Législatives: à Strasbourg, militants et électeurs écolos divisés face à l'union avec LFI

Les bons scores de Mélenchon n'ont rien d'étonnant, beaucoup d'électeurs ayant opté «en dernière minute» pour l'Insoumis (Photo, AFP).
Les bons scores de Mélenchon n'ont rien d'étonnant, beaucoup d'électeurs ayant opté «en dernière minute» pour l'Insoumis (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 28 avril 2022

Législatives: à Strasbourg, militants et électeurs écolos divisés face à l'union avec LFI

  • La France Insoumise (LFI), dont le leader Jean-Luc Mélenchon est arrivé troisième (21,95%) le 10 avril
  • EELV et les communistes ont entamé des négociations pour faire front commun aux législatives mais les pourparlers se sont tendus cette semaine

STRASBOURG: "Erreur politique" de refuser l'union? Ou risque de s'allier avec un parti "dogmatique"? A Strasbourg, ville verte où le candidat écologiste Yannick Jadot a été largement distancé par Jean-Luc Mélenchon au 1er tour de la présidentielle, un possible accord avec LFI aux législatives divise militants et électeurs.

La France Insoumise (LFI), dont le leader Jean-Luc Mélenchon est arrivé troisième (21,95%) le 10 avril, EELV et les communistes ont entamé des négociations pour faire front commun aux législatives mais les pourparlers se sont tendus cette semaine, notamment autour des questions européennes. Sans refuser l'alliance, Yannick Jadot refuse également de se ranger derrière l'Insoumis.

A Strasbourg, capitale européenne gérée depuis deux ans par la Verte Jeanne Barseghian, il est arrivé quatrième au soir du 1er tour, plafonnant à 6,41% des voix (4,63% au niveau national), quand M. Mélenchon en a rassemblé 35%.

"Le verdissement tardif de Mélenchon", en fin de campagne, "a dû agir pour fusionner les deux sensibilités, sociales et écologiques", présentes de longue date à Strasbourg, analyse le politologue strasbourgeois Richard Kleinschmager.

Le patron de LFI a également cartonné dans d'autres villes écologistes, comme à Bordeaux, Lyon ou Grenoble, ville où il a aussi fini en tête.

«Erreur politique»

Militant EELV dans la métropole alsacienne, Bruno Dalpra relativise le score décevant du candidat vert: "Dans une région (l'Alsace) globalement tournée à droite, Strasbourg est restée à gauche".

Cet habitué des luttes sociales et écologiques, qui se décrit comme "un rouge chez les verts", dit nourrir "un grand espoir" que son parti fasse alliance avec LFI.

A ses yeux, "ça serait une erreur politique de ne pas arriver à trouver une entente et un accord pour les législatives", estime ce quadragénaire qui plaide pour "une alliance la plus large possible" afin d'avoir "un maximum de députés et la majorité à l'Assemblée".

Lors de la primaire écolo qui avait désigné Yannick Jadot, il avait préféré soutenir le maire de Grenoble Eric Piolle, chantre d'un "arc humaniste" rassemblant les forces de gauche et qui a prôné l'union derrière Jean-Luc Mélenchon aux législatives.

Mais attention: l'union oui, mais pas à n'importe quel prix. "Chacun doit trouver sa place", insiste M. Dalpra. Premier parti de gauche, "la France Insoumise a une grande responsabilité", celle "de faire de la place sans humilier" ses partenaires.

«Losers qui font 3%»

Electeur de Jadot, Olivier Laurent, fonctionnaire de 49 ans, voit en revanche d'un oeil sceptique une possible union avec une formation dont il doute de la capacité de "compromis".

Pour lui, les questions européennes et internationales constituent les "principaux clivages" entre les deux formations. 

"Je ne sais pas si LFI pourra par exemple faire des compromis" sur les questions liées à l'Europe, s'interroge le Strasbourgeois, qui estime que "l'effet vote utile" en faveur de Mélenchon "ne permet pas", tout comme "le vote Macron au second tour", de "mesurer le niveau d'adhésion (...) au programme et surtout à la personne" du leader Insoumis.

Selon lui, une alliance avec les Insoumis risquerait de faire fuir "une partie de l'électorat" EELV, "moins attiré par le dogmatisme", "la virulence" ou la "logique de parti antisystème" de LFI. 

