Dans la Corne de l'Afrique, la sécheresse menace 20 millions de personnes

Près de 40% de la population de la Somalie, soit six millions de personnes, fait face à des niveaux extrêmes d'insécurité alimentaire et certaines zones connaissent probablement déjà la famine (Photo, AFP).
Près de 40% de la population de la Somalie, soit six millions de personnes, fait face à des niveaux extrêmes d'insécurité alimentaire et certaines zones connaissent probablement déjà la famine (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 04 mai 2022

Dans la Corne de l'Afrique, la sécheresse menace 20 millions de personnes

  • Au Kenya, réputé pour ses réserves et parcs naturels, la faune sauvage est aussi menacée
  • Il arrive aussi que les animaux désertent leur zone d'habitat habituel en quête d'eau ou de nourriture

NAIROBI: Du sud de l'Ethiopie au nord du Kenya en passant par la Somalie, la Corne de l'Afrique fait face à une sécheresse qui alarme les organisations humanitaires, avec près de 20 millions de personnes menacées par la faim.

Dans ces régions où la population vit majoritairement d'élevage et d'agriculture, les trois dernières saisons des pluies depuis fin 2020 ont été marquées par de faibles précipitations, venant s'ajouter à une invasion de criquets qui a ravagé les cultures entre 2019 et 2021.

Un mois après le début théorique de la saison des pluies, "le nombre de personnes qui ont faim en raison de la sécheresse pourrait monter en flèche, passant de l'estimation actuelle de 14 millions à 20 millions en 2022", déclarait en avril le Programme alimentaire mondial (PAM).

Près de 40% de la population de la Somalie, soit six millions de personnes, fait face à des niveaux extrêmes d'insécurité alimentaire et certaines zones connaissent probablement déjà la famine, selon l'agence de coordination humanitaire de l'ONU, Ocha.

En Ethiopie, 6,5 millions de personnes font face à une "insécurité alimentaire sévère", de même que 3,5 millions de personnes au Kenya, selon l'agence. 

A travers la région, un million de personnes ont dû quitter leur foyer en raison du manque d'eau et de pâturages, et au moins 3 millions de têtes de bétail ont péri, ajoute Ocha.

"Nous devons agir maintenant (...) si nous voulons prévenir une catastrophe humanitaire", a déclaré de son côté lors d'un briefing à Genève Chimimba David Phiri, le représentant de la FAO auprès de l'Union africaine. 

La situation est aggravée par le conflit en Ukraine, qui a contribué à l'augmentation des prix alimentaires et du carburant et a perturbé les chaînes d'approvisionnement, souligne l'ONU.

Enfants en danger

Selon Catherine Russell, directrice exécutive de l'Unicef, 10 millions d'enfants à Djibouti, en Ethiopie, en Somalie et au Kenya ont besoin d'une assistance vitale.

"Plus de 1,7 million d'enfants sont sévèrement malnourris à travers la région", a-t-elle déclaré dans un communiqué publié après une visite de quatre jours en Ethiopie la semaine dernière.

Selon Mme Russell, le manque d'eau potable augmente le risque de maladies parmi les enfants, tandis que des centaines de milliers d'entre eux ont arrêté l'école, étant forcés de marcher de longues heures pour trouver de l'eau et de la nourriture.   

En 2017, une mobilisation humanitaire précoce avait permis d'éviter une famine en Somalie, contrairement à 2011 où 260 000 personnes - dont la moitié d'enfants de moins de six ans - étaient mortes de faim ou de troubles liés à la faim.

Au-delà des conséquences mortelles directes, la pénurie d'eau et la raréfaction des pâturages sont également sources de conflits, notamment entre bergers.

Au Kenya, réputé pour ses réserves et parcs naturels, la faune sauvage est aussi menacée.

De nombreux cas d'animaux sauvages (girafes, antilopes...), morts faute d'eau et de nourriture, ont été recensés.

Il arrive aussi que les animaux désertent leur zone d'habitat habituel en quête d'eau ou de nourriture.

