Twitter: Le doute s'invite à Wall Street sur le rachat par Musk

Un écran de téléphone affiche le logo Twitter sur un fond de page Twitter, à Washington, le 26 avril 2022 (Photo, AFP).
Un écran de téléphone affiche le logo Twitter sur un fond de page Twitter, à Washington, le 26 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 29 avril 2022

Twitter: Le doute s'invite à Wall Street sur le rachat par Musk

  • Lundi, Twitter a accepté une offre de rachat par Elon Musk de 44 milliards de dollars, soit 54,20 dollars par action
  • Musk a indiqué avoir sécurisé 46,5 milliards de dollars: 21 milliards issus de sa fortune personnelle et deux prêts bancaires

NEW YORK: Elon Musk pourrait-il au final ne pas racheter Twitter? Des doutes semblent émerger à Wall Street alors que l'action de Tesla et celle du réseau social cédaient du terrain jeudi, et que le fantasque homme d'affaires multipliait les provocations contre la plateforme et ses cadres.

"Tout ce qu'on a vu depuis un mois est arrivé tellement vite, et de façon tellement inattendue, que les gens se préparent à la possibilité que la transaction n'ait pas lieu", a commenté Scott Kessler, analyste chez Third Bridge, pour l'AFP.

Lundi, Twitter a accepté une offre de rachat par Elon Musk de 44 milliards de dollars, soit 54,20 dollars par action. Le titre s'est approché de ce montant lundi après-midi, mais a baissé depuis. Il restait sous les 50 dollars jeudi à 19H00 GMT.

"Les frais en cas de rupture de l'accord ne sont que d'un milliard de dollars", a souligné Scott Galloway, un professeur de marketing de la New York University. "Elon Musk n'a pas acheté Twitter, mais une option de rachat à 44 milliards (...). Je ne pense pas qu'il va activer cette option".

L'homme le plus riche au monde a indiqué avoir sécurisé 46,5 milliards de dollars: 21 milliards issus de sa fortune personnelle et deux prêts bancaires de Morgan Stanley.

Mais "il a y encore beaucoup d'incertitudes autour de l'opération", a ajouté Scott Kessler, évoquant à demi-mot les dernières frasques du multimilliardaire.

Inquiétudes pour Tesla

Depuis lundi, il a publié de nombreux messages à l'attention de ses quelques 88 millions d'abonnés: des grandes déclarations sur la défense de la liberté d'expression -son objectif affiché-, des idées pour améliorer la plateforme, des plaisanteries ("Je vais ensuite racheter Coca-Cola et remettre la cocaïne dedans"), mais aussi des critiques et moqueries ciblant des hauts responsables actuels de Twitter.

Il a notamment appuyé un tweet désobligeant à l'égard de Vijaya Gadde, la juriste considérée comme l'autorité morale du réseau social, et ensuite publié un meme (image parodique) pour se moquer de la politique de modération des contenus et de la responsable.

Or, l'accord de rachat signé par Elon Musk l'autorise expressément à tweeter sur l'opération, mais avec cette restriction: "à condition que les tweets en questions ne dénigrent pas l'entreprise ou ses représentants".

Autre sujet d'inquiétude pour le marché: l'action de Tesla, le fleuron de l'ambitieux patron, a perdu plus de 13% depuis vendredi.

Cette chute est causée notamment par la possibilité qu'Elon Musk ne vende des parts pour financer son nouveau projet. 

"Une partie importante des actions Tesla de Musk vont être réservées/utilisées comme garantie pour la transaction", a expliqué l'analyste Dan Ives de Wedbush, dans une note, "ce qui n'est pas idéal pour les investisseurs de Tesla".

Ils s'inquiètent aussi que le patron de SpaceX, Neuralink et d'autres sociétés, "distrait" par sa nouvelle aventure, ne s'occupe moins du groupe automobile, a noté l'expert.

Endettement et rentabilité

En finançant une part importante de l'acquisition par des prêts bancaires, Elon Musk va en outre accroître le niveau d'endettement de Twitter, société qui ne brille pas par sa rentabilité.

Jeudi, elle a publié un chiffre d'affaires de 1,20 milliard de dollars, un peu en-dessous des attentes pour le premier trimestre. Son bénéfice net est ressorti à 513 millions de dollars.

Le réseau des gazouillis a en revanche vu son nombre d'utilisateurs actifs grimper à 229 millions (6,5% de plus qu'en fin d'année), mieux que les 226 millions anticipés.

Il pourrait s'agir de l'une des dernières publications de résultats pour le groupe, car Elon Musk compte retirer la plateforme de la Bourse new-yorkaise s'il parvient à ses fins.

L'entreprise californienne a fait savoir dans son communiqué qu'elle anticipait une finalisation de la transaction d'ici fin 2022, si elle satisfait les conditions réglementaires et est approuvée par les actionnaires.

"Nous estimons que les résultats ainsi que les difficultés actuelles rencontrées par l'industrie publicitaire confortent la décision du conseil d'administration d'accepter l'offre de M. Musk, car nous voyons peu de raisons de penser que Twitter pourrait générer plus de valeur pour ses actionnaires en restant en Bourse", a commenté Angelo Zino, de CFRA.

Mais Elon Musk a aussi affirmé qu'en rachetant la "place publique", il ne cherchait "pas à faire de l'argent".


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.