Faire payer aux «Gafa» les réseaux télécoms? Bruxelles ressuscite une idée controversée

Une photo d'illustration prise à Londres le 18 décembre 2020 montre les logos de Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft affichés sur un téléphone portable avec un drapeau de l'UE affiché en arrière-plan. (AFP)
Une photo d'illustration prise à Londres le 18 décembre 2020 montre les logos de Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft affichés sur un téléphone portable avec un drapeau de l'UE affiché en arrière-plan. (AFP)
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Publié le Vendredi 06 mai 2022

Faire payer aux «Gafa» les réseaux télécoms? Bruxelles ressuscite une idée controversée

  • Faire payer davantage les géants du net, n'est-ce pas risquer aussi qu'ils exigent des compensations auprès des opérateurs télécoms?
  • La Commission européenne envisage une «juste contribution» des géants du numérique, au risque d'ébranler le principe de neutralité du net

PARIS: Netflix, Google et consorts vont-ils devoir participer au financement des réseaux télécoms? La Commission européenne envisage une "juste contribution" des géants du numérique, principaux consommateurs en bande passante, au risque d'ébranler le principe de neutralité du net. Un projet réclamé de longue date par les opérateurs.


"Il y a une question que nous devons considérer avec beaucoup d'attention, c'est la question de la juste contribution aux réseaux de télécommunications", a affirmé cette semaine la vice-présidente de la Commission européenne, Margrethe Vestager.


"Parce que nous voyons qu'il y a des acteurs qui génèrent beaucoup de trafic permettant à leur activité d'exister, mais qui n'ont pas contribué à faire en sorte que ce trafic puisse fonctionner", a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse lundi.


Après l'adoption du projet européen de régulation sur les services et marchés numériques ("Digital Services Act", DSA; "Digital Markets Act", DMA), "c'est désormais l'un des principaux chantiers de notre espace numérique", a encore tonné son homologue au Marché intérieur, Thierry Breton, mercredi sur Twitter.


Selon plusieurs médias, un projet législatif dédié devrait être présenté "à la fin de l'année" par Bruxelles sur ce sujet.


La Commission répond ainsi à une demande récurrente des opérateurs, à l'image de l'appel commun lancé par les quatre plus grands opérateurs européens, Deutsche Telekom, Vodafone, Orange et Telefonica, en février dernier.

55% du trafic en ligne

L'Etno, le lobby européen des télécoms, a justement publié lundi une étude démontrant que les géants du web comme Facebook, Apple, Amazon, Microsoft et Netflix ont représenté à eux seuls 55% du trafic en ligne l'an passé, alors que les opérateurs ont investi plus de 500 milliards d'euros depuis dix ans au développement des réseaux nationaux.


L'association, qui déplore "peu ou pas de contribution financière au développement des réseaux" de la part de ces géants du web, plaide pour une contribution de 20 milliards par an pour "débloquer d'importantes opportunités".


Du côté des géants du net, le contre-argumentaire ne s'est pas fait attendre.


Selon la CCIA qui représente les industries des technologies de l'information et des communications, dont sont membres les "Gafa" (acronyme désignant Google, Amazon, Facebook et Apple), "les entreprises de la tech ont investi des centaines de milliards d'euros dans l'infrastructure internet dans la seule période 2014-2018", et contribuent à aider les opérateurs à éviter les congestions du trafic en développant de nouvelles technologies.


"Les opérateurs sont déjà rémunérés par leurs clients", a fustigé le vice-président du lobby Christian Borggreen.


"Ce serait comparable à une demande des distributeurs d'énergie de faire payer les fabricants de machine à laver pour l'énergie consommée par leurs produits, alors que celle-ci est déjà facturée au consommateur", a-t-il ajouté.

Neutralité du net 


D'autres critiques venues d'associations européennes de défense des "droits numériques" s'inquiètent aussi d'un possible impact sur le principe d'égalité de traitement et d'accès des contenus en ligne, dit de "neutralité du net".


En septembre 2020, la Cour de justice de l'UE a considéré qu'un fournisseur d'accès ne peut pas privilégier certaines applications ou certains services en leur accordant un accès illimité, quand les services concurrents sont soumis à des mesures de blocage ou de ralentissement.


