Emeute dans une prison en Equateur: une «boucherie», 200 évadés repris

Deux cents détenus évadés ont été «recapturés» mardi par les forces de sécurité, au lendemain d'une évasion massive d'une prison du nord de l'Equateur (Photo, AFP).
Deux cents détenus évadés ont été «recapturés» mardi par les forces de sécurité, au lendemain d'une évasion massive d'une prison du nord de l'Equateur (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 11 mai 2022

Emeute dans une prison en Equateur: une «boucherie», 200 évadés repris

  • Au total, 220 prisonniers se sont évadés à la faveur de ces violences, selon les déclarations de la police
  • Les autorités offrent jusqu'à 3 000 dollars de récompense à ceux qui aideraient à capturer la vingtaine de prisonniers toujours manquants

SANTO DOMINGO DE LOS COLORADOS: Deux cents détenus évadés ont été "recapturés" mardi par les forces de sécurité, au lendemain d'une évasion massive d'une prison du nord de l'Equateur à la faveur d'une émeute meurtrière, une "boucherie" selon les proches éplorés des victimes.

"Jusqu'à présent, 200 prisonniers ont été recapturés" par les forces de sécurité, grâce aux patrouilles et aux points de contrôle de la police et de l'armée, a déclaré à la presse le chef des opérations de la police, le général Geovanny Ponce.

Selon le dernier bilan officiel, au moins 44 prisonniers sont morts lors d'affrontements entre deux bandes rivales lundi dans la prison de Bellavista, dans la province de Santo Domingo de los Tsachilas, environ 80 km à l'ouest de Quito. 

Dix autres prisonniers ont été blessés, ainsi qu'un policier, selon les autorités. 

Au total, 220 prisonniers se sont évadés à la faveur de ces violences, selon les déclarations de la police.

Deux des tués sont de nationalité vénézuélienne, et 41 corps ont été identifiés pour le moment, selon le général Ponce, qui a parlé d'un retour au "calme total" dans la prison. 

Les autorités offrent jusqu'à 3 000 dollars de récompense à ceux qui aideraient à capturer la vingtaine de prisonniers toujours manquants.

Le président Guillermo Lasso a déclaré mardi que son gouvernement menait une "guerre non conventionnelle" contre un "nouvel ennemi" en Equateur, lors d'une réunion avec une société de sécurité israélienne à Tel Aviv où il effectuait une visite en vue de fournir à l'Equateur des technologies pour lutter contre la violence qui se répand également dans les rues.

Mardi, désespérés et en pleurs, des dizaines de parents et proches des prisonniers patientaient devant la prison de Bellavista dans l'attente de nouvelles des leurs, a constaté l'AFP.

Soldats et militaires étaient déployés dans et autour de l'établissement. L'AFP a également observé des hommes en uniforme rassemblant environ 80 détenus qui auraient été repris ces dernières heures.

"Ils ne nous donnent aucune information. Ils disent que des jeunes hommes se sont échappés pour sauver leur vie, que d'autres vont être transférés", a déclaré Leisi Zambrano, femme au foyer de 48 ans sans nouvelle de son frère.

Appels désespérés

Dès qu'elle a entendu parler des affrontements, Mme Zambrano dit avoir a accouru aux premières heures du matin à la prison, avec d'autres membres de la famille.

"Nous avons entendu les prisonniers appeler à l'aide, qu'on ne les laisse pas mourir", raconte-t-elle, en commentant: "C'est une boucherie à l'intérieur".

Dans la prison, des journalistes de l'AFP ont constaté des façades brûlées et un trou dans le mur qui aurait servi à l'évasion.

Des vidéos atroces circulent sur les réseaux sociaux montrant un amas de corps ensanglantés, dénudés et mutilés, sur le sol couvert d'hémoglobine d'une salle commune. Ou encore des cadavres jonchant les couloirs de la prison, à côté de matelas que les assaillants ont vraisemblablement tenté d'incendier.

Selon le ministre de l'Intérieur, Patricio Carrillo, des membres du gang Los Lobos (Les Loups) ont "attaqué" à l'arme blanche les membres de la faction rivale des R7.

Les autorités ont également trouvé des fusils, des pistolets, des grenades et des munitions.

