Au bord de l'explosion, le PS soumet à son parlement l'accord avec LFI

Le premier secrétaire Olivier Faure (PS) et ses lieutenants se sont épuisés à négocier, jour et nuit depuis une semaine, un accord avec LFI (Photo, AFP).
Le premier secrétaire Olivier Faure (PS) et ses lieutenants se sont épuisés à négocier, jour et nuit depuis une semaine, un accord avec LFI (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 05 mai 2022

Au bord de l'explosion, le PS soumet à son parlement l'accord avec LFI

  • Le vote de ce texte à partir de 19H00 au Conseil national leur promet quelques sueurs froides
  • La direction socialiste fait en plus face à la fronde de figures du parti concernant l'accord

PARIS: Le Parti socialiste soumet jeudi soir à son parlement interne l'accord noué avec La France insoumise pour les législatives, une "bataille titanesque" au moment où le parti menace d'exploser, plusieurs figures rejetant l'alliance.
Le premier secrétaire Olivier Faure et ses lieutenants se sont épuisés à négocier, jour et nuit depuis une semaine, un accord avec LFI permettant d'être en situation de sauver la plupart de leurs députés sortants.
Mais ils ne sont pas au bout de leur peine. Le vote de ce texte à partir de 19H00 au Conseil national, organisé en visioconférence et en présentiel au siège d'Ivry-sur-Seine, leur promet quelques sueurs froides.
Ils se sont d'ailleurs donné 24 heures pour tenter de convaincre les 300 membres de ce parlement, où ils sont pourtant a priori majoritaires. "Ce ne sera pas une formalité, bien au contraire", a confié l'entourage d'Olivier Faure à l'AFP mercredi. "Il y aura des déçus, chez les fédérations moins servies que d'autres" parmi les 70 circonscriptions obtenues.
Le porte-parole du PS Pierre Jouvet, négociateur en chef de l'accord, en convient sur France Info: "Ca va être une bataille titanesque parce que j'entends ce qui peut se dire, j'entends les colères qui peuvent être provoquées notamment sur la répartition des circonscriptions".
Selon la liste consultée par l'AFP, une bonne vingtaine de circonscriptions sont gagnables. Mais trois sortants ont été sacrifiés: David Habib dans les Pyrénées-Atlantiques, Christian Hutin dans le Nord et Michèle Victory dans l'Ardèche. Auxquels s'ajoute la 1ère circonscription dans la Loire de Régis Juanico (Générations), que le PS pensait récupérer.
Cependant, Pierre Jouvet intime aux membres du Conseil national: "Ne tournez pas le dos à ce rassemblement et au peuple de gauche qui nous attend, et qui croit qu'enfin nous nous sommes réconciliés pour avancer ensemble, pour changer la vie des gens".
Alliance délicate
Rien moins que la présidente du groupe socialiste à l'Assemblée, Valérie Rabault, a pourtant fait savoir en interne qu'elle ne soutiendrait pas l'accord, selon un message consulté par l'AFP.
La direction socialiste fait en plus face à la fronde de figures du parti, qui étaient déjà critiques ces dernières années mais ont laissé éclater leur colère à mesure que l'accord prenait consistance.
François Hollande a ainsi "récusé l'accord sur le fond et les circonscriptions", tandis que son ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve a annoncé mettre sa menace à exécution en quittant le parti.
Un autre de ses Premiers ministres Jean-Marc Ayrault a pour sa part dénoncé un "rafistolage" et le "prix exorbitant" payé par le PS.
Ils s'offusquent tous d'une alliance avec un Jean-Luc Mélenchon antagoniste historique du PS. Mais aussi de l'inclusion dans l'accord de la "désobéissance" aux traités européens en cas de blocage pour appliquer le programme, ou encore de nombreuses mesures sociales qu'ils estiment impossibles à financer.
"C'est une grande tristesse de voir ça, c'est mon histoire politique qui s'en va", confie à l'AFP François Rebsamen, maire de Dijon, ancien ministre de François Hollande, qui a soutenu Emmanuel Macron à la présidentielle.
"Je disais PS = Parti sectaire, cela devient PS = Parti soumis", "tout cela pour quelques circonscriptions, comme si c'est ce qui allait sauver le PS", soupire-t-il.
Il espère qu'une partie des socialistes mécontents iront dans la structure "sas" qu'il a montée, la "Fédération progressiste". Et qu'une autre voudra rester au PS avec Stéphane Le Foll, qui a dit mercredi son souhait de mener la campagne législative des dissidents.
La présidente de la région Occitanie Carole Delga a d'ores et déjà présenté des candidats hors accord.
"Le Conseil national va être un bordel terrible", prévoit le dirigeant d'un petit parti de gauche, bon connaisseur des rouages socialistes. Il estime que l'accord "est une humiliation complète pour le PS, qui a lâché toute une génération au profit de circonscriptions gagnables pour des jeunes comme Pierre Jouvet".
Selon lui, Olivier Faure, qui avait commencé son mandat de chef en faisant un bilan critique du quinquennat Hollande, n'est pas malheureux de la situation: "Mélenchon lui a offert le prétexte pour rompre avec les éléphants. Ca fait cinq ans qu'il n'arrivait pas à entamer le divorce".