Mais faire payer davantage les géants du net, n'est-ce pas risquer aussi qu'ils exigent des compensations auprès des opérateurs télécoms?


"C'est certainement ça qui va se passer: il y aura des gens ordinaires qui ne payeront pas, dont les services seront lents, et d'autres qui auront les moyens et qui auront un accès privilégié. C'est clairement une menace pour la neutralité du net, sous couvert de justice", estime auprès de l'AFP Stéphane Bortzmeyer, ingénieur réseaux et spécialiste de l'internet.


"Le principe de neutralité du net est excellent" mais "la déclinaison pratique est compliquée", ajoute-t-il. "C'est assez difficile d'en faire une règle précise et applicable juridiquement". 


Aux Etats-Unis, il fait l'objet d'âpres batailles depuis des années. L'administration Trump était par exemple revenue sur ce principe, voté deux ans auparavant sous la présidence de Barack Obama, en l'accusant de décourager les investissements dans de nouveaux services. Joe Biden peine désormais à le restaurer.


Le débat européen ne fait que commencer.


Airbus: commande de 30 avions A320neo et 10 cargo A350F du loueur saoudien AviLease

Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
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  • L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris
  • Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat

LE BOURGET: Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease.

L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris. Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat, de la version et de la configuration de l'appareil et qu'ils demeurent confidentiels.

 

 


Vision Golfe 2025 : Paris accueille une nouvelle étape dans le partenariat stratégique entre la France et le Golfe

Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
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  • Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des pays du
  • Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques

PARIS: Les 17 et 18 juin prochains, la troisième édition de Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ce forum de haut niveau, désormais incontournable, vise à transformer les visions stratégiques partagées en partenariats concrets, autour du thème : « Des visions audacieuses à l’impact concret : une nouvelle ère de coopération ».

Un programme structuré autour de dix axes stratégiques

Pendant deux jours, Vision Golfe 2025 mettra en lumière dix domaines clés de collaboration : transition énergétique, intelligence artificielle, santé, éducation, agroalimentaire, infrastructures intelligentes, luxe, sport, mobilité et environnement d’investissement.

Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques.

Des figures majeures au programme

L’événement accueillera des ministres de haut rang de France et du Golfe, apportant une perspective politique de premier plan sur les grandes orientations bilatérales. Parmi les institutions représentées figurent notamment l’Université d’intelligence artificielle Mohammed ben Zayed  (MBZUAI) à Abou Dhabi et le Abu Dhabi Investment Office (ADIO), tous deux engagés dans la construction de ponts technologiques et économiques entre les deux régions.

Une ambition européenne portée par la France

En tant que première destination des investissements étrangers en Europe en 2024, la France joue un rôle de passerelle vers le marché européen pour les fonds souverains, les investisseurs privés et les start-ups innovantes du Golfe.

Vision Golfe 2025 s’inscrit dans cette dynamique en offrant une plateforme stratégique pour explorer de nouvelles synergies économiques.

Bilan positif et continuité

La précédente édition avait permis la signature d’accords marquants, notamment entre la Saudi Ports Authority (MAWANI) et le Grand Port Maritime de Marseille Fos, ainsi que la création du France Lab au sein de la MBZUAI — véritable symbole de coopération en matière d’intelligence artificielle.

Vers un partenariat durable et multidimensionnel

Dans un contexte de croissance continue des échanges — estimés à 20,9 milliards d’euros entre la France et le CCG en 2024, dont 8,5 milliards avec les Émirats arabes unis et 7,6 milliards avec l’Arabie saoudite — Vision Golfe 2025 ambitionne de consolider un partenariat structuré autour de trois piliers :

  • l’innovation industrielle,
  • les échanges académiques et culturels,
  • les projets d’investissement stratégique.

La session ministérielle « Blueprints for 2030 » et le panel « Innover pour la durabilité » promettent d’ouvrir la voie à des coopérations concrètes et orientées vers des résultats mesurables.

