Des dizaines de milliers de personnes dans la rue en France pour un 1er-Mai très politique

Un manifestant donne un coup de pied dans la vitrine d'une entreprise en marge du rassemblement annuel du 1er mai (fête du travail), à Paris le 1er mai 2022. (Photo, AFP)
Un manifestant donne un coup de pied dans la vitrine d'une entreprise en marge du rassemblement annuel du 1er mai (fête du travail), à Paris le 1er mai 2022. (Photo, AFP)
Des policiers, entourés de gaz lacrymogènes, font face à des manifestants lors de la fête annuelle du 1er mai (fête du travail), à Paris, le 1er mai 2022. (Photo, AFP)
Des policiers, entourés de gaz lacrymogènes, font face à des manifestants lors de la fête annuelle du 1er mai (fête du travail), à Paris, le 1er mai 2022. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 01 mai 2022

Des dizaines de milliers de personnes dans la rue en France pour un 1er-Mai très politique

Un manifestant donne un coup de pied dans la vitrine d'une entreprise en marge du rassemblement annuel du 1er mai (fête du travail), à Paris le 1er mai 2022. (Photo, AFP)
Des policiers, entourés de gaz lacrymogènes, font face à des manifestants lors de la fête annuelle du 1er mai (fête du travail), à Paris, le 1er mai 2022. (Photo, AFP)
  • En marge de la manifestation, des accrochages incessants opposaient les forces de l'ordre à des jeunes vêtus de noir, avec jets de projectiles et grenades lacrymogènes
  • Gérald Darmanin a dénoncé dimanche les «violences inacceptables» commises par des «casseurs»

PARIS: Plusieurs dizaines de milliers de personnes défilaient dimanche partout en France à l'occasion du 1er mai, dans un contexte très politique après la présidentielle, dans des cortèges parfois émaillés d'accrochages et de dégradations, en particulier à Paris. 

Dans la capitale, où la CGT revendiquait 50 000 manifestants, la manifestation s'est élancée peu après 14H30 de la place de la République en direction de la place de la Nation, à l'appel de l'intersyndicale CGT-Unsa-FSU-Solidaires, rejointes par les organisations étudiante et lycéennes Unef, VL, MNL et FIDL, avec pour revendications la hausse des salaires, le maintien des services publics et de la protection sociale, et une politique de transition écologique. 

La réforme des retraites est aussi l'un des points de crispation de cette journée « un peu exceptionnelle » cette année car elle intervient une semaine après la réélection d'Emmanuel Macron, a souligné le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, pour qui une nouvelle mobilisation est envisageable dès « avant la rentrée, parce que le niveau de mécontentement sur les retraites ou les salaires est très fort ». 

« Nous sommes opposés résolument (...) à toute forme de recul de l'âge de la retraite », a martelé de son côté le secrétaire général de FO, Yves Veyrier. 

Présent dans le cortège parisien, Olivier Ayadi, 38 ans, analyste financier, confesse « une horreur absolue d'Emmanuel Macron » et de son premier mandat « exécrable, absolument immonde d'un point de vue social, sociétal, économique », selon lui. 

Ce 1er mai revêt aussi une signification particulière pour la gauche, dans le contexte de négociations difficiles pour parvenir à un accord en vue des législatives. Jean-Luc Mélenchon (LFI) a pris la parole sur une estrade au moment où le cortège parisien s'ébranlait, exhortant à un accord « cette nuit ». M. Mélenchon et le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, se sont plus tard serré la main avant d'engager une brève conversation aux cris d'« Union populaire! » dans la foule.  

Darmanin dénonce des «violences inacceptables» de «casseurs»

Gérald Darmanin a dénoncé dimanche les « violences inacceptables » commises par des « casseurs » habillés de noir et venus « perturber les manifestations du 1er mai, notamment à Paris », avec des dizaines d'enseignes vandalisées sur le parcours, bloquant la progression du cortège syndical. 

« Des casseurs viennent perturber les manifestations du 1er mai notamment à Paris, en commettant des violences inacceptables. Je suis cela avec attention », a tweeté le ministre de l'Intérieur, assurant son « plein soutien aux policiers et gendarmes mobilisés ». 

