Législatives: LFI et EELV concluent un accord historique, en attendant le PS et le PCF

Le député de gauche Jean-Luc Melenchon, ancien candidat présidentiel, prononce un discours, à côté du député LFI Daniele Obono, lors de l'assemblée annuelle du 1er mai (fête du travail) marquant la journée internationale des travailleurs à la Place de la République à Paris le 1er mai 2022 (Photo, AFP).
Le député de gauche Jean-Luc Melenchon, ancien candidat présidentiel, prononce un discours, à côté du député LFI Daniele Obono, lors de l'assemblée annuelle du 1er mai (fête du travail) marquant la journée internationale des travailleurs à la Place de la République à Paris le 1er mai 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 02 mai 2022

Législatives: LFI et EELV concluent un accord historique, en attendant le PS et le PCF

  • L'aboutissement de l'accord est historique
  • C'est l'apothéose d'un 1er-Mai où les partis de gauche se sont croisés dans le défilé parisien

PARIS: Les gauches sont bel et bien en train de s'unir: La France insoumise et Europe Ecologie-Les Verts (EELV) ont conclu dans la nuit de dimanche à lundi un accord historique pour les législatives de juin, tandis que les négociations avancent avec le PS et le PCF.

C'est l'apothéose d'un 1er-Mai où les partis de gauche se sont croisés dans le défilé parisien, dans une ambiance bon enfant rarement vue entre des partis qui se sont beaucoup disputé ces dernières années.

Le Conseil fédéral d'EELV a validé l'accord négocié au cours des deux dernières semaines, par 84 voix pour, 10 contre, 8 bulletins blancs et une personne qui n'a pas participé au vote. Cet accord attribue notamment 100 circonscriptions pour le pôle écologiste, selon des sources proches des négociations.

Si l'on excepte le petit mouvement Générations qui a signé un accord avec LFI dès jeudi, les négociations entre LFI et EELV étaient les plus avancées des discussions bilatérales engagées par les Insoumis avec chacune des forces de gauche, après les 22% de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.

Le weekend a permis de faire les derniers compromis, autour du rapport à l'Europe ("désobéissance" mais seulement à certaines règles économiques et budgétaires si besoin), du label commun ("Nouvelle Union populaire écologique et sociale") ou encore sur le partage des circonscriptions, sujets les plus âprement débattus.

En cas de majorité à l'Assemblée nationale, "le Premier ministre serait issu du plus grand groupe à l’Assemblée, soit Jean-Luc Mélenchon", stipule l'accord.

Car les négociations n'ont pas été un long fleuve tranquille. Encore mercredi le chef des écologistes Julien Bayou taclait les négociateurs insoumis jugés trop durs en affaire en conférence de presse. De leur côté, les Insoumis pointaient les "divergences internes" supposées d'EELV.

L'aboutissement de l'accord est historique. LFI et EELV constituent les deux forces de gauche en dynamique depuis plusieurs années, la première aux présidentielles de 2017 et 2022, la seconde lors des élections intermédiaires depuis les européennes de 2019.

Un accord de LFI avec le Parti socialiste serait tout aussi historique, tant la brouille était profonde depuis le départ de Jean-Luc Mélenchon de Solférino en 2008. Mais il devra attendre. Les négociations ont commencé plus tardivement et se poursuivent logiquement dimanche soir.

«Comme objectif la victoire»

"Si les discussions ne se finissent pas cette nuit, alors ça ne se terminera jamais", a lancé dans le défilé parisien de la Fête du Travail le chef de LFI Jean-Luc Mélenchon.

"Ça avance, soyez certains que nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que ça avance", a assuré Jean-Luc Mélenchon, acclamé par les manifestants à son arrivée place de la République. "Le sujet, c'est de savoir si, oui ou non, nous nous donnons comme objectif la victoire".

Un accord cette nuit? "Cette nuit, moi, je dors", a répondu à quelques dizaines de mètres de là Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS: "Il n'y a pas de +deadline+, il faut réussir. On voit bien qu'on n'est plus si loin que ça d'un accord. On continuera de parler ce soir."

Quelques minutes plus tard, MM. Faure et Mélenchon se sont serré la main, avant d'engager une brève conversation devant les caméras aux cris d'"Union populaire!" dans la foule.

"Y'a pas mal de choses à regarder encore, c'est normal, on est en train de faire un truc historique", a justifié de son côté Laurent Baumel, l'un des négociateurs socialistes: "Si on se mettait d'accord en quelques minutes ou en quelques heures, tout le monde trouverait ça suspect, c'est normal qu'on prenne le temps d'élucider les sujets".

Délai tenu ou pas, sur BFMTV en fin de journée, le député insoumis Alexis Corbière (LFI) s'est montré optimiste : "Il y a une union politique qui est en train de se faire, c'est joyeux, c'est positif, c'est majoritaire."

Le socialiste Olivier Faure négocie avec LFI sous la pression d'une opposition interne de plus en plus véhémente.

Son prédécesseur à la tête du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a publié dimanche une lettre ouverte évoquant notamment les velléités de LFI de "sortir des traités européens", ramener la retraite à 60 ans et lancer des "dépenses vertigineuses impraticables", tous points qu'Anne Hidalgo avait vivement critiqués pendant la campagne présidentielle.

Le PS avait aussi reproché à M. Mélenchon ses critiques envers un soutien à l'Ukraine envahie par la Russie, et son rejet de l'Otan.

Contempteur régulier d'Olivier Faure, Stéphane Le Foll -par ailleurs proche de François Hollande- a lâché ses coups dimanche dans une interview au Point: "L'urgence pour Olivier Faure est de se sauver lui-même. Il est prêt à brader toute l'histoire socialiste pour un accord sur 20 circonscriptions, c'est inacceptable".


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.