Au commencement était l'éducation

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Publié le Mardi 20 octobre 2020

Au commencement était l'éducation

Au commencement était l'éducation
  • La racine du mal n'est plus dans la radicalisation, elle la précède
  • S’attaquer à l'islamisme n'est pas s'attaquer aux musulmans de France. Cela dit, ce sont ces derniers qui doivent monter au front contre les monstres qui agissent au nom de leur Prophète

À la mémoire de Samuel Paty

Au commencement était l’éducation, et non pas l’instruction, pour expliquer la délinquance, puis le crime. Le 16 octobre, ce fut l’abomination, et il n’est plus question de s’écrier : « Mais que fait la police ? ». Car ce n’est plus l’affaire de la police. Désormais, il faut aller à la racine du mal, et ceux qui ont l’habitude de chercher des explications dans le social, la discrimination, le racisme, doivent changer de logiciel…

Il faut être sans pitié face à la barbarie. Et ce n’est pas au karcher qu’on éliminera les pulsions barbares.

La racine du mal n'est plus dans la radicalisation, elle la précède. Elle n’est même plus dans l’éducation, puisque c’est un enseignant qui a payé de sa vie et de façon monstrueuse son sacerdoce.

La racine du mal est surtout dans l’angélisme qui imprègne les réponses du gouvernement à l’islamisme, par crainte de s’aliéner toute une communauté, alors que dans un pays démocratique il n’est qu’une seule communauté, et elle est nationale. Et s'attaquer à l'islamisme n'est pas s'attaquer aux musulmans de France. Cela dit, ce sont ces derniers qui doivent monter au front contre les monstres qui agissent au nom de leur Prophète.

Tous ceux qui croient que leur Prophète a besoin de leur secours sont tout sauf de vrais croyants : ils font partie de ces Mounafiqoun («hypocrites») fustigés par le Coran.

Et si ce Prophète a besoin d'être défendu, par des monstres qui plus est, c'est qu'il doit être bien plus vulnérable que le simple croyant ! N'est-ce pas là que se situe le vrai blasphème ? N'est-ce pas là que se love la mécréance ?

Autant dire que tous ceux qui croient que leur Prophète a besoin de leur secours sont tout sauf de vrais croyants : ils font partie de ces Mounafiqoun («hypocrites») fustigés par le Coran. Et je dirai même, pour parler leur langage, que c'est Satan qui les inspire et les guide...

En France, oui, la liberté d'expression est imprescriptible. Un bémol, cependant : ancien journaliste, écrivain algérien vivant en France depuis 1976, je suis bien placé pour affirmer que, s’agissant de presse ou d’édition, et dès lors que vous ne faites pas dans l’allégeance à l’air du temps, la censure, sournoise ou assumée, est une réalité au pays «de Voltaire».

S'attaquer aux monstres islamistes n'est pas s'attaquer à l'islam, au contraire: c'est rendre justice aux musulmans!

Quoiqu’il en soit, s'attaquer aux monstres islamistes n'est pas s'attaquer à l'islam, au contraire: c'est rendre justice aux musulmans! Et c’est un immigré de très longue date qui vous le dit, et qui, le comble, n’est même pas citoyen français!

L'assassinat de ce prof d'histoire, qui voulut sans doute faire œuvre de pédagogue, est une abomination, oui. Et pour parler encore le langage des croyants (musulmans, chrétiens ou juifs), Samuel Paty est un martyr. Du devoir, mais pas seulement... Son assassinat marque un point de non-retour. Il est grand temps de rompre la chaîne de la malédiction : en s'attaquant à la racine du mal. Mais, j'insiste, la racine du mal n'est pas dans la radicalisation : elle la précède! Reste à identifier… «ce qui précède».

Salah Guemriche est essayiste, romancier et ancien journaliste.

 

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.