Mettre fin à l’influence des Frères musulmans aux États-Unis

Les Frères musulmans ont commencé à réduire leurs pertes et à se tourner vers l’Occident (Photo, Reuters).
Les Frères musulmans ont commencé à réduire leurs pertes et à se tourner vers l’Occident (Photo, Reuters).
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Publié le Mardi 03 mai 2022

Mettre fin à l’influence des Frères musulmans aux États-Unis

Mettre fin à l’influence des Frères musulmans aux États-Unis
  • Plusieurs organisations politiques islamistes entretiennent des liens étroits avec les Frères musulmans
  • Il n’y a pas de solution toute faite au dilemme de l’islamisme politique aux États-Unis tant que nous aurons peur de nommer les problèmes

Après leur lamentable échec au Moyen-Orient et le début de la fin en Turquie, alors qu’Ankara cherche à renouer ses liens avec l’Égypte, les Frères musulmans ont commencé à réduire leurs pertes et à se tourner vers l’Occident, tirant profit des lois qui régissent la liberté de religion et les droits de l’homme.
Aux États-Unis, plusieurs organisations islamistes actives seraient prêtes à accueillir les membres des Frères musulmans à bras ouverts. La plupart de ces entités promeuvent l’islamisme, un concept autoritaire qui cherche à imposer des lois controversées dans les démocraties occidentales. De telles doctrines sont largement rejetées par la grande majorité des Américains, y compris les musulmans. Cependant, cela n’a pas empêché des politiciens américains de participer à des événements tenus par des organisations islamistes.
La Muslim American Society, comme plusieurs autres groupes de ce type, sait comment se déroule le jeu politique dans le monde occidental. Les slogans de lutte contre le racisme, l’antidiscrimination et la liberté religieuse les rapprochent des politiciens libéraux, des fonctionnaires, des décideurs et des électeurs progressistes.
Lors d’un récent événement en lien avec le ramadan, organisé au Minnesota, deux des principaux orateurs étaient des islamistes bien connus. L’un d’eux est l’imam du centre islamique Dar al-Farooq, Abdirahmane Kariye, un fils de réfugiés arrivés aux États-Unis depuis la Somalie et qui a étudié auprès d’éminents universitaires islamistes d’Égypte et de Somalie. «La mosquée Dar al-Farooq a servi de passerelle pour le recrutement à des fins terroristes, avec au moins six fidèles tentant de rejoindre (Daech) et Al-Chabab, la filiale d’Al-Qaïda en Somalie», déclare Benjamin Baird, directeur adjoint du projet «Islamisme en politique» du Forum du Moyen-Orient.
L’autre intervenant controversé était Asad Zaman, directeur exécutif et imam de la Muslim American Society du Minnesota. En mars, lorsqu’un projet de loi a été présenté par deux membres démocrates de la Chambre des représentants du Minnesota pour former un nouveau «groupe de travail sur les conséquences de l’islamophobie et de l’antisémitisme», il a proposé d’inclure des organisations islamistes antisémites parmi ses membres, dont la sienne. «Asad Zaman ne cache pas ses opinions sur les juifs et l’islamisme. Son compte Facebook regorge de propos antisémites, d’apologies du Hamas et de soutien aux criminels de guerre», écrit Sam Westrop, directeur d’Islamist Watch. Dans l’une de ses publications sur Facebook, le futur membre du groupe de travail sur les conséquences de l’islamophobie et de l’antisémitisme est affilié à un site néonazi négationniste et il promeut des théories du complot violemment antisémites.
Plusieurs organisations politiques islamistes entretiennent des liens étroits avec les Frères musulmans – un groupe dangereux désigné comme organisation terroriste dans plusieurs pays du Moyen-Orient, dont l’Égypte, où il a été fondé par Hassan al-Banna en 1928. L’affiliation de la Muslim American Society du Minnesota aux Frères musulmans est indéniable. Nous verrons pour quelles raisons et par quels moyens dans ce qui suit.
En 2004, le Chicago Tribune a prouvé que la branche américaine des Frères musulmans opérait sous le nom de «Muslim American Society». Elle a été mise en place dans l’Illinois en 1993 après un débat controversé entre les membres des Frères musulmans. Les documents de constitution montrent que le directeur de la société jusqu’en 1994 était un éminent dirigeant des Frères musulmans américains. Il répondait au nom d’Ahmed el-lkadi, un chirurgien d’origine égyptienne qui a emménagé aux États-Unis en 1967.
Mais pour quelle raison est-ce alarmant? Dans Message of the Teachings, l’imam Al-Banna affirme clairement que la violence est un moyen acceptable pour répandre l’idéologie islamiste: «Ayez toujours le martyre à l’esprit. Il faut s’y préparer aussi souvent que possible.» En 2005, Daveed Gartenstein-Ross de la Foundation of Defence of Democracies révèle que les membres de la Muslim American Society doivent lire Milestones de Sayyid Qutb, qui rejette les affirmations selon lesquelles le prétendu djihad ne comprend que la guerre défensive. Il ajoute que le programme de l’organisation prône la promotion de l’islam au moyen de la violence.
Bien que cette association se présente comme une organisation américaine indépendante sans affiliation aux Frères musulmans, un communiqué publié sur son site Web décrit le groupe terroriste comme un «mouvement islamique populaire pour la réforme et le renouveau». Le communiqué souligne que la plupart des écrits de l’imam Al-Banna pourraient être classés dans la catégorie «pensée fondamentale (par exemple, compréhension équilibrée de l’islam, réforme sociétale, changement pacifique, etc.)». La Muslim American Society a cherché à se distancier d’une partie de ses écrits, affirmant qu’ils ne s’appliquaient pas aux musulmans des États-Unis. Cependant, l’organisation islamiste a affirmé qu’elle continuerait d’inclure les écrits «applicables» de l’imam Al-Banna dans ses «programmes qui soutiennent nos efforts de pousser les gens à lutter pour la conscience de Dieu, la liberté, la justice et à contribuer à une société américaine vertueuse et juste».
Les politiciens américains ne comprennent pas que les cibles de l’activisme islamiste sont des musulmans laïcs qui s’opposent au sectarisme et aux menaces de l’islamisme politique. Pendant des années, cette communauté a été combattue et accusée d’être islamophobe et anti-arabe par des groupes islamistes et leurs politiciens.

