Ukraine: Moscou assume la frappe sur Kiev en pleine visite d'António Guterres

La bataille fait rage pour les provinces de Lougansk et de Donetsk dans le Donbass (Photo, Reuteurs).
La bataille fait rage pour les provinces de Lougansk et de Donetsk dans le Donbass (Photo, Reuteurs).
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Publié le Samedi 30 avril 2022

Ukraine: Moscou assume la frappe sur Kiev en pleine visite d'António Guterres

  • Sur le terrain, Volodymyr Zelensky a reconnu que la situation dans la région de Kharkiv était difficile
  • La Russie a confirmé avoir frappé la veille la capitale, affirmant avoir visé des objectifs militaires et stratégiques

KIEV: La Russie a confirmé vendredi avoir bombardé Kiev la veille en pleine visite du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, une frappe qui a causé la mort d'une journaliste ukrainienne de radio Liberty, un média emblématique financé par les Etats-Unis.

Au même moment à Marioupol, la grande ville portuaire martyre du sud-est tombée pour l'essentiel aux mains des Russes mais où était envisagée vendredi l'évacuation de civils piégés avec des militaires ukrainiens dans l'aciérie Azovstal, une équipe de l'AFP a entendu des bombardements nourris sur le complexe sidérurgique, qui ne semblaient pas à ce stade permettre une telle opération.

La Russie a confirmé avoir frappé la veille la capitale, affirmant avoir visé des objectifs militaires et stratégiques alors même que le secrétaire général de l'ONU s'y trouvait.

"Les forces russes ont détruit, avec des armes de haute précision de longue portée, les ateliers de l'entreprise spatiale Artiom" dans la capitale ukrainienne, a notamment déclaré le ministère russe de la Défense.

Ce bombardement a fait dix blessés et au moins un mort : Vira Ghyrytch, journaliste ukrainienne de Radio Liberty, un média financé depuis l'époque de la Guerre froide par le Congrès américain en Europe de l'Est. Le corps de la journaliste a été retrouvé dans les décombres de son immeuble. 

"Si c'est ça une attaque de haute précision, c'est vraiment cynique. C'est inhumain", disait vendredi sur place Mykhaïlo Vovtchynsky, un habitant de 22 ans.

L'attaque s'est produite au moment où le chef des Nations unies, qui effectuait mercredi et jeudi son premier déplacement en Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février, se trouvait à Kiev.

L'Allemagne et la France ont vivement condamné, Berlin soulignant que ces frappes montraient une fois de plus "que (Vladimir) Poutine et son régime n'ont aucun respect pour le droit international".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a cependant regretté dans une adresse vidéo vendredi soir, "qu'une humiliation aussi brutale et délibérée des Nations Unies soit restée sans réponse".

Alors que le président russe a été invité comme son homologue ukrainien au sommet du G20 prévu en novembre en Indonésie, les Etats-Unis ont cependant dit refuser de traiter avec Vladimir Poutine "comme si de rien n'était".

Le Pentagone a même accusé vendredi le président russe de "dépravation" et de "cruauté" pour la façon dont les forces russes se comportent en Ukraine. "Il est difficile de regarder certaines images et d'imaginer qu'un dirigeant sérieux puisse faire ça", a déclaré le porte-parole John Kirby.

«Difficile» à Kharkiv

Sur le terrain, Volodymyr Zelensky a reconnu que la situation dans la région de Kharkiv, la grande ville du nord-est dans la zone où les forces russes ont recentré leur offensive, était "difficile".

"Mais nos militaires obtiennent des succès tactiques", a-t-il dit.

C'est notamment le cas à Rouska Lozova, un village repris par les Ukrainiens au nord de Kharkiv, d'où les forces russes pilonnaient selon eux la ville. Le village a été libéré après d'intenses combats. 

"Nous avons eu deux nuits qui ont été effrayantes, comme l'enfer... L'avant-dernière nuit, nous pensions que le ciel brûlait, que tout le village brûlait", a raconté Svitlana Perepilitsa, 23 ans.

Plus au sud et à l'est, dans la région du Donbass que le Kremlin s'est fixé pour objectif de reprendre entièrement, "les occupants font tout pour détruire toute vie", a affirmé Volodymyr Zelensky, estimant que "les bombardements constants sur les infrastructures et les zones habitées montrent que la Russie veut rendre cette zone inhabitée".

L'offensive russe dans le Donbass "a pris du retard", a affirmé vendredi un haut responsable du Pentagone, "ils sont loin d'avoir fait la jonction" des troupes entrées par la région de Kharkhiv (est), au nord du Donbass, et celles venues du sud du pays, un des objectifs de l'armée russe pour prendre en tenaille les forces ukrainiennes déployées sur la ligne de front autour des zones séparatistes de Donetsk et Lougansk.

Mais "nous pensons qu'ils continuent de créer les conditions d'une offensive soutenue, plus vaste et plus longue", a ajouté le haut responsable du ministère américain de la Défense.