 

lacrymogènes  

En marge de la manifestation, des accrochages incessants opposaient les forces de l'ordre à des jeunes vêtus de noir, avec jets de projectiles et grenades lacrymogènes. Le long du boulevard Voltaire, de nombreuses vitrines de commerces ont été détruites, dont celle d'un restaurant McDonald's et de plusieurs banques. Une voiture a été fracturée, des feux se sont déclarés, dont un alimenté par des planches de bois, ont constaté des journalistes de l'AFP. 

Ailleurs en France des manifestations ont rassemblé 1 900 personnes à Bordeaux , 3 600 à Marseille, 3 500 à Toulouse, 4 000 à Lyon, 1 500 à Strasbourg ou Saint-Etienne, 2 000 à Lille selon les chiffres de la police. Au total, 255 points de rassemblement étaient prévus dans le pays, selon la CGT. 

A Rennes, la manifestation organisée dans la matinée (1 650 personnes selon la préfecture) s'est déroulée dans le calme, mais plusieurs centaines de militants d'ultra-gauche ont joué pendant deux heures au chat et à la souris avec les forces de l'ordre, qui ont fait usage de lacrymogènes et d'un canon à eau. Des feux de poubelles ont été constatés. Dégradations aussi à Nantes, où les forces de l'ordre sont intervenues pour disperser des militants d'ultra-gauche, selon la préfecture.   

1
Un manifestant tente d'empêcher les pompiers d'éteindre un incendie au milieu d'affrontements en marge du rassemblement annuel du 1er mai (fête du travail), à Paris le 1er mai 2022. (Photo, AFP)

Indignation après l'agression d'un sapeur-pompier en marge de la manifestation

Un sapeur-pompier, qui tentait d'éteindre un incendie de palettes allumé en marge de la manifestation du 1er-Mai dimanche à Paris, a été agressé par une femme, suscitant l'indignation des autorités. 

Selon des images de télévision, largement relayées sur les réseaux sociaux, le soldat du feu tenait sa lance à eau en direction du feu, rue Alexandre-Dumas, quand une manifestante est venue le bousculer pour l'empêcher d'éteindre l'incendie avant de lui asséner deux coups avec la main sur son casque. 

« Cela suffit ! Honte à la sauvagerie, incompréhensible cette nouvelle agression vis-à-vis des sapeurs-pompiers de Paris dans l’exercice de leurs fonctions, protéger les personnes, les biens de la Cité et le bon déroulement de la manifestation », ont tweeté les sapeurs-pompiers de Paris 

« Le préfet de Police condamne fermement la scandaleuse attaque dont ont été victimes les @PompiersParis de la @prefpolice qui intervenaient sur un feu à l'angle de la rue Alexandre-Dumas et du boulevard Voltaire », a réagi de son côté la préfecture de police. 

« Un de nos collègues militaires des @PompiersParis vient d’être frappé par un manifestant, et empêchant l’unité de secours engagée d’éteindre l’incendie pour protéger les riverains et les biens. Qu’il soit repéré et puni », a demandé le président  de la fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, Grégory Allione. 

« troisième tour dans la rue »  

A Marseille, sous un grand soleil et portant un drapeau « pour l'union populaire », Martine Haccoun, médecin retraitée de 65 ans, est venue « montrer qu'on n'a pas donné à Macron un blanc-seing pour cinq ans, on a voulu faire barrage à Mme Le Pen ». Ce 1er mai lui paraît spécialement important face « à la destruction de l'hôpital public » notamment. 

« Je viens manifester tous les 1er mai, mais peut-être que la période après les élections a amené des gens qui ne seraient pas forcément venus », a déclaré Sylvie Marchese, 49 ans, à Toulouse. Pour cette éducatrice spécialisée syndiquée à la CGT, « les résultats de la présidentielle sont en lien avec l'abstention et le vote blanc, ce n'est pas un choix ! Le troisième tour sera dans la rue ». 

Après le barrage à Marine Le Pen dans les urnes et la réélection d'Emmanuel Macron, « le plus dur reste à faire car si on ne se met pas en lutte maintenant, on va pleurer des larmes de sang », estime Alain Theux, 77 ans et syndiqué CGT présent dans le cortège bordelais. 

En 2021, les organisateurs avaient revendiqué plus de 170 000 manifestants, dont 25 000 à Paris. Le ministère de l'Intérieur avait quant à lui dénombré 106 650 manifestants en France, dont 17 000 dans la capitale. 

