A Evreux, à l'ouest de Paris, le profil « discret » d'Abdoullakh A.

Ville d'Evreux, à l'ouest de Paris
Ville d'Evreux, à l'ouest de Paris
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Publié le Lundi 19 octobre 2020

A Evreux, à l'ouest de Paris, le profil « discret » d'Abdoullakh A.

  • Au lendemain de l'attentat à Conflans-Saint-Honorine, près de Paris, et d'une série de perquisitions au domicile familial d'Abdoullakh A., le calme régnait samedi dans le quartier de la Madeleine, dans les rues qui jouxtent la maison d'arrêt d'Evreux
  • « Je suis choqué », confie un voisin de 44 ans, qui n'a pas souhaité donner son nom. "On a beau être voisin, on ne peut pas connaître la vie des gens, ici c'est juste +bonjour au revoir+, ça s'arrête là »

PARIS : « Il était souvent tout seul ». A Evreux, 100 km à l'ouest de Paris, les voisins du réfugié tchétchène qui a décapité vendredi un enseignant pour avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet, brossent le portrait d'un jeune homme « discret », « plongé dans la religion » depuis trois ans.

Au lendemain de l'attentat à Conflans-Saint-Honorine, près de Paris, et d'une série de perquisitions au domicile familial d'Abdoullakh A., le calme régnait samedi dans le quartier de la Madeleine, dans les rues qui jouxtent la maison d'arrêt d'Evreux. 

Abdoullakh A. a égorgé le professeur d'histoire-géographie Samuel Paty, père de famille de 47 ans, dans une rue proche du collège où il enseignait, vers 17H00, alors qu'il rentrait chez lui. L'assaillant a été tué par la police peu après.

Devant l'immeuble de quatre étages dans lequel vivait ce réfugié tchétchène de 18 ans, de jeunes enfants passent à vélo, une poignée de voisins sortent faire leurs courses ou promener leur chien. Les volets des fenêtres du premier étage, où vivait la famille, sont à moitié fermés.

Dans la nuit, l'appartement de la famille A. a été la cible des policiers du Raid et de la Sous-direction antiterroriste (Sdat). L'opération s'est soldée par l'interpellation, « sans heurts » selon une source policière, des parents, du grand-père et du petit-frère de l'assaillant.

« Je suis choqué », confie un voisin de 44 ans, qui n'a pas souhaité donner son nom. "On a beau être voisin, on ne peut pas connaître la vie des gens, ici c'est juste 'bonjour au revoir', ça s'arrête là ».

« Après c'est un coin paisible, ce n'est pas le coin le plus malfamé de la Madeleine », ajoute-t-il, « c'est un coin familial, il n'y a pas un bruit et c'est tout le temps comme ça ».

Assise avec une amie sur des marches d'escalier non loin de là, Sofia, 23 ans, abonde. L'agresseur, « je le voyais mais c'était rare, je voyais plus ses petits frères ». 

« Ma mère l'a vu il y a trois ou quatre jours, il était tout seul mais c'était souvent le cas. C'était rare qu'il se mélange aux autres », ajoute la jeune femme, en évoquant une famille très « discrète ».

« Il s'était bien calmé »

Connu pour des antécédents de droit commun, il ne l'était toutefois pas des services de renseignement pour radicalisation.

C'était « un jeune sans souci », qui « a été scolarisé à Evreux jusqu'au lycée et qui ne présentait pas de signe avant-coureur de radicalisation », confirme un élu local. « Il n'y avait aucun souci avec cette famille ».

Au volant de sa voiture, un jeune en doudoune noire et sweat à capuche gris décrit son voisin, qui était dans le même collège que lui, comme quelqu'un « qui ne sortait plus trop ».

« Avant, il était impliqué dans des bagarres, mais ces deux, trois dernières années, il s'était bien calmé » et s'était « plongé dans la religion », raconte-t-il, « il faisait ses prières, il n'était pas trop dehors, il parlait poliment ».

« Je ne sais pas ce qui s'est passé dans la tête de ce garçon », s'interroge Albert, 40 ans, qui habite un bloc d'immeubles plus loin.

