Le combat du Gabon pour préserver sa faune

Des éléphants paissent dans le parc de Loango le 15 mars 2022. STEEVE JORDAN / AFP
Des éléphants paissent dans le parc de Loango le 15 mars 2022. STEEVE JORDAN / AFP
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Publié le Lundi 30 mai 2022

Le combat du Gabon pour préserver sa faune

  • En 2021, la brigade a saisi 26 armes, une quarantaine de gibiers et interpellé huit personnes pour trafic d'ivoire
  • La lutte pour préserver la biodiversité n'est pas toujours populaire au Gabon chez les habitants des zones reculées qui vivent de ce qu'ils plantent et de la chasse

LASTOURVILLE, Gabon: Coup de sifflet. La voiture s'immobilise. "Arrêtez le moteur et descendez du véhicule s'il vous plaît". La fouille commence et les agents du ministère gabonais des Eaux et Forêts inspectent chaque cachette possible, à la recherche de gibier ou de fusils. Rien à signaler.
Cette brigade traque les braconniers, de l'aube au crépuscule, au coeur de la forêt équatoriale qui recouvre 88% de ce petit pays d'Afrique centrale doté d'une biodiversité exceptionnelle.
"Tout le monde braconne, il n'y a pas de profil type. Du villageois qui cherche à se nourrir au notable de la ville qui entretient un circuit international", explique à l'AFP le chef de la brigade, le commandant Jerry Ibala Mayombo, qui patrouille non loin de la bourgade de Lastourville, à 500 km au sud-est de la capitale Libreville.
"Notre mission est d'éduquer, sensibiliser et, en dernier ressort, réprimer", poursuit-il. Les plus lourdes peines concernent le trafic d'ivoire, jusqu'à 10 ans de prison.
Fruit d'un partenariat entre le ministère, l'ONG belge Conservation Justice et la compagnie suisse et gabonaise Precious Woods-CEB, cette patrouille officie depuis deux ans dans cette exploitation forestière.
La zone est fortement touchée par le braconnage et les pistes, creusées dans l'épaisse forêt pour l'exploitation du bois, profitent aussi aux chasseurs.

 

Le Gabon plaide pour des «crédits biodiversité» sur le modèle des crédits carbonne

Britannique naturalisé gabonais, ministre emblématique des Eaux et Forêts de ce petit pays d'Afrique centrale qui se veut un exemple dans le monde pour la préservation de la nature, Lee White défendra l'idée de "crédits biodiversité" sur le modèle des crédits carbone à la prochaine COP 15 prévue en Chine.
Ce professeur en Ecologie et conservation des écosystèmes des forêts tropicales en Afrique promet aussi de mieux protéger les populations victimes des éléphants dans le conflit homme-faune qui fait régulièrement débat au Gabon.

Qu'attendez-vous de la conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP 15) prévue à la fin de l'été en Chine?
Elle sera le moment où on va élever le débat sur la biodiversité au même niveau que le climat. Les problèmes de climat et de biodiversité sont liés. L'Amazonie est en train de crever à cause du changement climatique! Pour résoudre la crise de la biodiversité, il faut résoudre la crise climatique. Mais la biodiversité est aussi le meilleur outil pour lutter contre le changement climatique.
A Kunming, nous espérons une résolution sur la biodiversité. On vise 30% des aires protégées avant 2030 dans le monde. Et on espère également qu'on va commencer à travailler sur un système de crédit de biodiversité comme les crédits carbone. Le bassin du Congo est le coeur et le poumon de l'Afrique qui agit pour le maintien de la stabilité de notre continent. On peut sûrement calculer un prix pour ce service et donner une valeur à cette forêt équatoriale.