Les associations et ONG mobilisées sur les questions environnementales étaient également de la partie, à l'appel du collectif Plus jamais ça. Et des délégations étrangères (Kurdes, Algériens...) étaient aussi présentes à Paris. 

La CFDT, premier syndicat de France, fait sans surprise bande à part, en organisant un « 1er mai engagé pour le climat » et pour des augmentations de salaire. « On cherche des mobilisations qui soient plus symboliques que de masse », a déclaré à la presse son secrétaire général Laurent Berger, lors d'un rassemblement « revendicatif et festif » organisé sur les rails désaffectés de la « Petite ceinture », dans le 18e arrondissement de Paris. 

«Ne pas laisser faire » Macron: paroles de manifestants dans les défilés du 1er-Mai

« Pas de blanc-seing » à Emmanuel Macron: parmi les dizaines de milliers de personnes ayant défilé dimanche partout en France à l'occasion du 1er-Mai, beaucoup de manifestants interrogés par l'AFP ont revendiqué un message politique, celui d'une défiance à l'égard du président réélu. 

Stéphanie Locqueville, 31 ans, à Lille 

« C'est bien de montrer que si beaucoup de gens ont pu voter Macron, on n'est pas d'accord avec sa politique. C'est important de continuer à défendre ses droits et ce qu'on veut pour la France. Les législatives arrivent, c'est important, et j'y crois un peu à ce retournement de situation (que la gauche espère), à condition que la gauche réussisse à s'unir. 

Alain Theux, 77 ans, ex-ouvrier du Livre, à Bordeaux. 

« Heureusement il y a eu un sursaut au 2e tour de la présidentielle avec un vote contre le Front national (sic) et pas pour Macron. Mais le plus dur reste à faire car si on ne se met pas en lutte maintenant, on va pleurer des larmes de sang avec lui. La retraite à 65 ans, c'est inadmissible. Pareil pour des pensions à 1 100 euros. On ne peut pas vivre pas avec ça. Quand on voit les distributions de dividendes... Il faut retourner dans la rue, que les travailleurs se reprennent en mains. Aux armes citoyens ! » 

Valérie Lapous, 56 ans, à Paris  

« Je suis contre le projet de reforme des retraites. Demander trois ans de travail en plus, je trouve ça énorme, complètement disproportionné compte tenu de la conjoncture ». 

Vianney Leroy, 33 ans, à Lille 

« C'est ma première manifestation du 1er-Mai. Je suis venu parce que je trouve la conjoncture politique vraiment très triste (...) On est devant d'immenses défis et redémarrer avec cinq ans de même politique, c'est vraiment triste. Les Français doivent comprendre que les législatives sont tout aussi importantes que la présidentielle (...) C'est le Parlement qui a du pouvoir et il faut en parler ! » 

Olivier Ayadi, 38 ans, analyste financier, à Paris. 

« J'ai une horreur absolue d'Emmanuel Macron », après un quinquennat « exécrable d'un point de vue social, sociétal, économique ». « Mon idée c'est d'être la pour en témoigner. (...) Je veux envoyer le message que cette élection ne lui donne pas un blanc-seing pendant cinq ans, qu'il va y avoir des législatives, qu'on ne peut pas le laisser faire comme pendant les cinq dernières années ». 

Théo Bernabeo, 19 ans, étudiant boursier, à Strasbourg 

« Je participe (à la manifestation) pour la dignité étudiante, pour pouvoir vivre correctement. Pour ne pas avoir à travailler en même temps que les études et donc pour les réussir, tout simplement ». 


Casse du Louvre: le 4e membre du commando présenté à la justice

Des policiers français se tiennent à côté d'un monte-meubles utilisé par des cambrioleurs pour pénétrer dans le musée du Louvre, sur le quai François Mitterrand, à Paris, le 19 octobre 2025. (AFP)
Des policiers français se tiennent à côté d'un monte-meubles utilisé par des cambrioleurs pour pénétrer dans le musée du Louvre, sur le quai François Mitterrand, à Paris, le 19 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • Le quatrième membre présumé du commando ayant dérobé en octobre des bijoux de la Couronne au Louvre a été interpellé et doit être présenté à la justice
  • Le vol spectaculaire, réalisé en huit minutes, relance la controverse sur la sécurité du Louvre

PARIS: Le quatrième homme présumé du commando qui a dérobé le 19 octobre en plein Paris les bijoux de la Couronne au musée du Louvre doit être présenté jeudi soir à la justice française, a appris l'AFP de sources proches du dossier.

