De mystérieuses piqûres en boîte de nuit sèment l'inquiétude en France

David Guetta se produit lors de l'inauguration de la nouvelle discothèque Queen près des Champs-Elysées à Paris le 3 septembre 2015 (Photo, AFP).
David Guetta se produit lors de l'inauguration de la nouvelle discothèque Queen près des Champs-Elysées à Paris le 3 septembre 2015 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 29 avril 2022

De mystérieuses piqûres en boîte de nuit sèment l'inquiétude en France

  • Des dizaines de jeunes racontent avoir été piqués en boîte de nuit ou dans des festivals, créant un climat de psychose
  • A Nantes, 45 faits ont été portés à la connaissance des forces de l'ordre depuis la mi-février

PARIS: Des "nausées", des "vertiges" ou une vive douleur: des dizaines de jeunes racontent avoir été piqués en boîte de nuit ou dans des festivals, créant un climat de "psychose", même si les autorités ont encore du mal à déterminer les contours et l'ampleur du phénomène.

Depuis le début avril, une soixantaine de faits ont été enregistrés en France dans des établissements de nuit situés en zone police, selon une source policière.

De son côté, la gendarmerie n'a pas souhaité communiquer de chiffres nationaux, expliquant qu'à son niveau le phénomène n'était pas encore suffisamment étayé.

Plusieurs régions sont concernées. On dénombre quinze enquêtes à Rennes, d'autres dans l'Hérault, l'Isère, en Haute-Garonne, en Dordogne ou Loire-Atlantique. 

En rentrant d’une soirée dans un bar dansant de l’Ile de Nantes, mi-avril, Eloïse Cornut, 21 ans, a ressenti "sueurs froides, nausées, frissons et vertiges".

La jeune esthéticienne en alternance se sent mieux le lendemain mais le mercredi suivant, une de ses collègues lui fait remarquer une trace de piqûre à l’arrière de son bras. "Un point rouge entouré d’un bleu d’un centimètre de diamètre", décrit-elle pour l'AFP.

Eloïse, qui ne consomme ni alcool ni drogue, explique ne sortir que "de temps en temps le week-end, jamais en semaine", et relie "aussitôt" cette piqûre à sa soirée du samedi. "Mes collègues m’ont tout de suite dit d’aller à l'hôpital. On m’a fait une prise de sang et conseillé d'aller porter plainte". Ce qu'elle a fait le lendemain.

"Je dois attendre encore cinq semaines avant de faire un dépistage VIH. Et ça me stresse beaucoup", confie-t-elle.

A Nantes, 45 faits ont été portés à la connaissance des forces de l'ordre depuis la mi-février, selon le parquet. "Aucun dépistage n'a mis en évidence la présence de GHB ou autres substances toxiques", a indiqué le procureur Renaud Gaudeul à l'AFP, précisant qu'aucun suspect n'avait été interpellé.

Il est parfois difficile de prouver la présence d'une substance: le GHB est indécelable dans le sang quelques heures seulement après son absorption.

Ailleurs en France, des "choses diffèrent" dans le "mode opératoire" de ces agressions, précise une source policière, expliquant que certaines pouvaient par exemple s'accompagner d'agressions sexuelles alors que d'autres non.

Les enquêteurs sont également en attente du résultat des analyses toxicologiques pour voir si la substance administrée est la même.

Seringues? Têtes d'épingle?

A Roanne (Loire), une jeune femme de 18 ans souhaitant garder l'anonymat fêtait le 22 avril l'anniversaire d'une amie dans une discothèque. Quand elle accompagne une amie aux toilettes, un homme lui touche une fesse.

"En rentrant chez moi je me suis regardée dans le miroir et j’ai vu un gros hématome avec une piqûre avec un point rouge au centre sur la fesse droite", dit-elle à l'AFP. "Des amis m’ont dit qu’ils avaient remarqué un homme qui me regardait bien, comme s’il attendait quelque chose de moi".

Le parquet de Roanne a ouvert lundi une enquête pour "violence avec préméditation et administration d’une substance nuisible avec préméditation". Il a annoncé jeudi en avoir ouvert une deuxième après une plainte déposée mercredi par une homme d'une vingtaine d'année qui a indiqué avoir été piqué à une épaule dans le même établissement au cours du week-end.

Les médecins du centre hospitalier de Roanne ont administré à la jeune femme des traitements préventifs anti-VIH et anti-hépatique, précise le parquet.

La saison des festivals s'est ouverte le week-end dernier au Printemps de Bourges. Après des signalements de piqûres sur neuf festivaliers lors de concerts, le parquet a là aussi ouvert une enquête pour "administration de substances nuisibles".