Dans le centre du pays, des félins s'en sont pris à des troupeaux, des éléphants ou des buffles sont venus paître dans des fermes, suscitant la colère des habitants. 

En Ethiopie, la pire sécheresse «jamais vécue» ravage les vies des nomades somali

GODE: Quasiment pas une goutte de pluie depuis 18 mois. A Hargududo, village de la région Somali en Ethiopie, les habitants montrent à l'AFP les cadavres desséchés de chèvres, vaches ou ânes, éparpillés non loin des modestes huttes aux toits de chaume.     

En ce mois d'avril, théoriquement l'un des plus arrosés de l'année, l'air est brûlant et sec et la terre poussiéreuse et stérile.

Une grande partie des bêtes des quelque 200 familles semi-nomades du village ont péri: "Ceux qui avaient disons 300 chèvres avant la sécheresse n'en ont plus que 50 à 60, chez certains (...) aucune n'a survécu", explique l'un des villageois, Hussein Habil, 52 ans.

Depuis fin 2020, ici, comme dans d'autres régions du sud du pays, en Somalie ou au Kenya voisins, il n'a pratiquement pas plu. En Ethiopie, cette catastrophe humanitaire s'ajoute à celle engendrée dans le nord par le conflit dans la région du Tigré.

Le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) estime qu'en Ethiopie, entre 5,5 et 6,5 millions de personnes (soit entre 5 et 6% de la population) sont en grave insécurité alimentaire en raison de la sécheresse.

Selon l'Ocha, la sécheresse actuelle a tué près de 1,5 million de têtes de bétail dans ce pays, dont près des deux tiers en région Somali, "et l'état physique des animaux survivants s'est gravement détérioré, diminuant leur valeur sur le marché".

Aux populations nomades ou semi-nomades de cette région aride et hostile, le bétail procure nourriture et revenus, mais il constitue aussi toutes leurs économies.

"Nous étions de purs nomades avant cette sécheresse: on dépendait des animaux pour la viande, le lait et on les vendait", se souvient Tarik Mohamed, 50 ans, éleveuse d'Hargududo, situé à une cinquantaine de km de Gode, la grande ville de la zone administrative de Shabelle.

"Mais de nos jours, la plupart d'entre nous" se sédentarisent, "il n'y a plus d'avenir dans le pastoralisme, parce qu'il n'y a plus de troupeaux", poursuit-elle amèrement, "notre vie nomade est terminée".

En asséchant les puits et en raréfiant les pâturages, ce que ces éleveurs de la région somali décrivent comme la "pire sécheresse jamais vécue" anéantit le bétail, pivot de leur mode de vie désormais menacé.

Et c'est tout une société qui se délite: des villages qu'il faut quitter pour la ville, des familles qui éclatent, des enfants qui sont négligés parce qu'il faut sauver ce qu'il reste des bêtes, indispensables à la survie.

Dromadaires sans bosse

L'alternance de saisons sèches et de saisons des pluies - la petite en mars-avril, la grande entre juin et août - a toujours rythmé la vie de ces éleveurs.

"Avant cette sécheresse catastrophique, nous survivions en cas de sécheresse grâce aux restes de pâturages laissés par les pluies précédentes", raconte Tarik Muhamad.

Mais aucune des trois dernières saisons des pluies n'a été au rendez-vous. Et la quatrième, attendue depuis mars, semble vouloir faire elle aussi faux bond.

Dans la région, "les sécheresses sont un phénomène cyclique (...) mais elles sont désormais de plus en plus fréquentes", constate Ali Nur Mohamed, 38 ans, un responsable de l'ONG Save the Children.

En Afrique de l'Est, "depuis 2005, la fréquence des sécheresses a doublé, passant de tous les six à tous les trois ans" et "il y a eu plusieurs épisodes de sécheresse prolongée surtout dans les zones arides et semi-arides de la région depuis 30 ans", écrit le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) de l'ONU dans son dernier rapport.

Dès 2012, une étude de l'agence américaine d'aide au développement (Usaid) constatait que les régions méridionales de l'Ethiopie recevaient de 15 à 20% de pluies en moins que dans les années 1970. Et que se rétrécissaient les zones recevant les 500 mm annuels de précipitations nécessaires à une agriculture et un élevage viables.

