Mexique: ces évêques qui parlent aux narcos pour réduire la violence

Un évêque, Salvador Rangel, assume son bilan contre vents et marées à l'heure de passer le relais à son successeur qui entend poursuivre son oeuvre à la tête d'un des diocèses le plus violent du pays (Photo, AFP).
Un évêque, Salvador Rangel, assume son bilan contre vents et marées à l'heure de passer le relais à son successeur qui entend poursuivre son oeuvre à la tête d'un des diocèses le plus violent du pays (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 24 avril 2022

Mexique: ces évêques qui parlent aux narcos pour réduire la violence

  • Le diocèse de Chilapa et Chilpancingo se trouve dans l'Etat du Guerrero (sud-ouest), où des cartels se disputent la culture de l'opium et de la marijuana dans les sierras voisines
  • Arrivé en 2015 après des années en Terre Sainte, le Franciscain a défendu envers et contre tous le dialogue avec les narcos

CHILAPA DE ALVAREZ, Mexique: Dialoguer avec les narcotrafiquants pour réduire la violence au Mexique: un évêque, Salvador Rangel, assume son bilan contre vents et marées à l'heure de passer le relais à son successeur qui entend poursuivre son oeuvre à la tête d'un des diocèses le plus violent du pays.

"Cela a valu la peine", se défend Mgr Rangel, 75 ans, au milieu des festivités qui ont marqué cette semaine son départ en retraite et l'arrivée du nouvel évêque, José de Jesus Gonzalez Hernandez, à Chilpancingo et Chilapa, les deux grandes villes du diocèse.

En sept ans, Mgr Rangel a demandé aux "capos" d'arrêter de tuer, de suspendre les extorsions et de libérer les civils enlevés, un problème de grande envergure au Mexique. 

"J'ai sauvé beacoup de personnes enlevées", affirme-t-il à l'AFP, bon pied bon oeil malgré son âge. "A Chilapa, il y a cinq ans, il y avait des morts tous les jours, découpés en morceaux. Il y avait des +prélèvements du loyer+ (extorsion des commerçants, NDLR). Tout cela s'est arrêté".

Pas tout à fait. Le 31 mars, six têtes découpées ont été retrouvées sur le toit d'une voiture abandonnée par des inconnus dans une rue de Chilapa.

Le diocèse de Chilapa et Chilpancingo se trouve dans l'Etat du Guerrero (sud-ouest), où des cartels se disputent la culture de l'opium et de la marijuana dans les sierras voisines, ainsi que le contrôle des ports du Pacifique comme Acapulco.

Arrivé en 2015 après des années en Terre Sainte, le Franciscain a défendu envers et contre tous le dialogue avec les narcos même après l'assassinat le 5 février 2018 de deux prêtres à Chilpancingo.

"Les institutions n'aiment pas du tout ce que je suis en train de faire (...) parce qu'en fin de compte, il y a des intérêts économiques", déclarait-il alors. Allusion aux liens présumés entre les cartels et les politiciens locaux, un secret de polichinelle pour les habitants.

Sa politique de la main tendue lui a aussi valu des menaces de groupes d'auto-défense, qui l'ont accusé de pactiser avec le "crime organisé".

"Le pire que nous aurions pu faire était de nous taire", poursuit Mgr Rangel devant l'AFP, se déclarant favorable à un dialogue entre le gouvernement et les cartels.

"Chilapa remercie Monseigneur Salvador Rangel pour avoir ramené la paix sur notre terre", affiche une pancarte dans la poussière d'une procession en hommage aux deux évêques, sur fond de musique et de danses. 

"On ne pouvait plus sortir. Maintenant, grâce à Dieu, nous sommes plus tranquilles", lance un chauffeur d'ambulance de 68 ans, qui préfère taire son nom.

