Le surf à Cuba, entre débrouille et soif de reconnaissance

Des surfeurs cubains marchent vers la mer avec leurs planches à La Havane, le 16 avril 2022. (Yamil Lage/AFP)
Des surfeurs cubains marchent vers la mer avec leurs planches à La Havane, le 16 avril 2022. (Yamil Lage/AFP)
Short Url
Publié le Lundi 25 avril 2022

Le surf à Cuba, entre débrouille et soif de reconnaissance

  • «J'ai commencé tôt, vers 7-8 ans, avec des bureaux en bois de l'école, c'est ce qu'on utilisait à l'époque», se souvient un surfeur de La Havane
  • A une époque, les surfeurs utilisaient aussi la plaque de polystyrène à l'arrière des réfrigérateurs pour fabriquer leurs planches

LA HAVANE, Cuba : Enfants, ils utilisaient leurs bureaux d'écoliers pour tenter de dompter les vagues: aujourd'hui, les surfeurs cubains glissent avec de vraies planches et redoutent un peu moins la police depuis que leur sport, devenu olympique, est en phase de reconnaissance sur l'île.

Dans le quartier de pêcheurs de Santa Fe, à l'ouest de La Havane, Ayax Borrero, 34 ans, descend à pied avec deux camarades, planche sous le bras, les quelques rues qui séparent sa maison de la mer.

Le temps est couvert et les vagues sont déchaînées, mais qu'importe: «Ici, généralement, on dépend d'événements climatologiques comme un refroidissement ou des ouragans qui provoquent les vagues, c'est pour ça que la saison commence en hiver», s'étalant de novembre à avril, explique Ayax, qui est architecte.

Leur terrain de jeu, à Santa Fe? Les ruines d'une ancienne piscine naturelle en pierre, dite d'Antolin, un bourgeois d'avant la révolution socialiste de 1959. L'endroit leur sert de promontoire pour se lancer à l'eau.

Pour Ayax, le surf remonte à l'enfance, mais il a fallu apprendre sans planche, quasi-introuvable sur l'île: «J'ai commencé tôt, vers 7-8 ans, avec des bureaux en bois de l'école, c'est ce qu'on utilisait à l'époque».

«C'était lourd!», se souvient-il en riant, «après, quand mon père m'a acheté ma première planche à 11 ans, j'ai pu me mettre debout tout de suite».

- «Un peu compliqué» -

A une époque, les surfeurs utilisaient aussi la plaque de polystyrène à l'arrière des réfrigérateurs pour fabriquer leurs planches. A Cuba, pays miné par les pénuries, on appelle ça «inventer», trouver une solution malgré tout.

«Faire du surf ici, c'est un peu compliqué», dit avec euphémisme Yasel Fernandez, 29 ans. Issu d'une famille de pêcheurs, il a débuté sur les vagues à 13 ans, mais «c'est seulement à 29 ans que je viens de réussir à avoir ma planche, c'était mon rêve».

La partie matérielle n'est pas la seule difficulté : les surfeurs ont longtemps suscité la méfiance de la police, dans ce pays où la mer est parfois vue comme un échappatoire vers Miami.

En mars, les autorités américaines ont secouru un Cubain qui venait de faire la traversée en planche à voile, au milieu d'une vague migratoire massive sur fond de crise économique et sociale.

Mais «en surf, tu es de la nourriture pour les requins!», sourit Frank Gonzales, surfeur de 35 ans et l'un des seuls réparateurs de planches de l'île.

Il n'empêche, la méfiance subsiste: «C'est désagréable d'être en train de surfer à un endroit avec de bonnes vagues, et la police arrive pour te dire de sortir», confie Frank, qui a appris à sa fille de six ans à surfer. «J'espère qu'à l'avenir, la police respectera les surfeurs comme des sportifs».

- Pompiers à la rescousse -

Certains racontent avoir eu leur planche confisquée, d'autres ont fui les policiers à la nage... Mais les choses semblent en train de changer: alors que le surf a fait son entrée aux Jeux olympiques de Tokyo l'été dernier, à Cuba aussi les autorités commencent à reconnaître ce sport.