"Désormais, à peine les éleveurs tentent-ils de se remettre d'une sécheresse qu'ils sont touchés par une nouvelle", poursuit Ali Nur Mohamed, les sécheresses "sont si rapprochées que ces éleveurs ne peuvent se relever".

Un sujet qui devrait être au menu de la Convention de l'ONU sur la lutte contre la désertification (UNCCD) qui se réunit à Abidjan du 9 au 20 mai.

Tous les éleveurs rencontrés dans la région disent avoir perdu entre 80% et 100% de leur cheptel. Les quelques troupeaux, vaches ou chèvres, croisés çà et là, sont très amaigris. De nombreux dromadaires ont perdu leur bosse, stock de nourriture.

Cinq jours de marche

Pour se nourrir, de nombreux éleveurs ont rejoint les camps qu'ont fait pousser près des localités ceux déplacés par la sécheresse.

Comme à Adlale, non loin de Gode, où, dans la lumière matinale, émergent de la poussière ocre soulevée par le vent les voiles colorés de dizaines de femmes venues chercher l'aide alimentaire d'urgence distribuée par le Programme alimentaire mondial (PAM).

"Tous nos animaux sont morts à cause de la sécheresse" et "nous avons marché cinq jours pour venir" ici, raconte Habiba Hassan Khadid, 47 ans, mère de dix enfants, qui élevait vaches et chameaux.

Mère de sept enfants, Ahado Jees Hussein, 45 ans, a rejoint Adlale en portant son fils de 15 ans, handicapé, sur son dos. "J'avais 100 chèvres, elles sont toutes mortes (...) Je suis venue sans rien. J'avais trois ânes de bât, mais ils sont tous morts", dit cette veuve qui dit n'avoir "jamais vécu une telle sécheresse".

Avec 2.700 autres familles, les deux femmes vivent au camp de Farburo 2, installé depuis trois mois. Des petites huttes de branches supportent un patchwork de tissus qui procurent une ombre salvatrice dans une température avoisinant les 40°C.

"Les conditions de vie sont alarmantes, la plupart des familles vivent de ce qu'elles reçoivent de proches" ou d'habitants de la localité, explique Ali Mohamed Ali, coordinateur du camp.

Lui aussi est pessimiste: "L'élevage nomade ne peut continuer d'exister avec la récurrence des sécheresses".

«Les puits sont vides»

"Avant la sécheresse", Halima Harbi, mère à 40 ans de neuf enfants, faisait "partie des familles vivant bien", "celles qui avaient assez" pour vivre correctement, dans une région où le luxe est inconnu.

"Désormais nous n'avons plus rien", raconte-t-elle, "j'ai utilisé mon dernier âne pour transporter ma famille ici, mais il (...) est mort en chemin".

"Nous n'avons rien emmené - ni de quoi dormir ni ustensiles de cuisine... - on se contentait de tirer nos enfants".

Dans sa minuscule hutte, Abdi Kabe Adan, solide et fier berger de 50 ans, pleure sans retenue: "Aucun de nos animaux n'a été épargné".

"Avant, de la pluie tombait ailleurs dans la région, alors nous bougions avec nos animaux vers les pâturages arrosés, même si ça prenait plusieurs jours. Mais cette fois-ci la sécheresse est partout" et "les puits sont vides".

"Je ne pense pas possible que notre mode de vie continue. J'ai vu des chèvres manger leurs excréments, des dromadaires manger d'autres dromadaires. Je n'avais jamais vu ça de ma vie", sanglote-t-il.

Il y a peu d'hommes dans le camp. Certains sont restés avec les dernières têtes de bétail, à la recherche d'un pâturage miraculeux. Beaucoup sont partis en quête d'un labeur en ville. D'autres ont fui, incapables d'affronter la honte ou les questions des épouses inquiètes de l'avenir.

Car la sécheresse a aussi abîmé l'organisation sociale de ces communautés.