Comment le Gabon peut-il pousser les autres pays à suivre ses ambitions ?
Depuis le sommet de la terre à Rio (en 1992), le Gabon a absorbé trois milliards de tonnes de CO2. Nous sommes passés de 0 à 22% de notre territoire en aires protégées. Nous sommes passés de 0 à 27% d'aires protégées pour nos océans. L'Afrique a perdu 75% des populations d'éléphants de forêts à cause du braconnage. Le Gabon a, lui, augmenté sa population de 50% pour atteindre 95.000 éléphants. Je ne suis pas sûr que vous trouverez un pays qui a fait mieux dans le monde. Nous ne pouvons pas imposer notre modèle aux autres pays. Mais si nous trouvons un moyen de donner une valeur à tous ces progrès et à la séquestration de carbone, les autres pays regarderont peut-être plus l'exemple du Gabon et feront eux-mêmes quelque chose de similaire.

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Lee White, ministre gabonais des Eaux et Forêts et de l'Environnement pose pour un portrait dans son bureau à Libreville le 18 mars 2022. STEEVE JORDAN / AFP

Comment réagissez-vous quand des Gabonais vous accusent de défendre les éléphants plus que les populations ?
Le conflit homme/éléphant est très complexe. On doit maintenir l'intégrité de notre écosystème et l'éléphant en fait partie. Or, le changement climatique commence à avoir des conséquences sur le bassin du Congo. Les scientifiques ont découvert au parc national de la Lopé (centre) que la production de fruits a baissé de 80% parce que la température s'y est élevée de 1 degré Celsius moyenne en 40 ans et que la pluviométrie a baissé. Les éléphants ont faim et sortent des forêts à la recherche de fruits.
Je préfère mettre des barrières électriques et d'autres méthodes plutôt que de tuer les éléphants. Mais on doit absolument protéger les moyens de subsistance des gens, leur sécurité et leur qualité de vie. Dans le monde occidental, l'image des éléphants c'est surtout celle de merveilleuses et douces peluches dans les chambres d'enfants mais pour les petits Africains en milieu rural, ce sont d'énormes choses terrifiantes qui peuvent tuer leur père et prendre ou détruire la nourriture des prochains mois. Les gens, en partie par affect, mais aussi parce qu'ils ont peur et faim, m'accusent moi ou le gouvernement de prendre plus soin des éléphants. Ce n'est pas vrai mais on doit voir le problème dans son ensemble. Par le passé, nous n'avions pas le budget pour compenser les victimes du conflit homme/éléphant. Mais cette année, nous avons cinq millions de dollars dans le budget national.

Conflit homme-éléphant

"Au début, le sentiment général était la défiance. Plus aujourd'hui, car nous faisons comprendre aux populations le bien-fondé de notre action", assure M. Ibala Mayombo.
Ces gardes ne sont pas armés. "Nous sommes confrontés à des braconniers violents qui nous menacent, parfois avec leurs fusils", témoigne le chef des gardes, accompagnés de gendarmes ou policiers quand cela est nécessaire.
En 2021, la brigade a saisi 26 armes, une quarantaine de gibiers et interpellé huit personnes pour trafic d'ivoire. "La tendance est à la baisse", estime le commandant.
Dans un hameau, une femme se lamente devant son champ ravagé par les éléphants de forêt, une espèce menacée d'extinction, dont la population dans le monde a chuté de 86% en 30 ans. Mais au Gabon, elle a doublé en 10 ans, pour atteindre quelque 95.000 individus, dont certains ravagent régulièrement les cultures vivrières.
"Tu viens le matin, tu vois qu'il a mangé une partie. Tu viens le lendemain, il a pris une autre partie. En quelques jours, la plantation est finie. Je n'ai pas d'argent, plus rien à manger. Je vais faire comment?", pleure Hélène Benga, 67 ans.
"On a compris qu'on préservait les éléphants. On ne les chasse pas. Donc les éléphants sont plus importants que nous. Donc on va mourir. Mon mari et moi n'avons pas la retraite. Ce sont les éléphants qui vont voter? Si tout le monde est comme moi, oh! les bulletins vont aller dans le vide", menace-t-elle.
La lutte pour préserver la biodiversité n'est pas toujours populaire au Gabon chez les habitants des zones reculées qui vivent de ce qu'ils plantent et de la chasse.