Vision Golfe 2025 s’impose comme un carrefour stratégique, où ambitions partagées et réalisations concrètes convergent pour dessiner l’avenir des relations entre la France et les pays du Golfe.


l'Arabie saoudite fait progresser ses objectifs en matière d'émissions nettes zéro

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
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  • L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.
  • L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060.

RIYAD : Plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone à haute intégrité devraient être délivrés d'ici 2030 dans le cadre d'un accord visant à soutenir les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'émissions nettes zéro.

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.

Selon l'agence de presse saoudienne, les crédits proviendront de projets d'action climatique mondiaux, principalement dans les pays du Sud, et le premier lot devrait être livré par l'intermédiaire de la plateforme de marché en décembre.

Cet accord est une étape clé dans les efforts du Royaume pour construire un marché volontaire du carbone évolutif, et permettra à ENOWA de compenser ses émissions actuelles tout en développant une infrastructure renouvelable pour alimenter les futurs secteurs et projets de NEOM.

L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060 grâce au développement d'une infrastructure robuste d'échange de carbone axée sur des crédits de haute qualité et un impact significatif sur le climat.

"L'accord à long terme avec ENOWA vise à faciliter la fourniture de plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone d'ici à 2030. Il représente une étape clé dans le parcours du Royaume pour stimuler la croissance des marchés volontaires mondiaux du carbone", a déclaré Riham El-Gizy, PDG de la Voluntary Carbon Market Co.

"Alors qu'ENOWA développe un système avancé d'énergie renouvelable et propre pour alimenter les secteurs et les projets de NEOM, cet accord l'aidera à compenser ses émissions actuelles et à jeter les bases d'une infrastructure d'énergie propre à long terme", a-t-elle ajouté.

VCM, qui a été créé en octobre 2022 par le PIF et le Saudi Tadawul Group, est détenu à 80 % par le fonds souverain. Il exploite un écosystème complet qui comprend un fonds d'investissement pour les projets d'atténuation du changement climatique, une plateforme d'échange de crédits carbone et des services de conseil pour soutenir les réductions d'émissions.

Le marché mondial du carbone volontaire devrait connaître une forte expansion, passant d'un montant estimé à 2 milliards de dollars en 2020 à environ 250 milliards de dollars d'ici à 2050.

M. El-Gizy a souligné que l'accord soutenait également les projets climatiques dans les pays du Sud en fournissant des garanties de financement essentielles, aidant ainsi les développeurs à planifier avec plus de certitude.

"Pour parvenir à des émissions nettes nulles au niveau mondial, les projets respectueux du climat qui réduisent ou éliminent le carbone de l'atmosphère ont non seulement besoin de financement, mais aussi d'une crédibilité accrue", a-t-elle déclaré.

Jens Madrian, directeur général par intérim d'ENOWA, a souligné l'importance du partenariat pour les objectifs de durabilité de NEOM.

"ENOWA s'efforce de répondre aux besoins énergétiques de NEOM de manière durable. Au cours des deux dernières années, nous avons acquis des crédits carbone à haute intégrité lors des ventes aux enchères du marché volontaire du carbone, et nous sommes heureux d'être la première entreprise du Royaume à signer un accord à long terme et à grande échelle avec le marché", a-t-il déclaré.

Le VCM a lancé la première plateforme d'échange volontaire de crédits carbone d'Arabie saoudite le 12 novembre 2024. Le système offre des transactions sécurisées, des outils de découverte des prix et un accès aux données des projets de crédits carbone, constituant ainsi l'épine dorsale de l'entrée du Royaume sur le marché mondial.

Intégrée aux registres internationaux, la plateforme prend également en charge l'infrastructure conforme à la charia et comprend des fonctions telles que les enchères, les demandes de cotation et les échanges de gré à gré. Un marché au comptant devrait être lancé en 2025.

ENOWA a déjà participé à des ventes aux enchères de crédits carbone organisées en Arabie saoudite en 2022 et au Kenya en 2023. Ces efforts s'inscrivent dans les objectifs plus larges de NEOM, à savoir la construction d'un modèle urbain durable, la promotion de la diversification économique et l'amélioration de la qualité de vie. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com