Fin du ramadan: au Mali, «les gens n'ont pas la tête à la fête»

Un marché est photographié à Bamako le 1er février 2022. Selon l'ONU, le Mali importe 70% de sa nourriture quotidienne. Il convient de noter que des sanctions ouest-africaines pèsent sur le pays. (AFP)
Un marché est photographié à Bamako le 1er février 2022. Selon l'ONU, le Mali importe 70% de sa nourriture quotidienne. Il convient de noter que des sanctions ouest-africaines pèsent sur le pays. (AFP)
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Publié le Lundi 02 mai 2022

Fin du ramadan: au Mali, «les gens n'ont pas la tête à la fête»

  • Pays pauvre et enclavé, le Mali est éprouvé par les violences de toutes sortes depuis 2012, et l'embargo de la Cédéao commence à y être durement ressenti
  • Sur le marché des bovins dans la capitale, «cette année, l’offre a largement dépassé la demande», relève Amadou Traoré, fonctionnaire au ministère de l'Elevage et de la Pêche

BAMAKO : Au grand marché de Bamako, les vendeurs se démènent pour attirer les chalands préparant la korité, la fête qui marque la fin du ramadan, mais cette année, l'ambiance est maussade, ternie par les sanctions ouest-africaines et les violences qui frappent le Mali.

"Malgré l’embargo le marché est approvisionné, mais nous n’avons pas de clients comme les autres années, l’argent se fait rare, le marché est morose", constate Seydou Coulibaly, grossiste.

Situé dans le centre de la capitale malienne, le grand marché étale ses échoppes en bois sous des parasols, des bâches de fortune ou des tôles ondulées offrant un peu d'ombre sous un soleil accablant.

Des vendeurs y hèlent la clientèle avec des sifflets. Pour d'autres, tam-tam, chant ou danses servent d'appât.

"Je cherche des habits et chaussures pour mes enfants, l'argent que j’ai sur moi ne suffit pas (...) L'année dernière j'ai eu tout pour mes quatre enfants avec 100 000 francs CFA (150 euros, NDLR) mais aujourd'hui, impossible", regrette Bintou Touré, mère de famille âgée de 40 ans.

La korité désigne dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest la fête du Fitr marquant la fin du ramadan, mois sacré de jeûne, de purification et de prière pour les musulmans. Elle est célébrée ce dimanche au Mali.

Comme dans d'autres pays islamiques, la coutume impose de se retrouver en famille, de porter de beaux habits, et les enfants s'attendent à recevoir des cadeaux.

Depuis janvier, le Mali est visé par de lourdes sanctions économiques et financières décidées par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) en réponse à l'intention de la junte au pouvoir à Bamako depuis les putschs militaires d'août 2020 et de mai 2021, de se maintenir en place encore plusieurs années.

L'organisation régionale a décrété la fermeture des frontières avec le Mali et un embargo commercial et financier, hors produits de grande consommation et de première nécessité.

«Insécurité totale»

"Nous vendons des habits pour enfants, femmes et adultes importés de Dubaï, Chine, Turquie et (du) Maroc. Avec l’embargo, le Sénégal qui était notre port naturel est fermé, ce qui fait que les prix ont augmenté", explique Awa Sylla, commerçante au grand marché.

"Les prix ont augmenté", de près de 30% pour des vêtements d'enfants, confirme une autre vendeuse, Salimata Bouaré, pour qui "c'est l'embargo imposé (...) par la Cédéao, qui est la base de cette situation".

Pays pauvre et enclavé, le Mali est éprouvé par les violences de toutes sortes depuis 2012, et l'embargo de la Cédéao commence à y être durement ressenti.

Sur le marché des bovins dans la capitale, "cette année, l’offre a largement dépassé la demande", relève Amadou Traoré, fonctionnaire au ministère de l'Elevage et de la Pêche.

"C'est l'armée qui a escorté les animaux de Mopti (dans le centre du pays, NDLR) à Bamako, parce qu'il y a des mines et des attaques (...) Il y a beaucoup de boeufs, mais les gens n'ont pas la tête à la fête à cause de l'insécurité", dit Abdrahmane Diall, éleveur.

"Les clients ne se bousculent pas. Le marché est très timide", constate Hamady Sow, vendeur de boeufs : "C'est très différent de l'année dernière, où j'avais vendu dix boeufs en deux jours."

Témoignant de l'ambiance à plus de 500 km de là dans sa ville d'origine, Djenné dans le centre du pays, région actuellement un des foyers de la crise sahélienne, Mahamoudou Yattassaye, vendeur de boeuf indique que depuis qu'il "a quitté la famille, (ses) parents appellent" régulièrement pour prendre de ses nouvelles, "parce qu'à Djenné, c'est l'insécurité totale".

"On ne parle pas de fête comme ici à Bamako. La sécurité est notre première préoccupation à Djenné", dit-il.

Rokia Ballo, vendeuse de prêt-à-porter, elle, se lamente : "Je n'ai jamais vu un tel manque de clients (avant la korité). Ca ne marche pas (les affaires), les gens n'ont pas d'argent."


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
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  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.

 


Un trafic de stupéfiants démantelé entre Espagne et France, 13 arrestations

reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
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  • 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations
  • Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN

LYON: Treize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police.

Onze suspects ont été interpellés entre décembre 2023 et juillet 2024, notamment grâce à l'interception par les policiers de deux poids-lourds et d'un convoi de voitures "entre la région lyonnaise et le Gard", "au moment où les stupéfiants étaient remis à des équipes locales", explique la Direction interdépartementale de la police (DIPN) du Rhône dans un communiqué.

Dans le même laps de temps, 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations.

Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN.

Puis l'enquête a permis l'interpellation, le 30 juin dernier, d'un homme "soupçonné d'être le donneur d'ordres" et, le lendemain, d'un autre suspect, "fugitif condamné en 2016" à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. A son domicile dans l'Ain, "54 kg de cocaïne et plusieurs dizaines de milliers d'euros" ont été saisis, précise le communiqué qui n'en dit pas plus sur le profil de ces hommes. Ils ont été mis en examen le 4 juillet et placés en détention provisoire.

La police considère ainsi avoir réussi le "démantèlement de ce groupe criminel organisé (...) réalisant des importations de stupéfiants depuis l'Espagne vers la région Auvergne-Rhône-Alpes" pour des "quantités importantes".

 


Iran: la lauréate du prix Nobel de la Paix Mohammadi se dit «menacée d'élimination physique», selon le comité Nobel

La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone. (AFP)
La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone. (AFP)
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  • La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique"
  • Ces menaces "montrent clairement que sa sécurité est en jeu, à moins qu'elle ne s'engage à mettre fin à tout engagement public en Iran"

OSLO: La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone.

Ces menaces "montrent clairement que sa sécurité est en jeu, à moins qu'elle ne s'engage à mettre fin à tout engagement public en Iran" ainsi qu'à "toute apparition dans les médias", ajoute le comité Nobel dans un communiqué. Mme Mohammadi a été récompensée en 2023 pour "son combat contre l'oppression des femmes en Iran et pour la promotion des droits de l'homme".