Votera-t-il aux législatives pour cette union de la gauche si elle se concrétisait? "Avec un programme de gouvernement bien défini et clair, pourquoi pas? Mais avec des garanties sur les libertés fondamentales et les acquits européens", prévient le quadragénaire.

S'allier à LFI, "c'est l'espoir de quelque chose qui peut se faire à gauche", s'enthousiasme Luna Bossuet, 22 ans, militante aux Jeunes écologistes.

Pour elle, les bons scores de Mélenchon n'ont rien d'étonnant, beaucoup d'électeurs ayant opté "en dernière minute" pour l'Insoumis. Même "certains militants +jeunes écolos+", dont la plupart sont plutôt favorables à l'alliance avec LFI, glisse la jeune femme.

Jadot "n'a pas réussi à rassembler", analyse l’étudiante en Master 2 de philosophie qui, sans complètement apprécier la "personnalité" du leader Insoumis, dit ne pas comprendre "pourquoi on bloquerait une union qui ferait peut-être avancer les choses".

"A un moment donné, il faut accepter un changement", tance Luna, lassée des querelles d'appareils, d'états-majors et "d'égos". "On en a marre de voter pour des +losers+ qui font 3%, c'est déprimant..."


Le président Macron souhaite bonne fête au roquefort centenaire

Emmanuel Macron en personne s’est déplacé dans l’Aveyron, pour honorer ce monument national.  (AFP)
Emmanuel Macron en personne s’est déplacé dans l’Aveyron, pour honorer ce monument national.  (AFP)
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  • Ce jeudi 3 juillet, le roquefort surnommé roi des fromages fêtait ses cent ans d’appellation d’origine, en recevant ni plus ni moins que le président de la République
  • Emmanuel Macron en personne s’est déplacé dans l’Aveyron, pour honorer ce monument national

PARIS: Moisi pour ses détracteurs, persillé pour ses défenseurs, le roquefort n’a jamais fait dans la demi-mesure. 

Soit on l’adore pour sa pâte crémeuse et ses veines bleutées, soit on le fuit en pinçant le nez.

Pourtant, ce jeudi 3 juillet, le roquefort surnommé roi des fromages fêtait ses cent ans d’appellation d’origine, en recevant ni plus ni moins que le président de la République.

Emmanuel Macron en personne s’est déplacé dans l’Aveyron, pour honorer ce monument national. 

La petite ville de Roquefort-sur-Soulzon avait mis les petits plats dans les grands, pour accueillir le chef de l’État, drapeaux, sourires, et poignées de mains chaleureuses.

 Macron a passé 45 minutes dans les caves de Roquefort Société, humant avec application les effluves puissantes des pains de fromage.

Après la visite, le président s’est adressé aux représentants de la filière, dans un discours qui répond point par point, à leurs préoccupations.

Sur le savoir-faire agricole, il a déclaré « On fête les 100 ans d’une appellation et il s’agit aussi de défendre un savoir-faire, des qualités, des prix ». 

Sur l’export, il s’est montré très « Premier VRP », Comme l’Italie, a-t-il affirmé, « il faut qu’on soit groupé », annonçant la création d’un « comité présidentiel de l’export » d’ici la fin de l’été. 

Il s’est voulu rassurant sur la guerre commerciale avec Washington, affirmant: « On subit la loi du plus fort… mais on va trouver un accord avant le 9 juillet ». 

Mais derrière la visite présidentielle et les selfies dans les caves, la filière du roquefort ne cache pas ses soucis. 

Premier fromage français à avoir obtenu une appellation d’origine, le 26 juillet 1925, le roquefort fête cette année un siècle de protection légale. 

La vénérable institution souffre, le traditionnel plateau de fromages a disparu ou presque de la fin des repas, et les nouveaux modes d’alimentation plus sains et plus équilibrés, relèguent le roquefort au rang d’ennemi diététique.

Entre 2013 et 2023, les ventes ont plongé de 15 %, et depuis la pandémie du Covid, la consommation recule de 3 à 4 % par an.