France/Algérie : Retailleau souhaite la suspension de l'accord de 1968

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’adresse au gouvernement lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale, chambre basse du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (Photo : Thibaud MORITZ / AFP)
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’adresse au gouvernement lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale, chambre basse du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (Photo : Thibaud MORITZ / AFP)
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  • Invité sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur a répété que la France avait été « humiliée » par l'Algérie lorsque ce pays a refusé l'entrée sur son territoire à un influenceur algérien expulsé de France.
  • Il s'agit d'un accord bilatéral signé le 27 décembre 1968 qui crée un statut unique pour les ressortissants algériens en matière de circulation, de séjour et d'emploi.

PARIS : Dans un contexte de grandes tensions entre les deux pays, Bruno Retailleau a souhaité dimanche la fin de l'accord franco-algérien de 1968 relatif aux conditions d'entrée en France des ressortissants algériens.

Invité sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur a répété que la France avait été « humiliée » par l'Algérie lorsque ce pays a refusé l'entrée sur son territoire à un influenceur algérien expulsé de France. « L'Algérie, a-t-il dit, n'a pas respecté le droit international » en refusant l'accès à ce ressortissant algérien qui possédait « un passeport biométrique » certifiant sa nationalité.

Le ministre a également évoqué le sort de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie.

« La France doit choisir les moyens de répondre à l'Algérie », a poursuivi M. Retailleau. « On est allé au bout du bout (...). Je suis favorable à des mesures fortes, car sans rapport de forces, on n'y arrivera pas. »

Il a souhaité à cet égard que l'accord de 1968 soit remis en cause. « Cet accord est dépassé et a déformé l'immigration algérienne. Il n'a pas lieu d'être. Il faut le remettre sur la table », a-t-il jugé.

Il s'agit d'un accord bilatéral signé le 27 décembre 1968 qui crée un statut unique pour les ressortissants algériens en matière de circulation, de séjour et d'emploi.

Le texte, qui relève du droit international et prime donc sur le droit français, écarte les Algériens du droit commun en matière d'immigration.

Leur entrée est facilitée (sans qu'ils n'aient besoin de visa de long séjour), ils peuvent s'établir librement pour exercer une activité de commerçant ou une profession indépendante et accèdent plus rapidement que les ressortissants d'autres pays à la délivrance d'un titre de séjour de 10 ans.

Dénonçant "l'agressivité" d'Alger vis-à-vis de Paris, M. Retailleau a fait valoir que "la France a fait tout ce qu'elle pouvait sur le chemin de la réconciliation et en retour, on a eu que des gestes d'agression".

"La fierté française a été blessée par l'offense que l'Algérie a faite à la France", a-t-il dit encore.


Bruno Retailleau sur l'AME: "on y touchera"

Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « On y touchera », a affirmé le ministre, connu pour sa fermeté sur les questions migratoires. « C'est un sujet du PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) », a-t-il ajouté.
  • M. Retailleau demande que soient reprises les conclusions du rapport Evin/Stefanini, remis fin 2023 avant la dissolution de l'Assemblée nationale, qui, selon lui, avait jugé que l'AME constituait un « encouragement à la clandestinité ».

PARIS : Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau a assuré samedi que le gouvernement Bayrou allait « toucher » à l'aide médicale d'État (AME), un dispositif permettant à des étrangers en situation irrégulière de se soigner.

« On y touchera », a affirmé le ministre, connu pour sa fermeté sur les questions migratoires. « C'est un sujet du PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) », a-t-il ajouté.