L'origine des piqûres est inconnue, selon la préfecture.

"On ne sait pas s'il s'agit de seringues ou seulement de têtes d'épingle par exemple", a précisé Agnès Bonjean, directrice de cabinet du préfet du Cher.

"C'était très douloureux", selon Noémie, 23 ans, touchée "à la cuisse, jusqu'au nerf sciatique", mi-avril après une soirée en boîte à Béziers (Hérault).

La jeune femme, qui préfère ne pas donner son nom pour des raisons professionnelles, affirme avoir été emmenée aux urgences par des amies après avoir eu un malaise, "les yeux révulsés".

Se faire dépister

Au total, 15 plaintes ont été déposées à Béziers, dont 14 pour la soirée du 17 au 18 avril 2022, a indiqué jeudi à l'AFP le procureur Raphaël Balland.

Sollicité par l'AFP, le parquet de Paris a indiqué qu'après des plaintes, six enquêtes avaient été ouvertes depuis la semaine dernière dans la capitale du chef d'administration de substance nuisible.

Le phénomène n'est pas nouveau en Europe: au Royaume-Uni, une vague de témoignages d'étudiantes droguées à leur insu par des injections en boîtes avait déferlé cet automne.

Fred Bladou, chargé de mission pour l'association Aides, qui lutte contre le VIH, considère qu'il y a une sorte d'"emballement" autour de ces cas mais rappelle qu'en cas d'injection "il faut aller tout de suite se faire dépister aux urgences hospitalières".

Le président de la branche nuit du principal syndicat de l'hôtellerie restauration (Umih), Thierry Fontaine, dénonce un "jeu malsain et pervers" de mystérieux agresseurs qui créent une "psychose" chez les jeunes. Il craint un impact sur les établissements qui ont déjà souffert de la pandémie. 

"J'ai parlé mardi avec le patron d’une boîte dans le Sud-Ouest de la France. Ils avaient eu deux cas de piqûres. Il a fait le branle-bas de combat, changé sa vidéo qui était vieillissante. Malgré cela le week-end dernier il a eu une baisse de fréquentation de 50%", déplore M. Fontaine. 


Le budget de la Sécurité sociale et son débat sur les retraites suspendus au vote sur les "recettes"

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (en bas) s'exprime lors d'un débat parlementaire sur le budget 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 octobre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (en bas) s'exprime lors d'un débat parlementaire sur le budget 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 octobre 2025. (AFP)
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  • Les députés doivent voter sur la partie « recettes » du budget de la Sécurité sociale, dont le rejet bloquerait l’examen de la suspension de la réforme des retraites prévue dans la partie « dépenses »
  • Malgré les divisions, le gouvernement appelle à la responsabilité pour éviter un blocage, tandis que les oppositions cherchent à peser sur le déficit et la répartition des recettes

PARIS: Le budget de la Sécurité sociale va-t-il poursuivre son chemin à l'Assemblée? Les députés doivent se prononcer, potentiellement samedi, sur sa partie "recettes" largement remaniée, et dont le rejet interromprait les débats avant même l'article-phare suspendant la réforme des retraites.

Signe de l'importance du moment, le ministère des Relations avec le Parlement a appelé les députés à adopter cette partie du texte pour que le débat "se poursuive" sur les dépenses, avant un vote sur l'ensemble du texte prévu mercredi, plutôt que d'envoyer dès ce week-end tout le projet de loi initial au Sénat. Laconique, et s'exprimant depuis le Mexique, Emmanuel Macron a tout de même répété ses vœux de "stabilité" pour le pays, en misant sur "la responsabilité de chacun" dans l'examen de ce budget.

La partie "dépenses" contient des "sujets de santé, de prévention, d'hôpital" et "la suspension de la réforme des retraites", rappelle le ministère.

Un message nécessairement adressé aux oppositions, mais qui peut aussi se lire comme un appel à la mobilisation de son propre camp, échaudé par certaines concessions à la gauche.

"On est loyal à un gouvernement qui fait n'importe quoi", s'est emporté anonymement cette semaine un député Renaissance.

L'opportunité d'aborder tous les sujets pèse à gauche: "on ne votera pas contre la partie recettes, ne serait-ce que parce qu'on veut qu'il y ait le débat sur la réforme des retraites", a expliqué à l'AFP Stéphane Peu, patron du groupe communiste, qui devrait s'abstenir.