Les 2 500 éleveurs et 1 360 fermes qui fournissent le lait de brebis, surtout dans l’Aveyron, peinent à joindre les deux bouts, et ce sont près de 5 000 emplois directs qui sont en jeu.

Jérôme Faramond, président de l’association des producteurs de lait de brebis, le rappelle : « C’est un enjeu économique énorme ».

Autre problème, le rêve paysan a du mal à résister face à la production ultra-concentrée, qui accapare 70 % du marché, alors que seules deux laiteries artisanales et indépendantes, subsistent encore dans la filière.

Alors la filière veut profiter de ce centenaire pour se refaire une image, et dire aux jeunes que « Ce n’est pas parce qu’il a cent ans qu’il est trop vieux ». 

La stratégie arrêtée consiste à montrer que le roquefort n’est pas réservé au plateau ringard du dimanche midi chez les grands parents, et qu’il peut faire partie de plusieurs recettes, des pâtes au fameux burger, adulés par la jeunesse.

Toute l’année, des fiches recettes, des vidéos, des partenariats tenteront donc de séduire une génération plus branchée, selon une stratégie de communication bien ficelée.

Le chef de l’État a promis de rester « aux côtés » des producteurs, par l’investissement dans la recherche et l’innovation.

Pour conserver son titre royal, le roquefort va devoir relever un sacré pari, qui nécessite de se réinventer sans se renier, car même si les ventes s’essoufflent, ce fromage reste un monument national. 

Alors, il ne reste plus qu'à souhaiter bonne fête au roquefort.


Un millier de vols annulés en France au deuxième jour de grève de contrôleurs aériens

Autour de 1.000 vols sont annulés vendredi, au départ de la France ou à l'arrivée, selon la Direction générale de l'aviation civile, contre 933 jeudi. (AFP)
Autour de 1.000 vols sont annulés vendredi, au départ de la France ou à l'arrivée, selon la Direction générale de l'aviation civile, contre 933 jeudi. (AFP)
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  • Lara, 30 ans, devait prendre un vol Paris-Berlin avec son conjoint pour rendre visite à des amis
  • "Le vol était prévu jeudi soir, mais nous avons été informés mercredi qu'il avait été annulé. Nous avions pu prendre un autre billet gratuitement, pour vendredi soir, mais il a été supprimé à son tour"

PARIS: La fin de l'année scolaire en France ce vendredi rime avec galère pour des vacanciers qui comptaient voyager en avion: un millier de vols est encore annulé vendredi, en particulier dans les aéroports parisiens, au deuxième jour d'une grève de contrôleurs aériens.

"Il faut se rendre compte qu'hier et aujourd'hui, 272 personnes dans notre pays vont impacter le bien-être de plus de 500.000 personnes. C'est inacceptable", a déclaré vendredi matin sur CNews le ministre des Transports Philippe Tabarot.

Des centaines de milliers de personnes ont déjà été affectées jeudi en France et en Europe par ce mouvement social, déclenché par deux syndicats minoritaires qui réclament une amélioration de leurs conditions de travail et des effectifs plus importants.

Lara, 30 ans, devait prendre un vol Paris-Berlin avec son conjoint pour rendre visite à des amis. "Le vol était prévu jeudi soir, mais nous avons été informés mercredi qu'il avait été annulé. Nous avions pu prendre un autre billet gratuitement, pour vendredi soir, mais il a été supprimé à son tour", explique-t-elle à l'AFP.

"Il a fallu prendre en urgence des billets de train. Résultat, un surcoût de 100 euros et plusieurs heures de trajets en plus", témoigne-t-elle.

Autour de 1.000 vols sont annulés vendredi, au départ de la France ou à l'arrivée, selon la Direction générale de l'aviation civile, contre 933 jeudi.

"Une catastrophe", a dénoncé vendredi Laurent Abitbol, président du directoire des agences de voyage Selectour, sur France Inter. "J'ai beaucoup de clients qui sont bloqués dans le monde entier (...) Ce sera beaucoup d'argent perdu pour nos agents", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre François Bayrou a jugé jeudi cette grève "choquante" en accusant les grévistes de "prendre en otage les Français" le jour où "tout le monde part en vacances".