M. Retailleau demande que soient reprises les conclusions du rapport Evin/Stefanini, remis fin 2023 avant la dissolution de l'Assemblée nationale, qui, selon lui, avait jugé que l'AME constituait un « encouragement à la clandestinité ».

Dans ce document, l'ancien ministre socialiste Claude Evin et le préfet Patrick Stefanini, figure de LR, prônaient notamment un ajustement du panier de soins accessibles via l'AME.

Ils ont aussi souligné le rôle du dispositif pour éviter l'aggravation de l'état de santé des migrants en situation irrégulière, ainsi que la propagation de maladies à l'ensemble de la population.

La droite et l'extrême droite, quant à elles, réclament la réduction du périmètre des soins éligibles à l'AME, voire sa suppression pure et simple. Le dispositif est en revanche défendu par la gauche et une partie du bloc centriste.

En décembre, dans le cadre de l'examen du budget de l'État, le Sénat a approuvé, avec l'appui du gouvernement, une diminution de 200 millions d'euros du budget alloué à l'AME, pour un total de 1,3 milliard d'euros, en augmentation de plus de 9 % par rapport à 2024.

L'Aide médicale d'État (AME) permet la prise en charge des personnes en situation irrégulière résidant en France depuis plus de trois mois dont les ressources sont faibles et n’ouvrent pas droit à la couverture du système de droit commun.

Plus largement, concernant la politique migratoire, Bruno Retailleau a réitéré son souhait d'abolir le droit du sol à Mayotte, même s'il a reconnu que les conditions politiques n'étaient pas encore réunies.

Il a fait le même constat pour un débat sur le droit du sol en métropole.

« Il doit y avoir, non pas une automaticité, mais ça doit procéder d'un acte volontaire », a déclaré le ministre, qui veut ainsi revenir aux dispositions de la loi mise en place par l'ex-ministre RPR Charles Pasqua en 1993, avant d'être supprimées sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin.

La loi Pasqua soumettait l'obtention de la nationalité française pour un mineur né en France de parents étrangers disposant d'une carte de séjour, à une déclaration préalable à ses 18 ans.


50 ans après la loi Veil, les opposants à l'IVG ont appelé à « marcher pour la vie »

Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
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  • Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.
  • Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

PARIS : Cinquante ans après la loi Veil, les opposants à l'avortement sont appelés à manifester dimanche dans le cadre de la « marche pour la vie ». Selon ses organisateurs, cette manifestation devrait rassembler plus de 10 000 personnes cette année.

Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.

La manifestation est organisée chaque année autour de l'anniversaire de la loi Veil relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), promulguée le 17 janvier 1975.

« Depuis 1975, ce sont plus de 10 millions d'enfants à naître qui ont été exclus de la société française : qui pourrait se réjouir de cela ? », déclare à l'AFP Nicolas Tardy-Joubert, président de la Marche pour la vie.

« Aujourd'hui, tout est fait pour encourager l'avortement, il n'y a pas de politique qui dissuade réellement », estime-t-il.

Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

Si les règles encadrant l'avortement ont été assouplies depuis 1975 et si « la liberté garantie à la femme » de recourir à l'IVG a été inscrite dans la Constitution en 2024, les associations féministes s'alarment toutefois d'un droit toujours « fragile » et font état « d'attaques régulières » de la part de ses opposants.

Outre l'opposition à l'IVG, les organisateurs de la « marche pour la vie » réclament, comme l'an dernier, une échographie obligatoire dès la sixième semaine de grossesse, permettant d'entendre battre le cœur du fœtus, ou encore un délai de réflexion de trois jours avant toute IVG.

Ils appellent également à « encourager l’accouchement sous X » et à défendre « le droit absolu à l’objection de conscience des personnels de santé et protéger la clause de conscience spécifique ».

Autre sujet également à l'ordre du jour de la manifestation : le rejet de toute légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, ainsi que l'appel à « un grand plan pour que les soins palliatifs soient accessibles à tous ».

« Pour nous, l'interdit de tuer doit rester un fondement de notre société », insiste Nicolas Tardy-Joubert.

Porté par le gouvernement Attal, un projet de loi sur la fin de vie devait légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l'euthanasie, mais uniquement dans des situations strictement définies et en évitant d'employer ces termes, le gouvernement préférant parler d'"aide active à mourir". Son examen a été interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024.

Mardi, lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre François Bayrou n'a pas abordé ce sujet sensible, ni le délai d'examen ni le fond, en renvoyant le texte « au pouvoir d'initiative » du Parlement.