Pérou: 37 ans plus tard, les victimes d'un massacre de l'armée reçoivent une sépulture

Trente sept ans après les faits, les victimes de plus grand massacre commis par l'armée pendant le conflit contre les guérillas d'extrême gauche au Pérou ont trouvé une sépulture dans leur village d'Accomarca (Photo, AFP).
Trente sept ans après les faits, les victimes de plus grand massacre commis par l'armée pendant le conflit contre les guérillas d'extrême gauche au Pérou ont trouvé une sépulture dans leur village d'Accomarca (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 25 mai 2022

Pérou: 37 ans plus tard, les victimes d'un massacre de l'armée reçoivent une sépulture

  • Au moins 69 personnes ont été massacrées, dont 42 à ce jour identifiées selon des chiffres du parquet de janvier 2022
  • Une vingtaine d'enfants ont été assassinés de sang froid avec leurs parents

ACCOMARCA: Trente sept ans après les faits, les victimes de plus grand massacre commis par l'armée pendant le conflit contre les guérillas d'extrême gauche au Pérou ont trouvé une sépulture dans leur village d'Accomarca (sud-est) après un long processus d'identification et la douloureuse remise des restes aux familles.

La cérémonie funèbre a eu lieu vendredi sous un soleil automnal dans ce petit village des Andes situé à 3 400 km d'altitude, où la plupart des 500 habitants vivent de l'agriculture. 

C'est là que le 14 août 1985, une patrouille militaire sous le commandement du sous-lieutenant Telmo Hurtado avait assassiné presque tous les villageois, dont des enfants, les accusant d'être des membres de la guérilla maoïste du Sentier Lumineux. 

"En ce jour, nous honorons la mémoire des victimes et nous demandons pardon en tant que gouvernement", a déclaré le Premier ministre, Anibal Torres, devant une quarantaine de cercueils déposés sur la place du village, au milieu des habitants vêtus de traditionnels costumes andins. 

De là, les cercueils blancs, marqués du nom des victimes, ont été transportés à dos d'homme jusqu'au petit cimetière distant d'un kilomètre, au son d'un groupe de musique traditionnelle. "Justice !" ont aussi crié des habitants. 

"Nous constatons une demi-justice (...) Nous exigeons une juste compensation de l'État", a déclaré au nom de la communauté un habitant, Florian Palacios, réclamant un indemnisation financière.

Ces enterrements, près de quarante ans après, ont été rendus possibles après un long processus d'identification des victimes par ADN grâce à un programme mené par le parquet péruvien, avec la coopération du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui assiste les familles.

Au moins 69 personnes ont été massacrées, dont 42 à ce jour identifiées selon des chiffres du parquet de janvier 2022. Une vingtaine d'enfants ont été assassinés de sang froid avec leurs parents.

Les restes des victimes, exhumés des années auparavant d'une fosse commune, sont arrivés dans le village mercredi, empaquetés dans des cartons.

Dans une salle de la mairie, en présence des familles, les ossements ont ensuite été déposés dans les petits cercueils puis transportés à l'église pour être veillés pendant deux jours.

«Boucher des Andes»

"La douleur dans mon coeur ne sera jamais apaisée. De quoi étaient coupables ma mère et mes frères?", a confié à l'AFP Teofilia Ochoa, qui a perdu sa mère et cinq frères et soeurs. 

"Ils les ont tous mis en rang, les ont enfermés dans trois maisons et ont tiré avec des balles, des bombes et ensuite ils ont commencé à brûler. Tout le monde criait, c'était un moment terrible", se souvient cette paysanne de 49 ans, qui avait réchappé du massacre en s'enfuyant dans la campagne. 

"Perdre des proches de cette manière, c'est triste", dit à l'AFP Tenencia Gamboa, 60 ans, qui pleure sa mère et deux frères de 8 et 11 ans. "Une tristesse très profonde. On ne peut pas la raconter", renchérit Maura Quispe, 52 ans, dont la mère enceinte et une soeur de 6 ans ont été tuées.

"Pour nous, les experts légistes, le cas d'Accomarca a été un des plus complexes et emblématiques", explique l’anthropologue, Lucio Condori, qui a dû travailler le plus souvent à partir de morceaux épars de squelettes. 

A partir de 2002, la justice péruvienne a commencé à enquêter sur ce massacre et une dizaine de militaires ont été condamnés. Surnommé le "boucher des Andes", Telmo Hurtado, 60 ans, purge depuis 2006 une peine de 23 ans prison.

"Beaucoup de fils et filles pourront donner (vendredi) à leurs parents un enterrement chrétien, mais il y a des enfants qui continueront à attendre, parce des restes n'ont pas encore été identifiés", avait expliqué à la veille de la cérémonie le maire d'Accomarca, Fernando Ochoa, qui a lui-même perdu sa grand-mère dans le massacre. 

Selon le rapport de 2003 de la Commission vérité et réconciliation, 4 000 fosses communes de victimes du conflit entre l'armée et les guérillas (1980-2000) ont été localisées au Pérou, et 21 000 personnes sont portées disparues. 

Les paysans pauvres des Andes ont très souvent servi de chair à canon, tant pour les guérillas d'extrême gauche que pour l'armée. 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.