Quand j'ai vu nos soldats, j'ai pleuré les Ukrainiens reprennent un village près de Kharkiv

"Nous avons tout laissé là-bas. Nous avons juste pris des animaux et tout ce que nous pouvions mettre dans la voiture. (C'était) deux mois de peur terrible, rien d'autre, une peur terrible", lâche Natalia, 28 ans, sans vouloir donner son nom.

Ils sont arrivés à Kharkiv dans une cinquantaine de voitures, épuisés, comme sortis d'un cauchemar, après deux mois d'occupation du village par les soldats de Moscou, et les deux derniers jours des bombardements et des combats dans la localité.

"Nous sommes restés dans les sous-sols sans nourriture pendant deux mois, nous mangions ce que nous avions", explique Sviatoslav, 40 ans, les yeux rougis de fatigue. Lui non plus ne veut pas donner son nom.

A leur arrivée à Kharkiv, ils ont été regroupés sur un parking en périphérie de la ville.

Des enquêteurs britanniques

Jeudi, la coordinatrice des Nations unies en Ukraine, Osnat Lubrani, avait dit partir dans le sud préparer une tentative d'évacuation à Marioupol, M. Guterres assurant que l'ONU faisait "tout son possible" pour en extraire les civils pris dans "l'apocalypse".

Le secrétaire général de l'ONU est allé jeudi à Boutcha et dans d'autres lieux proches de Kiev théâtres d'exactions imputées par l'Ukraine aux forces russes et a exhorté Moscou à "coopérer" avec l'enquête de la Cour pénale internationale sur de possibles crimes de guerre.

Parallèlement, les services de la procureure générale d'Ukraine Iryna Venediktova ont révélé que dix soldats russes ont été mis en examen pour des crimes de guerre présumés à Boutcha.

C'est la première mesure de ce type prise depuis que les corps de vingt personnes portant des vêtements civils ont été découverts le 2 avril par l'AFP gisant dans une rue de cette localité, suscitant condamnation et émoi à travers le monde. 

Les Ukrainiens ont accusé les Russes, mais Moscou a démenti toute responsabilité et parlé d'une "mise en scène" de Kiev.

"Plus de 8.000 cas" présumés de crimes de guerre ont au total été identifiés en Ukraine, a affirmé la procureure.

Des enquêteurs vont à cet égard être envoyés par le Royaume-Uni pour aider leurs confrères ukrainiens, a déclaré vendredi la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss.

Paris et Berlin «déterminés» à soutenir la Moldavie face aux risques de déstabilisation

Les chefs de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian et allemande Annalena Baerbock se sont dits déterminés vendredi à soutenir la Moldavie, ex-république soviétique voisine de l'Ukraine, face aux "risques de déstabilisation" auxquels elle est confrontée.

"Les ministres ont échangé sur la réponse européenne face à la guerre en Ukraine et ont évoqué la poursuite et l'approfondissement de l’appui apporté à ce pays", a déclaré la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

"Les deux ministres ont également évoqué la situation en Moldavie et leur détermination conjointe à l’appuyer face aux risques de sa déstabilisation", a ajouté Anne-Claire Legendre.

La région séparatiste prorusse de Transdniestrie en Moldavie a été secouée cette semaine par une série d'explosions, laissant craindre un débordement dans ce pays du conflit qui ravage l'Ukraine voisine.

La France a déclaré mardi soutenir la Moldavie face "aux risques de déstabilisation" et réitéré son "soutien à l'intégrité territoriale" de ce pays.

Mieux protéger les réfugiés

La Norvège va quant à elle emboîter le pas à l'Union européenne, dont elle n'est pas membre, en fermant à son tour ses ports aux bateaux russes, à l'exception des chalutiers, tandis qu'un premier navire chargé de maïs en provenance d'Ukraine a quitté vendredi le port roumain de Constanta, sur la mer Noire, marquant la reprise des exportations de céréales par ce pays.

Plus de 5,4 millions d'Ukrainiens ont quitté leur pays depuis le début de l'invasion russe, dont 57.000 ces dernières 24 heures, ont noté les Nations unies.

Mais, la Pologne, où 3.033.000 personnes fuyant le conflit en Ukraine sont entrées d'après les garde-frontières, doit renforcer "de façon urgente" les mesures de prévention et de surveillance pour les protéger, en particulier les femmes, victimes de trafics, de violences et de viols, a mis en garde vendredi l'ONG Human Rights Watch.

Par ailleurs, environ 8.000 soldats britanniques participeront cet été à des manœuvres en Europe de l'Est aux côtés de militaires de l'Otan, pour une "démonstration de solidarité et de force". 

Un ancien Marine américain âgé de 22 ans a été tué en Ukraine où il était parti mi-mars combattre les forces russes, ont dit des membres de sa famille, le Pentagone enjoignant vendredi aux Américains de "ne pas se rendre" dans ce pays.

Une organisation à but non lucratif ayant son siège au Royaume-Uni, Presidium Network, a de son côté signalé que deux volontaires humanitaires britanniques avaient été capturés lundi à un point de contrôle par les soldats russes.


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
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  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.