"La grève de trop" 

Les effets du mouvement se font sentir au-delà des frontières nationales, la principale association européenne de compagnies aériennes, Airlines for Europe (A4E) ayant estimé qu'en Europe, 1.500 vols seraient annulés jeudi et vendredi, "affectant presque 300.000 passagers" sur le Vieux continent.

"Cette grève est intolérable. Le contrôle aérien français est déjà responsable des retards parmi les pires en Europe, et maintenant, les agissements d'une minorité d'aiguilleurs du ciel français vont perturber les projets de vacances de milliers de personnes en France et en Europe", a affirmé la directrice générale d'A4E, Ourania Georgoutsakou.

Selon la DGAC, le taux de grévistes s'est établi à 26,2% jeudi, 272 contrôleurs ayant pris part au mouvement sur le millier de personnels de service.

Le deuxième syndicat d'aiguilleurs du ciel, l'Unsa-Icna (17% des voix aux dernières élections professionnelles) a lancé ce mouvement pour réclamer de meilleures conditions de travail et des effectifs plus importants. Il a été rejoint par la troisième force syndicale de la profession, l'Usac-CGT (16%).

Jeudi, des vols maintenus ont accusé d'importants retards, en particulier à Nice et Marseille. A4E a chiffré à "quasiment 500.000 minutes" cumulées jeudi les retards en Europe, sur près de 33.000 trajets commerciaux, de nombreux avions empruntant l'espace aérien français sans forcément atterrir dans le pays.

La première compagnie aérienne européenne, Ryanair, a annoncé jeudi avoir dû annuler 400 vols, affectant 70.000 passagers. Son patron Michael O'Leary, familier des coups d'éclat, a dénoncé une situation provoquée "par un faible nombre de contrôleurs aériens français participant à des grèves récréatives" et exhorté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à réformer le contrôle aérien en Europe, où à défaut, à démissionner.

La compagnie Air France a confirmé avoir été "contrainte d'adapter son programme de vols", sans préciser le nombre d'annulations, mais souligné que tous les long-courriers étaient "maintenus" jeudi et vendredi.

"La grève de trop" dans un contexte "problématique de performance globale médiocre de la navigation aérienne française pénalisant particulièrement les compagnies basées en France", a dénoncé vendredi la Fédération nationale de l'aviation civile.

"Management toxique" 

Une réforme contestée est en cours pour établir un pointage des contrôleurs à la prise de poste, à la suite d'un "incident grave" à l'aéroport de Bordeaux fin 2022, quand deux avions avaient failli entrer en collision. Une enquête en avait fait peser la responsabilité sur une organisation défaillante du travail des aiguilleurs, en dehors du cadre légal et sans respect du tableau de service.

Parmi les griefs de l'Unsa-Icna: "un sous-effectif entretenu et responsable des retards une bonne partie de l'été", des outils obsolètes et "un management toxique, incompatible avec les impératifs de sérénité et de sécurité exigés".

Le premier syndicat d'aiguilleurs du ciel, le SNCTA (60% des voix), n'a pas appelé à la grève.


Macron retrouve l'arme de la dissolution, mais il ne semble pas prêt à la dégaîner

"Mon souhait c'est qu'il n'y ait pas d'autre dissolution", a-t-il nuancé début juin. "Mais mon habitude n'est pas de me priver d'un pouvoir constitutionnel", a-t-il prévenu. (AFP)
"Mon souhait c'est qu'il n'y ait pas d'autre dissolution", a-t-il nuancé début juin. "Mais mon habitude n'est pas de me priver d'un pouvoir constitutionnel", a-t-il prévenu. (AFP)
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  • L'article 12 de la Constitution prévoit qu'il "ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans l'année qui suit" des élections anticipées
  • Le président de la République, qui exhorte en vain depuis douze mois les députés à "travailler ensemble", n'a donc pu brandir cette menace pour les y inciter

PARIS: Emmanuel Macron retrouve la semaine prochaine le pouvoir de dissoudre l'Assemblée nationale. Mais après l'échec de la précédente dissolution, qui a plombé sa fin de règne, il assure vouloir éviter d'y recourir sauf en cas de blocage du pays.

"S'il devait dissoudre à nouveau, ce serait d'abord perçu comme un énorme aveu d'échec total de ce second mandat", dit à l'AFP le politologue Bruno Cautrès.