« Je suis choqué, je n'aurais jamais imaginé ça. Une bagarre entre bandes de quartiers, comme à Dijon (ville du centre-est de la France, théâtre d'expéditions punitives de jeunes tchétchènes en juin) ? Ça, peut-être. Mais quelque chose par rapport à la religion, c'est très étrange parce que tout le monde est calme ici ».

Une source policière tempère. « Le quartier de la Madeleine, c'est un grosse cité avec toutes ses déviances, de la radicalisation, des points de deal ». Mais la communauté tchétchène, estimée à 200 personnes à La Madeleine sur 12.000 habitants, « ne pose pas de problème particulier », ajoute-t-elle.

Cette communauté s'inquiète désormais d'être victime de stigmatisation après l'attentat. 

« Tous les Tchétchènes ne sont pas des terroristes », insiste un jeune du quartier. « Je ne sais pas ce qui lui est arrivé, il a dû être manipulé ou regarder trop de vidéos, mais ça n'a rien à voir avec notre communauté ».

Dans le centre-ville d'Evreux, les drapeaux de l'Hôtel de Ville ont été mis en berne en hommage au professeur décapité.

 


L'Elysée a proposé un hommage pour Bardot, la famille n'a pas donné suite

 L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
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  • Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday
  • Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines"

PARIS: L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron à l'AFP.

"Il y a eu un échange avec la famille avec proposition qu’un hommage ait lieu sans que la famille ne donne suite", a déclaré ce proche, en rappelant qu'une telle démarche correspond à un "usage républicain" et que les hommages sont "systématiquement décidés d'un commun accord avec les proches du défunt".

Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday.

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines".

Emmanuel Macron ne se rendra pas aux obsèques, qui se tiendront dans l’intimité le 7 janvier à Saint-Tropez, a également indiqué le proche du président.

En 2023, l'actrice avait adressé une lettre incendiaire au chef de l'Etat, lui reprochant son manque d'action contre la souffrance animale. "Je suis en colère face à votre inaction, votre lâcheté, votre mépris des Français, qui vous le rendent bien il est vrai", avait-elle notamment écrit.

Après une cérémonie à l'église retransmise sur grands écrans, l'inhumation privée de l'actrice et chanteuse au cimetière marin sera suivie d'"un hommage ouvert à tous les Tropéziens et à ses admirateurs", a précisé la Fondation de Brigitte Bardot, dédiée à la protection des animaux.

"À ce moment-là, tout le monde l'évoquera et partagera ses plus beaux souvenirs avec elle. Ce sera un grand moment de communion, simple, à son image", a précisé mardi la maire de Saint-Tropez, Sylvie Siri, dans une inteview au quotidien local Var-Matin.

"Mon rôle, c'est de lui organiser des obsèques dignes. Il faut tout mettre en œuvre pour que les Tropéziens et les admirateurs puissent se recueillir", a ajouté l'édile.

Interrogée sur le souhait exprimé il y a quelques années par Brigitte Bardot d’être enterrée à la Madrague, sa propriété en bord de mer, Sylvie Siri a affirmé avoir "respecté ses dernières volontés". "Seule la défunte avait décidé de son lieu d’enterrement", a souligné l'élue.

 


Agriculteurs: nouveaux rassemblements, bénédiction de tracteurs dans le Nord

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
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  • Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer
  • Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur

CAMBRAI: Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Mgr Vincent Dollmann et plusieurs prêtres ont célébré une messe sur un autel de paille en périphérie de Cambrai, en soutien aux agriculteurs "qui font face à des épreuves".

Il a salué la "dignité" des agriculteurs qui manifestent depuis plusieurs semaines contre l'accord de libre échange du Mercosur ou contre l'abattage systématique de troupeaux de bovins touchés par la DNC.

Une petite centaine de tracteurs ont été mobilisés, arborant des panneaux comme "Mercosur = mort de l'agriculture".

Jean Camier, 24 ans, jeune agriculteur d'Hermies qui doit reprendre l'exploitation familiale d'engraissement de bovins d'ici deux ans, se réjouit d'avoir fait bénir son tracteur et participé à la célébration qui selon lui "montre que tout le monde est avec [eux]".