Les statistiques semblent donner raison à l'évêque sortant. D'un pic de 117 assassinats en 2017 à Chilapa, le chiffre a fondu à 14 en 2021, de source officielle. Dans la ville voisine de Chilpancingo - capitale de l'Etat de Guerrero - la trajectoire est passée de 159 à 50 sur la même période.

«Donnez-nous votre bénédiction»

Le nouvel évêque, José de Jesus Gonzalez Hernandez, veut suivre les traces de son prédécesseur, qu'il a côtoyé il y a 20 ans dans les violences du Proche Orient, en Israël, au sein de la Custodie franciscaine de Terre Sainte.

"Il y a sept ans, la violence se ressentait très fortement. C'est différent maintenant. Les gens espèrent que l'on continue (le dialogue) avec les méchants", affirme à l'AFP Mgr Gonzalez Hernandez, 57 ans, qui a lui-même survécu à une attaque le 12 mai 2011 dans l'Etat du Nayarit (ouest).

Les délinquants ont tiré en rafales sur sa voiture qu'ils ont confondue avec un convoi ennemi. Les trois occupants sont sortis indemnes.

"Le chef est venu et m'a dit : +excusez-moi, nous pensions qu'il y avait celui que nous cherchions", raconte "Chuy", diminutif de Jesus. "Ils m'ont ensuite dit : +donnez-nous votre bénédiction+. J'ai pensé : +ce sont nos enfants+ et je leur ai donnée". 

D'après l'ONG Centro Catolico Multimedial, quelques 30 hommes d'église ont été assassinés depuis 2012 au Mexique, qui enregistre 340 000 homicides depuis 2006 et la militarisation de la lutte anti-drogue.

Les délinquants "ne le sont pas par plaisir, ils sont aussi dans le besoin", assure le nouvel évêque. Quelque 70% de la population de l'Etat du Guerrero - 3,5 millions d'habitants - vivent dans la pauvreté, d'après des chiffres officiels.

Pour le franciscain, "notre frère le loup", comme il appelle les délinquants, a toujours faim. Il promet de poursuivre le dialogue "jusqu'où on pourra, parce que nous marchons en terrain miné".


Le président syrien Ahmad al-Chareh arrive aux Etats-Unis

La visite du président Ahmed Al-Sharaa aux États-Unis est la première d'un président syrien depuis l'indépendance du pays en 1946, selon les analystes. (AP)
La visite du président Ahmed Al-Sharaa aux États-Unis est la première d'un président syrien depuis l'indépendance du pays en 1946, selon les analystes. (AP)
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  • Le président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh a entamé une visite historique aux États-Unis après la levée des sanctions marquant un tournant diplomatique majeur
  • Cette visite, centrée sur la coopération antiterroriste, l’intégration à la coalition internationale et la reconstruction de la Syrie, symbolise la reconnaissance internationale du nouveau régime post-Assad et son rapprochement avec Washington

WASHINGTON: Le président intérimaire syrien, Ahmad al-Chareh, est arrivé aux Etats-Unis samedi pour une visite officielle inédite, a rapporté l'agence de presse officielle de son pays, au lendemain de son retrait de la liste noire américaine du terrorisme.

Le chef d'Etat par intérim, dont les forces rebelles ont renversé le dirigeant de longue date Bachar al-Assad en fin d'année dernière, doit rencontrer lundi le président américain, Donald Trump.

Il s'agit de la première visite bilatérale d'un chef d'Etat syrien aux Etats-Unis depuis l'indépendance du pays en 1946.

A son arrivée, M. Chareh a échangé des passes de basketball avec le commandant des forces américaines aux Moyen-Orient, Brad Cooper, ainsi qu'avec le chef de la coalition internationale anti-jihadistes, Kevin Lambert, selon des images qu'il a postées sur les réseaux sociaux.

Lors de cette visite, Damas devrait signer un accord pour rejoindre cette coalition menée par les Etats-Unis, selon l'émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack.

