Dans les quartiers sinistrés, des Libanais votent pour le changement

Un homme passe devant un bâtiment endommagé par l'explosion du port du 4 août, qui s'est effondré en raison de fortes pluies dans le quartier de Karantina, dans la capitale libanaise, Beyrouth, le 5 novembre 2020. (AFP)
Un homme passe devant un bâtiment endommagé par l'explosion du port du 4 août, qui s'est effondré en raison de fortes pluies dans le quartier de Karantina, dans la capitale libanaise, Beyrouth, le 5 novembre 2020. (AFP)
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Publié le Dimanche 15 mai 2022

Dans les quartiers sinistrés, des Libanais votent pour le changement

  • «Si les élections aboutissent à un changement de 5% seulement, nous aurons fait le premier pas», dit Nisrine, 40 ans
  • Les Libanais se battent aujourd'hui pour survivre avec des revenus qui se sont effondrés, une inflation galopante et des pénuries en tout genre

EL KARANTINA: C'est le cœur serré et plein d'espoir que Nesrine, rescapée de l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth en 2020, est allée voter dimanche espérant en finir avec une classe politique honnie et quasi-inchangée depuis trente ans, dans un contexte de profonde crise socio-économique inédite.

"J'ai le cœur brûlé, par tous ces dégâts, tout ce sang et pour l'avenir de mes enfants", se lamente Nesrine, une femme de 40 ans qui a survécu à l'explosion du 4 août 2020 ayant fait plus de 200 morts et ravagé des quartiers entiers de la capitale.

Elle vote ce dimanche à l'occasion des législatives, premier scrutin national depuis le mouvement de contestation déclenché en octobre 2019 pour réclamer le départ d'une classe dirigeante accusée de corruption, d'incompétence et d'une crise socio-économique qualifiée par la Banque mondiale de la pire au monde depuis 1850.


"Si les élections aboutissent à un changement de 5% seulement, nous aurons fait le premier pas", dit à l'AFP Nesrine, venue déposer son bulletin au bureau de vote ouvert dans la caserne des pompiers à Karantina, quartier populaire parmi les secteurs les plus touchés par l'explosion du port. 


Derrière elle, les portraits de dix pompiers qui ont péri en tentant d'éteindre le feu ayant précédé l'énorme explosion du 4 août 2020.


Cette explosion a été provoquée par une importante quantité de nitrate d'ammonium, stockée "sans mesure de précaution" depuis plusieurs années dans un entrepôt du port, de l'aveu même des autorités, considérées largement responsables de la tragédie en raison de leur négligence et de leur incurie.


Entretemps l'enquête piétine. Des organisations de défense des droits humains, survivants et proches de victimes ont appelé à une enquête internationale indépendante, estimant que "les ingérences politiques flagrantes et l'immunité pour les hauts responsables" rendaient l'enquête locale incapable d'aboutir.


"Ce serait dommage que les gens réélisent une classe politique corrompue", dit encore Nesrine, alors qu'autour d'elle de nombreux électeurs arboraient des T-shirts de partis traditionnels.


"Je vote pour le changement, c'est notre devoir", assure Nesrine, qui veut y croire.

«Retrouver notre Liban»
Aran Donarian, jeune primo-votant de 23 ans dont la demeure familiale a été endommagée par l'explosion du port, dit pour sa part "voter pour la jeunesse indépendante". 


Dans un pays multiconfessionnel, régi par un système politique basé sur un partage communautaire du pouvoir ayant nourri le clientélisme, il dit à l'AFP "rejeter tout ce qui à trait aux partis et aux confessions". Il est certain que "voter aujourd'hui ne changera rien à court terme, mais sur le long terme, si".


A Gemmayzeh, autre quartier jouxtant le port de Beyrouth, Chadi (nom d'emprunt) montre son doigt majeur imprégné d'encre pour dire qu'il a voté, un moyen pour lui de "déloger cette classe politique pour retrouver notre Liban, celui de la vie, de la fête et du vivre-ensemble".


Cet artiste de 38 ans dit avoir "failli mourir pendant l'explosion. J'habite près du port. Mon appartement a été détruit et mes parents ont été blessés".


L'explosion du port a encore aggravé une situation particulièrement difficile en raison de la grave crise économique.


En près de deux ans, la monnaie nationale a perdu plus de 90% de sa valeur sur le marché noir et le taux de chômage a presque triplé. Près de 80% de la population vit désormais en dessous du seuil de pauvreté, selon l'ONU.


Les Libanais se battent aujourd'hui pour survivre avec des revenus qui se sont effondrés, une inflation galopante et des pénuries en tout genre.


"C'est maintenant ou jamais", lance Léa Ghorayeb, architecte dont l'appartement du quartier de Mar Mikhael, jouxtant celui de Karantina, a également été détruit par l'explosion du port.


"Le vote est tout ce qu'il nous reste, si on ne vote pas aujourd'hui, on vivra la même situation déplorable les quatre années qui viennent", dit la trentenaire.


Le navire humanitaire des Émirats arabes unis pour Gaza arrive en Égypte

Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
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  • La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées
  • En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte

DUBAI : Le navire humanitaire Hamdan des Émirats arabes unis, qui a quitté le port de Khalifa le 30 août, est arrivé au port d'Al-Arish, en Égypte, où des denrées alimentaires et des fournitures médicales seront déchargées puis livrées aux habitants de la bande de Gaza assiégée.

Le navire, qui fait partie de l'initiative humanitaire "Operation Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis pour Gaza, qui fournit une aide essentielle par le biais de convois terrestres, d'expéditions maritimes et de largages aériens, a été chargé de 7 000 tonnes de nourriture, de matériel médical et d'aide d'urgence, a rapporté l'agence de presse nationale WAM.