Pour tenter d'endiguer la violence, six leaders de ces gangs ont depuis été transférés par hélicoptère vers deux prisons de haute sécurité ailleurs dans le pays.

D'une capacité de 1 200 places, la prison de Bellavista accueille 1.700 prisonniers, à l'image de la surpopulation carcérale dans toutes les prisons d'Equateur. 

"Ces incidents inquiétants soulignent une fois de plus la nécessité urgente d'une réforme complète du système de justice pénale", a estimé la porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme.

Les affrontements, souvent d'une extrême violence, sont récurrents dans les prisons équatoriennes, où près de 400 détenus ont trouvé la mort depuis février 2021, en incluant ces derniers affrontements.

Selon le gouvernement, des gangs rivaux de trafiquants de drogue, infiltrés ou contrôlés par des cartels mexicains, se livrent une guerre sans merci pour prendre le contrôle des prisons surpeuplées, guerre que les autorités ont été jusqu'à présent impuissantes à endiguer.

Ce qui s'est passé dans la prison de Bellavista "va se refléter dans les quartiers (des villes) où opèrent les gangs qui se sont affrontés", a déclaré à l'AFP Luis Saavedra, militant des droits de l'homme.

"Plus il y a de violence dans les prisons, plus il y aura de meurtres dans ces quartiers", a-t-il estimé, alors que les quantités de drogues saisies dans le pays ne cessent de grimper (210 tonnes en 2021, déjà 70 tonnes pour le début 2022).

Bordé par la Colombie et le Pérou, les plus grands producteurs de cocaïne au monde, l'Equateur sert de port de départ pour les expéditions illicites, principalement vers les Etats-Unis et l'Europe.

Le pays a enregistré plus de 1 200 meurtres au cours des quatre premiers mois 2022.


Le Soudan du Sud annonce un accord avec les belligérants soudanais sur un champ pétrolier frontalier

Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
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  • Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises
  • "Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes"

JUBA: Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi.

Le site de Heglig, qui abrite la principale installation de traitement du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation via Port-Soudan, est situé à l'extrême sud de la région soudanaise méridionale du Kordofan, frontalière du Soudan du Sud.

Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises (SAF) depuis 2023.

"Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes", a déclaré le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Ateny.

Le Soudan du Sud, préoccupé par l'insécurité croissante le long du champ pétrolier, a "toujours plaidé en faveur d'une solution pacifique et diplomatique", a souligné M. Ateny lors d'une conférence de presse, sans donner de détails supplémentaires sur le contenu de l'accord.

Importantes réserves pétrolières 

"La production pétrolière se poursuit", a assuré le porte-parole, assurant ne pas avoir d'informations sur des "dégâts importants ayant pu faire cesser la production".

L'AFP n'a pas pu vérifier ces informations.

Contactés par l'AFP, le RSF et l'armée soudanaise n'ont pas réagi dans l'immédiat sur l'accord.

Les FSR ont annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de Heglig "après la fuite de l'armée" soudanaise.

Selon Juba, quelque 1.650 sous-officiers et 60 officiers ayant abandonné leurs positions sur le site pétrolier et déposé leurs armes au Soudan du Sud devraient être rapatriés vers le Soudan.

Les FSR ont cette semaine accusé l'armée soudanaise d'avoir mené une attaque de drone contre le champ pétrolier, qui aurait tué "des dizaines" de personnes, dont des ouvriers et des ingénieurs.

Lors de son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession, mais, enclavé, continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour l'exporter.

Malgré l'exploitation de ce pétrole, le plus jeune pays du monde connaît depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté.

Au Soudan, la guerre entre l'armée et les paramilitaires a tué depuis deux ans et demi des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de douze millions d'habitants, mais aussi dévasté les infrastructures du pays.


Le Premier ministre espagnol appelle à «élever la voix» pour ne pas «oublier» les Palestiniens

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
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  • Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien"
  • "Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Se prononçant une nouvelle fois à la mise en oeuvre d'une solution à deux Etats, "la seule solution possible" pour mettre fin au conflit opposant Israéliens et Palestiniens, le chef du gouvernement espagnol s'est engagé à la promouvoir en "élevant la voix pour que la situation dramatique dans laquelle se trouve le peuple palestinien ne tombe pas dans l'oubli".