Le groupe jihadiste Etat Islamique (EI) avait été défait militairement en 2019 en Syrie par la coalition et les Forces démocratiques syriennes (FDS), conduites par les Kurdes, qui négocient actuellement leur intégration dans l'armée syrienne.

Les Etats-Unis prévoient pour leur part d'établir une base militaire près de Damas, a indiqué à l'AFP une source diplomatique en Syrie.

La Syrie, sortie de plus de 13 ans de guerre civile, cherche aussi à garantir des fonds pour sa reconstruction, un chantier dont le coût pourrait dépasser les 216 milliards de dollars (187 milliards d'euros), selon la Banque mondiale.

Jeudi, le Conseil de sécurité de l'ONU a levé les sanctions contre M. Chareh, qui jusqu'à présent avait besoin d'une exemption des Nations unies pour chaque déplacement international.

La résolution préparée par les Etats-Unis salue l'engagement des nouvelles autorités de M. Chareh, qui il y a encore un an dirigeait le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, à "lutter contre le terrorisme".

Le ministère syrien de l'Intérieur a annoncé samedi avoir mené 61 raids et procédé à 71 arrestations dans une "campagne proactive pour neutraliser la menace que représente l'EI", selon l'agence officielle Sana.

Ces raids ont eu lieu notamment dans les secteurs d'Alep, d'Idlib, de Hama, de Homs, de Deir ez-Zor, de Raqqa et de Damas, où demeurent des cellules dormantes de l'organisation, a-t-il été précisé.

C'est au titre de chef de HTS, qui à la tête d'une coalition islamiste a renversé Bachar al-Assad le 8 décembre 2024, que M. Chareh était inscrit depuis 2013 sur la liste des sanctions de l'ONU.

- Bouleversement -

Mais dès sa prise du pouvoir, il a clairement rompu avec son passé jihadiste, multipliant les ouvertures vers l'Occident et les pays de la région, notamment les riches monarchies arabes. Il a aussi engagé des négociations avec Israël, pays avec lequel la Syrie est théoriquement en état de guerre.

Donald Trump avait déjà rencontré le dirigeant syrien lors d'un voyage dans le Golfe en mai et avait annoncé la levée des sanctions américaines contre la Syrie.

Les deux hommes vont également évoquer les négociations directes entamées par les autorités syriennes avec Israël.

M. Trump avait pressé en mai le dirigeant syrien de rejoindre les accords d'Abraham, qui ont acté en 2020 la reconnaissance d'Israël par plusieurs pays arabes.

Aux yeux de Michael Hanna, analyste de Crisis Group, "le président Trump a bouleversé de manière inattendue la politique de longue date des États-Unis concernant la Syrie en mai et a continué à soutenir le nouveau gouvernement à Damas, malgré des épisodes d'instabilité et de violence sectaire qui ont entamé la confiance envers les nouveaux dirigeants du pays".

La visite prévue à la Maison-Blanche de M. Chareh est "un témoignage supplémentaire de l'engagement des Etats-Unis envers la nouvelle Syrie et un moment hautement symbolique pour le nouveau dirigeant du pays, marquant ainsi une nouvelle étape dans sa transformation étonnante de chef militant en homme d’Etat mondial", ajoute l'analyste.


Indonésie: 54 blessés dans une explosion d'origine inconnue près d'une école à Jakarta, selon la police

 Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
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  • "Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV
  • L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre

JAKARTA: Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre.

"Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV.

L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre.

La police "procède aux constatations sur la scène de crime", a déclaré M. Asep, précisant qu'une équipe de déminage de la police de Jakarta était sur place afin de déterminer la cause de l'explosion.

Des postes de secours ont été établis dans deux hôpitaux pour aider les familles à retrouver les victimes blessées, a-t-il également indiqué.

Une enquête est en cours pour déterminer la cause de l'explosion, a ajouté M. Asep. "Nous sommes en train de mener les investigations car cet incident vient de se produire", a-t-il expliqué.


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.