La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées.

Les Émirats ont jusqu'à présent envoyé 20 navires d'aide à Gaza et ont livré environ 90 000 tonnes d'aide humanitaire, pour un coût de 1,8 milliard de dollars, depuis le lancement de l'opération "Chivalrous Knight 3".

En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte. Le pipeline a une capacité d'environ 2 millions de gallons par jour et pourrait desservir plus d'un million de personnes.


L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis visite le bureau de l'attaché militaire à Washington

L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
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  • La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché militaire
  • Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire

RIYADH : La princesse Reema bint Bandar, ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, a visité lundi le bureau de l'attaché militaire saoudien à Washington.

La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché au cours de sa visite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire.

La princesse Reema a été reçue par le ministre adjoint saoudien de la Défense pour les affaires exécutives, Khaled Al-Biyari, qui est en visite officielle à Washington, ainsi que par l'attaché militaire saoudien à Washington et Ottawa, le général de division Abdullah bin Khalaf Al-Khathami, et les chefs des départements de l'attaché.


Turquie: le principal parti d'opposition dans l'attente d'une décision judiciaire cruciale

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  • "Ecoute cette place Erdogan", a lancé dimanche soir le président de ce parti, Özgür Özel, devant les manifestants qui scandaient "Erdogan, démission !"
  • "Aujourd'hui, nous sommes confrontés aux graves conséquences de l'abandon du train de la démocratie par le gouvernement démocratiquement élu en Turquie, qui a choisi de gouverner le pays par l'oppression plutôt que par les urnes"

ANKARA: Le principal parti d'opposition au président turc Recep Tayyip Erdogan, le CHP, attend lundi une décision judiciaire cruciale qui pourrait chambouler sa direction en raison d'une accusation de fraudes.

Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dimanche à Ankara à la veille de cette audience pour soutenir le CHP (Parti républicain du peuple, social démocrate) qui rejette les accusations et estime que les autorités tentent de l'affaiblir par un "procès politique".

"Ecoute cette place Erdogan", a lancé dimanche soir le président de ce parti, Özgür Özel, devant les manifestants qui scandaient "Erdogan, démission !".

"Aujourd'hui, nous sommes confrontés aux graves conséquences de l'abandon du train de la démocratie par le gouvernement démocratiquement élu en Turquie, qui a choisi de gouverner le pays par l'oppression plutôt que par les urnes. Quiconque représente une menace démocratique pour lui est désormais sa cible", a affirmé M. Özel.

"Ce procès est politique, les allégations sont calomnieuses. C'est un coup d'État et nous résisterons", a-t-il martelé.

"Il ne s'agit pas du CHP mais de l'existence ou de l'absence de démocratie en Turquie", a déclaré pour sa part Ekrem Imamoglu aux journalistes vendredi, après avoir comparu devant un tribunal pour des accusations sans lien avec cette affaire.

Lorsque Özgür Özel a pris sa direction en novembre 2023, le CHP était en crise mais, en mars 2024, il a conduit le parti à une éclatante victoire aux élections locales.

Depuis l'arrestation du maire d'Istanbul en mars dernier, M. Özel a su galvaniser les foules, s'attirant les foudres du pouvoir en organisant chaque semaine des rassemblements, jusque dans des villes longtemps considérées comme des bastions du président Erdogan.

Peines de prison 

L'audience doit débuter à 10H00 (07H00 GMT), devant le 42e tribunal civil de première instance de la capitale turque. Elle doit statuer sur la possible annulation des résultats du congrès du CHP en novembre 2023.

Pendant ce congrès, les délégués avaient évincé le président de longue date du parti, Kemal Kilicdaroglu, tombé en disgrâce, et élu Özgür Özel.

L'acte d'accusation désigne M. Kilicdaroglu comme étant la partie lésée et réclame des peines de prison pouvant aller jusqu'à trois ans pour M. Imamoglu et dix autres maires et responsables du CHP, accusés de "fraude électorale".

Si la justice le décidait, M. Özel pourrait donc se voir démettre de ses fonctions à la tête de cette formation.

Le 2 septembre, un tribunal a destitué la direction de la branche d'Istanbul du CHP en raison d'accusations d'achats de votes au cours de son congrès provincial et nommé un administrateur pour prendre le relais.

Cette décision, qui a été largement perçue comme pouvant faire jurisprudence, a déclenché de vives protestations et entraîné une chute de 5,5% de la Bourse, faisant craindre que le résultat de lundi ne nuise également à la fragile économie de la Turquie.

Si le tribunal d'Ankara déclarait les résultats du congrès du CHP nuls et non avenus, cela pourrait annoncer le retour de son ancien leader Kemal Kilicdaroglu, qui a accumulé une série de défaites électorales ayant plongé le parti dans une crise.

Selon certains observateurs, l'affaire s'apparente à une tentative des autorités de saper le plus ancien parti politique de Turquie, qui a remporté une énorme victoire contre l'AKP (Parti de la justice et du développement, conservateur) du président Erdogan aux élections locales de 2024 et gagne en popularité dans les sondages.

Sa popularité a augmenté depuis qu'il a organisé les plus grandes manifestations de rue de Turquie en une décennie, déclenchées par l'emprisonnement en mars de son candidat à la présidence de la République, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu.

Dans une tentative de protéger sa direction, le CHP a convoqué un congrès extraordinaire le 21 septembre. Si le tribunal destituait M. Özel et rétablissait M. Kilicdaroglu, les membres du parti pourraient donc tout simplement réélire Özgür Özel six jours plus tard.