Sensibilisation

Pour expliquer l'intérêt de protéger faune et flore et rappeler la loi, des réunions de sensibilisation sont organisées dans les villages sur la concession avec des employés de CEB et des membres de Conservation Justice.
Dans la salle communale de Bouma, une trentaine d'habitants s'est rassemblée pour les écouter: dates d'ouverture et zones de chasse autorisées, espèces protégées, démarches pour obtenir un permis...
L'ambiance est assez tendue, les questions fusent. "Que peut-on faire quand les bêtes envahissent notre champ ? Où sont emportés l'ivoire et le gibier saisis par les autorités ? Comment distinguer une espèce menacée d'une autre quand on chasse la nuit ?"
"Je comprends qu'il faille sauvegarder la faune. Mais nous, au village, on vit de quoi ? De la chasse. Les lois nous frustrent", se lamente Léon Ndjanganoye, la cinquantaine.
Le Gabon fait de la protection de sa biodiversité une priorité et se présente comme le bon élève d'une région tourmentée par des guerres, les destructions de l'habitat forestier de certaines espèces et le trafic de viande de brousse.
Pour protéger ses espèces emblématiques comme l'éléphant, le gorille, le chimpanzé ou la panthère, le Gabon a déployé en 2002 un réseau de 13 parcs nationaux qui couvrent aujourd'hui 11% du territoire.
Il a aussi créé, en 2017, 20 aires marines protégées, sur plus de 53.000 km2, soit la plus grande réserve d’Afrique qui protège 27% des eaux territoriales gabonaises.


Les célébrations de la Journée de l'Afrique à Riyad mettent l'accent sur l'unité et la croissance partagée

Le vice-ministre des Affaires étrangères Waleed Al-Khuraiji (au centre) avec le doyen du corps diplomatique et ambassadeur de Djibouti Dya-Eddine Said Bamakhrama et le doyen du groupe des ambassadeurs africains Iya Tidjani. (AN photo/Basheer Saleh)
Le vice-ministre des Affaires étrangères Waleed Al-Khuraiji (au centre) avec le doyen du corps diplomatique et ambassadeur de Djibouti Dya-Eddine Said Bamakhrama et le doyen du groupe des ambassadeurs africains Iya Tidjani. (AN photo/Basheer Saleh)
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  • Waleed Elkhereiji, a réaffirmé l'engagement de l'Arabie saoudite à renforcer la coopération et le partenariat avec les pays africains, à promouvoir le commerce et l'intégration et à améliorer la consultation et la coordination sur les questions communes.
  • Le ministre saoudien présente un plan d'investissement de 25 milliards de dollars et une présence diplomatique accrue sur le continent.

RIYAD : Le vice-ministre des affaires étrangères, Waleed Elkhereiji, a réaffirmé l'engagement de l'Arabie saoudite à renforcer la coopération et le partenariat avec les pays africains, à promouvoir le commerce et l'intégration et à améliorer la consultation et la coordination sur les questions communes.

S'exprimant lors de la cérémonie de la Journée de l'Afrique au palais culturel du quartier diplomatique de Riyad, le ministre a décrit l'Afrique comme un continent riche en opportunités, doté de ressources naturelles, d'une population jeune et d'un potentiel renouvelable.

Il a déclaré que les pays africains étaient importants pour la politique étrangère de l'Arabie saoudite : "L'Afrique accueille le plus grand nombre de missions diplomatiques et consulaires saoudiennes, et le Royaume a l'intention de porter le nombre de ses ambassades en Afrique à plus de 40 dans les années à venir.

Artistes se produisant lors de la Journée de l'Afrique 2025, placée sous le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (Photo AN/Basheer Saleh)
Artistes se produisant lors de la Journée de l'Afrique 2025, placée sous le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (Photo AN/Basheer Saleh)

M. Elkhereiji a ajouté que le Royaume avait fourni plus de 45 milliards de dollars pour soutenir le développement et les projets humanitaires dans 54 pays africains, l'agence d'aide saoudienne KSrelief ayant fourni à elle seule plus de 450 millions de dollars d'aide dans 46 nations africaines.

