L'Ukraine dit reprendre du terrain près de Kherson, Zelensky s'adresse aux Européens

Des piétons passent devant une installation sur laquelle on peut lire "J'aime Kharkiv" à côté d'un marché endommagé dans le district de Saltivka, au nord de Kharkiv, le 29 mai 2022, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP).
Des piétons passent devant une installation sur laquelle on peut lire "J'aime Kharkiv" à côté d'un marché endommagé dans le district de Saltivka, au nord de Kharkiv, le 29 mai 2022, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP).
Short Url
Publié le Lundi 30 mai 2022

L'Ukraine dit reprendre du terrain près de Kherson, Zelensky s'adresse aux Européens

  • Dans son point de situation publié dans la nuit de dimanche à lundi, l'armée ukrainienne affirme avancer dans la région de Kherson, du côté des villages de Andriyivka, Lozove et Bilohirka
  • Les forces russes, qui se sont repliées de la région de Kharkiv, ont continué leur progression ce week-end en direction des villes clefs de Severodonetsk

KHARKIV: L'Ukraine affirme reprendre du terrain dans la région de Kherson, aux mains des Russes depuis le début de l'invasion, au moment où le président Volodymyr Zelensky doit s'adresser lundi aux dirigeants européens réunis à Bruxelles pour un sommet extraordinaire consacré à son pays.

"Kherson, tiens bon, nous sommes proches!", affirme l'état-major ukrainien sur sa page Facebook.

Dans son point de situation publié dans la nuit de dimanche à lundi, l'armée ukrainienne affirme avancer dans la région de Kherson, du côté des villages de Andriyivka, Lozove et Bilohirka.

Le bulletin de lundi matin ne donne pas de précision quant à Kherson, mais indique que les forces russes ont fait venir des forces spéciales à Mykolayiv, la ville voisine, "dans le dessein de mener des actions offensives pour récupérer des positions perdues".

Aucun commentaire côté russe n'a été fait dans un premier temps concernant les affirmations de Kiev faisant état de "la construction de lignes défensives" par les troupes russes autour de Kherson.

Cette contre-offensive ukrainienne sur Kherson intervient alors que les nouvelles autorités de la ville, désignées par le Kremlin, ont d'ores et déjà exprimé le souhait d'être rattachées à la Russie, laquelle a annoncé qu'elle allait permettre aux habitants de demander un passeport russe via "une procédure simplifiée".

Si Kherson retombait aux mains de Kiev, ce serait une avancée symbolique forte, cette région ayant été entièrement conquise par l'armée russe depuis son offensive lancée le 24 février.

A cela s'ajoute le fait que Kherson est stratégiquement située dans le sud de l'Ukraine, près de l'embouchure du Dniepr sur la mer Noire.

Visite à Kiev de la nouvelle ministre française des Affaires étrangères

La nouvelle cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, effectuait lundi son premier voyage en Ukraine pour "témoigner de la solidarité de la France à l'égard du peuple ukrainien (...) face à l'agression russe", a indiqué lundi le Quai d'Orsay.

C'est la responsable française de plus haut rang à visiter l'Ukraine depuis le début de l'attaque russe le 24 février.

La ministre s'entretiendra avec le président Volodymyr Zelensky et son homologue ukrainien, Dmytro Kuleba, "pour évoquer en particulier le blocage des exportations de céréales et d'oléagineux d'Ukraine qui soulève des risques réels d'insécurité alimentaire", a précisé le communiqué. 

La ministre se rendra aussi à Boutcha, ville de la banlieue de Kiev où ont eu lieu des massacres de civils imputés aux troupes russes. Elle y "remettra du matériel de sécurité civile (camions de pompiers et ambulances)" aux autorités.

Mme Colonna avait réservé mardi dernier à l'Allemagne sa première visite à l'étranger. Elle avait souligné qu'"aucun des pays du G7 (n'était) en guerre contre la Russie" mais appelé à "encore renforcer notre soutien à l'Ukraine dans la durée, sur tous les plans".

Elle avait aussi évoqué l'idée d'Emmanuel Macron d'une "communauté politique européenne", susceptible d'accueillir l'Ukraine ou la Grande-Bretagne.

Le président Zelensky doit s'adresser lundi aux dirigeants européens réunis à Bruxelles pour un sommet extraordinaire consacré à son pays.

