Le premier skatepark de Libye, un exutoire pour une jeunesse en mal de distractions

Des skateurs montrent leurs talents lors de l'inauguration d'un skatepark, une première en Libye, dans la capitale Tripoli, le 29 mai 2022. MAHMUD TURKIA / AFP
Des skateurs montrent leurs talents lors de l'inauguration d'un skatepark, une première en Libye, dans la capitale Tripoli, le 29 mai 2022. MAHMUD TURKIA / AFP
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Publié le Mardi 31 mai 2022

Le premier skatepark de Libye, un exutoire pour une jeunesse en mal de distractions

  • Mohamed, 18 ans, se lance avec son skateboard dans une figure audacieuse sur les rampes du tout premier parc dédié à ce sport construit en Libye
  • Financé par l'ambassade américaine à Tripoli, ce skatepark a été construit par Make Life Skate Life, une ONG qui «travaille avec les communautés de skateboard du monde entier» pour créer des skateparks

TRIPOLI: "C'est une joie indescriptible". Mohamed, 18 ans, se lance avec son skateboard dans une figure audacieuse sur les rampes du tout premier parc dédié à ce sport construit en Libye, un évènement qui ravit la jeunesse locale, privée de divertissements.
Sweat-shirt noir et skate sous le bras, Mohamed Abderraouf dit avoir "commencé à apprendre sur Youtube et acheté sa première planche en 2020", mais ne pratiquait jusque-là que dans la rue.
Désormais, ce lycéen pourra "venir une ou deux fois par semaine" au nouveau skatepark de sa ville inauguré ce week-end, le premier de ce pays d'Afrique du Nord en proie au chaos.

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Sur l'aire de jeu fraîchement installée, grâce à des bénévoles étrangers, des apprentis skaters s'élancent à toute vitesse sur les rampes pour réaliser sauts et figures, d'autres discutent joyeusement ou rivalisent de selfies. MAHMUD TURKIA / AFP


Sur l'aire de jeu fraîchement installée, grâce à des bénévoles étrangers, des apprentis skaters s'élancent à toute vitesse sur les rampes pour réaliser sauts et figures, d'autres discutent joyeusement ou rivalisent de selfies.

«Extraordinaire»

Financé par l'ambassade américaine à Tripoli, ce skatepark a été construit par Make Life Skate Life, une ONG qui "travaille avec les communautés de skateboard du monde entier" pour créer des skateparks. Aucun montant n'a été communiqué sur le coût des équipements.
Des skateurs libyens ont participé au chantier, tandis que la municipalité a offert l'espace, au sein d'un parc de loisirs au coeur de Tripoli qui comprend une piste cyclable, des manèges, des terrains de mini-foot et des espaces verts, le tout face à la mer.
Ce parc apprécié par les habitants avait été bâti il y a un an sur le site de l'ancienne académie militaire des "Amazones", ces femmes en treillis qui assuraient la sécurité du dirigeant déchu Mouammar Kadhafi. Cette académie était perçue comme un symbole du pouvoir autoritaire et fantasque du "Guide", chassé et tué en 2011 dans le sillage des Printemps arabes.

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Ceux qui ont construit le skatepark "sont venus de New York, de Belgique, d'Allemagne ou d'Australie, et nous avons collaboré pendant six semaines pour faire aboutir ce projet. MAHMUD TURKIA / AFP


Ceux qui ont construit le skatepark "sont venus de New York, de Belgique, d'Allemagne ou d'Australie, et nous avons collaboré pendant six semaines pour faire aboutir ce projet. C'est extraordinaire", jubile auprès de l'AFP l'Australien Wade Trevean, qui a conçu le lieu. Wade Trevean est membre de l'ONG Make Life Skate Life qui a déjà mené des projets similaires en Irak, en Bolivie ou en Inde.

«Unité»

"La joie et le côté positif qui se dégagent sont incroyables", s'exclame celui qui "connaît les bénéfices des skateparks".
"J'y crois profondément. C'est non seulement un endroit pour ceux qui pratiquent le skate mais aussi un lieu de rencontre et de sociabilisation", soutient le designer.
Ailleurs, l'ouverture d'un skatepark ne suscite en général qu'un intérêt modéré, mais ici c'est un évènement majeur qui a mobilisé de nombreux médias et suscité un vif engouement sur les réseaux sociaux.
Et pour cause, les distractions publiques et les activités culturelles sont quasi-inexistantes en Libye.
Ce pays conservateur et fermé reste miné par les divisions et par une instabilité chronique depuis la chute du régime de Kadhafi.
Pour le jeune skateur Mohamed Abderraouf, voir aboutir un tel projet semblait "inimaginable" il y a encore peu. Mais "grâce à Dieu c'est fait et ça fait chaud au cœur", se réjouit-il.
La lycéenne Ryane, 18 ans, est aussi "très heureuse car il n'y avait pas d'endroit dédié pour faire du skate", son "super hobby" qu'elle pratique depuis un an.
En finançant ce projet, l'ambassade américaine à Tripoli espère que le skatepark "conduira à plus d'unité et de réconciliation entre les jeunes dans la société libyenne".


