Macron nomme un nouveau gouvernement, l'extrême droite pourfend Pap Ndiaye

Le président français Emmanuel Macron a nommé vendredi une diplomate chevronnée, Catherine Colonna, à la tête du ministère des Affaires étrangères et fait entrer dans le nouveau gouvernement du pays des personnalités de la société civile dont l'historien Pap Ndiaye, pourfendu par l'opposition d'extrême droite (Photo d'illustration, AFP)
Le président français Emmanuel Macron a nommé vendredi une diplomate chevronnée, Catherine Colonna, à la tête du ministère des Affaires étrangères et fait entrer dans le nouveau gouvernement du pays des personnalités de la société civile dont l'historien Pap Ndiaye, pourfendu par l'opposition d'extrême droite (Photo d'illustration, AFP)
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Publié le Samedi 21 mai 2022

Macron nomme un nouveau gouvernement, l'extrême droite pourfend Pap Ndiaye

  • «C'est un gouvernement paritaire, équilibré entre certains qui étaient déjà ministres ces dernières années et puis des nouvelles figures, avec des personnalités qui viennent de la gauche, du centre de la droite», a assuré Borne
  • Le centre d'attraction est l'arrivée au ministère de l'Education de Pap Ndiaye, âgé de 56 ans, qui dirigeait jusqu'à présent le Palais de la Porte Dorée, et donc le musée de l'Histoire de l'immigration

PARIS: L'historien Pap Ndiaye à l'Education et un vaste jeu de chaises musicales: un mois après la réélection d'Emmanuel Macron, et à trois semaines des législatives, la France s'est dotée vendredi d'un nouveau gouvernement qui oscille entre renouvellement et recyclage.


Comprenant 14 hommes et 14 femmes, "c'est un gouvernement paritaire, équilibré entre certains qui étaient déjà ministres ces dernières années et puis des nouvelles figures" avec "des personnalités qui viennent de la gauche, du centre de la droite", a assuré la Première ministre Elisabeth Borne sur le plateau du 20 heures de TF1.


Parmi les surprises égrénées sur le perron de l'Elysée par le secrétaire général Alexis Kohler figurent l'attribution du porte-feuille de ministre des Affaires étrangères à la diplomate Catherine Colonna ou encore l'arrivée à la Culture de Rima Abdul Malak, jusque-là conseillère d'Emmanuel Macron.


Mais le centre d'attraction est l'arrivée au ministère de l'Education de Pap Ndiaye, âgé de 56 ans, qui dirigeait jusqu'à présent le Palais de la Porte Dorée, et donc le musée de l'Histoire de l'immigration. Cet intellectuel reconnu, spécialiste d'histoire sociale des Etats-Unis et des minorités, aura la charge de succéder à Jean-Michel Blanquer à la tête d'un ministère à vif, traversé par des tensions sociales.


L'extrême droite a immédiatement concentré ses critiques sur ce choix. "La nomination de Pap Ndiaye, indigéniste assumé, à l'Education nationale est la dernière pierre de la déconstruction de notre pays, de ses valeurs et de son avenir", a dénoncé Marine Le Pen.


Eric Zemmour a assuré que "c'est toute l'histoire de France qui va être revisitée à l'aune de l'indigénisme, de l’idéologie woke et de l'islamogauchisme". Elisabeth Borne a dénoncé des critiques "parfaitement caricaturales".


Mme Colonna, elle, est déjà rompue aux rouages de l'Etat, ayant été ministre des Affaires européennes de 2005 à 2007 et porte-parole de l'Elysée sous Jacques Chirac. La nouvelle cheffe de la diplomatie française, qui prend ses fonctions en pleine guerre en Ukraine, était ambassadrice au Royaume-Uni depuis septembre 2019.

Le Maire N.2 
A l'image de la nomination lundi à Matignon d'Elisabeth Borne, ancienne ministre du Travail, le premier gouvernement du deuxième quinquennat Macron est aussi marqué par la reconduction de plusieurs figures de l'acte I.


Certains conservent leurs portefeuilles: c'est le cas des poids-lourds Bruno Le Maire (Economie, finances et souveraineté industrielle et numérique), qui obtient le statut de N.2 du gouvernement, Gérald Darmanin (Intérieur) et surtout Eric Dupond-Moretti (Justice), malgré des relations conflictuelles avec les syndicats de magistrats. Clément Beaune reste pour sa part le M. Europe de l'exécutif, et Franck Riester au Commerce extérieur.  


