«Go UK», la liesse et l'angoisse des migrants quittant les côtes françaises

Sortis des taillis à l'aube, deux groupes de migrants traversent la vaste plage devant Gravelines, bourgade côtière du nord de la France, leurs bateaux semi-rigides sur les épaules. (Photo, AFP)
Sortis des taillis à l'aube, deux groupes de migrants traversent la vaste plage devant Gravelines, bourgade côtière du nord de la France, leurs bateaux semi-rigides sur les épaules. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 31 mai 2022

«Go UK», la liesse et l'angoisse des migrants quittant les côtes françaises

Sortis des taillis à l'aube, deux groupes de migrants traversent la vaste plage devant Gravelines, bourgade côtière du nord de la France, leurs bateaux semi-rigides sur les épaules. (Photo, AFP)
  • A Gravelines, l'un des points de départ récurrents entre les ports français de Calais et Dunkerque, il est 5h30 du matin lorsqu'un premier groupe d'une quarantaine de personnes arrive sur la plage
  • La préfecture maritime a décompté 300 à 350 tentatives de passage depuis le 1er janvier 2022, soit plus de 10 0000 personnes concernées

GRAVELINES: Sortis des taillis à l'aube, deux groupes de migrants traversent la vaste plage devant Gravelines, bourgade côtière du nord de la France, leurs bateaux semi-rigides sur les épaules. Beaucoup sourient malgré le froid et les vagues: dans quelques heures, ils espèrent être en Angleterre. 

Dans la nuit de lundi à mardi, une dizaine d'embarcations transportant plusieurs centaines de migrants ont ainsi tenté la traversée vers les côtes anglaises, ont indiqué les autorités françaises. 

A Gravelines, l'un des points de départ récurrents entre les ports français de Calais et Dunkerque, il est 5h30 du matin lorsqu'un premier groupe d'une quarantaine de personnes arrive sur la plage, a constaté un journaliste. 

Ils gonflent leur embarcation sur le sable. Précédés des femmes et enfants, les hommes la portent sur les épaules sur plusieurs centaines de mètres. Toute proche, en arrière-plan, la bourgade dort encore, volets fermés. 

La fébrilité est palpable: des cris fusent lorsque le bateau est mis à l'eau, une fillette pleure de peur tandis que les candidats à l'exil s'agrippent aux boudins pour se hisser à bord entre deux vagues. 

« Go UK », lance avec enthousiasme un jeune kurde.  

Mais le moteur peine à démarrer. Après plusieurs dizaines de minutes d'essai, le groupe finit par renoncer: ça ne sera pas pour aujourd'hui. 

Ils repartent à pied vers les dunes laissant derrière eux le semi-rigide. 

Le V de la victoire 

La préfecture maritime a décompté 300 à 350 tentatives de passage depuis le 1er janvier 2022, soit plus de 10 0000 personnes concernées. 

Des chiffres « beaucoup plus élevés que les années précédentes », précise Véronique Magnin, porte-parole de la préfecture maritime de la Manche et mer du Nord. 

Un second groupe est plus chanceux. Mieux encadré aussi par quatre passeurs, qui eux regagneront la terre une fois l'embarcation partie. »Slowly », pas de précipitation, lancent-ils aux migrants. 

Beaucoup d'hommes jeunes et quelques familles, de diverses nationalités: ils avancent en portant le bateau les yeux rivés à l'horizon, n'emportant quasiment rien avec eux, à part les jerricans d'essence pour la traversée. 

Après plusieurs pauses, car le fardeau est lourd, sur une longue grève découverte par la marée, ils entrent sans hésitation, en jeans et baskets, dans une mer à 14°. 

« Allahou Akbar », s'exclament-ils, l'eau à la taille, quand le passeur démarre le moteur, et commence à faire monter femmes et enfants. 

Vers 6h, ils sont plus de 40, tous équipés de gilets de sauvetage rouges, à bord du bateau qui prend le large. Un des intermédiaires quitte l'embarcation dans un salto, des passagers saluent de la main, certains font le V de la victoire. 

Des traversées périlleuses 

Il leur reste encore cinq à sept heures d'une traversée périlleuse, qui a fait 31 morts et 4 disparus en 2021, et un mort cette année, coupant l'une des routes maritimes les plus fréquentées au monde. 

Cinq policiers arrivés sur place ne pourront que constater les départs, détruire le bateau abandonné, et emporter l'essence. 

Falaises, dunes boisées, plages: les 150 kilomètres de littoral de la frontière belge jusqu'à la baie de Somme en France fourmillent de planques pour préparer les départs, déjouant les dispositifs policiers. 

Une fois les bateaux partis, c'est le droit de la mer qui s'applique, et les autorités n'interviennent que pour du sauvetage. 

Depuis quelques semaines, les départs sont toutefois moins nombreux que redouté avec le retour du beau temps. Une pénurie de bateaux, qui viennent de Chine, pourrait figurer parmi les hypothèses, selon deux sources judiciaires. 

En hausse depuis 2018, face à la répression accrue des passages par ferry ou le tunnel sous le Manche, le nombre de traversées a triplé en 2021, avec plus de 28.000 migrants arrivés en Angleterre. 

Mais les flux de migrations irrégulières continuent aussi à passer par les camions, constate une source judiciaire française. 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.