Soudan: l'UE sanctionne le numéro deux des paramilitaires du FSR

L'Union européenne a annoncé jeudi des sanctions contre le numéro deux des Forces de soutien rapide (FSR), accusé d'exactions au Soudan, pays africain en proie à une guerre civile meurtrière entre ces paramilitaires et l'armée régulière. (AFP)
L'Union européenne a annoncé jeudi des sanctions contre le numéro deux des Forces de soutien rapide (FSR), accusé d'exactions au Soudan, pays africain en proie à une guerre civile meurtrière entre ces paramilitaires et l'armée régulière. (AFP)
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  • Le conflit au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé près de 12 millions de personnes
  • Il a connu une nouvelle accélération avec la chute aux mains des FSR fin octobre de la ville d'El-Facher, dernier bastion de l'armée dans le Darfour

BRUXELLES: L'Union européenne a annoncé jeudi des sanctions contre le numéro deux des Forces de soutien rapide (FSR), accusé d'exactions au Soudan, pays africain en proie à une guerre civile meurtrière entre ces paramilitaires et l'armée régulière.

"Cela envoie un signal que la communauté internationale poursuivra ceux qui sont responsables", a affirmé la cheffe de la diplomatie de l'UE Kaja Kallas, à l'issue d'une réunion à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

Ces sanctions, qui prévoient une interdiction d'entrée dans l'UE et un gel des avoirs, ne concernent que ce responsable soudanais, Abdelrahim Hamdan Dagalo, frère du numéro un des FSR.

Elles ont volontairement été limitées afin de garder des canaux de communication ouverts, alors que l'UE dit être en mesure de parler aux deux parties, a expliqué un responsable européen.

Le conflit au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé près de 12 millions de personnes. Il a connu une nouvelle accélération avec la chute aux mains des FSR fin octobre de la ville d'El-Facher, dernier bastion de l'armée dans le Darfour.

Depuis, des survivants décrivent massacres, violences à caractère ethnique, enlèvements, viols et agressions sexuelles.

"L'Union européenne condamne dans les termes les plus forts les atrocités graves et continues perpétrées par les Forces de soutien rapide au Soudan, notamment après la prise de la ville d'El Facher", a indiqué un communiqué des 27.

Les meurtres à motivation ethnique et les violences sexuelles systématiques sont susceptibles de "constituer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité", a ajouté l'UE dans ce communiqué..


Gaza: 27 morts dans des frappes israéliennes, Israël et le Hamas s'accusent de violer la trêve

Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu. (AFP)
Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu. (AFP)
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  • Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur de la trêve à laquelle ont poussé les Etats-Unis après plus de deux ans de guerre
  • Israël a également mené mercredi des frappes dans le sud du Liban, après avoir lancé des appels à évacuer

GAZA: Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu.

Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur de la trêve à laquelle ont poussé les Etats-Unis après plus de deux ans de guerre.

Israël a également mené mercredi des frappes dans le sud du Liban, après avoir lancé des appels à évacuer. L'armée israélienne a dit viser le mouvement islamiste Hezbollah qu'elle accuse de se réarmer en violation du cessez-le-feu en vigueur à sa frontière nord depuis bientôt un an.

"Les bombardements et les morts ont recommencé. Ils ne nous laissent même pas le temps de respirer", déplore auprès de l'AFP Ahraf Abu Sultan, 50 ans, tout juste rentré à Gaza-ville pour réparer sa maison détruite après avoir été déplacé un an dans le sud du territoire.

"Il n'y a aucun espoir pour la vie à Gaza", se lamente Nivine Ahmed, déplacée sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, évoquant le bruit des explosions, la fumée, les gens qui courent et les sirènes des ambulances.

"Nous n'en pouvons plus, nous voulons que la guerre se termine complètement ou que les passages soient ouverts" pour permettre à la population de fuir, a confié Noha Fathi, déplacée dans le sud de la bande de Gaza.