Le 9 juin 2024, au soir d'élections européennes largement remportées par l'extrême droite, le chef de l'Etat annonçait la convocation de législatives anticipées, à la surprise générale. Un mois plus tard, le résultat du scrutin était sans appel: un Parlement éclaté, sans aucune majorité, qui inaugurait l'une des plus graves crises politiques de la Ve République et condamnait le pays à un mélange d'instabilité et d'immobilisme.

L'article 12 de la Constitution prévoit qu'il "ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans l'année qui suit" des élections anticipées. Le président de la République, qui exhorte en vain depuis douze mois les députés à "travailler ensemble", n'a donc pu brandir cette menace pour les y inciter.

Mais lorsque l'intention de dissoudre à nouveau à l'automne prochain lui a été prêtée fin avril, Emmanuel Macron a démenti formellement avoir même "envisagé une telle chose".

"Mon souhait c'est qu'il n'y ait pas d'autre dissolution", a-t-il nuancé début juin. "Mais mon habitude n'est pas de me priver d'un pouvoir constitutionnel", a-t-il prévenu, n'excluant pas de dissoudre "si des formations politiques décidaient d'avoir une approche totalement irresponsable et bloquer le pays".

"Roulette russe" 

Le souvenir de l'an dernier est cuisant.

A l'époque, le président misait sur les divisions de la gauche et l'impréparation des adversaires pour "prendre tout le monde de court" et "gagner", comme l'avait expliqué son entourage.

Plusieurs de ses interlocuteurs ont aussi rapporté qu'il était prêt à prendre le risque d'une victoire du Rassemblement national et d'une cohabitation avec Jordan Bardella à Matignon, vue comme un possible antidote à l'accession de Marine Le Pen à l'Elysée en 2027.

Or aucun de ces scénarios ne s'est réalisé, et la "clarification" prédite par Emmanuel Macron a laissé la place à une Assemblée coupée en trois blocs, plus ou moins friables, et un pays quasi-ingouvernable.

Dissoudre à nouveau pourrait donc permettre de sortir de l'impasse, d'autant que le gouvernement de François Bayrou est menacé d'une censure à l'automne sur le budget comme celle qui a fait tomber Michel Barnier un an plus tôt.

"Le problème, c'est que si on fait une dissolution et qu'on en arrive à la même situation de non-majorité, là, ça va devenir très, très compliqué", soupire une ministre.

Or rien n'indique, dans les sondages, que l'issue du scrutin serait sensiblement différente. Et "si ça redonnait les mêmes résultats", "je ne vois pas comment le chef de l'Etat échapperait à la très forte pression pour qu'il démissionne", explique Bruno Cautrès.

"Il a goûté une fois à la roulette russe. Il a compris", estime le politologue.

Un opposant de gauche résume ainsi l'équation présidentielle: "Rater une dissolution c'est déjà beaucoup. En rater deux… faut partir monsieur".

Emmanuel Macron a d'ailleurs esquissé, par petites touches, un mea culpa, reconnaissant que sa décision n'avait pas été "comprise" par les Français et n'avait pas "permis de clarifier les choses".

Parmi ses alliés, même ceux qui déplorent l'immobilisme actuel, peu lui conseilleraient de récidiver.

"Il vaut mieux un an et demi où il ne se passe pas grand-chose qu'un truc qui explose. Je pense que personne n'a intérêt à l'aventure", souffle un proche d'Edouard Philippe (Horizons), candidat déclaré à la prochaine présidentielle.

Dans l'opposition, à gauche comme à l'extrême droite, les partis assurent se préparer à un éventuel retour aux urnes prématuré, qu'ils appellent plus ou moins ouvertement de leurs voeux.

Le RN, en tête des intentions de vote avec environ 33% au premier tour en cas de législatives anticipées selon un récent sondage Elabe, réclame cette nouvelle dissolution. C'est "l'intérêt des Français", a encore dit Marine Le Pen jeudi, même si elle a ajouté douter que le président "fasse ce choix", "compte tenu du très faible bénéfice" qu'il "pourrait en tirer".

Mais pour Bruno Cautrès, quels que soient les affichages, "tout le monde a plutôt intérêt à jouer 2027".