Shakespeare triomphe aux Molières, le mouvement MeToo en toile de fond

L'équipe de «Comme il vous plaira» réagissent après avoir reçu le Molière du Théâtre Privé lors de la cérémonie du 33e prix Molières, le plus prestigieux prix de théâtre en France, aux Folies Bergère à Paris le 30 mai 2022. (Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP)
L'équipe de «Comme il vous plaira» réagissent après avoir reçu le Molière du Théâtre Privé lors de la cérémonie du 33e prix Molières, le plus prestigieux prix de théâtre en France, aux Folies Bergère à Paris le 30 mai 2022. (Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP)
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Publié le Mardi 31 mai 2022

Shakespeare triomphe aux Molières, le mouvement MeToo en toile de fond

  • Une version de la comédie "Comme il vous plaira" a remporté quatre statuettes lors de la prestigieuse cérémonie de théâtre
  • Cette 33e édition a en outre été rattrapée par la vague MeToo au théâtre, avec un rassemblement auquel ont participé la militante féministe Alice Coffin et l'actrice Adèle Haenel devant les Folies Bergère durant la cérémonie

PARIS: Quand Shakespeare se taille la part du lion... aux Molières: une version de la comédie "Comme il vous plaira" a remporté quatre statuettes lors de la prestigieuse cérémonie de théâtre, qui a appelé le public à reprendre le chemin des salles essoufflées par deux ans de pandémie.
Cette 33e édition a en outre été rattrapée par la vague MeToo au théâtre, avec un rassemblement auquel ont participé la militante féministe Alice Coffin et l'actrice Adèle Haenel devant les Folies Bergère durant la cérémonie, à l'appel d'un collectif qui dénonce les violences sexuelles et sexistes dans le milieu.
«Référent violences sexuelles»
A l'intérieur de la salle, des appels ont été lancés pour faire bouger les lignes. "Vous ne savez toujours pas ce qui se passe à l'intérieur de vos théâtres", a affirmé l'actrice Nathalie Mann, représentant "Actrices et Acteurs de France Associés" sur scène.
Elle a appelé à "nommer un référent ou une référente" pour les violences sexuelles et sexistes dans les institutions théâtrales, comme c'est le cas sur les tournages de cinéma.
Pauline Bureau, qui a remporté le Molière de l'autrice francophone vivante pour sa pièce sur une équipe de football féminin, a rappelé que "18% de l'argent public va à des compagnies dirigées par des femmes" et appelé la nouvelle ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, présente dans la salle, à en faire son cheval de bataille.
L'humour, la comédie musicale et les spectacles féériques l'ont emporté dans le palmarès de cette cérémonie, qui a coïncidé avec le 400e anniversaire de la naissance de Molière, mais aussi avec une baisse de la fréquentation dans les salles.
"Ce n'est pas en restant devant nos écrans à attendre les livreurs de repas que nous triompherons de nos angoisses... C'est en riant ou en pleurant, en partageant nos émotions dans une salle de spectacle", a plaidé la présidente de cette édition, l'actrice Isabelle Carré, au début de la soirée retransmise en différé sur France 3.
Selon des chiffres de l'Association pour le soutien du théâtre privé cités par le journal Les Echos, la fréquentation au premier trimestre 2022 est en retrait de 44% par rapport à 2019.
Malgré le sérieux des thèmes abordés, dont des hommages à l'Ukraine, le maître de cérémonie et humoriste Alex Vizorek a tenté d'injecter de l'humour tout au long de la soirée, lançant d'emblée à la salle: "J'espère que tout le monde a pu rentrer, et que ce n'était pas le Stade de France", en référence aux incidents de samedi.
Des grandes stars nommées, comme Isabelle Adjani, Vanessa Paradis, Laetitia Casta ou Pierre Arditi, sont reparties bredouilles de cette cérémonie, qui avait été organisée sans public en 2020 puis annulée l'an passé à cause du Covid.
C'est la comédie shakespearienne "Comme il vous plaira", dans une version de Léna Bréban, qui a dominé cette soirée, avec quatre statuettes: meilleur spectacle du théâtre privé, meilleure mise en scène dans le privé, meilleure comédienne du théâtre privé (Barbara Schulz), meilleure comédienne dans un second rôle (Ariane Mourier).
Une autre comédie, "Berlin Berlin", sur un couple pendant la Guerre froide qui veut s’enfuir et passer à l’Ouest, a remporté le Molière de la comédie et le meilleur comédien du théâtre privé (Maxime d'Aboville).
Quant à la comédie musicale "Les Producteurs", dans une mise en scène du surdoué du théâtre français Alexis Michalik, elle a remporté deux Molières (meilleur spectacle musical et révélation masculine pour Benoît Cauden).
Le couple de metteurs en scène le plus convoité du moment, Christian Hecq et Valérie Lesort, a raflé deux statuettes (la création visuelle et mise en scène pour un spectacle du théâtre public) pour "Le Voyage de Gulliver", un spectacle qui a enchanté petits et grands en janvier.
Un hommage a également été rendu à Michel Bouquet, figure tutélaire du théâtre et du cinéma français décédée le 13 avril à 96 ans, et un Molière d'honneur a été décerné à un poids lourd de la scène, le comédien Jacques Weber.


