Colombie: la parole d'un survivant des exécutions de civils par l'armée

Le paysan rural colombien Villamir Rodríguez, qui en 2007 a été visé par des soldats, montre la cicatrice laissée sur son bras, à Ocaña, en Colombie, le 26 avril 2022 (Photo, AFP).
Le paysan rural colombien Villamir Rodríguez, qui en 2007 a été visé par des soldats, montre la cicatrice laissée sur son bras, à Ocaña, en Colombie, le 26 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 03 mai 2022

Colombie: la parole d'un survivant des exécutions de civils par l'armée

  • Enlevé, M. Rodriguez est visé à bout portant
  • Blessé, il feint d'être mort et réussi finalement à s'échapper, seul survivant d'exécutions considéré comme plus grand scandale de l'histoire récente de l'armée colombienne

OCAÑA: Villamir Rodriguez est un miraculé. En 2007, ce modeste paysan de la région du Catacumbo, dans le nord de la Colombie, croise dans la campagne le chemin de militaires qui tentent de le tuer pour le faire passer pour un guérillero mort au combat et gonfler les statistiques de l'armée. 

Enlevé, M. Rodriguez est visé à bout portant. Blessé, il feint d'être mort et réussi finalement à s'échapper, seul survivant d'exécutions considéré comme plus grand scandale de l'histoire récente de l'armée colombienne, connu sous le nom de "faux positifs".

Quinze ans plus tard, cet homme de 32 ans était présent à l'audience historique qui s'est tenue les 26 et 27 avril dans la ville d'Ocaña (nord), dans la région même où 120 civils ont été assassinés de sang froid en 2007 et 2008 par des militaires, puis présentés fallacieusement comme des membres des guérillas d'extrême gauche opérant dans la zone.

Dans une reconnaissance sans précédent devant les familles de victimes, dix militaires à la retraite, dont un général et quatre colonels, ont reconnu publiquement leur responsabilité dans ces crimes.

Selon la Juridiction spéciale pour la paix (JEP), tribunal spécial issu de l'accord de paix historique signé en 2016 avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), 6 400 civils ont été exécutés de "façon systématique" et dans plusieurs régions du pays, entre 2002 et 2008, en échange de primes, promotions et autres avantages matériels pour les militaires.

A ce jour, Villamir Rodriguez est l'unique survivant recensé par la JEP de ces exécutions de civils par l'armée. Il avait 17 ans en 2007. Il se souvient que les soldats l'ont retenu pendant des heures dans la zone rurale d'El Tarra, non loin de la frontière avec le Venezuela.

«Blanchir votre nom»

Il faisait nuit et il pleuvait fort lorsque, soudain, deux soldats ont tiré des rafales dans sa direction, raconte-t-il à l'AFP. Touché au bras droit, il s'effondre. "Ils m'ont laissé là (en pensant que j'étais) mort. Mais je n'ai pas perdu connaissance, j'ai tout entendu", se souvient-il, le regard voilé.

Il les a entendus annoncer par radio: "Nous avons eu un accrochage avec le 33e front des FARC, nous avons besoin (...) de l'hélicoptère" pour convoyer le corps.

Villamir Rodriguez voit les deux soldats s'approcher de lui et poser leurs armes au sol. Il retient sa respiration, profite d'un moment d'inattention de ses bourreaux pour glisser dans la pente boueuse et disparaître dans la forêt.

"Sans mon +cadavre+ sous la main, je pense que ça a été très compliqué pour eux, parce qu'ils m'avaient déjà signalé comme tué au combat".

Villamir Rodriguez montre la cicatrice sur son bras, au niveau du triceps.

Le 26 avril, l'ancien capitaine Daladier Rivera s'est adressé à lui à l'audience: "Je veux blanchir votre nom dans son intégralité" et "faire comprendre au monde et au peuple colombien que vous n'avez jamais été un combattant".

