Voir le trou noir au centre de notre galaxie n'est «que le début» selon la chercheuse Katie Bouman

Document publiée par l'Observatoire européen austral (ESO) le 16 février 2022 (Photo, AFP).
Document publiée par l'Observatoire européen austral (ESO) le 16 février 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 13 mai 2022

Voir le trou noir au centre de notre galaxie n'est «que le début» selon la chercheuse Katie Bouman

  • Katie Bouman a déjà participé à deux immenses prouesses scientifiques: après la révélation de la première image d'un trou noir en 2019
  • Son groupe de travail est chargé de reconstituer une photographie fidèle des trous noir à partir des données des télescopes du monde entier

WASHINGTON: A seulement 33 ans, Katie Bouman a déjà participé à deux immenses prouesses scientifiques: après la révélation de la première image d'un trou noir en 2019, elle a de nouveau joué un rôle clé dans l'image inédite, révélée jeudi, du trou noir situé au centre de notre propre galaxie, appelé Sagittarius A*. 

Il y a quelques années, elle était devenue une célébrité mondiale, invitée jusqu'au Congrès américain. Aujourd'hui spécialiste d'imagerie computationnelle à l'université Caltech, en Californie, elle fait toujours partie de l'immense collaboration internationale ayant permis cet exploit, l'Event Horizon Telescope (EHT).

Son groupe de travail est chargé de reconstituer une photographie fidèle, à partir de la gigantesque masse de données réunies par des télescopes du monde entier.

L'AFP s'est entretenue avec elle juste après la révélation de la nouvelle image.

Pour vous, la révélation de cette deuxième image de trou noir est-elle moins enthousiasmante que la première?

La première image était spectaculaire, parce que c'était la première fois que l'on pouvait voir un trou noir. Mais je pense que le Saint Graal pour l'Event Horizon Telescope a toujours été d'avoir une image de Sagittarius A*. 

Car nous avons beaucoup plus d'informations sur ce à quoi Sgr A* est censé ressembler, via d'autres observations scientifiques (par exemple la rotation des étoiles autour de lui, ndlr). Donc être capable d'en voir une image nous permet de comparer bien plus facilement si cela correspond à ce qu'on attendait, d'après nos précédentes observations et théories. 

C'est pour cela que je pense que même s'il s'agit de la deuxième image que nous montrons, elle est à vrai dire bien plus enthousiasmante, car nous pouvons l'utiliser pour tester davantage notre compréhension de la gravité. 

Pourquoi a-t-il été plus difficile d'obtenir une image de "notre" trou noir, que de M87*, pourtant situé bien plus loin?

Nous avons observé les deux la même semaine, en 2017. Mais il nous a fallu beaucoup plus de temps pour créer l'image de Sgr A*, que pour M87*.

Beaucoup de choses font qu'il est bien plus difficile de tirer une image de Sgr A*. D'abord, on observe le trou noir à travers le plan de notre galaxie. Ce qui signifie que le gaz dans la galaxie gêne l'image. Un peu comme si on regardait à travers une fenêtre dépolie, par exemple dans une douche. 

C'est l'un des défis. Mais le plus difficile auquel nous avons dû faire face est le fait que le trou noir évolue très vite. Le gaz autour de M87* et de Sgr A* se déplace approximativement à la même vitesse. Mais s'il prend des jours voire des semaines pour faire le tour de M87*, pour Sgr A*, il évolue chaque minute. 

Pourquoi les trous noirs nous fascinent-ils autant?

Ils rompent avec ce que nous connaissons sur Terre. La lumière ne peut même pas s'en échapper, et ils distordent l'espace-temps autour d'eux. Ils sont cette chose mystérieuse, et je pense qu'ils captivent notre imagination.

Qu'y a-t-il de plus cool que de travailler sur les trous noirs? Et le fait de pouvoir en prendre une image, de quelque chose que l'on ne devrait pas pouvoir voir... je pense que c'est fascinant. 

Qu'attendez-vous avec le plus d'impatience à l'avenir? Le film d'un trou noir?

Je pense que ce n'est que le début. Maintenant que nous avons ces laboratoires de gravité extrêmes, nous pouvons améliorer nos instruments et nos algorithmes, afin d'en voir davantage, et de procéder à d'autres expériences scientifiques. 

Nous avons fait une première tentative pour obtenir un film, et nous avons fait beaucoup de progrès, mais nous n'en sommes pas encore au point d'être capables de dire, voilà ce à quoi Sgr A* ressemble minute par minute. Donc nous allons essayer d'ajouter de nouveaux télescopes dans le monde, récolter davantage de données, afin de pouvoir montrer quelque chose dont nous sommes sûrs. 


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.