Electriques et sans pilote, les taxis des airs parés à décoller

En février, un VTOL électrique (eVTOL) de Joby s'est écrasé lors d'un vol piloté à distance, quand la startup testait des vitesses supérieures à ses limites (Photo, AFP).
En février, un VTOL électrique (eVTOL) de Joby s'est écrasé lors d'un vol piloté à distance, quand la startup testait des vitesses supérieures à ses limites (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 08 mai 2022

Electriques et sans pilote, les taxis des airs parés à décoller

  • Plusieurs entreprises californiennes préparent activement ce futur de la mobilité, remède aux embouteillages et à la pollution
  • Archer a reçu une pré-commande de United Airlines pour 200 véhicules et vise Los Angeles et Miami pour commencer

CONCORD: Des petits avions électriques, pilotés par l'intelligence artificielle, qui se croisent au-dessus des villes, pour emmener leurs passagers d'un "vertiport" à un autre, voilà le décor de science-fiction que la Silicon Valley promet d'ici dix ans seulement.

"On va voir apparaître des réseaux de taxis aériens électriques, régionaux ou longue distance. Le paysage va beaucoup changer", assure Marc Piette, fondateur belge de Xwing, une startup spécialisée dans les technologies autonomes pour l'aviation.

Plusieurs entreprises californiennes préparent activement ce futur de la mobilité, remède aux embouteillages et à la pollution.

Dans un hangar de Concord, dans la baie de San Francisco, Xwing se concentre sur le facteur de l'équation le plus déroutant: faire en sorte que n'importe quel avion, aéroplane ou avion à décollage et atterrissage vertical (VTOL), à carburant fossile ou électrique, puisse rouler, décoller, voler et atterrir tout seul.

Et parler aux passagers en même temps.

"Système de pilotage automatique enclenché" déclare une voix de femme à Ryan Olson quand il s'assied aux commandes, prêt pour un voyage où il ne touchera ni au tableau de bord, ni au joystick, comme un instructeur avec un apprenti bien avancé.

"L'avion est un bon élève, contrairement aux humains qui se comportent différemment à chaque fois", raconte le pilote.

Equipé de caméras, serveurs, radars, lidars et autres capteurs, le Cessna Caravan est déjà autonome par beau temps, et Xwing travaille à le rendre capable d'affronter seul les intempéries.

«Uber du ciel»

En février, un VTOL électrique (eVTOL) de Joby s'est écrasé lors d'un vol piloté à distance, quand la startup testait des vitesses supérieures à ses limites.

"C'est mauvais pour toute l'industrie quand il y a un accident (...) Mais c'est à ça que servent les tests", relate Louise Bristow, vice-présidente d'Archer, une autre entreprise.

Les eVTOL d'Archer et de Joby ressemblent à des hélicoptères mais avec une aile et plusieurs hélices. Ils espèrent lancer leurs premiers services de taxis aériens d'ici fin 2024, avec des pilotes. Wisk Aero, startup de Boeing et de Larry Page --cofondateur de Google--, planche sur un eVTOL autonome.

Archer a reçu une pré-commande de United Airlines pour 200 véhicules et vise Los Angeles et Miami pour commencer.

"Nous construisons le Uber du ciel", déclare Louise Bristow. 

Elle estime à dix ans le temps nécessaire "pour qu'il y ait suffisamment d'appareils en service, que les gens se soient habitués à se déplacer ainsi, et qu'on ressente la différence" dans les villes.

Selon Scott Drennan, un consultant en nouvelle mobilité aérienne, ces visions qui relevaient du rêve sont en train de prendre forme grâce à la convergence de trois technologies: l'énergie électrique, les capacités informatiques et les systèmes d'autonomie.

Mais si la technique est en bonne voie, les entreprises font face à deux défis de taille: la certification et l'infrastructure. Les autorités ne sont pas réticentes mais obtenir leur accord "va prendre plus longtemps qu'on ne pense", souligne l'expert.

Il va aussi falloir construire des "vertiports" (aéroports verticaux), et "une interface numérique pour gérer le trafic aérien et la communication des véhicules entre eux".

Comme un ascenseur

Autant de raisons pour lesquelles Xwing a choisi de commencer par l'autonomie.

"On a pris un appareil existant, bien connu. On fait le minimum de modifications pour le convertir en avion autonome et le faire certifier, et ensuite on pourra explorer d'autres applications", résume Marc Piette.

Se passer des pilotes doit permettre de réduire les coûts et de répondre à la demande dans des régions mal desservies, qui ne manquent ni d'aéroports, ni d'avions mais bien de main d'oeuvre.

La startup prévoit d'équiper d'abord des engins chargés de livrer des marchandises, en vue d'opérations commerciales d'ici deux ans, avant de passer aux passagers.

Le patron sait qu'il va faire face à des résistances mais il est convaincu que ces vols seront plus sûrs. 

"La grande majorité des accidents aériens sont causés par des erreurs humaines", note-t-il, avant de rappeler que grâce au pilote automatique, "les gens volent déjà tout seuls en bonne partie".

Il explique aussi que l'autonomie est "plus simple" dans les airs, où l'environnement est sous contrôle en permanence, contrairement aux routes.

Et si des hackers prenaient les commandes à distance? "Notre technologie est conçue pour que l'avion refuse d'obéir aux ordres dangereux", répond Marc Piette.

Quand les ascenseurs ont été inventés, "les gens avaient super peur de s'en servir sans opérateur", s'amuse-t-il. "Aujourd'hui on presse le bouton sans se poser de questions. Ce sera pareil pour l'aviation".


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".