Selon la Défense civile de la bande de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, quatorze personnes ont été tuées mercredi à Gaza-ville, et 13 dans la région de Khan Younès. Deux hôpitaux contactés par l'AFP ont confirmé ce bilan.

"Escalade dangereuse" 

L'armée israélienne a affirmé "frapper des cibles terroristes du Hamas dans toute la bande de Gaza" en riposte à des tirs "en direction de la zone où [ses] soldats opèrent à Khan Younès".

Ces tirs n'ont fait aucun blessé a précisé l'armée mais constituent "une violation de l'accord de cessez-le-feu".

Rejetant une "piètre tentative pour justifier [...] des violations qui ne cessent jamais", le Hamas a dénoncé une "escalade dangereuse" et appelé les Etats-Unis à "exercer une pression immédiate et sérieuse pour [forcer Israël] à respecter le cessez-le-feu".

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

La trêve a déjà été marquée par plusieurs accès de violences dans le territoire palestinien dévasté par plus de deux ans d'hostilités déclenchées par l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Depuis le 10 octobre, plus de 300 Palestiniens ont été tués par des frappes ou des tirs israéliens selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. L'armée israélienne affirme ne frapper qu'en riposte à des violations de la trêve.

Les raids israéliens les plus meurtriers ont tué, le 29 octobre, plus de cent Gazaouis, selon la Défense civile et des données recueillies par l'AFP auprès de cinq hôpitaux.

Selon la Défense civile, qui ne fait jamais état de combattants tués, les bombardements de mercredi ont notamment tué un couple et ses trois enfants à Gaza-ville, et deux mineurs à Khan Younès.

Deuxième phase ? 

Le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, est apparu dans une vidéo exhibant les corps de trois jeunes enfants.

L'accord de cessez-le-feu a permis dans sa première phase le retour des vingt derniers otages vivants du 7-Octobre, en échange de la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, et le retour de 25 corps d'otages morts, sur 28 que le Hamas s'est engagé à rendre.

Israël réclame leur remise, en accusant de retard le mouvement islamiste, qui invoque la difficulté de les retrouver dans un territoire noyé sous des tonnes de décombres.

La mise en œuvre de la deuxième phase du plan du président américain Donald Trump n'a pas encore été approuvée. Elle prévoit notamment le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition pour gouverner le territoire et le déploiement d'une force internationale de stabilisation.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté lundi une résolution pour endosser ce plan Trump, mais le Hamas, écarté de tout rôle dans la gouvernance du territoire et qui refuse de désarmer aux conditions posées par Israël, a dénoncé un texte qui "ne répond pas aux exigences et aux droits politiques et humains" du peuple palestinien.

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Plus de 69.500 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé de Gaza. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués mais ses données indiquent que plus de la moitié des morts sont des mineurs et des femmes.


Israël appelle à des évacuations dans deux villages du sud du Liban en prévision de frappes

L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
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  • L’armée israélienne a appelé les habitants de Deir Kifa et Chahour à évacuer, affirmant que des infrastructures militaires du Hezbollah s’y trouvent et annonçant des frappes imminentes
  • Malgré le cessez-le-feu de novembre 2024, Israël poursuit des attaques ciblées au Liban avec le soutien tacite des États-Unis, accusant le Hezbollah de reconstruire ses capacités militaire

JERUSALEM: L'armée israélienne a appelé mercredi la population à évacuer les zones de bâtiments abritant selon elle des installations militaires du mouvement islamiste libanais Hezbollah dans deux villages du sud du Liban, annonçant son intention de les frapper sous peu.

"Les forces [israéliennes] attaqueront prochainement des infrastructures militaires appartenant au groupe terroriste Hezbollah dans différentes zones du sud du Liban, en réponse aux tentatives illégales de l'organisation de se rétablir dans la région", annonce le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne dans un message en arabe sur X.

L'officier appelle précisément la population à évacuer sans tarder les alentours de deux bâtiments dont il précise, cartes à l'appui, la localisation dans les villages de Deir Kifa et Chahour.

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener, avec l'aval tacite des Etats-Unis, des attaques régulières au Liban contre ce qu'elle présente comme des membres ou des installations du mouvement chiite, qu'elle accuse de chercher à reconstituer ses capacités militaires.

Le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran - ennemi juré d'Israël, a été très affaibli par la dernière guerre avec Israël, et Washington a accru la pression ces dernières semaines sur les autorités libanaises pour qu'elles obtienne son désarment, ce que le mouvement islamiste refuse pour l'heure.