Hoor al-Qasimi nommée directrice artistique de la Biennale de Sydney

Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
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  • Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre
  • Depuis 2017, Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique

DUBAÏ : La Biennale de Sydney a annoncé cette semaine la nomination de la commissaire d’expositions émiratie Hoor al-Qasimi au poste de directrice artistique de sa 25e édition, qui se tiendra du 7 mars au 8 juin 2026.

Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre et s’affirme en tant que première biennale établie dans la région Asie-Pacifique.

En 2009, Al-Qasimi a créé la Fondation d'art de Sharjah, dont elle est actuellement la présidente et la directrice. Tout au long de sa carrière, elle a acquis une vaste expérience dans la conception de biennales internationales, notamment en tant que commissaire de la deuxième Biennale de Lahore en 2020 et du Pavillon des Émirats arabes unis à la 56e Biennale de Venise en 2015.

Elle a également cocuraté la sixième édition de la Biennale de Sharjah en 2003 et en assure la direction depuis.

Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique depuis 2017.  Elle a précédemment siégé au conseil d'administration du MoMA PS1 à New York et à celui du Ullens Center for Contemporary Arts (UCCA), à Beijing, entre autres fonctions.

Elle est également directrice artistique de la sixième Triennale d'Aichi, qui se tiendra au Japon en 2025.

 


Cannes: le conflit israélo-palestinien en filigrane

L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
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  • Sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza
  • Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité »

CANNES, France : Un symbole palestinien ou un portrait d'otage: à l'heure où le conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza embrase les campus et les réseaux sociaux, les stars présentes au 77e Festival de Cannes préfèrent afficher un soutien discret.

Ruban jaune accroché à la veste, l'acteur Philippe Torreton a gravi mardi les marches du Festival. Un symbole en soutien aux quelque 250 personnes prises en otage par le Hamas le 7 octobre.

L'actrice Leïla Bekhti, qui a récemment enregistré un message en faveur des enfants de Gaza pour l'Unicef, a arboré mercredi un pin's pastèque, l'un des symboles de la résistance palestinienne.

Des positionnements très discrets quant au conflit israélo-palestinien, au moment où sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza. Beyoncé et Kim Kardashian figurent parmi les cibles de cette mobilisation propalestinienne et ont déjà perdu des centaines de milliers d'abonnés.

En réponse, des célébrités comme Omar Sy, membre du jury à Cannes, ont mis en ligne en début de semaine un appel au cessez-le-feu sur Instagram.

Sur le tapis rouge cannois, le message le plus fort à propos de ce conflit est venu jusqu'ici d'une survivante de l'attaque du Hamas le 7 octobre, Laura Blajman-Kadar, vêtue d'une robe jaune affichant des portraits d'otages israéliens et une écharpe noire «Bring them home» («Ramenez-les à la maison»).

Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité, ont indiqué à l'AFP ses organisateurs.

Ce film, composé d'extraits des caméras et téléphones des assaillants du Hamas et d'images captées par des victimes et des secouristes, avait été diffusé le 14 novembre à l'Assemblée nationale en France. Des projections privées ont déjà eu lieu en marge de sommets comme Davos, selon les organisateurs.