Cet homme, originaire de Seine-Saint-Denis, fait partie des quatre personnes interpellées mardi dans le cadre de cette affaire retentissante.

Il a été arrêté mardi matin sur un chantier à Laval (nord-ouest), selon une source proche du dossier.

Les gardes à vue des trois autres personnes interpellées lors de ce nouveau coup de filet vont être levées, ont ajouté les sources proches du dossier.

Le vol en plein jour - un dimanche matin juste après l'ouverture du Musée du Louvre - a eu un retentissement considérable, y compris au niveau international.

Les bijoux volés, huit joyaux du XIXe siècle considérés comme des trésors nationaux, évalués par le musée du Louvre à 88 millions d'euros, sont toujours introuvables.

Dans leur fuite, les quatre malfaiteurs avaient abandonné la couronne de l'impératrice Eugénie. Cassé, le bijou peut être restauré, selon le musée.

Les malfaiteurs avaient agi, encagoulés, munis d'un monte-charge de déménageurs et armés de disqueuses. Leur casse, retentissant, n'a duré que huit minutes.

Avant les interpellations de mardi, les enquêteurs avaient pu arrêter, en deux coups de filet, trois des quatre membres présumés de l'équipe de cambrioleurs. Mais pas le ou les commanditaires.

Parallèlement à l'enquête judiciaire, la controverse ne faiblit pas sur la sécurité du Louvre.

Selon des informations du journal Le Monde publiées mardi soir, un audit de sûreté faisait état dès 2018 de la "vulnérabilité" que représentait le balcon par lequel sont entrés les cambrioleurs et notait son accès possible à l'aide d'une nacelle, des similitudes troublantes avec le mode opératoire utilisé. La direction actuelle a indiqué au quotidien n'avoir eu ce document en sa possession qu'après le casse.

Confronté à une vétusté alarmante, le Louvre avait fait l'objet en début d'année de l'annonce par le président Emmanuel Macron d'un projet "colossal" pour le désengorger et le moderniser. Le musée a également acté jeudi une augmentation de 45% du prix d'entrée pour ces derniers.


Macron relance le "service national", militaire et volontaire

Le président français Emmanuel Macron (au centre) prononce un discours devant l'armée pour dévoiler un nouveau service militaire national à la base militaire de Varces, dans les Alpes françaises, le 27 novembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (au centre) prononce un discours devant l'armée pour dévoiler un nouveau service militaire national à la base militaire de Varces, dans les Alpes françaises, le 27 novembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Emmanuel Macron lance un nouveau service national volontaire de dix mois, entièrement militaire et destiné aux 18-25 ans, pour renforcer les armées face aux menaces stratégiques
  • Le dispositif, présenté comme une réponse aux « besoins des armées », suscite des critiques politiques sur son coût, son calendrier et son orientation

PARIS: "Notre jeunesse a soif d'engagement": Emmanuel Macron a ressuscité jeudi un "service national" de dix mois pour les jeunes majeurs, qui sera "purement militaire" mais volontaire, censé "répondre aux besoins des armées" face aux menaces russes et aux risques accrus de conflit.

"La peur n'évite jamais le danger. La seule façon de l'éviter est de s'y préparer", a déclaré le chef de l’État dans un discours au sein de la 27e Brigade d'Infanterie de Montagne (BIM) de Varces, en Isère, au pied du massif du Vercors enneigé.

Il a aussi prévenu que les volontaires serviront "exclusivement sur le territoire national", après avoir assuré dès mardi qu'il ne s'agit pas "d'envoyer nos jeunes en Ukraine".

Une manière d'essayer de faire taire la polémique politique suscitée par les propos du chef d'état-major des armées, le général Fabien Mandon, qui avait estimé que le pays devait être prêt à "accepter de perdre ses enfants".

Selon le président, entouré de jeunes et de militaires, "notre jeunesse a soif d'engagement" et "il existe une génération prête à se lever pour la patrie", dans le cadre de l'armée française.

Emmanuel Macron a donc confirmé que ce nouveau dispositif, baptisé simplement "service national", sera lancé "progressivement dès l'été prochain", avec un début de sélection des candidats dès mi-janvier. Il durera dix mois (un mois de formation, neuf au sein de l'armée).