Renaud Labaye, secrétaire général du groupe RN, pense que tous les groupes ont "intérêt à ce qu'on aborde les dépenses" car "ce n'est pas bon de laisser entendre aux Français que quand on parle de budget on ne parle que de fiscalité". Mais la décision sera actée par la patronne Marine Le Pen.

Le gouvernement espérera nécessairement une abstention des socialistes plutôt qu'un vote contre, alors que le PS, qui a obtenu sous la menace d'une censure l'annonce d'une suspension de la réforme des retraites, a un intérêt objectif à ce que les débats aillent jusqu'à cet article crucial.

- Quel déficit? -

Les oppositions, mais aussi une partie du camp gouvernemental, peuvent aussi se targuer d'avoir largement réécrit la partie recettes: exit la surtaxe sur les mutuelles, la cotisation patronale sur les tickets-restaurants ou la fin d'une exonération sur les salaires des apprentis.

Et la gauche a aussi fait adopter des amendements PS, LFI et communiste pour une hausse de CSG sur les revenus du patrimoine, et dégager 2,8 milliards de recettes en 2026. Le tout avec un avis favorable, quoique très froid, du gouvernement, qui n'a pas approuvé le dispositif mais veut qu'il reste sur la table pour la suite de la navette parlementaire.

"C'est la seule chose, pour l'instant, qu'ils ont cédée. Si les choses ne changent pas (...) ce sera un vote contre", estimait vendredi après-midi Hendrik Davi, du groupe écologiste, qui décidera samedi de sa position.

"J'aurais bien aimé qu'il y ait un petit peu plus de recettes", pointait aussi Jérôme Guedj (PS) vendredi, déçu du manque de soutien à certaines réductions d'exonérations patronales. "Il faut qu'on voit à la fin ce qu'il y a."

Plus d'impôts, moins de dépenses... Tous les groupes s'inquiètent à leur manière de la façon dont sera réduit le déficit de la Sécu. La copie du gouvernement prévoyait 17,5 milliards d'euros de déficit en 2026 (contre 23 milliards en 2025).

Mais le feu nourri des parlementaires contre plusieurs mesures-phares, comme le gel des retraites et des minima sociaux auquel le gouvernement entend renoncer, éloigne l'objectif.

"Il faudra nous assurer que, de manière absolue, le déficit de la sécurité sociale ne soit pas supérieur à 20 milliards d'euros", a insisté mercredi la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.

Une alerte perçue comme une marge de manœuvre par certains à gauche, qui considèrent que le gouvernement de Sébastien Lecornu est effectivement prêt à renoncer à certaines mesures d'économies.


La présidente du Louvre déterminée à mener à bien la modernisation du musée

 La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
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  • "J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui"
  • Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente

PARIS: La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes.

"J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui".

Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente, qui en avait déjà fait état lors de son audition devant la commission de la Culture du Sénat fin octobre.

"Je veux remercier la confiance qui m'est accordée" pour "porter la transformation du Louvre, qui a plus que jamais besoin de transformation, de modernisation, pour devenir pleinement un musée du XXIe siècle. Ce qu'il n'est pas aujourd'hui", a ajouté la présidente, dont la démission avait été refusée après le vol.

Laurence des Cars, en poste depuis septembre 2021, a convoqué un conseil d'administration d'urgence vendredi pour revoir la gouvernance du musée le plus visité du monde.

Le 19 octobre, des malfaiteurs avaient réussi à s'introduire au Louvre et à dérober des joyaux d'une valeur de 88 millions d'euros, qui restent introuvables. Quatre suspects ont été mis en examen et écroués.

La Cour des comptes a étrillé jeudi le grand musée parisien dans un rapport en estimant qu'il avait "privilégié des opérations visibles et attractives" au détriment de la sécurité.

Entre 2018 et 2024, le Louvre a consacré 26,7 millions d'euros à des travaux d'entretien et de mise aux normes et 105,4 millions d'euros "pour l'acquisition d'œuvres", selon le rapport.

Mais, pour Laurence des Cars, "le Louvre est un tout" dans "lequel il ne faut pas opposer les travaux aux acquisitions des oeuvres, l'accueil de tous les publics". "Nous avons assuré l'ensemble de nos missions".

 


Un jeune homme tué par arme blanche dans une rixe à Clermont-Ferrand

Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
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  • A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat
  • La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière

CLERMONT-FERRAND: Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP.

Une rixe est survenue entre deux groupes de personnes dans le centre de la ville en fin de soirée pour un motif encore inconnu, a expliqué Eric Serfass.

A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat.

La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière.

Il n'y a pas eu d'autres blessés et aucune interpellation n'a encore eu lieu, selon le procureur.

Une enquête pour homicide volontaire est ouverte.