M. Elkhereiji a ajouté que l'objectif du Royaume était d'investir 25 milliards de dollars en Afrique, d'assurer 10 milliards de dollars d'exportations et d'offrir 5 milliards de dollars de financement du développement au continent d'ici 2030.

L'événement intitulé "Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations" a rassemblé plus de 400 invités, dont des responsables saoudiens, des diplomates, des hommes d'affaires et des membres de la société.

Le doyen du corps diplomatique et ambassadeur de Djibouti en Arabie saoudite, Dya-Eddine Said Bamakhrama, a souligné l'importance symbolique et politique de cette journée, la qualifiant de rappel à la poursuite d'une Afrique fondée sur la dignité, l'équité et la justice. 

Invités à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (Photo AN/Basheer Saleh)
Invités à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (Photo AN/Basheer Saleh)

"C'est une journée de commémoration, d'unité et de responsabilité collective. Nous honorons nos ancêtres, reconnaissons la vision de nos dirigeants et réaffirmons notre engagement en faveur d'un avenir africain fondé sur la dignité, l'équité et la justice", a-t-il déclaré.

Il a souligné la nécessité pour les États africains de faire entendre leur voix dans les forums internationaux, de renforcer la coopération panafricaine et de promouvoir la jeunesse, les savoirs autochtones et les identités culturelles.

M. Bamakhrama a ajouté : "Sur la voie du développement, l'Afrique ne marche pas seule et compte sur la solidarité de ses partenaires, en particulier l'Arabie saoudite. Nous saluons les résolutions adoptées par le sommet Arabie saoudite-Afrique qui s'est tenu à Riyad en 2023 et qui a marqué une étape importante dans le renforcement du partenariat stratégique. 

Un invité à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (AN photo/Basheer Saleh)
Un invité à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (AN photo/Basheer Saleh)

"La Vision 2030 de l'Arabie saoudite offre de nouvelles possibilités de jeter des ponts durables entre nos peuples. Ensemble, nous pouvons transformer cette coopération en une alliance durable."

Le chef du corps diplomatique africain et ambassadeur du Cameroun en Arabie saoudite, Iya Tidjani, a rendu hommage à la vision des pères fondateurs du panafricanisme, qui considéraient l'unité africaine comme essentielle au développement du continent et à son rayonnement dans le monde.

"Il y a 62 ans, alors que l'Afrique portait encore les stigmates de l'esclavage, de la colonisation, de l'apartheid et de la discrimination, les chefs d'État africains ont jeté les bases de la charte de l'Organisation de l'unité africaine, marquant ainsi un tournant dans la quête de l'indépendance. Leurs successeurs, soutenus par l'Union africaine, restent engagés", a-t-il déclaré. 

Un invité à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (AN photo/Basheer Saleh)
Un invité à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (AN photo/Basheer Saleh)

"La Journée de l'Afrique, anciennement Journée de la liberté africaine et plus tard Journée de la libération africaine, trouve son origine dans la résistance collective du peuple africain. La commémoration de 2025, placée sous le thème de la justice pour les Africains, perpétue cet héritage".

Il a exhorté les jeunes générations à s'inspirer de cet héritage et à œuvrer à la réalisation des objectifs de l'Agenda 2063 de l'Union africaine, à savoir une croissance économique inclusive et durable sur l'ensemble du continent.

En marge de la réception, la diversité culturelle de l'Afrique a été mise en valeur par une exposition d'artisanat représentant différents pays.

À travers cette célébration, le corps diplomatique africain a voulu transmettre à la communauté internationale sa solidarité, son unité et sa détermination, tout en appelant au dialogue, à la reconnaissance historique et à l'action concrète en faveur de la justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 

 

 

 

 

 

 