- Un effort "indispensable" -

Disette budgétaire oblige, le dispositif montera en puissance graduellement: la première année, il doit concerner 3.000 jeunes, avec un objectif de 10.000 par an en 2030, puis une ambition de 42.500 en 2035. Ce qui ferait 50.000 par an en cumulant avec les personnes qui font déjà le service militaire volontaire (SMV) et son équivalent ultramarin, le service militaire adapté (SMA), qui perdureront en parallèle car ils ont un objectif différent d'insertion professionnelle.

Les crédits nécessaires, 2,3 milliards d'euros pour la période 2026-2030, selon une source proche du dossier, sont prévus par l'actualisation de la loi de programmation militaire voulue par Emmanuel Macron, mais qui doit encore être votée. Cet effort budgétaire est "indispensable", a-t-il plaidé à l'intention d'un Parlement plus divisé que jamais.

Les volontaires seront à 80% des jeunes hommes et femmes de 18-19 ans, futurs soldats pour lesquels le service fera office d'"année de césure" avant les études supérieures et sera ainsi valorisé dans Parcoursup. Les autres, futurs aspirants, auront jusqu'à 25 ans, sélectionnés sur la base de leur spécialisation (ingénieurs, infirmiers, traducteurs...).

Ce nouveau dispositif signe aussi l'enterrement du service national universel (SNU) qui était cher au président.

Promesse du candidat Macron en 2017 au nom de la "cohésion nationale", lancé en 2019, le SNU, destiné aux mineurs de 15 à 17 ans, n'a jamais pu être généralisé. Et il "n'est aujourd'hui plus adapté au contexte stratégique" créé par l'invasion russe de l'Ukraine en 2022, reconnaît l’Élysée.

Emmanuel Macron avait annoncé en janvier son intention de "permettre à une jeunesse volontaire d'apprendre avec les armées et d'en renforcer les rangs" en cas de besoin.

Sans toutefois aller jusqu'à rétablir la conscription, service militaire obligatoire supprimé en France en 1997. Ce rétablissement "est une idée portée par ceux qui méconnaissent la réalité de ce que sont nos armées aujourd'hui", a-t-il martelé jeudi dans les Alpes.

- "Ni le temps ni l'argent" -

Le service volontaire sera rémunéré 800 euros par mois minimum pour chaque volontaire, qui sera aussi logé, nourri et équipé, selon l’Élysée.

Une somme insuffisante pour La France insoumise qui prône "une conscription citoyenne" payée "au Smic" afin de "faire face aux grands enjeux de notre siècle", dont le climat.

Le Parti socialiste a pour sa part contesté dans un communiqué "une annonce présidentielle improvisée" qui "ne répond à aucune exigence de sérieux" et réclamé "l'ouverture immédiate d'un débat parlementaire sur le rôle des citoyens dans la Défense nationale et la protection du territoire".

"On n'a ni le temps ni l'argent donc ça suppose de ne pas se précipiter", a également critiqué le sénateur UDI Hervé Marseille sur Public Sénat, mettant en garde contre une annonce "purement médiatique".

Douze pays en Europe ont préservé ou rétabli la conscription obligatoire. Face à la dégradation de la situation stratégique, une demi-douzaine d'autres ont décidé de rétablir un service volontaire.

Le général Mandon a déclaré la semaine dernière que le pays devait restaurer sa "force d'âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l'on est" et soit prêt à "accepter de perdre ses enfants".

La déclaration a été jugée "va-t-en-guerre" par une partie de la gauche tandis que, du côté du Rassemblement national, on dénonçait une "faute" et on prévenait que les Français n'étaient pas "prêts à aller mourir pour l'Ukraine".


Le Sénat récupère le budget de l'Etat, le compromis reste hors de vue

Les sénateurs français votent le budget de la sécurité sociale au Sénat, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
Les sénateurs français votent le budget de la sécurité sociale au Sénat, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Sénat, dominé par la droite et les centristes, aborde le budget 2026 avec une ligne stricte : réduire les dépenses, rejeter de nouvelles taxes et viser un déficit de 4,7 % du PIB
  • Les divergences restent fortes avec l’Assemblée nationale et la gauche, rendant le compromis budgétaire très incertain

PARIS: Le Sénat, intransigeant sur sa ligne anti-taxes prônée par la droite, s'attaque jeudi au projet de budget de l'Etat pour 2026. Une étape cruciale sur la route d'un compromis budgétaire encore hors de vue, même si certains envisagent toujours une étroite voie de passage.

