Le nouveau ministre de l'Agriculture face à l'épineux dossier des négociations commerciales

La Première ministre française Elisabeth Borne et le ministre français de l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire Marc Fesneau (à droite) lors d'une visite dans des fermes touchées par la sécheresse à Sandillon, dans le centre de la France, le 26 mai 2022. (AFP)
La Première ministre française Elisabeth Borne et le ministre français de l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire Marc Fesneau (à droite) lors d'une visite dans des fermes touchées par la sécheresse à Sandillon, dans le centre de la France, le 26 mai 2022. (AFP)
La Première ministre française Elisabeth Borne et le ministre français de l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire Marc Fesneau (à droite) lors d'une visite dans des fermes touchées par la sécheresse à Sandillon, dans le centre de la France, le 26 mai 2022. (AFP)
La Première ministre française Elisabeth Borne et le ministre français de l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire Marc Fesneau (à droite) lors d'une visite dans des fermes touchées par la sécheresse à Sandillon, dans le centre de la France, le 26 mai 2022. (AFP)
Short Url
Publié le Samedi 04 juin 2022

Le nouveau ministre de l'Agriculture face à l'épineux dossier des négociations commerciales

  • Ces discussions annuelles déterminent le prix de nombreuses denrées qui seront ensuite vendues dans les rayons des grandes surfaces
  • Les grandes surfaces entendent limiter au maximum les hausses de prix d'achat à leurs fournisseurs pour ne pas rogner leurs propres marges

PARIS : Fraîchement nommé au ministère de l'Agriculture, Marc Fesneau s'attaque à l'épineux dossier des négociations commerciales entre industriels et grande distribution, qui saluent son implication mais avertissent d'un mois de juin «vraiment critique» en période de forte inflation.

Les enjeux sont importants puisque ces discussions annuelles déterminent le prix de nombreuses denrées qui seront ensuite vendues dans les rayons des grandes surfaces.

Le nouveau ministre de l'Agriculture? «Naturellement attentif au fonctionnement de l'ensemble de la filière, et en même temps très conscient du problème de pouvoir d'achat des consommateurs», dixit Jacques Creyssel, le délégué général de la FCD, représentant de la grande distribution.

«Il a pris immédiatement la mesure du sujet, et a montré une sensibilité très fine sur le sujet», selon Richard Panquiault, directeur général d'une organisation représentant de nombreux industriels vendant sous marque nationale (l'Ilec, ou Institut de liaisons des industries de consommation).

Le ministre, qui a animé jeudi un comité de suivi sur les négociations, avait «manifestement bien préparé ses dossiers», rapporte Jean-Philippe André, président de l'Ania, principale organisation de l'agroalimentaire.

Un consensus plutôt rare chez les représentants de la grande distribution ou de l'agroindustrie, qui ont plutôt l'habitude de ferrailler sur le sujet des négociations commerciales.

- Des intérêts divergents -

Julien Denormandie, prédécesseur de Marc Fesneau, avait poussé les différents acteurs à se remettre autour de la table à peine les négociations annuelles achevées, le 1er mars, pour que l'exceptionnelle inflation du coût de l'énergie, du transport ou des matières premières agricoles soit bien prise en compte dans le prix des produits.

La production de denrées alimentaires est de moins en moins rentable si le prix de vente n'est pas réévalué à la hausse, plaident les agriculteurs et les industriels.

«Le problème, c'est qu'aujourd'hui l'entreprise doit accepter les hausses de l'amont sans jamais savoir si les augmentations seront prises en compte par le client», résume le président de l'Ania.

De leur côté, les grandes surfaces entendent limiter au maximum les hausses de prix d'achat à leurs fournisseurs pour ne pas rogner leurs propres marges et continuer à être compétitifs vis-à-vis des consommateurs.

Mais il ne faut «pas d’amalgame» entre les besoins des filières en amont et les questions de «pouvoir d’achat», plaide Patrick Benezit, secrétaire général adjoint de la FNSEA.

«Les renégociations portent sur à peu près la moitié du total des contrats, ce qui constitue des renégociations extrêmement lourdes», note Jacques Creyssel auprès de l'AFP.

- 10% de hausses de prix -

«Chaque jour qui passe coûte des millions, voire des dizaines de millions à l'industrie», en raison d'une hausse constante des coûts de production, souligne Richard Panquiault.

S'il donne un bon point à Lidl et Auchan, avec lesquels «on a des discussions qui avancent», le directeur général de l'Ilec regrette que certains commerces soient «vraiment excessifs dans leurs demandes» de transparence, soupçonnant certains de le faire pour «gagner du temps» alors que le mois de juin est présenté comme «vraiment critique».

Dans tous les cas, assure Jacques Creyssel, «l'impact va être important, avec des hausses de prix demandées de 10% en moyenne». Ceci alors qu'«on constate d'ores et déjà des répercussions assez fortes» avec une baisse de consommation de nombreux produits «et un report sur les premiers prix et les marques de distributeur».

«Cela signifie que l'inflation risque de se traduire par une contraction de l'activité, c'est un sujet à regarder de très près», alerte encore Jacques Creyssel.

Il est «très clair que la situation est très inconfortable pour tout le monde et très dangereuse pour un certain nombre d'acteurs», conclut Richard Panquiault.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Short Url
  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Short Url
  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.