Si les Hauts-de-France ne sont pas touchés par la DNC, il se dit "de tout cœur" avec les agriculteurs des régions concernées, soulignant avoir "un peu peur que la maladie remonte" vers le nord.

Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer.

Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur", a expliqué à l'AFP Louis Lacheré, des Jeunes Agriculteurs.

En Occitanie, plusieurs barrages emblématiques, à Carbonne Haute-Garonne) sur l'A64, Sévérac (Aveyron) ou Le Buisson (Lozère) sur l'A75, tiennent toujours, tandis que d'autres agriculteurs se remobilisent.

Ainsi, à Foix, une douzaine de tracteurs bloquaient depuis lundi midi l'entrée sud du tunnel de contournement de la ville et commençaient à installer un campement, a constaté un correspondant de l'AFP.

"On veut montrer à l’État qu'on est toujours autant mobilisés", a déclaré sur place Sébastien Durand, président de la Coordination rurale (CR) en Ariège. "Il n'y a pas de Noël, il n'y a pas de Premier de l'An; on sera là".

Depuis le début de l'épidémie de DNC en Savoie cet été, l'État tente de contenir la propagation par un abattage systématique des troupeaux touchés, la vaccination et les restrictions de mouvements.

Cette gestion fortement contestée par certains agriculteurs, notamment de la CR (deuxième syndicat agricole, classé à droite, voire à l’extrême droite) et de la Confédération paysanne (troisième, classé à gauche).

 


Colère agricole en France: Macron reçoit les syndicats, des blocages persistent

Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a reçu les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dans un contexte de forte colère liée aux crises sanitaires, notamment la dermatose bovine
  • Les blocages routiers se poursuivent dans le Sud-Ouest, alors que de nouveaux cas de la maladie sont confirmés et que la mobilisation agricole se prolonge

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a reçu mardi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur, auquel ils sont opposés, tandis que des axes routiers sont toujours bloqués pour protester contre le traitement par les autorités de l'épizootie de dermatose bovine.

"L'objet du rendez-vous, c'était d'essayer d'éteindre un peu le feu qui est partout dans les campagnes", a souligné Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne - un syndicat classé à gauche -, à la sortie de la rencontre, ajoutant qu'il fallait pour cela "des mesures structurelles fortes".

Les syndicats disent avoir par ailleurs rappelé au chef de l'Etat "l'extrême tension" et la "colère" du monde agricole et que des réponses étaient attendues "dès les premiers jours de janvier" sur le Mercosur mais aussi sur les crises sanitaires, au premier rang desquelles la dermatose bovine et la grippe aviaire.

C'était la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats agricoles depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'était aussi la première depuis l'annonce, jeudi dernier, du report a priori au 12 janvier de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées, lesquelles affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes que les produits européens.

L'accord permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Sur le terrain, la mobilisation a connu un léger regain mardi (53 actions mobilisant 1.600 personnes, selon le ministère de l'Intérieur) par rapport à lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes), mais elle reste nettement inférieure à celle de la semaine dernière (110 actions jeudi).

Certains agriculteurs sont mobilisés depuis plus de 10 jours, notamment contre l'abattage total des troupeaux dans lesquels des cas de DNC sont détectés dans le Sud-Ouest.

Mardi, le ministère de l'Agriculture a confirmé un nouveau cas de la maladie en Haute-Garonne, portant le bilan total à 115 foyers enregistrés depuis juin en France. Ce dernier troupeau concerné a été abattu.

Dans le Sud-Ouest, des blocages d'autoroute étaient notamment maintenus sur l'A63 près de Bordeaux ou sur l'A64 au sud de Toulouse ou près de Bayonne.

Au sud de Bordeaux, les manifestants de la branche locale du syndicat Coordination rurale - classé à droite - ont dit vouloir organiser un réveillon et une messe de Noël mercredi soir sur leur barrage, à l'instar des agriculteurs mobilisés près de Toulouse.