"Oui, il y a eu un accord de cessez-le-feu mais cet accord doit être réel ; il ne peut pas être factice. C’est pourquoi nous ne nous reposerons pas tant que les attaques contre la population n'auront pas cessé et qu'il n'y aura, par conséquent, plus aucune victime", a-t-il poursuivi,

Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien".

"Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

"Pour reconstruire l'espoir, nous avons besoin d'une véritable paix et cette véritable paix doit reposer sur la justice. C’est pourquoi je veux être très clair : (...) les responsables de ce génocide devront rendre des comptes, tôt ou tard, afin que les victimes obtiennent justice, réparation et un certain apaisement", a-t-il ajouté.

A ses côtés, Mahmoud Abbas a quant à lui notamment remercié l'Espagne, qui avait reconnu l'Etat de Palestine en mai 2024, "pour son rôle moteur dans la création d’une coalition internationale visant à obtenir une reconnaissance plus large de notre pays", appelant également à "mettre fin à la violence sous toutes ses formes", dans la bande de Gaza mais aussi en Cisjordanie.

L'Espagne, où la cause palestinienne est très populaire, est en Europe l'un des critiques les plus véhéments de l'offensive militaire d'Israël dans la bande de Gaza déclenchée après les attaques du 7 octobre 2023 commises par le Hamas.


Ukraine: une proposition sur les concessions territoriales soumises à Trump (Merz)

Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
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  • L’Allemagne a transmis à Washington une proposition portant sur de possibles concessions territoriales ukrainiennes, tout en soulignant que seules les autorités ukrainiennes peuvent en décider
  • Les Européens cherchent à influencer les négociations de paix sans céder aux exigences russes, tandis que Washington presse pour une avancée rapide dans les discussions

BERLIN: Une proposition concernant des concessions territoriales ukrainiennes dans le cadre d'un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine ont été soumises mercredi au président américain Donald Trump, a annoncé jeudi le chancelier allemand Friedrich Merz.

"Il existe une proposition dont (M. Trump) n'avait pas encore connaissance au moment où nous nous sommes entretenus au téléphone (mercredi), car elle n'avait pas encore été transmise aux Américains. Nous l'avons fait hier en fin d'après-midi. Il s'agit avant tout de (savoir) quelles concessions territoriales l'Ukraine est prête à faire", a déclaré M. Merz lors d'une conférence de presse à Berlin avec le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte.

Le chancelier n'a pas apporté de précisions, relevant que c'est "au président ukrainien et au peuple ukrainien" de répondre à cette question.

M. Merz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keith Starmer se sont entretenus mercredi avec M. Trump.

Les Européens, qui font bloc autour de Kiev, tentent de peser sur les pourparlers visant à mettre fin à la guerre en Ukraine sans céder pour autant aux revendications maximalistes de la Russie.

Le président Trump s'est lui montré impatient, disant avoir eu des "mots assez forts" lors de l'entretien, et prévenant que les États-Unis ne voulaient "pas perdre (leur) temps".

M. Merz a, lui, décrit "un entretien téléphonique très constructif au cours duquel les positions respectives ont été clairement exposées et le respect mutuel exprimé".

Selon de hauts responsables ukrainiens interrogés par l'AFP mercredi, l'Ukraine a envoyé à Washington une nouvelle version du plan de sortie du conflit, sans en divulguer les détails.

La proposition américaine initiale était jugée bien trop favorable à Moscou, celle-ci prévoyant notamment de céder à la Russie des territoires ukrainiens qu'elle n'a pas conquis.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé mardi que le plan en cours d'élaboration avait été divisée en trois documents: un accord-cadre en 20 points, un document sur la question des garanties de sécurité et un autre sur la reconstruction de l'Ukraine après la guerre.

Le chancelier allemand a, lui, relevé jeudi que le plan devant poursuivre trois objectifs: un cessez-le-feu, des garanties de sécurité "robustes" pour l'Ukraine et une solution négociée préservant les intérêts sécuritaires européens, Moscou étant considéré comme la menace continentale.