«Il n’y a pas de solution toute faite au dilemme de l’islamisme politique aux États-Unis tant que nous aurons peur d’appeler les choses par leur vrai nom.» - Dalia al-Aqidi

Je me suis entretenue avec mon amie, Sarah Idan, ancienne Miss Irak et fondatrice de Humanity Forward, une organisation non gouvernementale (ONG) interconfessionnelle. Elle m’a répété que des groupes comme la Muslim American Society ne représentaient pas les musulmans modérés comme elle. Cette militante irako-américaine se dit préoccupée par l’affiliation de l’organisation à des groupes radicaux.
«L’intérêt des islamistes à financer et à soutenir des députés antisémites comme Ilhan Omar et Rachida Tlaib démontre leur objectif, soit l’islam politique. C’est le même problème qui nous a poussés à fuir vers l’Occident. Si les Américains comprenaient l’Histoire et la complexité du Moyen-Orient, ils seraient aussi inquiets que nous, en voyant ces groupes adopter la même stratégie que celle utilisée pour détruire nos patries et nos communautés», souligne-t-elle.
Ces organisations ou députés islamistes ne représentent pas des milliers de musulmans américains comme Sarah et moi. Cependant, il n’y a pas de solution toute faite au dilemme de l’islamisme politique aux États-Unis tant que nous aurons peur d’appeler les choses par leur vrai nom.
Dirigées par les Frères musulmans, ces organisations intimident quiconque s’oppose à l’idéologie islamiste et elles manipulent notre système et notre gouvernement en utilisant le terme magique d’«islamophobie». Nous devons nous rappeler qu’elles sont fières d’être antisémites et antiaméricaines et qu’elles sympathisent avec les groupes radicaux et agissent en conséquence.

Dalia al-Aqidi est chercheure au Center for Security Policy. 

Twitter: @DaliaAlAqidi
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com