Soigner les blessés russes, un serment d’Hippocrate parfois lourd à honorer pour les chirurgiens ukrainiens

Cette photographie prise le 8 mai 2022 à Borodyanka, à 60 kilomètres au nord-ouest de Kiev, montre une vue générale des bâtiments détruits. (AFP)
Cette photographie prise le 8 mai 2022 à Borodyanka, à 60 kilomètres au nord-ouest de Kiev, montre une vue générale des bâtiments détruits. (AFP)
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Publié le Lundi 09 mai 2022

Soigner les blessés russes, un serment d’Hippocrate parfois lourd à honorer pour les chirurgiens ukrainiens

  • Farad Gokharovitch Ali-Shakh affirme travailler «vingt heures» par jour et opérer parfois jusqu’à vingt patients consécutivement
  • «Nous soignons même les soldats russes. Mais nous ne devrions peut-être pas. Peut-être devrions-nous juste les laisser sur place, pour qu'ils servent d'engrais à nos terres»

ZAPORIJJIA: Depuis plus de deux mois, le docteur Ali-Shakh n'a plus de vie personnelle. Il reconstruit, comble, répare... continuellement les blessures faites aux civils et militaires ukrainiens par les troupes russes. Il soigne aussi, à contrecœur, des soldats de Moscou, dans l’optique d'éventuels échanges de prisonniers.


Le jeune médecin raconte "pratiquement vivre" à l'hôpital militaire de Zaporijjia, grande ville du sud située à quelques dizaines de kilomètres à peine du front. La nuit, on entend parfois le grondement des bombes dans le lointain.


Depuis que la Russie s'est très largement retirée du nord de l’Ukraine, axant son effort sur la région du Donbass et le sud du pays, cette cité industrielle se retrouve au premier rang pour accueillir des réfugiés internes et des blessés de guerre.


Farad Gokharovitch Ali-Shakh affirme travailler "vingt heures" par jour et opérer parfois jusqu’à vingt patients consécutivement.


Depuis l'invasion russe le 24 février, d'épaisses bâches ont été placées devant les fenêtres de l’hôpital pour éviter qu'il ne soit trop visible vu du ciel et ne devienne, la nuit, une cible de l'armée russe. 


L'OMS avait déploré samedi "200 attaques sur des établissements de santé" en Ukraine depuis le déclenchement des hostilités.


Les bâches sont aussi là pour éviter, en cas de bombardement, que des éclats de vitres ne blessent les patients, alors que de premières maisons de Zaporijjia ont été touchées il y a une semaine par une roquette russe.


L'hôpital est donc largement plongé dans la pénombre, même en plein jour. Les conversations se font à la lumière d’une lampe de bureau. Les radios de patients prennent des teintes spectrales. Les photos que le docteur montre sur son téléphone n'en paraissent que plus sanguinolentes.

«Animaux»
Sur l'une d'entre elles, on voit une jambe arrachée, qui ne tient que par un bout de peau. "C'est quelque chose de très commun ici", observe-t-il. "Nous avons pu restaurer les vaisseaux puis fixer les extrémités". Sur une autre, un patient a vu son bras presque coupé de part en part. Lui aussi a été sauvé, indique sobrement le médecin.


"Nous avons appris à affronter de telles blessures. Nous faisons un travail très dur, mais nous aidons notre pays", répond le Dr Ali-Shakh, questionné sur sa capacité mentale à résister à tant de douleurs. 


Puis de lancer spontanément: "nous soignons même les soldats russes. Mais nous ne devrions peut-être pas. Peut-être devrions-nous juste les laisser sur place, pour qu'ils servent d'engrais à nos terres".


Et Farad Gokharovich Ali-Shakh de reconnaître un "manque de motivation" à l'heure de panser les plaies de l'ennemi. "Mais si vous les soignez bien, vous pouvez les échanger contre des soldats ukrainiens" prisonniers des Russes.


Partout dans l'hôpital, des cartons de vêtements, de produits médicaux, indiquent l'urgence de la situation, mais aussi les ressources limitées, que les chirurgiens doivent en partie sacrifier pour guérir des "animaux", s'indigne le commandant Viktor Pyssanko, le directeur de l'hôpital militaire de Zaporijjia.


