Près de 40 pays réunis en Allemagne pour renforcer la défense de l'Ukraine

Le secrétaire d'État Antony Blinken et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin discutent en Pologne près de la frontière ukrainienne au retour de leur voyage à Kiev, en Ukraine, où ils ont rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le 25 avril 2022 (Photo, AFP).
Le secrétaire d'État Antony Blinken et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin discutent en Pologne près de la frontière ukrainienne au retour de leur voyage à Kiev, en Ukraine, où ils ont rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le 25 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 26 avril 2022

Près de 40 pays réunis en Allemagne pour renforcer la défense de l'Ukraine

  • Le chef du Pentagone et Antony Blinken ont parlé à la presse depuis un entrepôt
  • Kiev réclame surtout de l'artillerie lourde et des blindés pour tenter de repousser les forces russes

BASE AÉRIENNE DE RAMSTEIN, Allemagne: Une quarantaine de pays se réunissent mardi en Allemagne, à l'invitation des Etats-Unis, pour renforcer la défense de l'Ukraine qui, selon le ministre américain de la Défense Lloyd Austin "peut gagner" face à la Russie, si on lui en donne les moyens.

Au moment où la Russie vise le contrôle total du sud de l'Ukraine et de la région du Donbass, cette réunion organisée sur la base aérienne américaine de Ramstein, dans l'ouest de l'Allemagne, est destinée à "générer des capacités supplémentaires pour les forces ukrainiennes", a déclaré lundi M. Austin, au retour d'une visite à Kiev.

"Ils peuvent gagner s'ils ont les bons équipements, le bon soutien", a-t-il souligné après ce déplacement au cours duquel il a rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en compagnie du secrétaire d'Etat Antony Blinken.

Les Etats-Unis, qui fournissent le plus gros de l'aide militaire internationale à l'Ukraine, veulent "leur donner le type de soutien, le type d'artillerie et de munitions qui seront efficaces à ce stade du combat", a précisé le chef du Pentagone lors d'une conférence de presse en Pologne, non loin de la frontière ukrainienne. 

Kiev réclame surtout de l'artillerie lourde et des blindés pour tenter de repousser les forces russes dans les vastes plaines du sud et de l'est du pays, mais l'équipement de fabrication russe auquel les forces ukrainiennes ont été formées se raréfie.

Certains pays d'Europe de l'Est qui en ont encore en stock les envoient à Kiev, parfois en échange d'armement américain de nouvelle génération, comme les journalistes accompagnant M. Austin en Pologne ont pu le constater.

Couches-culottes et canons 

Le chef du Pentagone et Antony Blinken ont ainsi parlé à la presse depuis un entrepôt où s'empilaient des tonnes d'aide humanitaire et militaire prête à être chargée à bord de camions pour leur transfert vers l'Ukraine.

Non loin des palettes de matériel médical et de couches-culottes devant lesquelles ils étaient filmés étaient empilés des centaines d'obus et de roquettes de fabrication russe, données par des pays qui veulent généralement rester discrets sur leur participation à l'effort de guerre ukrainien.

A l'extérieur, sept véhicules tractant les canons Howitzers, d'une portée de 30 km, attendaient leur transfert, devant des centaines de palettes d'obus et de munitions diverses soigneusement alignées.

Mais cela ne suffit pas et les Etats-Unis, qui au début de l'invasion russe limitaient leurs envois à des armes "défensives", ont commencé à envoyer à Kiev des armement lourds de fabrication américaine, comme des obusiers Howitzers et des véhicules blindés divers.

"Nous discutons avec des collègues d'autres pays pour obtenir le même genre d'armement, et nous recevons des signes précurseurs qui montrent que beaucoup de pays vont se porter volontaires", a assuré le chef du Pentagone.

La France a d'ores et déjà annoncé qu'elle envoyait des canons Caesar d'une portée de 40 kilomètres, et le Royaume Uni a donné des missiles anti-aériens Starstreak et des blindés.

Alliés proches et lointains 

La réunion est aussi destinée à assurer la sécurité de l'Ukraine à plus long terme, une fois la guerre terminée.

"Il s'agit surtout de modernisation et de faire en sorte que leur armée soit toujours puissante et capable de fonctionner à l'avenir. Il ne s'agit pas de garanties de sécurité, mais bien de leur dispositif militaire réel", a indiqué vendredi à la presse le porte-parole du Pentagone John Kirby.

Cette réunion ne se déroule pas dans le cadre de l'Otan, même si le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, doit y participer.

"L'Otan en tant qu'alliance ne fournit pas d'aide militaire à l'Ukraine, donc ceci n'est pas du tout fait dans le cadre de l'Otan", a souligné M. Kirby.

Parmi les 40 pays invités, on trouve les alliés européens des Etats-Unis, mais aussi des pays plus lointains comme l'Australie et le Japon qui craignent qu'une victoire russe en Ukraine créée un précédent et encourage les ambitions territoriales de la Chine.

La Finlande et la Suède, pays traditionnellement neutres qui envisagent une adhésion à l'Otan depuis l'invasion de l'Ukraine par les forces russes, figurent également sur la liste des invités.


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"