Gouvernement Borne: de la continuité avec des «surprises», estime la presse

La presse française estime samedi que le gouvernement de la nouvelle Première ministre Elisabeth Borne ressemble davantage à un «gros remaniement» avec le maintien des poids-lourds (Photo, AFP).
La presse française estime samedi que le gouvernement de la nouvelle Première ministre Elisabeth Borne ressemble davantage à un «gros remaniement» avec le maintien des poids-lourds (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 21 mai 2022

Gouvernement Borne: de la continuité avec des «surprises», estime la presse

  • Les journaux notent deux arrivées marquantes: l'historien Pap Ndiaye et Damien Abad, ancien président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale
  • Plusieurs éditorialises relèvent également la nomination aux Affaires étrangères de Catherine Colonna, actuellement ambassadrice à Londres, pour un «apport chiraquien» selon Le Figaro

PARIS: "Continuité", "impression de déjà-vu", absence de risque, la presse française estime samedi que le gouvernement de la nouvelle Première ministre Elisabeth Borne ressemble davantage à un "gros remaniement" avec le maintien des poids-lourds, marqué par une surprise "choc" à l'Education et une prise de taille chez LR.

"Macron joue la continuité... sauf à l'école", titre en Une le quotidien Libération, avec une description rapide du gouvernement dévoilé vendredi: "Une bonne prise, des reprises et de mauvaises surprises".

"L'arrivée de Pap Ndiaye à l'Education ne peut éclipser une déplaisante impression de déjà-vu, avec la reconduction de piliers macronistes comme Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin, et surtout une grande déception, avec deux poids plumes pour l'écologie", relève le journal.

"Des ajustements plutôt qu'une révolution", remarque Vincent Tremollet de Villers, dans son édito du Figaro.

Même impression du côté du Parisien-Aujourd'hui en France au vu de son résumé en première page: "Dans la nouvelle équipe, on retrouve les principales têtes d'affiche du premier quinquennat (Darmanin, Le Maire, Dupond-Moretti)".

Des personnalités qualifiées par Frédéric Vézard, dans son édito pour les DNA intitulé "Risque minimum", de "garde rapprochée du président" qui reste "solidement arrimée aux postes clés", en citant Gérald Darmanin (Intérieur), Bruno Le Maire (Economie), Eric Dupond-Moretti (Justice), Olivier Véran (Relations avec le Parlement) ou Gabriel Attal (Comptes publics).

Selon lui, ce "conservatisme a une explication purement politique". Le président a "opté pour le risque minimum, l'efficacité et la cohérence politique".

Christophe Hérigault de La Nouvelle République du Centre-Ouest y voit "des gages à gauche, à droite, au centre". "Pas forcément de quoi esbaudir les oppositions diverses et variées. Mais certainement, dans l'esprit macronien, de quoi repartir avec une équipe combative. Indispensable, assurément, à un mois des législatives".

Manque de «panache»

"A trois semaines des élections législatives, le président prend très peu de risque, joue la sécurité plutôt que le panache", constate Benoît Gaudibert dans l'Est républicain. Cela "s'apparente plus à un gros remaniement qu'à la constitution d'une nouvelle équipe".

Reste que, dans ce concert de commentaires sur un casting similaire au dernier gouvernement du quinquennat Macron I, les journaux notent deux arrivées marquantes: l'historien Pap Ndiaye et Damien Abad, ancien président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale.

La nomination du premier, spécialiste de l'histoire sociale des Etats-Unis et des minorités, universitaire respecté et adepte du consensus, a surpris. Sa personnalité apparaît en rupture avec celle de son prédécesseur à l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer.

"Coup de poker ou coup de communication?", interroge l'éditorialiste de La Montagne Charles Vigier, considérant que la nomination de M. Ndiaye représente le "seul pari stratégique" dans la composition de ce nouveau gouvernement.

Pour L'Est républicain, ce "choix symbolique et très politique, aussitôt salué par les Insoumis et dénoncé par l'extrême droite" est la "seule note disruptive" du nouveau gouvernement.

Christophe Hérigault y voit aussi une volonté d'"incarner un choc de culture au sein de l'Education nationale" tandis que Sébastien Lacroix, dans L'Union, le considère comme "l'anesthésique des syndicats et de la gauche".

"Le chef de l'Etat veut sans doute séduire l'électorat attiré par la Nupes de Jean-Luc Mélenchon. Ce jeu aussi décevant que dangereux ne lui rapportera rien à gauche et risque de coûter très cher à droite", prévient Le Figaro.

«Siphonnage»

La deuxième entrée qui mobilise l'attention des journaux est celle de Damien Abad.

"La prise de guerre", pour Sébastien Lacroix, qui rappelle que M. Abad "n'avait pas de mots assez durs jusqu'à il y a peu contre Macron". Son confrère de l'Est républicain estime que le président "poursuit son opération de siphonnage".

"Admirez le salto arrière: présider un groupe (parlementaire), ce n'est tout de même pas rien", lance Jean-Marc Chevauché du Courrier Picard, estimant qu'il s'ajoute à la liste des "quelques traîtres ordinaires" comme MM. Le Maire et Darmanin "qui ont quitté leur camp après avoir dit pis que pendre du président".

Plusieurs éditorialises relèvent également la nomination aux Affaires étrangères de Catherine Colonna, actuellement ambassadrice à Londres, pour un "apport chiraquien" selon Le Figaro.

Tel un professeur remplissant un bulletin scolaire, Benoît Gaudibert commente: "Gouvernement très paritaire, un bon point, devra confirmer dans les actes".


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.