Les soldats russes "sont des jeunes sans cerveaux" imbibés de "propagande", poursuit-il. Ils affirment, selon le commandant Pyssanko, souhaiter "libérer" l'Ukraine mais "veulent tuer autant d'Ukrainiens que possible".


L'hôpital militaire de Zaporijjia "essaie" pourtant d'en "sauver le maximum", reconnaît-il, dans l'unique but de "les échanger avec nos propres soldats".

«Humour noir»
Plusieurs échanges de prisonniers ont eu lieu depuis le début de la guerre entre Moscou et Kiev. Le plus fameux concernait le maire de Melitopol Ivan Fedorov, enlevé le 11 mars puis libéré quelques jours plus tard. Le 21 mars, Tatiana Moskalkova, déléguée aux droits humains auprès du Kremlin, avait évoqué son échange contre neuf Russes.


Le dernier en date remonte à vendredi dernier. La vice-Première ministre Iryna Verechtchouk avait fait état de 41 Ukrainiens libérés: 28 militaires et 13 civils. Parmi ces derniers, un prêtre de l'Eglise orthodoxe.


Dans un hôpital civil de Zaporijjia, trois soldats russes ont ainsi été remis sur pieds trois semaines durant, toujours sous bonne garde, puis remis aux forces de sécurité ukrainiennes fin avril, se souvient le Dr Vassily, qui ne sait pas ce qu'ils sont devenus ensuite.


"Ces types avaient l'air déprimés, dévastés, pas agressifs, narre le médecin, qui refuse de communiquer son nom de famille. A cause de cela, nous n'avons jamais ressenti le besoin de nous montrer méprisants" à leur égard.


Entre soignants, où "l'humour noir" est la règle, "nous avons plaisanté sur le fait que nous pourrions leur faire du mal. Mais ça s'est arrêté là quand il s'agit de travailler et d'honorer notre serment d'Hippocrate", poursuit-il.


Et le Dr Vassily d'affirmer "n'avoir jamais ressenti le désir d'étrangler" les soldats russes. "Si je devais avoir ce genre de pensées, je ne serais pas docteur".


Indonésie: 54 blessés dans une explosion d'origine inconnue près d'une école à Jakarta, selon la police

 Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
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  • "Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV
  • L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre

JAKARTA: Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre.

"Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV.

L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre.

La police "procède aux constatations sur la scène de crime", a déclaré M. Asep, précisant qu'une équipe de déminage de la police de Jakarta était sur place afin de déterminer la cause de l'explosion.

Des postes de secours ont été établis dans deux hôpitaux pour aider les familles à retrouver les victimes blessées, a-t-il également indiqué.

Une enquête est en cours pour déterminer la cause de l'explosion, a ajouté M. Asep. "Nous sommes en train de mener les investigations car cet incident vient de se produire", a-t-il expliqué.


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.


Mamdani élu maire de New York, soirée de revers pour Trump

Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
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  • L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias
  • Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis

NEW YORK: Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat.

L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias.

Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis.

Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.

"En cette période d'obscurité politique, New York sera la lumière", leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

L'ancien président démocrate Bill Clinton, dont M. Cuomo a fait partie de l'administration, a souhaité au vainqueur de "transformer l'élan de (sa) campagne" pour construire "un New York meilleur, plus juste et plus abordable".

"L'avenir s'annonce un peu meilleur", a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Participation record 

Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l'une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des "sondeurs" anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire -- le  "shutdown" -- et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.

Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s'est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à "bâtir une mairie qui (...) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l'antisémitisme".

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l'élu du Queens à l'Assemblée de l'Etat de New York n'a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Signe de l'engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels d'origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.

Si Donald Trump l'a qualifié de "communiste", ses propositions -- encadrement des loyers, bus et crèches gratuits -- relèvent plutôt de la social-démocratie.

Autres victoires démocrates 

Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n'en fera qu'une bouchée", a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l'a fait durant toute la campagne, sur l'inexpérience de son adversaire.

Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s'il était élu, en s'opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Voisin de New York, l'Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l'homme d'affaires républicain Jack Ciattarelli. L'Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l'écart.

Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu'ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.