Investiture sobre pour le second mandat du président français Macron

Le président français Emmanuel Macron visite un marché sur la place de l'Eglise à Barbazan-Debat, dans le sud de la France, le 29 avril 2022 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron visite un marché sur la place de l'Eglise à Barbazan-Debat, dans le sud de la France, le 29 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 07 mai 2022

Investiture sobre pour le second mandat du président français Macron

  • Le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius proclamera sa victoire
  • L'événement se résumera donc pour l'essentiel à une cérémonie télévisée

PARIS: Le président français Emmanuel Macron est investi samedi lors d'une cérémonie sobre mais chargée de symboles au palais de l'Elysée, à quelques jours du début d'un second mandat dont il doit encore définir les contours.

L'investiture du quatrième président réélu sous la Ve République, après De Gaulle, Mitterrand et Chirac, s'inscrit dans la lignée de celle de ses devanciers, sans sortie de l'Elysée. L'événement se résumera donc pour l'essentiel à une cérémonie télévisée, retransmise en direct sur toutes les grandes chaînes.

A 11H00 (09H00 GMT) Emmanuel Macron fera son entrée dans la salle des fêtes, la plus vaste et prestigieuse du palais, au son du premier mouvement du Concerto pour hautbois de Haendel.

Le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius proclamera sa victoire au second tour le 24 avril face à la candidate d'extrême droite Marine Le Pen, avec 58,55% des suffrages. Puis de M. Macron se fera présenter le collier de grand maître de la Légion d'honneur.

Cette cérémonie "est un prolongement d'un rituel quasi monarchique, au fond c'est une sorte de sacre du monarque républicain", explique à l'AFP l'historien Jean Garrigues.

Le chef de l'Etat prononcera ensuite un discours devant les quelque 450 personnalités invitées, sa famille, dont son épouse Brigitte, ses amis, les membres du gouvernement, son Premier ministre Jean Castex en tête, ainsi que les principaux responsables des deux chambres du Parlement, des corps constitués et intermédiaires, des académies, des syndicats, des cultes...

Ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy et François Hollande et son ex-Premier ministre Edouard Philippe seront également dans l'assistance.

La seule touche personnelle du président réélu portera sur le choix des invités, avec des soignants, des élus locaux, des responsables d'associations, des sportifs et des jeunes, afin de rappeler les priorités affichées de son nouveau mandat, dont une réforme de l'hôpital. 

Il fixera ensuite dans un discours les grandes orientations de son second quinquennat, avant de sortir dans le parc pour passer en revue les troupes au son de la Marseillaise mais aussi du morceau "Terre et mer" du Bagad de Lann-Bihoué, déjà joué ces dernières années en hommage à des militaires tués en opération au Sahel.

Conformément à une tradition remontant à l'Ancien régime, 21 coups de canon seront tirés depuis l'esplanade des Invalides.

Parti «Renaissance»

Le nouveau quinquennat ne débutera néanmoins officiellement que le 14 mai. La nomination du nouveau Premier ministre ne devrait intervenir qu'après, alors que les élections législatives se profilent un mois plus tard.

Les apparentes difficultés de M. Macron à trouver la personnalité idéale pour diriger le gouvernement alimentent les supputations.

L'ex-directrice de cabinet du Premier ministre socialiste Manuel Valls, Véronique Bédague, actuellement directrice générale du groupe immobilier Nexity, aurait décliné l'offre, de même que la députée socialiste Valérie Rabault qui a indiqué avoir été approchée et avoir refusé pour ne pas avoir à porter le projet de retraite à 65 ans.

L'Elysée assure de son côté que "le président n'a proposé le poste de Premier ministre à personne".

Jean Garrigues voit une série de difficultés principales pour M. Macron dans cette optique.

Il cite ainsi le "paysage politique fracturé", auquel il est confronté, sans "véritable culture de parti" au sein de sa formation, qui vient de se rebaptiser Renaissance, "la nature même de son positionnement politique, à la fois à droite et à gauche".

Mais l'historien, qui prépare un livre sur les relations entre présidents de la République et Premiers ministres, souligne également le "caractère répulsif" de cette fonction depuis une dizaine d'années, en particulier pour des personnalités susceptibles d'incarner un renouvellement politique.

"Vous ne pouvez pas créer en même temps un nouveau parti qui s'appelle Renaissance et prendre des chevaux de retour à la tête du gouvernement", conclut-il.

Dimanche, Emmanuel Macron participera aux cérémonies de l'anniversaire de la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie le 8 mai 1945.

Il est attendu lundi, Journée de l'Europe, à Strasbourg pour prononcer un discours au Parlement européen, avant de se rendre à Berlin pour rencontrer le  chancelier allemand Olaf Scholz, son premier déplacement à l'étranger depuis sa réélection.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.