L'essentiel du mouvement s'apparente à un jeu de chaises musicales, ce qui fait dire à l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon que "sous les apparences ternes et grises, sans audace, on y retrouve les principales figures de la maltraitance sociale et de l'irresponsabilité écologique du précédent gouvernement". 


"Un gouvernement de droite qui se moque complètement de l'écologie et du social", a abondé Julien Bayou, secrétaire national d'EELV.


C'est ainsi qu'Amélie de Montchalin (ex-Fonction publique) devient ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires et qu'Agnès Pannier-Runacher (ex-Industrie) obtient le porte-feuille de ministre de la Transition énergétique. Les deux femmes formeront avec Elisabeth Borne, directement chargée de la planification écologique et énergétique, le triumvirat "écolo" du gouvernement.


"Une organisation inédite dans ce domaine", a souligné Mme Borne, qui plaide pour "décliner" la transition écologique "dans toutes les politiques publiques".


Sébastien Lecornu (ex-Outre-mer) décroche pour sa part les Armées en remplacement de Florence Parly. Marc Fesneau (ex-Relations avec le Parlement) ira à l'Agriculture, son prédécesseur Julien Denormandie ayant indiqué vouloir désormais se consacrer à sa famille. 


Brigitte Bourguigon (ex-Autonomie) prend du galon en allant à la Santé, tandis que le ministère du Travail échoit à Olivier Dussopt (ex-Budget), avec la réforme des retraites en toile de fond. 


Figure de la gestion de la crise Covid, Olivier Véran prend en charge les Relations avec le Parlement, tandis que Gabriel Attal est envoyé aux Comptes publics. Olivia Grégoire lui succède au porte-parolat.


Parmi les entrants politiques, l'arrivée de Damien Abad traduit la poursuite de la fracturation de la droite par Emmanuel Macron. Ancien patron des députés LR, qui a claqué cette semaine la porte de son parti, obtient un ministère des Solidarités, de l'autonomie et des personnes handicapées.


Proche d'Edouard Philippe, le maire d'Angers Christophe Béchu est nommé ministre délégué en charge des collectivités territoriales.

Ministres en réserve 
Et quelques marcheurs historiques sont récompensés, au premier rang desquels le patron du parti Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la fonction publiques, la présidente de la Commission des Lois de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet, promue aux Outre-mers, ou encore Amélie Oudéa-Castera, ancienne DG de la Fédération de tennis (FFT), qui accède aux Sports.


La présidente de l'Université Paris-Saclay Sylvie Retailleau prend la tête de l'Enseignement supérieur et la Recherche, et la magistrate Isabelle Rome sera chargée de l'égalité femmes-hommes. 


Ce nouveau gouvernement, qui doit se réunir en Conseil des ministres lundi, mènera la bataille des législatives des 12 et 19 juin, qui pourrait donner lieu à une autre vague de nominations. 


Il devra aussi rapidement monter au front sur le sujet du pouvoir d'achat, dans un contexte inflationniste. "On a bien entendu le message des inquiétudes des Français", a assuré Mme Borne, rappelant que le premier projet de loi de son mandat comprendra un paquet de mesures sur la question.


Mais les ministres devront aussi se faire discrets sur leurs champs, la période de réserve débutant... lundi.


Un homme tué par balle à Marseille, le 3e en plein jour depuis début octobre

Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
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  • La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie
  • Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu"

MARSEILLE: Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre.

Interrogé par l'AFP, le parquet a fait état d'un mort, âgé entre 45 et 50 ans, et d'un blessé dans le quartier des Olives (13e arrondissement), sans pouvoir établir à ce stade de l'enquête un lien éventuel avec le trafic de drogue.

Marseille est régulièrement secouée par des "narchomicides" sur fond de trafic de stupéfiants et de guerre des gangs pour le contrôle des points de vente de drogue.

Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu". Une source policière indiquant ensuite à l'AFP qu'elle avait été "tuée par balle dans le 13e arrondissement".

La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie. Le 9 octobre, un homme avait été tué par balle en fin de matinée dans un quartier populaire du centre.

Selon un décompte de l'AFP, une quinzaine de personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône.

Une criminalité qui ne cesse de franchir des paliers: si avant 2020/2021 les victimes étaient bien ancrées dans le narcobanditisme, depuis, les cibles sont devenues les petites mains du trafic, parfois mineures et touchées à l'aveugle sur des points de deal, faisant parfois des victimes collatérales.