«Non, (le surf) n'était pas considéré comme clandestin», assure Eric Gutiérrez, haut responsable de l'Institut cubain des sports (Inder), «mais ce qui se passe c'est qu'il n'était pas vraiment pris en compte par l'Inder»

Si les policiers empêchent parfois les surfeurs de se jeter à l'eau, «ce n'est pas pour les embêter mais pour les protéger» du risque de noyade, dit-il.

«Un jour, les pompiers sont arrivés pour nous +sauver+, quelqu'un les avait appelés!», se souvient Yaliagni «Yaya» Guerrero, 39 ans, l'une des premières surfeuses de Cuba, qui travaille, ainsi que Frank, avec l'Inder depuis 2019 pour faire reconnaître le surf. «C'est sans doute par manque de culture ou par ignorance».

En décembre, pour la première fois un représentant officiel de l'Inder, Eric Gutiérrez, a assisté à un championnat entre les différents clubs de La Havane, remporté par Frank. «C'est un très joli sport», reconnaît-il.

Désormais, l'objectif est de le développer sur l'île, en commençant par «un recensement de ceux qui le pratiquent et les endroits où ils vont». Depuis l'an dernier, l'Inder échange avec l'Association internationale de surf (ISA) et prévoit d'accueillir une délégation dans les prochains mois.

«Nous voulons présenter un projet de travail pour avoir leur soutien en termes d'enseignement, d'équipements, et d'éléments spécifiques au surf comme les premiers secours, l'arbitrage», explique M. Gutiérrez, qui espère que Cuba devienne une étape du circuit de compétitions.


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Short Url
  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
Short Url
  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.

 


Un pilote de ligne dit avoir évité une collision avec un avion militaire américain au large du Venezuela

Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
Short Url
  • Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne
  • Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants

NEW YORK: La compagnie américaine JetBlue a annoncé lundi avoir fait état aux autorités d'un incident en vol, l'un de ses pilotes ayant affirmé avoir dû modifier sa trajectoire pour éviter une collision avec un avion ravitailleur de l'armée américaine, au large du Venezuela.

Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne.

Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants.

Le dirigeant a toujours réfuté ces allégations, affirmant que Washington s'en servait comme d'un prétexte pour le renverser et mettre la main sur les immenses réserves de pétrole du pays.

Vendredi, l'un des pilotes d'un vol JetBlue assurant la liaison entre l'île caribéenne de Curaçao et New York, a signalé, par radio au contrôle aérien, avoir dû interrompre son ascension après détection d'un avion ravitailleur de l'US Air Force.

Toujours selon le pilote, dont la conversation avec les contrôleurs a été enregistrée et est disponible sur le site LiveATC.net, l'appareil militaire n'avait pas activé son transpondeur, l'émetteur-récepteur qui permet au trafic aérien de le repérer.

"On a failli avoir une collision", explique le pilote. "C'est scandaleux."

"Scandaleux", lui répond le contrôleur aérien. "Vous avez tout à fait raison."

Sollicité par l'AFP, JetBlue a salué l'initiative de l'équipage ayant "rapporté promptement cet incident" à sa hiérarchie, qui en a fait état "aux autorités fédérales". La compagnie américaine "contribuera à toute enquête" sur les circonstances de ce chassé-croisé.

Le commandement militaire américain dédié à cette région, l'US Southern Command, a expliqué à l'AFP "étudier" le dossier, tout en rappelant que "la sécurité (demeurait sa) priorité absolue".

Fin novembre, l'Agence de régulation de l'aviation civile, la FAA, avait demandé aux vols opérant dans la région où se trouve le Venezuela de "faire preuve de prudence".

Elle avait justifié cet avis par "une détérioration des conditions de sécurité et du renforcement de l'activité militaire au Venezuela et dans ses environs".

La FAA avait évoqué des "menaces qui pourraient présenter un risque pour les appareils (commerciaux) à toutes altitudes, que ce soit en vol, à l'atterrissage et au décollage".