"Avant les hommes avaient pour tâche de traire les vaches", de conduire les troupeaux aux pâturages, "d'acheter nourriture et biens pour la famille: ces rôles ont disparu avec notre bétail", explique Halima Harbi.

Les familles explosent et la solidarité a cédé la place aux rivalités. "Quand les camions de distribution d'eau arrivent, les vieux et les plus vulnérables ne reçoivent rien car la concurrence est rude", déplore-t-elle.

Malnutrition

Les enfants paient le prix fort: submergés par les problèmes, les parents "n'ont même plus le temps de s'occuper, de veiller sur leur progéniture", explique Ali Nur Mohamed de Save The Children.

"Normalement, une mère prend soin de ses enfants. On comprend la gravité, l'amplitude des problèmes, qui sont telles qu'elles lui font oublier d'emmener son enfant à l'hôpital (...) ou l'en empêchent, parce qu'elle est accaparée par ses autres enfants ou occupée à sauver son cheptel", détaille-t-il.

L'ONG effectue notamment des tournées dans les communautés, y repère les enfants en danger et les transporte vers les structures sanitaires, comme l'hôpital de Gode.

Là, dans l'atmosphère étouffante de la salle de l'unité de nutrition, sur des lits de fer, des mères ventilent avec leur voile - qui chasse aussi les mouches - une dizaine d'enfants très amaigris.

Dans la région, habituellement, "nos enfants sont à la limite de la sous-alimentation, donc à la moindre maladie, ils tombent dans la malnutrition", constate le directeur l'hôpital, le Dr Mahamed Shafi Nur.

L'essentiel des enfants est traité en ambulatoire, grâce à des pâtes nutritives à base d'arachide, prêtes à manger. Ceux qui souffrent de complications - environ 15% - sont hospitalisés.

"Les familles sont désorganisées", parfois "le père est parti loin à la recherche de nourriture" pour le bétail, "la mère se retrouve seule avec de nombreux enfants. Du coup (les enfants) arrivent tard" à l'hôpital "et avec des complications", explique le Dr Mahamad Abdi Omar, pédiatre de l'établissement.

Choix terribles

Samiya, le bébé de Rokiya Adan Mahad, 39 ans, avait la diarrhée et vomissait depuis une semaine quand elle l'a enfin amenée.

Le fils de Falis Hassen souffre du foie et d'aphtes depuis deux mois, qui l'empêchent de téter. "Nous sommes pris par la recherche de pâturages et d'eau pour le bétail", explique cette femme de 38 ans, venue sans prévenir son mari: "Il ne m'aurait pas laissée, il y a tant à faire".

Le fils d'Abdullahi Gorane, les cheveux décolorés par la malnutrition, souffrait de diarrhée et vomissait depuis des semaines.

"Je m'occupais du bétail, je n'avais pas le temps pour mon enfant", dit cet homme de 30 ans - seul père présent - qui s'est décidé quand la sécheresse a eu raison de son troupeau: il a perdu deux de ses cinq dromadaires, 80% de ses chèvres et 100% de ses vaches.

L'absence de contraception et d'espacement des naissances, d'allaitement exclusif, ainsi que des conditions d'hygiène médiocres expliquent la sous-alimentation chronique des enfants, dit Ahmed Nur, agent de santé au centre de soins de Kelafo à une centaine de km de Gode.

Mais la situation a été largement "aggravée" par la sécheresse et "tous les mois, le nombre d'enfants mal-nourris augmente".

Comme Ayan Ibrahim Haroun, les parents sont ainsi parfois confrontés à des choix terribles: soigner son enfant, c'est prendre le risque de perdre son bétail.

Toux, œdèmes sur le corps (un possible symptôme de malnutrition sévère): Sabirin Abdi, sa fille de deux ans, était malade depuis un mois déjà quand cette cultivatrice, qui améliore l'ordinaire avec quelques animaux, s'est résolue à l'amener à Kelafo.

"Nous n'avons pas eu de récolte cette année", explique-t-elle, "j'avais dix chèvres, "quatre sont mortes au cours des 11 jours que j'ai passés à l'hôpital" avec Sabirin.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.