Nouvelles sanctions au menu 

Le président ukrainien doit parler lundi au début du sommet européen, par visioconférence depuis Kiev. De nouvelles sanctions contre Moscou sont au menu de cette réunion des Vingt-Sept.

Outre l'embargo pétrolier, le paquet de sanctions vise l'exclusion de banques russes du système financier international Swift, une aide à l'Ukraine allant jusqu'à neuf milliards d'euros en 2022.

Cette adresse du président Zelensky intervient au lendemain de sa visite très médiatisée dimanche à Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, dans le nord-est du pays. Une sortie inédite depuis l'invasion russe de fin février.

"Nous défendrons notre terre jusqu'au bout. Ils n'ont aucune chance", a déclaré M. Zelensky dimanche, allant à la rencontre de militaires sur le terrain, en gilet pare-balles et treillis, et visitant les décombres de bâtiments détruits à Kharkiv.

Médiation au point mort

Les tentatives de médiation entre Moscou et Kiev sont au point mort.

Ce week-end encore le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont eu un entretien téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine, l'enjoignant d'entamer des "négociations directes sérieuses" avec Kiev.

Les forces russes, qui se sont repliées de la région de Kharkiv, ont continué leur progression ce week-end en direction des villes clefs de Severodonetsk, pilonnée sans relâche, et Lyssytchansk, sa ville jumelle, dans le Donbass.

Situées de part et d'autre de la rivière Siversky Donets, elles sont menacées d'encerclement par les forces russes et les séparatistes prorusses, qui cherchent à établir un contrôle complet sur le bassin minier du Donbass.

"Du côté de Donetsk, l'agresseur se concentre sur des opérations offensives pour encercler nos troupes à Lyssytchantsk et Severodonetsk", précise le bulletin de l'armée ukrainienne de lundi matin.

Le dirigeant de la république russe de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, avait revendiqué quant à lui samedi soir avoir pris le contrôle de Severodonetsk, ville qui comptait 100.000 habitants avant la guerre.

Le maire de Severodonetsk, Olexander Stryuk, a alerté sur l'aggravation de la situation sanitaire dans sa ville privée d'électricité depuis plus de deux semaines et vidée de ses habitants. Les "bombardements constants" compliquent beaucoup l'approvisionnement, notamment en eau potable, des milliers d'habitants encore sur place.

Alors que l'Ukraine, grande puissance agricole, ne peut plus exporter ses céréales en raison du blocage de ses ports, Vladimir Poutine a assuré, lors de sa conversation avec ses pairs français et allemands, que son pays était "prêt" à aider une exportation "sans entraves" des céréales de l'Ukraine.

les Russes avancent vers le centre de Severodonetsk, situation «très difficile»

Les forces russes ont progressé vers le centre de Severodonetsk, ville dans l'Est de l'Ukraine, pilonnée depuis des semaines et où se déroulent désormais des combats de rue, a annoncé lundi le gouverneur de la région.
"Les Russes avancent vers le milieu de Severodonetsk. Les combats se poursuivent, la situation est très difficile", a indiqué sur Telegram Serguiï Gaïdaï, à la tête de la région de Lougansk.
Selon lui, deux personnes ont été blessées lundi lorsque leur voiture a été prise pour cible, et se trouvent désormais "en sécurité". Trois médecins sont portés disparus, selon la même source.
"L'infrastructure critique de Severodonetsk est détruite, 60% du parc de logements ne peut pas être restauré", a poursuivi M. Gaïdaï.
Il a ajouté que la route reliant Severodonetsk à la ville jumelle de Lyssychansk puis à celle de Bakhmout plus au sud était trop "dangereuse" pour permettre l'évacuation des civils et le transport d'aide humanitaire.
Dimanche, M. Gaïdaï avait signalé qu'un assaut russe sur Severodonetsk était en cours avec des combats de rue. Il avait également indiqué que la situation à Lyssychansk s'était "largement aggravée".
Severodonetsk, ville de 100.000 habitants avant la guerre, est pilonnée à l'artillerie depuis des semaines par l'armée russe et les séparatistes prorusses qui combattent à ses côtés. Des dizaines de civils y ont tués.
Severodonetsk et Lyssytchank sont situées à plus de 80 km à l'est de Kramatorsk, devenu le centre administratif du Donbass ukrainien depuis que les séparatistes soutenus par Moscou se sont emparés de la partie orientale de ce grand bassin houiller en 2014.