Le Dalaï Lama confirme qu'il aura un successeur, la Chine veut approuver son nom

Né le 6 juillet 1935, Tenzin Gyatso pour l'état civil est devenu dès l'âge de 2 ans le quatorzième chef spirituel et politique des Tibétains, dûment identifié par la tradition bouddhiste comme la réincarnation de son prédécesseur.  Il a fui "sa" capitale Lhassa et la répression chinoise en 1959 et passe depuis l'essentiel de son temps dans un monastère de McLeod Ganj, dans les contreforts de l'Himalaya indien. (AFP)
Né le 6 juillet 1935, Tenzin Gyatso pour l'état civil est devenu dès l'âge de 2 ans le quatorzième chef spirituel et politique des Tibétains, dûment identifié par la tradition bouddhiste comme la réincarnation de son prédécesseur. Il a fui "sa" capitale Lhassa et la répression chinoise en 1959 et passe depuis l'essentiel de son temps dans un monastère de McLeod Ganj, dans les contreforts de l'Himalaya indien. (AFP)
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  • Lauréat en 1989 du prix Nobel de la paix, il incarne depuis dans le monde entier le combat pour la liberté du territoire himalayen
  • La question de sa succession fait l'objet d'un bras de fer entre le Dalaï Lama et Pékin, qui entend bien lui nommer un successeur à sa main

MC LEOD GANJ: Le Dalaï Lama a confirmé mercredi qu'un successeur serait désigné à sa mort pour perpétuer sa fonction de chef spirituel de la communauté tibétaine, s'attirant la riposte immédiate de la Chine qui exige d'approuver son nom.

"J'affirme que l'institution du Dalaï Lama sera perpétuée", a-t-il indiqué dans un message très attendu lu lors d'une réunion religieuse à McLeod Ganj, dans le nord de l'Inde, où il vit en exil.

Sans surprise, la Chine, dont les troupes ont envahi le Tibet en 1950 et en ont fait une province chinoise, a aussitôt réagi.

"La réincarnation de grandes figures bouddhistes comme le Dalaï Lama et le Panchen Lama doit être désignée par tirage au sort (...) et ensuite approuvée par le gouvernement central", a rappelé Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Né le 6 juillet 1935, Tenzin Gyatso pour l'état civil est devenu dès l'âge de 2 ans le quatorzième chef spirituel et politique des Tibétains, dûment identifié par la tradition bouddhiste comme la réincarnation de son prédécesseur.

Il a fui "sa" capitale Lhassa et la répression chinoise en 1959 et passe depuis l'essentiel de son temps dans un monastère de McLeod Ganj, dans les contreforts de l'Himalaya indien.

Lauréat en 1989 du prix Nobel de la paix, il incarne depuis dans le monde entier le combat pour la liberté du territoire himalayen.

La question de sa succession fait l'objet d'un bras de fer entre le Dalaï Lama et Pékin, qui entend bien lui nommer un successeur à sa main.

"Selon la tradition" 

"La responsabilité (de la nomination d'un successeur, ndlr) reposera exclusivement sur les membres du Ganden Phodrang Trust, le bureau de Sa Sainteté le Dalaï Lama", a rappelé mercredi le message du dirigeant tibétain.

"Ils conduiront les procédures de recherche et de reconnaissance (du successeur) en accord avec la tradition passée", a-t-il insisté", "personne d'autre n'a l'autorité requise pour se mêler de cette question".

L'actuel Dalaï Lama, considéré comme un dangereux séparatiste par Pékin, a déjà écarté à plusieurs reprises l'idée que le 15e Dalaï Lama puisse être nommé par les Chinois.

Il sera forcément "né dans le monde libre", a-t-il promis publiquement .

"Rien n'a changé en ce qui concerne l'implication de la Chine, le sujet n'a pas été évoqué en détail", a précisé devant la presse, après la diffusion du message, un représentant du bureau du Dalaï Lama, Samdhong Rinpoche.

En 1995, la Chine avait enlevé et placé en détention un enfant de 6 ans que le Dalaï Lama venait de désigner comme Panchen Lama, l'autre figure religieuse tibétaine de premier plan.

Et elle avait dans la foulée nommé à ce titre le candidat de son choix, aussitôt rejeté par les Tibétains comme le "faux Panchen".

Le défi lancé à la Chine par le Dalaï Lama a réjoui mercredi la communauté tibétaine.

