe.

"A son crédit, le couple franco-allemand a donné une impulsion significative pour le plan de relance européen", de 750 milliards d'euros face au Covid, "une innovation qui va rester", estime Francesco Saraceno.

"A son débit, Emmanuel Macron a un peu l'attitude typiquement française de dire +l'intendance suivra+, alors que l'Union se construit souvent par des petits compromis. Par exemple, quand il présente la taxe carbone aux frontières européennes comme une chose quasiment faite, alors que ce n'est pas du tout le cas", poursuit cet économiste italien.

Plus de 15 ans après le non français au référendum sur le traité constitutionnel européen de 2005, l'Europe reste une ligne de fracture en France, à l'image de la polémique suscitée début janvier par le déploiement du seul drapeau européen sous l'Arc de Triomphe, sans le drapeau français.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.