Avec Mehdi Kessaci, un nouveau cap a été franchi selon les observateurs, ce jeune de 20 ans totalement étranger du trafic de drogue ayant été visé volontairement, peut-être pour intimider son frère Amine engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, selon les premiers éléments de l'enquête.


Fleurs blanches et hommages de Marseillais à Mehdi Kessaci pour ses obsèques

Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
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  • Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine
  • Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches

MARSEILLE: Les fleurs blanches commençaient à s'accumuler mardi au rond-point où a été abattu jeudi Mehdi Kessaci, en marge de ses obsèques attendues dans l'après-midi à Marseille, dans une ville traumatisée par ce nouveau cap franchi dans les violences liées au narcobanditisme.

Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine, militant engagé dans la lutte contre le narcobanditisme depuis l'assassinat d'un premier frère, Brahim.

Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches.

"Je suis venue pour Amine que j'ai bien connu car j'étais maîtresse dans la cité où il habitait avec sa famille. Je l'ai côtoyé ensuite lors de campagnes électorales et je trouve son engagement citoyen formidable", confie à l'AFP Christine Didon.

"Aujourd'hui, on ne peut plus s'en sortir grâce à l'école comme avant. Il y a une dégradation très rapide des conditions de vie, une pauvreté telle qu'il ne reste à certains que le trafic de drogue", ajoute-t-elle.

Mohamed Habib Errabia, 77 ans, est tout de suite descendu de chez lui jeudi quand il a entendu les coups de feu et ce matin il tenait à rendre hommage à ce jeune de 20 ans, victime innocente et totalement étrangère au trafic de drogue, selon les autorités. "On a des enfants, forcément on pense à eux. Qu'est-ce qui peut leur arriver ? On est pas à l'abri d'une balle perdue".

Les obsèques de Mehdi Kessaci se dérouleront mardi après-midi à Marseille sous forte surveillance policière. La famille, qui ne souhaite pas la présence de la presse, a annoncé qu'une marche blanche serait organisée ce week-end.

La police avait identifié des menaces sur Amine Kessaci et ce dernier était placé sous surveillance policière depuis plusieurs semaines. A la rentrée, il a publié un livre "Marseille, essuie tes larmes" (Le bruit du monde), sorte de longue lettre adressée à Brahim, tué avec deux autres jeunes hommes en 2020, dont les assassins présumés seront jugés prochainement.

Mardi matin, une réunion d'urgence à l'Elysée est par ailleurs organisée sur la lutte contre le narcobandistime qui a fait l'objet d'une loi en juin.

"Le narcotrafic est une peste, une lèpre, une venin qui court dans les veines du monde et l'empoisonne", écrit Amine Kessaci dans son livre. "On dit cartel, on dit baron, on dit empire. Moi je dis fosse commune, je dis cimetière, je dis clameur étouffée des mères qui pleurent leurs fils fauchés, des pères brisés par la poudre qui court, des enfants assassinés avant d'avoir su vivre".

 


France: une galerie du Louvre fermée au public en raison d'une «fragilité» de l'édifice

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
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  • Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde
  • A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi

PARIS: Une des galeries du musée du Louvre à Paris sera fermée au public "par mesure de précaution" après qu'un audit a révélé la "particulière fragilité" de certaines poutres d'une des ailes du bâtiment, a annoncé lundi le musée dans un communiqué.

Abritant neuf salles dédiées à la céramique grecque antique, la galerie Campana sera fermée le temps que des "investigations" soient menées "sur la particulière fragilité de certaines poutres portant les planchers du deuxième étage de l'aile sud" du quadrilatère Sully, qui enserre la cour carrée du Louvre.

Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde. Contacté par l'AFP, un porte-parole de l'établissement n'a pas pu préciser quand cette décision prendrait effet ni pour combien de temps.

A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi. Et assure avoir "immédiatement lancé une campagne complémentaire d'investigations" afin de déterminer les causes de la fragilité identifiée.

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables.

En janvier 2025, la présidente du Louvre Laurence des Cars, sous pression depuis ce casse spectaculaire, avait alerté le ministère de la Culture de l'état de grande vétusté du musée parisien, évoquant notamment "la multiplication d'avaries dans des espaces parfois très dégradés".

Peu après cette alerte, le président Emmanuel Macron avait annoncé le lancement d'un vaste chantier de rénovation et de modernisation du Louvre, centré notamment sur le quadrilatère Sully. Des travaux initialement estimés à quelque 800 millions d'euros, et revus à la hausse dans un récent rapport de la Cour des comptes qui a évoqué au moins 1,15 milliard d'euros.