Les «  dauphins commandos », une pratique ancienne prisée de Moscou et Washington

 Des dauphins en mission commando en mer Noire? Loin d'être nouvelle et circonscrite à la guerre en Ukraine, l'utilisation de mammifères marins à des fins militaires est une pratique ancienne. (AFP).
Des dauphins en mission commando en mer Noire? Loin d'être nouvelle et circonscrite à la guerre en Ukraine, l'utilisation de mammifères marins à des fins militaires est une pratique ancienne. (AFP).
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Publié le Mercredi 04 mai 2022

Les «  dauphins commandos », une pratique ancienne prisée de Moscou et Washington

  • Les enclos se trouveraient désormais à "l'entrée du port de Sébastopol", qui abrite la flotte russe de la mer Noire - une flotte hors de portée des missiles ukrainiens
  • Conscients du potentiel de ces mammifères dotés du sonar le plus sophistiqué au monde, les Etats-Unis et la Russie ont engagé dès les années 60 des programmes d'entraînement de dauphins à visée militaire

PARIS: Des dauphins en mission commando en mer Noire? Loin d'être nouvelle et circonscrite à la guerre en Ukraine, l'utilisation de mammifères marins à des fins militaires est une pratique ancienne à laquelle plusieurs armées, notamment américaine et russe, ont eu recours ces dernières décennies. 


Le 27 avril, l'institut naval des Etats-Unis (Usni) jette un pavé dans la mare: photos satellites à l'appui, le centre affirme que la Russie a déplacé, sur sa base de Crimée, deux enclos de dauphins fin février, au moment même, peu ou prou, du lancement de son offensive militaire en Ukraine. 


Les enclos se trouveraient désormais à "l'entrée du port de Sébastopol", qui abrite la flotte russe de la mer Noire - une flotte hors de portée des missiles ukrainiens mais qui n'est pas pour autant à l'abri d'actes de sabotage sous marin.


Or face à cette menace, les dauphins peuvent jouer un rôle clef, souligne H.I Sutton, spécialiste américain des sous-marins, en empêchant notamment "les forces d'opérations spéciales ukrainiennes de s'infiltrer dans le port sous l'eau pour saboter les navires de guerre."


Les dauphins ont en effet la capacité très convoitée de pouvoir repérer des nageurs, des mines ou d'autres objets potentiellement dangereux, difficiles à détecter, en particulier dans les bas-fonds côtiers ou dans les ports bondés.


"Le dauphin a une capacité de détection hors du commun. C'est un animal très efficace notamment pour détecter du nageur de combat par petit fond", abonde une source militaire occidentale. "Il faut bien avoir en tête que le nageur de combat navigue à l'oxygène pur, il n'émet pas de bulles, il n'émet pas de bruit donc pour le détecter il faut du sonar actif d'où l'intérêt du dauphin", ajoute-t-elle. 

Sonar ultra-sophistiqué 

Conscients du potentiel de ces mammifères dotés du sonar le plus sophistiqué au monde, les Etats-Unis et la Russie ont engagé dès les années 60 des programmes d'entraînement de dauphins à visée militaire.


"Lorsque les services de renseignement soviétiques ont appris ce que les dauphins américains étaient capables de faire, dans les années 1960, nos militaires ont décidé de s'intéresser à la question", avait expliqué à l'AFP en 2016 l'officier russe à la retraite Viktor Baranets.


Dans leur base de Crimée, les dauphins soviétiques ont notamment été entraînés à poser des explosifs sur les navires ennemis et à détecter les torpilles abandonnées et les épaves au fond de la mer Noire, selon M. Baranets. 


Basé à San Diego, le Navy Mammal Program américain a testé lui une douzaine d'espèces différentes de mammifères marins, pour n'en retenir au final principalement que deux: les otaries de Californie et les grands dauphins.


Ces derniers ont fait leurs armes lors de la guerre du Vietnam, pour détecter les nageurs de combat, puis lors de la seconde guerre du Golfe pour des opérations de déminage.


Concrètement "on les envoie dans une zone, ils vont par écholocation repérer les mines, puis ils placent un marqueur, un poids avec un fil qui va faire remonter une petite bouée en surface. Là on sait qu'il y a possiblement quelque chose", explique le contre-amiral (deuxième section) français Axel Moracchini.


Même démarche face aux nageurs de combat. Le dauphin, doté ou non d'une caméra, détecte puis marque l'emplacement du nageur via une petite balise qui apparaîtra en surface, ajoute l'ancien plongeur démineur. 

Bélugas et otaries

Leur redéploiement quelques décennies plus tard dans le cadre de la guerre en Ukraine n'aurait donc rien de surprenant, à l'heure où Kiev a affirmé coup sur coup avoir coulé le croiseur russe Moskva et avoir détruit deux patrouilleurs russes près de l'île aux Serpents.


La Russie n'en est pas à son coup d'essai. En 2018, des dauphins de la flotte russe avaient déjà été déployés sur la base navale de Tartous, en Syrie selon l'Usni. Avec des enclos mobiles "très similaires" à ceux actuellement positionnés dans le port de Sébastopol.


Un an plus tard, la découverte en Norvège d'un Béluga portant un harnais avec l'inscription "Equipment St Petersburg" avait alimenté les suspicions sur une possible utilisation militaire par les Russes. 


A ce jour, outre la Russie et les Etats-Unis, deux autres pays auraient également développé des programmes militaires reposant sur des mammifères marins: la Corée du Nord et Israël.


D'autres ont tenté l'expérience, avant de finalement abandonner. "En 1914-18, la Grande-Bretagne avait utilisé des otaries de cirque pour détecter des sous-marins mais ne les a finalement pas trouvés très efficaces en eau libre", rappelle Andrew Lambert, professeur d'histoire navale à King's College, à Londres.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.