Blocage hongrois

A Bruxelles, à la veille du sommet de l'UE, les représentants des Vingt-Sept ont examiné dimanche une nouvelle proposition qui exempterait temporairement un oléoduc clé pour la Hongrie d'un embargo progressif de l'UE sur le pétrole russe, afin de tenter de lever le blocage sur leur 6e paquet de sanctions contre Moscou.

Ces nouvelles sanctions sont pour l'instant bloquées par la Hongrie, pays enclavé sans accès à la mer et dépendant du pétrole acheminé de Russie par l'oléoduc Droujba, qui lui fournit 65% de sa consommation.

Parallèlement, les Occidentaux continuent à revoir leurs politiques de défense face à la menace russe.

Le chef adjoint de l'Otan, Mircea Geoana, a estimé dimanche que l'Alliance n'était plus tenue par ses anciens engagements envers Moscou de ne pas déployer ses forces en Europe orientale.

Dans l'Acte fondateur sur les relations entre l'Otan et la Russie, signé il y a 25 ans, les Russes s'étaient "engagés à ne pas agresser les voisins, c'est ce qu'ils sont en train de faire, et à tenir des consultations régulières avec l'Otan, ce qu'ils ne font pas", déclaré M. Geoana.

Selon lui, l'Acte fondateur "ne fonctionne simplement pas, à cause de la Russie", et l'Otan n'a désormais plus "aucune restriction" pour se doter d'une "posture robuste sur le flanc est".

Et en Allemagne, gouvernement et opposition conservatrice ont trouvé dimanche soir un accord pour faire une entorse aux règles budgétaires imposées par la constitution, afin de débloquer 100 milliards d'euros pour moderniser l'armée.

Une voiture piégée explose à Melitopol, les autorités prorusses accusent Kiev

Une voiture piégée a explosé lundi matin à Melitopol, faisant deux blessés, a indiqué l'administration prorusse de cette ville du sud de l'Ukraine occupée par les forces russes, qui accuse Kiev d'être derrière cet "attentat".
"Vers 08H00 du matin une voiture piégée a explosé dans le centre de la ville", a écrit l'administration de la cité située près de la mer d'Azov, faisant état de deux blessés, des "bénévoles qui apportaient de l'aide humanitaire" âgés de 25 et 28 ans.
Une enquête est en cours, selon cette source.
"C'est un acte terroriste cynique du régime de Kiev, un acte destiné à effrayer les habitants de notre ville, un acte dirigé contre les civils", a accusé Galina Daniltchenko, la nouvelle maire de la cité installée par les forces russes, citée par l'agence russe Ria Novosti.
"C'est une situation horrible, et le régime de Kiev ne peut se faire à l'idée que les habitants de Melitopol ne veulent plus avoir à faire avec ce pouvoir de Kiev, nous voulons vivre une nouvelle vie, une autre vie, une vie pacifique", a-t-elle ajouté.
Melitopol a été conquise par les forces russes dans les premiers jours de l'offensive de Moscou en Ukraine. Le 11 mars, son maire, Ivan Fedorov, avait été enlevé par les Russes, avant d'être libéré quelques jours plus tard. Une administration prorusse a ensuite été installée dans la cité.
Le 23 mai, Andreï Chevtchik, le maire installé par Moscou d'Energodar, autre ville du sud de l'Ukraine accueillant la plus grande centrale nucléaire d'Europe, avait été blessé dans une explosion avec deux de ses gardes du corps.
Selon le Comité d'enquête russe, une "bombe artisanale" avait été placée dans une armoire électrique dans l'entrée d'un immeuble résidentiel.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait estimé qu'il s'agissait d'un "attentat" commis par des "nationalistes" ukrainiens.
Les villes de Melitopol et d'Energodar appartiennent à la région ukrainienne de Zaporijjia, en grande partie occupée par Moscou. Elle est voisine de celle de Kherson, entièrement sous contrôle russe, dont l'annexion par la Russie semble se dessiner.
Le contrôle par la Russie du littoral de la mer d'Azov (Kherson, Zaporijjia et Donetsk), y compris le port de Marioupol, permet de constituer un pont terrestre pour relier le territoire russe à la péninsule de Crimée, qu'elle a annexée en 2014.


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
Short Url
  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Short Url
  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Short Url
  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.