"Nous nous opposons résolument à toute interférence ou tentative de la Chine d'installer un Dalaï Lama fantoche", a souligné auprès de l'AFP un Tibétain en exil, Jigme Taydeh.

"Combat" 

"Cette décision donne à la communauté internationale l'occasion historique (...) d'envoyer un message fort à Pékin et à tous les régimes autoritaires", a renchéri une partisane de l'autonomie du Tibet, Chemi Lhamo, 30 ans.

"Je n'ai aucun doute sur le fait que notre combat pour la vérité et la justice finira par l'emporter", a ajouté cette femme, exilée aux Etats-Unis.

Même si ces dernières années, le Dalaï Lama a suggéré l'idée qu'il pourrait être le dernier, une majorité de Tibétains était favorable à la poursuite du "cycle de la réincarnation".

Dans son message, il a fait état mercredi des nombreuses sollicitations de sa communauté en faveur de la prolongation de sa charge.

"J'ai reçu en particulier, par divers moyens, de nombreux messages de Tibétains du Tibet répétant ce même appel", a-t-il indiqué.

An nom de son bureau, Samdhong Rinpoche, a précisé qu'aucune autre instruction n'avait pour l'heure été donnée sur la procédure de nomination.

"Elles ne sont pas nécessaires à cette heure", a indiqué M. Rinpoche lors d'une conférence de presse, "Sa Sainteté le Dalaï Lama est actuellement en pleine forme".

En 2011, le Dalaï Lama avait renoncé au pouvoir politique de sa charge, confiée à un Premier ministre, élu par la diaspora, et à un gouvernement en exil.

Les festivités organisées pour son 90e anniversaire se poursuivent jusqu'à la fin de la semaine.

 


Quatre responsables tués dans une explosion dans le nord-ouest du Pakistan

Quatre responsables des autorités locales et de la police ont été tués dans une explosion mercredi dans le nord-ouest du Pakistan, frontalier de l'Afghanistan, a rapporté à l'AFP un officier de police. (AFP)
Quatre responsables des autorités locales et de la police ont été tués dans une explosion mercredi dans le nord-ouest du Pakistan, frontalier de l'Afghanistan, a rapporté à l'AFP un officier de police. (AFP)
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  • Samedi, 16 soldats avaient été tués dans un attentat-suicide mené par des talibans pakistanais dans la même province du Khyber Pakhtunkhwa
  • L'année 2024 a été la plus meurtrière en près d'une décennie au Pakistan, avec plus de 1.600 morts, près de la moitié étant des soldats et des policiers, selon le Centre pour la recherche et les études sur la sécurité d'Islamabad

PESHAWAR: Quatre responsables des autorités locales et de la police ont été tués dans une explosion mercredi dans le nord-ouest du Pakistan, frontalier de l'Afghanistan, a rapporté à l'AFP un officier de police.

Onze personnes ont également été blessées dans cette explosion survenue près d'un marché et qui n'a pas jusqu'ici été revendiquée, a ajouté Waqas Rafiq, officier de police à Bajaur, dans la province du Khyber-Pakhtunkhwa.

Les violences se sont multipliées dans l'ouest du Pakistan, frontalier de l'Afghanistan, depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul à l'été 2021.

Islamabad accuse son voisin de ne pas déloger les rebelles qui utilisent son sol pour attaquer le Pakistan, ce que l'Afghanistan dément.

Samedi, 16 soldats avaient été tués dans un attentat-suicide mené par des talibans pakistanais dans la même province du Khyber Pakhtunkhwa.

L'année 2024 a été la plus meurtrière en près d'une décennie au Pakistan, avec plus de 1.600 morts, près de la moitié étant des soldats et des policiers, selon le Centre pour la recherche et les études sur la sécurité d'Islamabad.

Au total, depuis le 1er janvier, selon un décompte de l'AFP, près de 300 personnes, en majorité membres des forces de sécurité, ont été tuées dans des violences menées par des groupes armés en lutte contre l'Etat, dans le Khyber-Pakhtunkhwa, comme dans la province voisine du Baloutchistan.