D'un budget à l'autre... Après avoir acté mercredi d'irréconciliables divergences avec l'Assemblée nationale sur le budget de la Sécurité sociale, la chambre haute se penche sur le deuxième volet de son marathon budgétaire à partir de 14H30.

Le projet de loi de finances (PLF) pour 2026 occupera les sénateurs jusqu'à un vote solennel le 15 décembre. Et contrairement aux députés, qui ont massivement rejeté la partie "recettes" du texte le week-end dernier, les élus de la Haute assemblée auront l'opportunité de parcourir l'ensemble du budget, recettes comme dépenses.

Cela arrange bien la majorité sénatoriale, une solide alliance entre la droite et les centristes. Car sa ligne directrice est simple: "Plus d'économies et moins de taxes injustes", a résumé mercredi le chef des sénateurs Les Républicains, Mathieu Darnaud.

Redevenu sénateur, Bruno Retailleau est plus offensif encore ces derniers jours vis-à-vis du gouvernement.

Le "compromis" budgétaire ? "Moi, je parle de tambouille", a-t-il encore égratigné mercredi sur franceinfo. Le scénario d'une loi spéciale en cas d'échec du processus budgétaire ? Il serait meilleur, selon lui, qu'un budget qui "appauvrit les Français"...

Les débats sur le budget de la Sécu, ces derniers jours, ont dressé le tableau d'une droite sénatoriale inflexible, refusant la suspension de la réforme des retraites et la quasi-totalité des compromis trouvés à l'Assemblée nationale.

Ce texte va désormais revenir sur le bureau des députés, samedi en commission et mardi dans l'hémicycle, pour une nouvelle lecture.

- "Un rouleau-compresseur" -

Bis repetita sur le budget de l'Etat ? "Notre majorité, c'est un rouleau-compresseur, elle vote en bloc, contrairement à l'Assemblée", assure à l'AFP le chef des centristes, Hervé Marseille. "On essaie d'avoir une ligne qui soit claire et audible: limiter les impôts, trouver des économies".

Ainsi, les sénateurs entendent bien respecter l'objectif d'un déficit ramené à 4,7% du PIB en 2026, contre 5,4% en 2025. Avec deux ambitions: limiter les nouveaux prélèvements - environ 14 milliards dans la copie du gouvernement - et aller plus loin que les 17 milliards d'économies de dépenses proposées par Sébastien Lecornu.

Transformation de l'aide médicale d'Etat pour les sans-papiers en aide médicale d'urgence, non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, suppression de 4.000 postes d'enseignants supplémentaires, refus de la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, restriction de la taxe sur les "holdings patrimoniales" proposée par le gouvernement...

Voici, pèle-mêle, les propositions que la Haute assemblée promet de voter.

"C'est la droite la plus dure qu'on ait connu", s'inquiète le patron du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner. "Nous faisons face à une droite revancharde. Clairement, ce n'est pas avec elle que nous pourrons avancer" vers un compromis, renchérit son collègue Thierry Cozic.

- Compromis impossible ? -

Si la gauche est minoritaire au Sénat, le gouvernement peut difficilement faire sans elle à l'Assemblée nationale. L'abstention des socialistes y sera nécessaire - voire même insuffisante - pour envisager l'adoption définitive d'un budget, si Sébastien Lecornu continue de renoncer à l'article 49.3.

Après l'échec de la taxe "Zucman", les socialistes cherchent toujours à faire contribuer les plus hauts patrimoines. Une nouvelle proposition a fleuri mercredi, celle d'un emprunt "forcé" visant les foyers les plus aisés.

Si le gouvernement a accueilli avec "bienveillance" cet amendement, il semble n'avoir aucune chance de passer le filtre du Sénat.

Malgré ces divergences majeures, le Premier ministre Sébastien Lecornu continue de croire à un compromis possible avant la fin décembre.

Plusieurs sources parlementaires et gouvernementales espèrent notamment qu'un accord potentiel sur le budget de la Sécu, la semaine prochaine à l'Assemblée, ferait souffler un vent positif sur le budget de l'Etat.

"Chacun affiche ses positions mais je pense qu'il y a la volonté non feinte de trouver une voie de passage", a reconnu le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson (LR). "Il faudra à un moment qu'on enlève les costumes."