- Haute surveillance -

Mais point de manifestation politique, ni côté public, ni côté montée des marches. Une discrétion à l'extrême, qui pourrait basculer avec la présentation vendredi à 18H00 de «La belle de Gaza», documentaire dans le milieu très fermé des femmes transgenres palestiniennes réfugiées à Tel-Aviv.

Même si le conflit israélo-palestinien, évoqué à travers la dureté des autorités pour les «clandestines» venues de Cisjordanie sans permis de travail, s'efface totalement dans ce film de Yolande Zauberman, supplanté par un autre type de conflit intime et universel.

Si aucun film palestinien n'est présent en sélection, «Vers un pays inconnu» du réalisateur danois d'origine palestinienne Mahdi Fleifel, suit deux jeunes cousins palestiniens se retrouvant en Grèce, après avoir fui un camp au Liban. Le film est présenté à la Quinzaine des cinéastes.

Au Marché du film, le plus grand au monde, le pavillon du «film arabe» a déroulé une grande banderole appelant à soutenir l'industrie des territoires occupés ou ses cinéastes en exil.

Le seul film israélien présenté cette année est le court-métrage d'Amit Vaknin, étudiante en cinéma à l'Université de Tel-Aviv. «It's no time for pop» s'attache à une jeune femme qui refuse de prendre part à des festivités patriotiques.

Le pavillon israélien a été maintenu, sous très haute surveillance, avec un filtrage sécuritaire drastique à l'entrée.

L'équipe de l'ambassade israélienne a déclaré à l'AFP avoir douté jusqu'au dernier moment du maintien de sa présence, moins d'une semaine après les manifestations monstre lors de l'Eurovision en Suède.

 


Pour sa nouvelle création, Angelin Preljocaj livre son «Requiem(s)»

Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
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  • Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes
  • Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal

AIX-EN-PROVENCE, France : De la tristesse, de la rage parfois mais aussi des moments de joie, le chorégraphe français Angelin Preljocaj présente ce week-end à Aix-en-Provence, en première mondiale, «Requiem(s)», un spectacle autour de toutes les facettes de la mort et du deuil.

«C'est un thème magnifique et puis l'année 2023 était une année assez dure pour moi personnellement. J'ai perdu beaucoup d'amis, mes parents aussi. Je me suis dit que c'était peut-être le moment de faire un requiem», confie M. Preljocaj à l'AFP.

Basé avec son ballet à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, au Pavillon noir, le chorégraphe d'origine albanaise est connu notamment pour ses ballets «Le Parc» et «Blanche-Neige», et ses collaborations fréquentes avec des artistes issus de la musique électro comme Air, le DJ Laurent Garnier et les Daft Punk.

Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes.

Pour ce spectacle, Angelin Preljocaj dit s'être longuement documenté, allant piocher des références entre autres chez le sociologue Émile Durkheim, qui expliquait que les hommes ont fait société quand ils ont commencé à donner une cérémonie pour leurs morts.

Les facettes de ce cérémonial ressortent tout au long du ballet, tantôt langoureux, tantôt très rythmé, parfois complètement frénétique, les danseurs jouant avec les différentes émotions liées au deuil.

«Ce n'est pas toujours triste, il y a beaucoup de joie dans le spectacle aussi, de la rage parfois, de la mélancolie», énumère le chorégraphe.

- De Mozart au métal -

Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal.

«Les musiques m'apportaient des nuances d'émotions différentes et j'avais envie de travailler avec ces choses-là, par exemple les cantates de Bach (1685-1750), Ligeti (1923-2006), Mozart (1756-1791)... et du métal. Je me suis beaucoup amusé avec ça», sourit Angelin Preljocaj.

Des décors aux costumes en passant par la lumière, les danseurs se retrouvent plongés dans une bichromie noire et blanche pudique, seulement troublée par quelques très rares touches de rouge.

Après une heure trente de danse, le public a applaudi de longues minutes.

«Un spectacle, c'est comme une photographie qu'on met dans le révélateur; le révélateur c'est le public, et ce soir c'était très très chaleureux», souffle le chorégraphe à l'issue de la générale.

Après les deux dates inaugurales au Grand Théâtre de Provence vendredi et samedi, une tournée à Paris et dans plusieurs autres villes de France, le spectacle reviendra au mois d'octobre à Aix puis sera joué le 4 décembre à Modène (Italie) puis en 2025 à Athènes, Madrid et Fribourg (Suisse).