"J'ai rédigé de faux documents" l'accusant de faire partie de la guérilla marxiste pour qu'il soit recherché, a admis M. Rivera, alors en charge des renseignements au 15e bataillon d'infanterie d'où, selon la JEP, la chasse aux civils était planifiée.

Villamir Rodriguez, qui ne sait pas lire, n'a pas pu distinguer les noms de famille brodés sur l'uniforme des deux soldats qui ont tenté de le tuer. Il se souvient à peine de leurs visages, qu'il n'a pas non plus reconnus parmi les militaires qui ont demandé pardon à l'audience.

S'il ne s'était pas échappé, Villamir Rodriguez aurait sûrement fini, comme les autres victimes, dans un cimetière rural situé près de la caserne d'Ocaña. 

Rodrigo Coronel, le propriétaire du terrain, se souvient d'au moins 18 "faux positifs" qui y ont été enterrés dans des fosses communes, dont des corps d'hommes jeunes "criblés de balles", transportés "dans des sacs et jetés là comme des animaux".

Selon les militaires qui ont avoué leurs forfaits, les soldats rivalisaient pour faire le plus grand nombre de victimes, et les unités ayant le "moins de résultats" étaient pointées du doigt par leurs supérieurs.


Au Vatican, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël

Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À la basilique Saint-Pierre, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël en tant que pape, plaçant son pontificat sous le signe de la charité, de l’espérance et de la dignité humaine
  • Fidèle à son appel à une paix « désarmée et désarmante », il s’apprête à renouveler ses appels à la trêve et à la paix mondiale

CITÉ DU VATICAN, SAINT-SIÈGE: Léon XIV a célébré mercredi soir la première messe de Noël de son pontificat dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, délivrant un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Peu avant la messe, le pape américain est sorti sur le parvis de la place Saint-Pierre pour saluer les quelque 5.000 fidèles massés sous la pluie pour suivre la cérémonie sur écrans géants, faute de place à l'intérieur de la basilique.

"La basilique Saint-Pierre est très grande, mais malheureusement pas assez pour tous vous accueillir. J'admire et respecte et vous remercie pour votre courage et votre envie d'être ici ce soir", a-t-il lancé en anglais.

Devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, Léon XIV, qui affiche un style plus discret que son prédécesseur François, a ensuite prononcé une homélie très religieuse sans évoquer directement de sujet d'actualité.

"Alors qu’une économie faussée conduit à traiter les hommes comme de la marchandise, Dieu se fait semblable à nous, révélant la dignité infinie de toute personne", a déclaré le pape.

"Proclamons la joie de Noël, qui est la fête de la foi, de la charité et de l’espérance", a-t-il ajouté.

Cette cérémonie commémorant la naissance du Christ, l'une des plus solennelles de l'année, a mêlé chants traditionnels et gestes symboliques. Le pape de 70 ans a décidé de la célébrer à un horaire plus tardif que sous le pontificat de François (19H30).

Autre changement majeur : Léon XIV présidera jeudi matin la messe du jour de Noël, renouant ainsi avec une tradition qui remontait au pontificat de Jean-Paul II (1978-2005).

Il prononcera ensuite à 12H00 (11H00 GMT) sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) en mondovision depuis le balcon de la basilique, lors de laquelle le pape se livre traditionnellement à un tour d’horizon des conflits dans le monde.

Fervent défenseur d’une paix "désarmée et désarmante", le chef de l'Eglise catholique devrait y renouveler ses appels à la paix. Mardi soir, Léon XIV a déjà demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

Aucun texte du Nouveau testament ne précise le jour et l'heure de naissance de Jésus de Nazareth. Sa célébration le 25 décembre dans la tradition chrétienne a été choisie au IVe siècle en Occident.

Ce Noël 2025 coïncide avec la clôture du Jubilé, "Année sainte" de l'Eglise qui a attiré des millions de pèlerins à Rome.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.